Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président Zinsou,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Membres du Haut-Conseil,
Mesdames, Messieurs
Souhaitant hier soir, en prélude à notre dîner inaugural, la bienvenue à nos amis, membres du Haut-Conseil de la Francophonie, je qualifiais l'assemblée qu'ils constituent de laboratoire de réflexion et de propositions pour la Francophonie.
Dans notre monde si complexe, le rôle d'un tel laboratoire est essentiel. Il éclaire nos décisions, à nous autres politiques, en nous aidant à mieux cerner les enjeux et à définir nos priorités. Pour ma part, j'attends avec impatience les recommandations que formulera cette quatorzième session sur les deux thèmes retenus cette année :
"La Francophonie face au défi mondial de la formation" , "L'essor de la Francophonie en dehors de la communauté francophone".
Je voudrais vous en expliquer les raisons.
Votre XIVème session intervient quelques mois après le Sommet de Hanoï qui a marqué, notamment sous votre impulsion, Monsieur le Président de la République, une étape très importante dans l'histoire de la Francophonie.
Permettez-moi d'avancer trois raisons à l'appui de cette affirmation.
Hanoï, c'est tout d'abord une réforme institutionnelle de grande portée, dont la clé de voûte est la création d'un poste de Secrétaire général de la Francophonie, confié à M. Boutros Boutros-Ghali. La Francophonie a désormais une voix et un visage, qui lui conféreront un poids considérablement accru sur la scène internationale.
Hanoï, c'est aussi la véritable naissance de cette Francophonie politique dans la mise en oeuvre effective de laquelle un rôle essentiel reviendra au Secrétaire général.
Celui-ci, enfin, jouera un rôle tout aussi important pour que se développe la Francophonie économique, dont le Sommet de Hanoï a marqué les prémices.
Devant la toile de fond ainsi tissée par le Sommet de Hanoï, les deux thèmes que vous avez choisis sont particulièrement bienvenus.
Je ne veux naturellement pas préjuger le résultat de vos travaux. Je voudrais seulement mettre en évidence quelques enjeux essentiels, tels que je les perçois.
La formation est au coeur de l'entreprise francophone. L'histoire de la Francophonie s'est en effet d'abord écrite pour et autour d'une langue partagée. Il était par conséquent normal que le français, langue de culture, fût entendue d'abord comme une grande langue de formation et que la coopération francophone en fît une priorité. L'ACCT, la Conférence des ministres de l'Education de la Francophonie, la CONFEMEN, se sont bâties dès les années 60 sur cet objectif.
Très vite, d'ailleurs, il est apparu que, tous les domaines de la vie civile en dépendant, l'espace francophone, organisé aussi autour de valeurs et de convictions communes exprimées dans cette langue, ne pouvait négliger aucune action de formation qui pût les renforcer.
Et puis, ces toutes dernières années, la Francophonie a rencontré la globalisation. Pour l'espace francophone, c'est une donne nouvelle, qui explique largement du reste le regain d'intérêt qu'il suscite. Car, au Nord comme au Sud, que constate-t-on, sinon le refus de voir sacrifier ces valeurs communes et le souci par conséquent de concevoir un espace de solidarité qui, en contrepoint des grandes recompositions régionales, fasse connaître et respecter nos identités plurielles et puisse influencer nos politiques de développement ?
Il est donc heureux que la Francophonie fasse aujourd'hui entendre sa voix. Celle-ci intéresse, ou agace parfois, c'est selon. Mais souvent elle convainc, parce qu'elle énonce trois principes clés pour l'avenir : elle souscrit aux lois du marché mais n'entend pas le faire à n'importe quel prix. Elle parle aussi des jeunes, qui s'inquiètent de l'avenir, et dont aucune société ne tolère plus la marginalisation, les frustrations, voire l'exploitation. Elle parle enfin de culture, au sens où la culture est le ressort des comportements, et donc de l'adaptation des hommes et des femmes aux outils qui redéfinissent notre espace temps contemporain.
Nous le sentons bien, ces principes nous ramènent tout droit à l'objet de nos travaux : car si la Francophonie ne réussit pas à organiser son offre de formation, si aux mains tendues vers l'avenir elle ne sait pas communiquer l'influx de l'initiative, dont, certes de façon souvent trop éparse, elle a toutefois le génie, alors l'espoir sera déçu.
