Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, sur la Fête de la science, la coopération scientifique en Europe et la politique gouvernementale en faveur de la culture scientifique, Paris, le 13 octobre 2003.

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Circonstance : Inauguration de la Fête de la science au Conseil régional d'Île de France, Paris, le 13 octobre 2003

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Recteur,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Je me réjouis vivement de participer aujourd'hui à l'ouverture de la fête de la science en Ile de France. Lorsqu'en 1996, j'ai accepté d'être la marraine de la Fête de la science, je n'imaginais pas que cette manifestation deviendrait un rendez-vous aussi attendu par tous nos concitoyens. Et pourtant force est de constater qu'aujourd'hui, quel que soit le niveau de nos responsabilités, nous sommes tous mobilisés pour la réussite de cette manifestation qui célèbre son douzième anniversaire.
Derrière le succès de la Fête de la science, il faut voir l'articulation réussie entre avancées scientifiques et diffusion dans le grand public. Faire connaître pour faire comprendre est aujourd'hui une absolue nécessité à l'heure où nos concitoyens s'interrogent voire s'inquiètent au sujet de grandes questions scientifiques qui sont devenues autant de débats de société. L'un des objectifs de la Fête de la science est bien de convaincre nos concitoyens que tous les efforts consentis pour la recherche ont une répercussion sur leur vie quotidienne ; et que le monde scientifique est très attentif au contrôle déontologique et éthique de ses avancées en privilégiant la transparence et la confiance. Elle est aussi de proposer des voies d'accès les plus diverses aux connaissances scientifiques.
La Fête de la science a ainsi pour objectif de faire franchir une série de seuils apparemment inaccessibles, ceux des savoirs nouveaux. La variété des propositions est à cet égard significative car elle embrasse tous les âges. Les programmes des différentes régions et notamment celui de l'Ile-de-France le prouvent avec éclat. Grâce à l'action de tous -élus ou scientifiques, chercheurs ou responsables associatifs- il est ainsi possible de proposer une extraordinaire fenêtre sur le monde de la recherche, une fenêtre dont témoignent avec éclat les photos réalisées par les chercheurs de l'INSERM qui font aujourd'hui de ce Conseil Régional un miroir des recherches les plus novatrices.
Aux jeunes et aux moins jeunes, il est ainsi donné la possibilité d'approcher, de comprendre, de tester les savoirs scientifiques. Cette occasion est presque démultipliée sur les très nombreux villages des sciences installés en région, au coeur de différentes cités : à Strasbourg, Bordeaux, Brest, Rennes, Bourges, au Havre, à Toulouse, La liste est longue et si je ne peux tous les citer, au risque d'en oublier, je ne saurais ne pas faire mention du village d'Ile-de-France, qui ouvrira sur le site du Ministère de la recherche, rue Descartes, à partir du 17 octobre.
Dans chacun de ces villages, les acteurs et partenaires de la culture scientifique et technique sont à la complète disposition du public. Femmes et hommes de science, de spectacle, animateurs et animatrices, tous contribuent, dans un même élan mais sous des formes multiples -animations, débats, jeux, théâtre, films, conférences, cafés des sciences- à tisser un lien de proximité entre le monde de la recherche et le grand public. C'est bien l'amorce d'une démocratie véritablement participative, afin de partager les résultats de la science.
Tous les grands thèmes de l'activité scientifique seront abordés. Ainsi en est-il de la chimie à l'Université Pierre et Marie Curie, avec les ateliers de graines de chimiste, mais aussi de la physique à l'Université Denis Diderot à travers l'accent mis sur le centenaire du prix Nobel de Becquerel, mais aussi grâce à un parcours des sciences et de la santé dans les hôpitaux de la Pitié Salpétrière et Robert Debré. Les laboratoires scientifiques sont eux aussi ouverts au public curieux.
Bien sûr, tous les musées nationaux, de la Cité des sciences et de l'industrie au Palais de la découverte, du Muséum national d'histoire naturelle au Musée du CNAM offrent une gamme de divertissements particulièrement suggestifs, montrant par là combien les frontières sont ténues entre envie de savoir et plaisir de la découverte et plus en profondeur entre science et culture.
La diversité des programmes de l'Ile-de-France ne saurait occulter la richesse des animations sur l'ensemble du territoire et j'aurai ainsi plaisir à me rendre à partir de cette semaine en région, pour y découvrir tous les trésors d'ingéniosité qu'ont déployés chercheurs ou bénévoles.
Cette mobilisation en faveur de la science prend à partir de cette année une autre dimension, celle de l'Europe. La construction d'un espace européen de la recherche passe naturellement par une action vigoureuse en faveur de la diffusion de la culture scientifique. Une première étape est aujourd'hui franchie puisque 100 jeunes allemands nous rejoignent mercredi pour découvrir la France et ses régions à travers un parcours touristique, scientifique et technique. Ce séjour, au-delà de la célébration du 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée, permettra une plongée dans nos grands établissements nationaux mais également de participer dans six régions (Bretagne, Languedoc-Roussillon, Bourgogne, Aquitaine, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes) aux différentes activités qui rythment la Fête de la science. Une autre étape sera franchie l'année prochaine quand la fête de la science deviendra véritablement européenne, en étant organisée de manière simultanée et coordonnée dans les différents pays de l'Union.
La Fête de la science s'impose donc aujourd'hui comme une manifestation emblématique de ce que doit être la place de la science dans notre société. Une telle initiative s'inscrit dans le cadre d'une politique plus large, celle de la diffusion de la culture scientifique dans notre pays. Cette politique, que je souhaite volontariste, s'appuie sur un certain nombre de grandes directions.
Il s'agit d'abord de proposer une action de pilotage de toutes les initiatives de culture scientifique qui se sont multipliées dans notre pays. J'ai ainsi lancé un comité de pilotage ad hoc, qui sera renforcé dans les mois à venir par la mise en place d'outils permettant une meilleure lisibilité de l'offre de culture scientifique, notamment à travers le lancement de sites web adaptés.
En parallèle, l'heure est venue de renforcer le rayonnement de nos grandes institutions. Il s'agit à la fois d'en accélérer les évolutions, aujourd'hui particulièrement nécessaires, et d'en prévoir une meilleure coordination pour qu'elles assurent le mieux possible leur vocation à irriguer l'ensemble du territoire national.
Pour que ces initiatives soient au plus près des avancées scientifiques, il faut favoriser la mobilisation de l'ensemble de la communauté. Il reste encore beaucoup à faire pour que tous nos chercheurs puissent s'impliquer dans les meilleures conditions dans cette action de diffusion de la culture scientifique et surtout que cette activité soit mieux reconnue dans leur carrière. De même, il faut veiller à former des jeunes à ces métiers de la médiation scientifique, si essentiels pour la transmission des connaissances.
A terme, l'enjeu fondamental est bien de construire des instances de débat démocratique pour que la science s'impose comme un moyen de réduire les clivages sociaux, de lutter contre les fractures qui menacent notre cohésion sociale. J'ai souhaité ainsi que décideurs politiques et économiques confrontent leurs expériences avec celles des chercheurs lors de la rencontre Science et décideurs qui se tiendra à la fin du mois de novembre au Futuroscope de Poitiers.
Nous sommes bien aujourd'hui à un tournant. En agissant tous ensemble pour la réussite d'une Fête de la science élargie à tout notre territoire et démultipliée dans le temps, nous réussirons le défi qui s'ouvre devant nous : partager le progrès pour tous, bâtir un avenir accepté et revendiqué par chacun.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 14 octobre 2003)