Texte intégral
F. Laborde - Bonjour. Avec J.-F. Copé, ce matin nous allons parler de la rentrée parlementaire puisque c'est aujourd'hui que les députés reprennent le chemin de l'Assemblée Nationale, et nous allons aussi parler des élections régionales puisque vous êtes désormais candidat officiel en Ile-de-France, vous avez reçu l'investiture hier. Alors d'abord la rentrée parlementaire. C'est une rentrée qui s'annonce peut-être un peu plus difficile que l'an dernier, avec des chiffres de popularité qui ne sont pas très bons pour le Gouvernement et le Premier ministre, et une opposition un peu requinquée cette année.
- "D'abord, il y a une loi un peu éternelle en politique, c'est qu'il y a un lien entre la courbe de croissance et les cotes de popularité. Quand il y a beaucoup de croissance économique, généralement les gouvernements sont populaires.."
On les trouve formidables.
- "Il faut être honnête, la réalité est simple. Nous avons une croissance qui est encore ralentie, encore que les perspectives commencent à devenir de plus en plus nombreuses de voir la croissance revenir, et nous on a un choix sur lequel on ne doit pas hésiter : faut-il ou non faire les réformes que les Français ont demandées ? Oui évidemment. Donc dans cette période de croissance encore un peu ralentie, nous on fait ces réformes, on est engagé pour un programme pendant cinq ans, on s'est occupé de sécurité, on s'est occupé de la réforme des retraites, eh bien cette année, on va travailler sur les autres grandes questions qu'attendent les Français, l'école, la santé."
Avec aussi des chiffres de l'emploi qui ne sont pas bons, on a vu ceux qui sont sortis hier, c'est une préoccupation supplémentaire quand même.
- "Hélas, comme trop souvent, quand on a ces périodes de croissance ralentie, le chômage remonte un peu. C'est pour ça que toute la politique économique que l'on mène, elle vise à baisser les charges sociales pour stimuler l'embauche et puis à baisser les impôts pour rendre du pouvoir d'achat, pour stimuler la consommation et l'épargne des français. Mais, ce qu'il faut comprendre, c'est que toute notre politique aujourd'hui sur le plan économique elle vise à faciliter l'embauche, et à faire en sorte qu'on puisse assouplir les conditions d'organisation de notre économie, tout en veillant évidemment au respect des droits des salariés, c'est normal."
Alors pour démarrer, l'Assemblée nationale, comme le Sénat d'ailleurs, vont sans doute se saisir d'un problème de société qui est l'euthanasie ou l'aide au suicide, puisque à la demande de J.-L. Debré, le président de l'Assemblée Nationale, il va y avoir une mission d'information sur cette question. Cela veut dire qu'entre le Premier ministre, J.-P. Raffarin, qui pense que la politique n'a pas à se mêler de ces questions-là, et le président de l'Assemblée nationale, J.-L. Debré, qui veut qu'il y ait une mission d'information, il y a un peu une divergence de point de vue ?
- "Si je peux me permettre, ce n'est pas tout à fait ce que J.-P. Raffarin a dit, non. Je crois que ces débats sont des débats absolument essentiels. Ce qui s'est passé la semaine dernière le rappelle à nouveau, et je crois que ça nous a tous beaucoup frappé, beaucoup ému évidemment, et je crois que d'abord dans un premier temps, il faut faire preuve de retenue et de dignité."
C'est ce qu'a dit J.-P. Raffarin, oui.
- "Et la seconde chose c'est qu'un débat de cette importance doit naturellement exister. Personne n'a jamais remis en cause l'idée qu'il faut en débattre, ce qu'a simplement rappelé J.-P. Raffarin, et je crois que nous sommes nombreux de cet avis, c'est qu'il ne faut pas passer son temps en France à se précipiter sur des lois. Il faut commencer par discuter, par écouter, par comprendre, par respecter et, le moment venu, par, le cas échéant, si c'est nécessaire, apporter une loi. Mais je crois qu'aujourd'hui l'idée d'un débat, et notamment dans l'enceinte du Parlement, est une idée tout à fait légitime et je crois que ça vaut la peine de le faire."
Alors après la mission d'information sur la canicule, on va passer à la Commission d'enquête parlementaire. Cela veut dire que chacun va être entendu et témoigner sous serment. On a dit récemment qu'il y avait eu beaucoup d'informations qui étaient remontées au ministère de l'Intérieur et que peut-être, elles n'avaient pas été transmises de façon satisfaisante, y compris certains députés UMP d'ailleurs se sont plaints, si je puis dire, du rôle qu'aurait pu ne pas jouer N. Sarkozy.
- "Je ne le crois pas. Ce dont je peux témoigner pour avoir évidemment été en première ligne aux côtés de J.-F. Mattei durant tout cet été, c'est qu'au fur et à mesure que les informations sont arrivées, nous avons - le gouvernement a - pris les décisions qu'il devait prendre. Nous avons beaucoup parlé de la canicule, on aura sans doute l'occasion de redire les choses, notamment au Parlement. Mais je crois que chacun doit avoir à l'esprit qu'il y a beaucoup de leçons à tirer de tout ce que nous avons vécu cette année, sur le plan de l'organisation sanitaire, sur le plan de l'organisation de notre société."
On le voit d'ailleurs, l'accueil des urgences, déjà il y a plusieurs...
- "Voilà, c'est une des premières décisions que nous prenons, comme on s'y était engagé. 900 millions d'euros, 10% de notre plan de réforme de l'hôpital sera consacré à la modernisation de nos services des urgences, et notamment dans le domaine de l'investissement et des moyens."
