Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur les massacres en Arménie, à l'Assemblée nationale le 22 avril 1998.

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Circonstance : Commémoration des massacres de 1915 en Arménie

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Le 24 avril 1915 commençaient les terribles massacres qui allaient se poursuivre, comme vous l'avez indiqué. Il est tout à fait établi aujourd'hui qu'une partie importante de la population arménienne, de la Turquie d'alors, dans le cadre d'un régime finissant et traversé par des convulsions, était à l'époque exterminée. Depuis lors, c'est un anniversaire qui a toujours été célébré avec beaucoup de recueillement, beaucoup d'émotion. Nous sommes comme beaucoup d'autres pays, mais plus que d'autres, hantés par ce souvenir car de nombreux survivants de ces massacres ont réussi à rejoindre la France et y ont refait leur vie ayant apporté depuis lors, au fil des générations, une contribution tout à fait admirable et reconnue, non seulement à la vie de notre pays, mais aussi à son identité, à sa culture et à son expression.
Je me rappelle, en effet, que le président Mitterrand avait parlé de génocide au début des années 1980, à ce sujet. Je voudrais dire aujourd'hui que le gouvernement s'associe à la peine, s'associe au souvenir que vous avez rappelé et que le gouvernement s'exprimera solennellement par le moyen d'un communiqué du Premier ministre, le 24 avril, jour anniversaire que vous rappeliez.
Nous n'avons cessé de dire aux Turcs, aux responsables de la Turquie actuelle, qu'il fallait aller beaucoup plus loin par rapport à la petite ouverture qu'ils ont manifestée en commençant à autoriser des historiens à faire leur travail, un travail d'objectivité et de vérité sur ces événements. On commence à voir, même si c'est tout à fait rare pour le moment, des ouvrages publiés en langue turque qui restituent un récit de ces événements qui est plus conforme à l'analyse que nous en faisons nous. Nous les encourageons à aller plus loin car pour tous les amis de la Turquie, comme pour tous les amis de l'Arménie, les amis des Turcs, les amis des Arméniens dans le monde d'aujourd'hui, par rapport à l'Europe d'aujourd'hui, il faut que ce travail soit fait et débouche sur l'avenir./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2001)