Nous savons bien, certes, que la Coopération francophone est comptée dans ses ressources, comme tout autre du reste. Dans cette contrainte, je vois aussi, d'une certaine manière, une chance. Il n'est naturellement pas question de se dérober à l'effort dont une idée juste appelle les conséquences pratiques, notamment financières. Pourtant, le concept de Francophonie mériterait d'être revu, sous l'angle de la concertation et de la concentration.
L'espace francophone doit maintenant en effet faire entendre sa voix dans le vaste débat international qui, de la revalorisation des ressources humaines a fait et fera un thème majeur de développement. Il a pour cela des organes de coopération dont la mission est justement d'organiser nos contributions à ce débat, et de permettre à chacun des membres de notre communauté d'y tenir son rang. Cette tâche est entreprise et je l'ai encore observé récemment à Bamako, où nous tenions nos assises de la formation professionnelle et technique : nous sommes en bonne posture pour désormais influencer au bon niveau les politiques de formation souvent conçues, il faut bien le dire, sans grande implication de leurs bénéficiaires.
J'ai d'autre part la certitude que l'espace francophone ne sera crédible que s'il s'exprime comme un espace d'échange et de circulation des idées et des hommes, comme un espace de partenariat soucieux de pointer et d'encourager les meilleures initiatives rapprochant les acteurs intéressés à produire, comme un espace enfin déterminé à s'affranchir du carcan de la dépendance.
Dans nos sociétés, le centre ne décide plus tout, il écoute, il projette, il régule. Par conséquent, l'image qui s'impose à nous est celle d'un réseau soucieux de mobilité, de fluidité et de pragmatisme. Cela détermine une forme de coopération qui est de plus en plus au centre de nos débats : des documents cadres largement concertés dans chacun des grands secteurs de formation, des appels à projets dûment labellisés, des procédures d'évaluation qui rendent compte à notre communauté des projets qu'elle accomplit. Sur ce dernier point, il y a encore à faire, mais chacun comprend qu'une coopération responsable ne peut s'y dérober, pas plus d'ailleurs qu'elle ne saurait négliger une communication à l'international qui fasse connaître ses orientations, ses initiatives, et ses résultats.
Mais si notre espace a son réseau, cela n'a d'intérêt que si, au nord comme au sud, les meilleures compétences de notre nord comme de notre sud sont mobilisées. C'est une question de confiance et donc d'éthique, c'est aussi une question d'efficacité. Comment pourrions-nous satisfaire ici ou là le besoin de français sans faire appel à toutes les ressources d'une région qui est intéressée à réussir ? Ce sera le cas au Nigeria, j'y reviendrai. Comment concevoir un institut de gestion dans telle région du monde sans y associer les entreprises et les universités des pays bénéficiaires ? Comment parler de formation professionnelle sans y impliquer le patronat, les organisations professionnelles et les formateurs, dont les réussites ne peuvent dépendre que de leur propre responsabilité ?
Sur tous ces points, la France est attentive et désireuse d'apporter une contribution active à notre réflexion commune.
S'agissant du second thème sur lequel porteront vos débats - l'essor de la Francophonie en dehors de l'espace francophone -, je disais hier soir combien il est d'actualité. La demande de français et de Francophonie est très forte en effet dans de nombreux pays du monde. Au cours des derniers mois, des pays aussi divers que le Nigeria, le Soudan, la Guinée-Bissau, Bahreïn, ont modifié leur législation pour faire au français une place plus grande dans leur système scolaire et ces pays nous demandent de les aider à recruter des enseignants et à mettre au point des méthodes pédagogiques adaptées.
Cette demande de français est particulièrement forte en Afrique, dans les pays lusophones ou hispanophones, mais aussi et tout autant dans les pays anglophones. Elle l'est aussi dans d'autres régions du monde. J'ai cité Bahreïn. J'ajouterai Saint-Domingue, et même Cuba, deux pays dans lesquels je me trouvais récemment, et dont les dirigeants m'ont fait part de leur intérêt pour la communauté francophone.
La raison en est simple : cette mondialisation que j'ai déjà évoquée. Tout d'abord parce que, de son fait, tous les pays du monde sont désormais partie prenante à des échanges commerciaux, dominés par la logique libérale et dont le volume croît rapidement. Dans ce contexte, les autres pays doivent compter avec la langue d'une communauté qui compte maintenant 52 membres.
