Texte intégral
Corse-Matin : La Corse a été la première région de France à se libérer : ce glorieux épisode replacé dans le contexte actuel n'a-t-il pas force de symbole ?
Michèle Alliot-Marie : La Corse a été le premier département métropolitain libéré par l'action conjuguée de ses habitants et de troupes régulières sous commandement uniquement français. Les Corses ont montré leur attachement à la France et aux valeurs qu'elle incarne. C'est en Corse que s'est allumée la flamme de l'espérance. L'ensemble du peuple français doit beaucoup à l'héroïsme et à la détermination des Corses à rétablir la légalité républicaine. Continentaux et Insulaires, nous devons tous méditer et garder en mémoire celles et ceux qui, dans les combats de la libération, se sont sacrifiés pour permettre à nos générations de vivre en liberté.
Après les actions violentes contre les gendarmes, vous êtes venue en Corse sans faire de déclaration. Comment, aujourd'hui, comptez-vous réagir à la violence qui vise les militaires ?
Immédiatement après la scandaleuse prise à partie des gendarmes et de leurs familles, que ce soit à Luri ou à Propriano, j'ai fait part de mon indignation devant des comportements inadmissibles pour la République. J'ai demandé que des poursuites judiciaires soient engagées sans délai à l'encontre des auteurs. La justice doit faire son oeuvre avec fermeté et sérénité. Dans un Etat de droit, au sein de notre République, de tels agissements ne sont pas acceptables. Le droit protège les plus faibles dans la société, ceux qui n'ont ni la force physique, ni les armes, ni l'argent pour se défendre des agressions. C'est pourquoi les gendarmes, dont la mission est de faire appliquer le droit, doivent être respectés.
Je voudrais à nouveau saluer à cette occasion le sang-froid, la mesure et la dignité manifestés bien sûr par les gendarmes mais aussi par leurs épouses. Les gendarmes de Corse, comme tous les gendarmes de France, vivent au milieu de la population et participent pleinement à la vie sociale des villages et des bourgs dans lesquels ils servent. Cette présence est un des gages de leur efficacité. Il n'y a donc pas de raison de modifier la répartition des compétences entre les forces de l'ordre.
Des mesures particulières ont-elles été prises ?
Nous avons bien pris des mesures de sécurité supplémentaires pour renforcer la protection des brigades là où un risque existe. Je veux souligner que les Corses sont attachés dans leur grande majorité à leurs gendarmes ; de nombreuses voix se sont spontanément élevées, parmi les élus comme au sein de la population, pour leur manifester sympathie et soutien. Ce sont ces voix là, celles de la mesure et de la responsabilité, qui, pour moi, comptent.
Nicolas Sarkozy assure que Luri gardera sa gendarmerie. Mais accèderez-vous à la demande de mutation de ses membres ?
Luri gardera effectivement sa gendarmerie. Face à la violence, notre premier souci a été d'assurer la sécurité matérielle et morale des familles, notamment des enfants qui ont été accueillis par des proches. Certains gendarmes ont été choqués car ils n'ont pas compris l'attitude d'une partie de la population qu'ils côtoyaient tous les jours. Ils ont donc fait état de leur souhait de recevoir une nouvelle affectation. Ces demandes seront naturellement étudiées avec toute l'attention requise par cette situation particulière.
La Base aéronavale d'Aspretto est transférée à la gendarmerie : que deviendront ses personnels civils et militaires ?
L'installation de la gendarmerie sur une partie de l'emprise de la base aéronavale d'Aspretto permettra d'accueillir sur un même site les différentes unités de gendarmerie implantées de façon dispersée à Ajaccio. La Marine nationale cependant reste en Corse, car elle a notamment une importante mission de sécurité maritime, à travers la chaîne des sept sémaphores qui surveillent jour et nuit les approches de l'île.
Les marins dont les postes seront fermés seront bien évidemment mutés dans les formations de la Marine nationale où l'on a besoin d'eux. Les fonctionnaires du ministère comme les ouvriers d'Etat travaillant sur le site seront affectés selon les règles habituelles prévues par leurs statuts respectifs et en fonction des emplois vacants ou qui seraient ouverts, tant en Corse que sur le continent.