Oui, parce que ça manque effectivement dans pas.
- "Je me permets de dire qu'il arrive donc à des gouvernements modernes de réagir aussi vite que possible devant des drames tels que celui-là."
Et de tenir leurs promesses.
- "Merci de le dire."
Alors passons maintenant à la candidature en Ile-de-France. Si je puis dire, vous étiez un peu celui qu'on attendait pas, parce qu'on pensait que N. Sarkozy irait, vous aviez dit d'ailleurs que vous soutiendriez N. Sarkozy. Le nom de P. Bédier avait été évoqué, vous aviez dit que vous soutiendriez P. Bédier. R. Karoutchi s'était lui-même présenté ou presque. Et puis voilà, voilà t'y pas que finalement c'est J.-F. Copé qui, à la demande générale, et à la demande de ses amis, se présente et reçoit l'investiture pour cette campagne. Franchement, vous n'y avez jamais pensé avant qu'on vous dise, allez, il faut y aller Jean-François ?
- "Pour tout vous dire, moi j'étais très déterminé à soutenir N. Sarkozy et à porter nos couleurs dans mon département qui est la Seine-et-Marne, donc dans la région parisienne. Et puis N. Sarkozy a finalement, comme vous l'avez dit, décidé de ne pas y aller. Voilà. J'ai été choisi, et pour être très honnête, je suis très heureux de m'engager dans ce combat électoral qui va être très difficile mais qui va être une occasion, pour quelqu'un qui est issu de la région parisienne - vous savez moi je suis né dans le 92, j'ai grandi à Paris, et je suis surtout élu de Meaux depuis 95, donc je suis très imprégné des attentes des habitants dans les domaines de tout ce qui peut être leurs angoisses, leurs espérances, leurs craintes, leurs attentes, et donc dans le domaine des transports... Vous savez, quand vous êtes un élu de grande banlieue, on peut témoigner de ce que c'est que d'aller travailler à Paris sur l'autoroute A4, les bouchons, les angoisses, la crainte pour les enfants, parce que s'il n'y a pas de transports le samedi soir ou le week-end, il n'y a pas de transports de nuit, les problèmes de logement, les problèmes à Paris, comme dans la banlieue d'ailleurs, liés à l'insécurité, moi je voudrais qu'on puisse décliner un certain nombre de grandes actions qu'on mène au niveau national, dans la région. Et puis je trouve que c'est passionnant d'en parler avec les habitants, et donc c'est un défi passionnant à relever."
Vous savez déjà comment vous allez structurer, organiser votre campagne ? Vous vous êtes fixé des thèmes ? vous vous êtes fixé par départements ?
- "Tout ça à la fois. L'idée, c'est de passer beaucoup de temps à écouter, à discuter, et puis le moment venu, à faire un projet dans lequel on parle en permanence et de manière très concrète, de solidarité - l'essentiel des personnes mortes dans la canicule, c'était en Ile-de-France. On va parler de sécurité sous toutes ses formes, de qualité de la vie, parce que c'est vrai qu'il y a des quartiers difficiles, je peux en témoigner à Meaux ; il y a un vrai débat à avoir sur l'intégration, il y a des problèmes de sécurité dont il faut qu'on parle et moi je voudrais très concrètement qu'on puisse parler de vidéosurveillance, d'implication de la région dans ces sujets dans lesquels elle est encore très absente. Et puis aussi d'ambitions, car c'est une des premières régions d'Europe, et finalement, je ne suis pas sûr que ses habitants le sachent. Il y a une très grande concentration d'étudiants, d'artistes, de chercheurs, d'entrepreneurs, il faut qu'on s'occupe d'emploi, bref il faut qu'on essaie de voir ce que peuvent être les chemins d'une ambition en regardant vers l'avenir, et je crois qu'on est toute une génération à avoir envie de s'engager dans ce type de combats. Je pense à H. Gaymard en Rhône-Alpes, à R. Muselier en région Provence, donc pareil chez nous en région parisienne."
Donc, il y a la nouvelle vague qui pousse un peu les anciens, qui arrive ?
- "Je ne crois pas que ce soit comme ça que ça se passe, parce que toutes les générations sont ensemble, en tout cas pour ceux qui partagent nos idées. Mais je crois que l'idée de pouvoir décliner l'action gouvernementale, et en même temps d'être sur le terrain pour écouter les gens, pour comprendre, chose que l'on fait déjà, que je peux faire moi depuis quelques années, étant élu à Meaux, eh bien je crois que ça vaut la peine maintenant d'y réfléchir sur une échelle un peu plus large."
Est-ce que c'est compatible d'être président d'une grande région comme l'Ile-de-France, comme vous venez de le dire, et rester au gouvernement ?
- "Ah non. C'est la raison pour laquelle j'ai indiqué que si j'étais élu président de la région Ile-de-France en mars, je démissionnerais de mes fonctions gouvernementales, parce que je crois qu'il faut accomplir ses missions à 100 % de son temps. Entre Meaux et la région parisienne, il y a beaucoup à faire."
Et entre le Gouvernement et la région, vous n'hésitez pas ?
- "Je n'hésite pas pour une raison simple : c'est un défi fantastique, vous savez c'est une grande région, il y a beaucoup de choses à faire. Si je suis élu, eh bien, il faut mériter la confiance de ses électeurs, donc il faut accomplir sa feuille de route et tenir ses engagements. Donc, je le ferai."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er octobre 2003)