Plus profondément, la mondialisation, qui s'accompagne d'une évidente uniformisation, induit en retour une recherche d'identité, une quête d'alternatives et, là encore, une communauté de 52 membres, répartis sur les cinq continents, présente une attractivité manifeste pour de nombreux pays.
Il convient de nous en réjouir, tout en ayant à l'esprit le corollaire : de plus en plus, les habitants des pays traditionnellement francophones apprennent, eux, l'anglais. Il ne faut, à mon sens, ni s'en étonner, ni s'en inquiéter, dès lors que, précisément, cette évolution se produit sur la base d'une réciprocité.
Cela étant, cette évolution nous confronte à un redoutable défi : comment faire face à cette appétence de français qui partout se manifeste ? Défi redoutable pour des raisons financières, parce que - comme je l'ai dit - les moyens de notre communauté sont hélas limités, mais aussi parce qu'il nous faut trouver une approche et des méthodes pédagogiques adaptées à un environnement culturel et social très différent de celui des régions dans lesquelles notre langue s'est jusqu'à présent épanouie. A cet égard, j'aimerais vous rappeler le projet original que nous avons conçu avec nos amis béninois pour favoriser l'apprentissage du français au Nigeria, et que nous comptons proposer à l'Agence de la Francophonie développer ensemble. Dans le cadre d'un accord tripartite, des enseignants-formateurs béninois, avec l'aide financière de la France, contribueront, aux côtés des enseignants nigérians, à l'essor de notre langue dans ce pays dont on mesure l'importance dans les échanges économiques en Afrique de l'Ouest.
Je n'en doute pas, la diversité de vos provenances, la complémentarité de vos expériences sont le gage que vous saurez apporter, sur les sujets importants dont vous allez débattre, des éclairages neufs. Vous poursuivrez ainsi la tâche importante que vous accomplissez depuis près de 15 années maintenant, avec l'appui d'une équipe permanente peu nombreuse, mais dont la motivation et la compétence, rehaussée par l'engagement et le charisme de notre Secrétaire général, Stelio Farandjis, ont fait leurs preuves. En témoigne la richesse de votre rapport introductif, qui croise la plupart de nos préoccupations, ainsi que je me suis attaché à le souligner.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2001)
Monsieur le Président Zinsou,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Membres du Haut-Conseil,
Mesdames, Messieurs
Souhaitant hier soir, en prélude à notre dîner inaugural, la bienvenue à nos amis, membres du Haut-Conseil de la Francophonie, je qualifiais l'assemblée qu'ils constituent de laboratoire de réflexion et de propositions pour la Francophonie.
Dans notre monde si complexe, le rôle d'un tel laboratoire est essentiel. Il éclaire nos décisions, à nous autres politiques, en nous aidant à mieux cerner les enjeux et à définir nos priorités. Pour ma part, j'attends avec impatience les recommandations que formulera cette quatorzième session sur les deux thèmes retenus cette année :
"La Francophonie face au défi mondial de la formation" , "L'essor de la Francophonie en dehors de la communauté francophone".
Je voudrais vous en expliquer les raisons.
Votre XIVème session intervient quelques mois après le Sommet de Hanoï qui a marqué, notamment sous votre impulsion, Monsieur le Président de la République, une étape très importante dans l'histoire de la Francophonie.
Permettez-moi d'avancer trois raisons à l'appui de cette affirmation.
Hanoï, c'est tout d'abord une réforme institutionnelle de grande portée, dont la clé de voûte est la création d'un poste de Secrétaire général de la Francophonie, confié à M. Boutros Boutros-Ghali. La Francophonie a désormais une voix et un visage, qui lui conféreront un poids considérablement accru sur la scène internationale.
Hanoï, c'est aussi la véritable naissance de cette Francophonie politique dans la mise en oeuvre effective de laquelle un rôle essentiel reviendra au Secrétaire général.
Celui-ci, enfin, jouera un rôle tout aussi important pour que se développe la Francophonie économique, dont le Sommet de Hanoï a marqué les prémices.
Devant la toile de fond ainsi tissée par le Sommet de Hanoï, les deux thèmes que vous avez choisis sont particulièrement bienvenus.
Je ne veux naturellement pas préjuger le résultat de vos travaux. Je voudrais seulement mettre en évidence quelques enjeux essentiels, tels que je les perçois.