Depuis 20 ans, l'Armée s'est progressivement désengagée d'une île qui occupe une position géographique stratégique : quel est l'avenir de la Base de Solenzara, du 2e REP de Calvi que l'on déplacerait à moyen terme pour des questions budgétaires, et de l'annexe du commissariat de l'Armée de terre à Borgo ?
La Corse, avec plus de 3 800 militaires et gendarmes, est une des régions de France où la proportion de militaires est la plus élevée.
Nous devons avoir en permanence le souci d'adapter notre dispositif afin d'assurer de façon efficace la sécurité de nos concitoyens. La modification de l'environnement géostratégique et la montée des nouvelles menaces comme le terrorisme international ont en effet imposé que nous adaptions le format des armées. Cette évolution a concerné la plupart des régions françaises, dans la mesure où la professionnalisation a conduit à un resserrement du dispositif, sur le continent comme en Corse.
Ce que je peux vous dire pour finir, c'est que l'avenir des formations militaires que vous mentionnez s'inscrit pour longtemps dans le paysage corse.
Après le résultat du référendum, vers quelles politiques doit, selon vous, s'orienter le gouvernement pour uvrer en Corse à un retour de l'apaisement ?
Comme l'a déclaré à plusieurs reprises le Premier ministre, le gouvernement a le souci de travailler pour l'avenir de la Corse dans un esprit de dialogue, en particulier avec les élus. Il a bien évidemment pris acte du choix des Corses exprimé lors du référendum du 6 juillet dernier. Mais le rejet ne constitue pas un projet ; il faut donc travailler non seulement pour poursuivre le développement économique et social de l'île mais aussi pour renforcer l'Etat de droit. Je veux en effet dire que la violence ne peut que conduire à une impasse politique. L'action déterminée menée par la police et la gendarmerie réunies ainsi que par la magistrature pour maintenir l'ordre républicain est donc dans l'intérêt même des Corses.
Le projet du gouvernement visant à instaurer la parité en Corse pour les élections locales permettra de donner une juste place aux femmes corses dont le courage et les qualités remarquables ne peuvent qu'être bénéfiques pour tracer un avenir apaisé pour la Corse, respectueux de son identité propre.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 10 octobre 2003)
Michèle Alliot-Marie : La Corse a été le premier département métropolitain libéré par l'action conjuguée de ses habitants et de troupes régulières sous commandement uniquement français. Les Corses ont montré leur attachement à la France et aux valeurs qu'elle incarne. C'est en Corse que s'est allumée la flamme de l'espérance. L'ensemble du peuple français doit beaucoup à l'héroïsme et à la détermination des Corses à rétablir la légalité républicaine. Continentaux et Insulaires, nous devons tous méditer et garder en mémoire celles et ceux qui, dans les combats de la libération, se sont sacrifiés pour permettre à nos générations de vivre en liberté.
Après les actions violentes contre les gendarmes, vous êtes venue en Corse sans faire de déclaration. Comment, aujourd'hui, comptez-vous réagir à la violence qui vise les militaires ?
Immédiatement après la scandaleuse prise à partie des gendarmes et de leurs familles, que ce soit à Luri ou à Propriano, j'ai fait part de mon indignation devant des comportements inadmissibles pour la République. J'ai demandé que des poursuites judiciaires soient engagées sans délai à l'encontre des auteurs. La justice doit faire son oeuvre avec fermeté et sérénité. Dans un Etat de droit, au sein de notre République, de tels agissements ne sont pas acceptables. Le droit protège les plus faibles dans la société, ceux qui n'ont ni la force physique, ni les armes, ni l'argent pour se défendre des agressions. C'est pourquoi les gendarmes, dont la mission est de faire appliquer le droit, doivent être respectés.
Je voudrais à nouveau saluer à cette occasion le sang-froid, la mesure et la dignité manifestés bien sûr par les gendarmes mais aussi par leurs épouses. Les gendarmes de Corse, comme tous les gendarmes de France, vivent au milieu de la population et participent pleinement à la vie sociale des villages et des bourgs dans lesquels ils servent. Cette présence est un des gages de leur efficacité. Il n'y a donc pas de raison de modifier la répartition des compétences entre les forces de l'ordre.
