Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur l'importance de la base aérienne de Saint-Dizier, son adaptation à l'arrivée du Rafale, la coopération aérienne dans le cadre de l'Europe de la défense, l'engagement de l'armée de l'air au Kosovo et la professionnalisation de l'armée, Saint-Dizier, le 16 décembre 1999.

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Circonstance : Visite de la base aérienne de Saint-Dizier (Haute-Marne) le 16 décembre 1999

Texte intégral

Messieurs les élus, Monsieur le Préfet,
Mon Général,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui : avoir pu visiter cette base aérienne de Saint-Dizier et surtout rencontrer son personnel sont pour moi de grandes satisfactions.
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Je tenais par ma présence à confirmer l'importance d'une base aérienne comme celle de Saint-Dizier, l'une des 13 bases majeures que compte aujourd'hui l'armée de l'air. Sa mission opérationnelle est rappelée par la présence de trois escadrons de Jaguar, soit une soixantaine d'appareils.
Dans le cadre des transformations actuelles, certaines décisions ont été prises en vue de rejoindre plus rapidement le format de l'armée de l'air et, indirectement, en limiter les coûts de fonctionnement. Je sais qu'elles vous concernent au premier chef : dès 2001, la base ne comptera plus qu'un seul escadron de jaguar, le dernier restant en service opérationnel jusqu'en 2005.
Je suis conscient des interrogations légitimes, en particulier celles des élus, suscitées par une telle période de transformations.
Le Rafale entrera en service opérationnel en 2005.
Des travaux sur le déploiement de ce nouvel avion sont en cours. Actuellement, ces études complètes sont menées aux plans technique, opérationnel, en intégrant également les contraintes d'environnement, pour inventorier les sites susceptibles d'accueillir le futur avion de combat de notre Défense.
Tous les facteurs doivent être analysés finement étant donné les enjeux pour l'avenir de l'armée de l'air : économie, espace aérien, environnement, potentiel de développement. Il est quasiment acquis qu'à l'horizon 2005-2008, deux escadrons de Rafale, soit quarante appareils, stationneront sur cette base. La phase transitoire 2001-2005 sera mise à profit pour préparer l'implantation de ce nouvel appareil.
Mais je souhaite développer une concertation préalable avec les responsables locaux pour bien assurer la Défense du choix qui l'engage pour l'avenir. Tout particulièrement, les élus, voire les associations de riverains, doivent participer à l'évaluation des contraintes d'environnement. En tout état de cause, la fermeture de Saint-Dizier n'est pas à l'ordre du jour.
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Mais ces importantes restructurations internes, qui accompagnent la professionnalisation et le nouveau format des armées, ne doivent pas faire oublier les évolutions qui embrassent les fondements mêmes de notre défense. Je parle de la construction de l'Europe de la Défense. Je souhaite que vous en mesuriez toute la portée. L'Europe de la Défense vient d'enregistrer de nouveaux progrès avec les Sommets de Cologne et d'Helsinki. Elle est entrée dans une phase intense et l'arme aérienne est un des secteurs bien avancés de cette marche vers la coopération active entre Etats européens.
La nécessité d'une politique étrangère et de sécurité commune est très présente chez les responsables politiques : la crise du Kosovo a renforcé cette prise de conscience d'une Europe maître de son destin. La Défense européenne va se doter des structures politiques et militaires et des capacités militaires, nécessaires à son action.
L'armée de l'air s'inscrit naturellement dans cette dynamique de progrès. La coordination nécessaire à la planification des missions, le partage d'une même connaissance des procédures, la recherche d'une interopérabilité garante d'efficacité opérationnelle, l'entraînement commun et l'engagement côte à côte sur certains théâtres représentent bel et bien une avancée européenne sur le plan militaire. Le groupe aérien européen représente dans ce domaine un outil efficient que nous allons encore valoriser.
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En vous rencontrant dans cette période de profonds changements, je tiens à vous réaffirmer l'importance d'un dialogue ouvert et approfondi au sein de la communauté de Défense.
A Saint-Dizier, j'ai souhaité m'entretenir directement avec certains commandants d'unités aériennes qui ont participé aux engagements du Kosovo. Cette rencontre s'est voulue spontanée et ouverte. Je souhaite imprimer ce style de concertation responsable et confiant à la Défense ; ainsi, nous sera-t-il possible de bâtir ensemble l'outil militaire que nous appelons de nos vux. Dans cet esprit, j'entends, pour ma part, entretenir un contact direct avec vous qui, sur le terrain, remplissez une mission essentielle et exigeante. Les devoirs que vous assumez doivent trouver un juste équilibre dans les droits à une expression responsable et vivante. Sur ces bases, doit se bâtir une armée solide, fiable et responsabilisée.
Aussi ai-je été particulièrement intéressé par ce dialogue avec les acteurs du Kosovo, car, à mon niveau de décision, il faut aussi avoir le souci de capter les enseignements du terrain pour mieux appréhender le long terme, c'est-à-dire avancer de manière pragmatique et lucide. Je ne doute pas que le Général Rannou valorisera cette discussion dans une mise en perspective plus globale.
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Enfin, je voudrais m'adresser plus spécialement aux personnels de la base ; j'ai pu m'entretenir avec vos représentants d'unités qui m'ont fait part de vos préoccupations.
A travers vous, je tiens d'abord à souligner une nouvelle fois les efforts consentis chacun dans vos fonctions au cours des opérations au Kosovo. L'armée de l'air est en restructuration, mais la professionnalisation n'est pas terminée, vous avez su faire face à un engagement opérationnel de premier ordre.
Aujourd'hui, la professionnalisation est en voie d'achèvement. Il est pourtant nécessaire de ne pas relâcher vos efforts et de bien assurer le fondement de cette nouvelle armée. Dans ce cadre, l'ouverture sur la société civile, déjà bien engagée, doit se poursuivre. Je fais référence, par exemple, à l'ouverture locale de la plate-forme à un certain trafic d'affaires. Je ne peux qu'encourager de telles initiatives, voire l'élargir si possible, à l'espace économique européen, après avoir mené les études appropriées au plan juridique.
Une ouverture accrue sur la société passe aussi par un effort soutenu, en interne, au titre de la concertation. C'est ce message que j'ai délivré à vos présidents de catégorie et aux commandants de base, lundi dernier. Je compte sur votre investissement personnel dans ce domaine, car chacun à son niveau doit se sentir responsable de cette concertation bivalente. Je sais que l'armée de l'air fait des efforts significatifs dans cette direction et je vous encourage à poursuivre votre effort.
Si j'ai tenu à visiter cette base essentielle pour notre système de défense, c'est bien pour vous assurer du soutien que l'organisation de la Défense doit vous apporter dans la mission qui vous est confiée.
Nous travaillons tous à la construction d'une armée moderne, efficace et plus ouverte sur la société.
Je vous engage à poursuivre dans cette voie porteuse d'avenir en vous assurant de ma confiance.
Je vous remercie.

(Source http://www.defense.gouv.fr, le 19 janvier 2000)