La formation est au coeur de l'entreprise francophone. L'histoire de la Francophonie s'est en effet d'abord écrite pour et autour d'une langue partagée. Il était par conséquent normal que le français, langue de culture, fût entendue d'abord comme une grande langue de formation et que la coopération francophone en fît une priorité. L'ACCT, la Conférence des ministres de l'Education de la Francophonie, la CONFEMEN, se sont bâties dès les années 60 sur cet objectif.
Très vite, d'ailleurs, il est apparu que, tous les domaines de la vie civile en dépendant, l'espace francophone, organisé aussi autour de valeurs et de convictions communes exprimées dans cette langue, ne pouvait négliger aucune action de formation qui pût les renforcer.
Et puis, ces toutes dernières années, la Francophonie a rencontré la globalisation. Pour l'espace francophone, c'est une donne nouvelle, qui explique largement du reste le regain d'intérêt qu'il suscite. Car, au Nord comme au Sud, que constate-t-on, sinon le refus de voir sacrifier ces valeurs communes et le souci par conséquent de concevoir un espace de solidarité qui, en contrepoint des grandes recompositions régionales, fasse connaître et respecter nos identités plurielles et puisse influencer nos politiques de développement ?
Il est donc heureux que la Francophonie fasse aujourd'hui entendre sa voix. Celle-ci intéresse, ou agace parfois, c'est selon. Mais souvent elle convainc, parce qu'elle énonce trois principes clés pour l'avenir : elle souscrit aux lois du marché mais n'entend pas le faire à n'importe quel prix. Elle parle aussi des jeunes, qui s'inquiètent de l'avenir, et dont aucune société ne tolère plus la marginalisation, les frustrations, voire l'exploitation. Elle parle enfin de culture, au sens où la culture est le ressort des comportements, et donc de l'adaptation des hommes et des femmes aux outils qui redéfinissent notre espace temps contemporain.
Nous le sentons bien, ces principes nous ramènent tout droit à l'objet de nos travaux : car si la Francophonie ne réussit pas à organiser son offre de formation, si aux mains tendues vers l'avenir elle ne sait pas communiquer l'influx de l'initiative, dont, certes de façon souvent trop éparse, elle a toutefois le génie, alors l'espoir sera déçu.
Nous savons bien, certes, que la Coopération francophone est comptée dans ses ressources, comme tout autre du reste. Dans cette contrainte, je vois aussi, d'une certaine manière, une chance. Il n'est naturellement pas question de se dérober à l'effort dont une idée juste appelle les conséquences pratiques, notamment financières. Pourtant, le concept de Francophonie mériterait d'être revu, sous l'angle de la concertation et de la concentration.
L'espace francophone doit maintenant en effet faire entendre sa voix dans le vaste débat international qui, de la revalorisation des ressources humaines a fait et fera un thème majeur de développement. Il a pour cela des organes de coopération dont la mission est justement d'organiser nos contributions à ce débat, et de permettre à chacun des membres de notre communauté d'y tenir son rang. Cette tâche est entreprise et je l'ai encore observé récemment à Bamako, où nous tenions nos assises de la formation professionnelle et technique : nous sommes en bonne posture pour désormais influencer au bon niveau les politiques de formation souvent conçues, il faut bien le dire, sans grande implication de leurs bénéficiaires.
J'ai d'autre part la certitude que l'espace francophone ne sera crédible que s'il s'exprime comme un espace d'échange et de circulation des idées et des hommes, comme un espace de partenariat soucieux de pointer et d'encourager les meilleures initiatives rapprochant les acteurs intéressés à produire, comme un espace enfin déterminé à s'affranchir du carcan de la dépendance.
Dans nos sociétés, le centre ne décide plus tout, il écoute, il projette, il régule. Par conséquent, l'image qui s'impose à nous est celle d'un réseau soucieux de mobilité, de fluidité et de pragmatisme. Cela détermine une forme de coopération qui est de plus en plus au centre de nos débats : des documents cadres largement concertés dans chacun des grands secteurs de formation, des appels à projets dûment labellisés, des procédures d'évaluation qui rendent compte à notre communauté des projets qu'elle accomplit. Sur ce dernier point, il y a encore à faire, mais chacun comprend qu'une coopération responsable ne peut s'y dérober, pas plus d'ailleurs qu'elle ne saurait négliger une communication à l'international qui fasse connaître ses orientations, ses initiatives, et ses résultats.