Des mesures particulières ont-elles été prises ?
Nous avons bien pris des mesures de sécurité supplémentaires pour renforcer la protection des brigades là où un risque existe. Je veux souligner que les Corses sont attachés dans leur grande majorité à leurs gendarmes ; de nombreuses voix se sont spontanément élevées, parmi les élus comme au sein de la population, pour leur manifester sympathie et soutien. Ce sont ces voix là, celles de la mesure et de la responsabilité, qui, pour moi, comptent.
Nicolas Sarkozy assure que Luri gardera sa gendarmerie. Mais accèderez-vous à la demande de mutation de ses membres ?
Luri gardera effectivement sa gendarmerie. Face à la violence, notre premier souci a été d'assurer la sécurité matérielle et morale des familles, notamment des enfants qui ont été accueillis par des proches. Certains gendarmes ont été choqués car ils n'ont pas compris l'attitude d'une partie de la population qu'ils côtoyaient tous les jours. Ils ont donc fait état de leur souhait de recevoir une nouvelle affectation. Ces demandes seront naturellement étudiées avec toute l'attention requise par cette situation particulière.
La Base aéronavale d'Aspretto est transférée à la gendarmerie : que deviendront ses personnels civils et militaires ?
L'installation de la gendarmerie sur une partie de l'emprise de la base aéronavale d'Aspretto permettra d'accueillir sur un même site les différentes unités de gendarmerie implantées de façon dispersée à Ajaccio. La Marine nationale cependant reste en Corse, car elle a notamment une importante mission de sécurité maritime, à travers la chaîne des sept sémaphores qui surveillent jour et nuit les approches de l'île.
Les marins dont les postes seront fermés seront bien évidemment mutés dans les formations de la Marine nationale où l'on a besoin d'eux. Les fonctionnaires du ministère comme les ouvriers d'Etat travaillant sur le site seront affectés selon les règles habituelles prévues par leurs statuts respectifs et en fonction des emplois vacants ou qui seraient ouverts, tant en Corse que sur le continent.
Depuis 20 ans, l'Armée s'est progressivement désengagée d'une île qui occupe une position géographique stratégique : quel est l'avenir de la Base de Solenzara, du 2e REP de Calvi que l'on déplacerait à moyen terme pour des questions budgétaires, et de l'annexe du commissariat de l'Armée de terre à Borgo ?
La Corse, avec plus de 3 800 militaires et gendarmes, est une des régions de France où la proportion de militaires est la plus élevée.
Nous devons avoir en permanence le souci d'adapter notre dispositif afin d'assurer de façon efficace la sécurité de nos concitoyens. La modification de l'environnement géostratégique et la montée des nouvelles menaces comme le terrorisme international ont en effet imposé que nous adaptions le format des armées. Cette évolution a concerné la plupart des régions françaises, dans la mesure où la professionnalisation a conduit à un resserrement du dispositif, sur le continent comme en Corse.
Ce que je peux vous dire pour finir, c'est que l'avenir des formations militaires que vous mentionnez s'inscrit pour longtemps dans le paysage corse.
Après le résultat du référendum, vers quelles politiques doit, selon vous, s'orienter le gouvernement pour uvrer en Corse à un retour de l'apaisement ?
Comme l'a déclaré à plusieurs reprises le Premier ministre, le gouvernement a le souci de travailler pour l'avenir de la Corse dans un esprit de dialogue, en particulier avec les élus. Il a bien évidemment pris acte du choix des Corses exprimé lors du référendum du 6 juillet dernier. Mais le rejet ne constitue pas un projet ; il faut donc travailler non seulement pour poursuivre le développement économique et social de l'île mais aussi pour renforcer l'Etat de droit. Je veux en effet dire que la violence ne peut que conduire à une impasse politique. L'action déterminée menée par la police et la gendarmerie réunies ainsi que par la magistrature pour maintenir l'ordre républicain est donc dans l'intérêt même des Corses.
Le projet du gouvernement visant à instaurer la parité en Corse pour les élections locales permettra de donner une juste place aux femmes corses dont le courage et les qualités remarquables ne peuvent qu'être bénéfiques pour tracer un avenir apaisé pour la Corse, respectueux de son identité propre.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 10 octobre 2003)