Mais si notre espace a son réseau, cela n'a d'intérêt que si, au nord comme au sud, les meilleures compétences de notre nord comme de notre sud sont mobilisées. C'est une question de confiance et donc d'éthique, c'est aussi une question d'efficacité. Comment pourrions-nous satisfaire ici ou là le besoin de français sans faire appel à toutes les ressources d'une région qui est intéressée à réussir ? Ce sera le cas au Nigeria, j'y reviendrai. Comment concevoir un institut de gestion dans telle région du monde sans y associer les entreprises et les universités des pays bénéficiaires ? Comment parler de formation professionnelle sans y impliquer le patronat, les organisations professionnelles et les formateurs, dont les réussites ne peuvent dépendre que de leur propre responsabilité ?
Sur tous ces points, la France est attentive et désireuse d'apporter une contribution active à notre réflexion commune.
S'agissant du second thème sur lequel porteront vos débats - l'essor de la Francophonie en dehors de l'espace francophone -, je disais hier soir combien il est d'actualité. La demande de français et de Francophonie est très forte en effet dans de nombreux pays du monde. Au cours des derniers mois, des pays aussi divers que le Nigeria, le Soudan, la Guinée-Bissau, Bahreïn, ont modifié leur législation pour faire au français une place plus grande dans leur système scolaire et ces pays nous demandent de les aider à recruter des enseignants et à mettre au point des méthodes pédagogiques adaptées.
Cette demande de français est particulièrement forte en Afrique, dans les pays lusophones ou hispanophones, mais aussi et tout autant dans les pays anglophones. Elle l'est aussi dans d'autres régions du monde. J'ai cité Bahreïn. J'ajouterai Saint-Domingue, et même Cuba, deux pays dans lesquels je me trouvais récemment, et dont les dirigeants m'ont fait part de leur intérêt pour la communauté francophone.
La raison en est simple : cette mondialisation que j'ai déjà évoquée. Tout d'abord parce que, de son fait, tous les pays du monde sont désormais partie prenante à des échanges commerciaux, dominés par la logique libérale et dont le volume croît rapidement. Dans ce contexte, les autres pays doivent compter avec la langue d'une communauté qui compte maintenant 52 membres.
Plus profondément, la mondialisation, qui s'accompagne d'une évidente uniformisation, induit en retour une recherche d'identité, une quête d'alternatives et, là encore, une communauté de 52 membres, répartis sur les cinq continents, présente une attractivité manifeste pour de nombreux pays.
Il convient de nous en réjouir, tout en ayant à l'esprit le corollaire : de plus en plus, les habitants des pays traditionnellement francophones apprennent, eux, l'anglais. Il ne faut, à mon sens, ni s'en étonner, ni s'en inquiéter, dès lors que, précisément, cette évolution se produit sur la base d'une réciprocité.
Cela étant, cette évolution nous confronte à un redoutable défi : comment faire face à cette appétence de français qui partout se manifeste ? Défi redoutable pour des raisons financières, parce que - comme je l'ai dit - les moyens de notre communauté sont hélas limités, mais aussi parce qu'il nous faut trouver une approche et des méthodes pédagogiques adaptées à un environnement culturel et social très différent de celui des régions dans lesquelles notre langue s'est jusqu'à présent épanouie. A cet égard, j'aimerais vous rappeler le projet original que nous avons conçu avec nos amis béninois pour favoriser l'apprentissage du français au Nigeria, et que nous comptons proposer à l'Agence de la Francophonie développer ensemble. Dans le cadre d'un accord tripartite, des enseignants-formateurs béninois, avec l'aide financière de la France, contribueront, aux côtés des enseignants nigérians, à l'essor de notre langue dans ce pays dont on mesure l'importance dans les échanges économiques en Afrique de l'Ouest.
Je n'en doute pas, la diversité de vos provenances, la complémentarité de vos expériences sont le gage que vous saurez apporter, sur les sujets importants dont vous allez débattre, des éclairages neufs. Vous poursuivrez ainsi la tâche importante que vous accomplissez depuis près de 15 années maintenant, avec l'appui d'une équipe permanente peu nombreuse, mais dont la motivation et la compétence, rehaussée par l'engagement et le charisme de notre Secrétaire général, Stelio Farandjis, ont fait leurs preuves. En témoigne la richesse de votre rapport introductif, qui croise la plupart de nos préoccupations, ainsi que je me suis attaché à le souligner.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2001)