Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, en réponse à une question sur la nécessité du retrait des troupes israéliennes du Liban et sur les relations entre le Liban et la Syrie, à l'Assemblée nationale le 6 mai 1998.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Je m'exprime en remplaçant d'Hubert Védrine, qui est déjà en chemin pour la rencontre franco-allemande d'Avignon, sur un dossier qu'il nous a été donné d'étudier largement en commun, d'une part parce qu'il s'agit d'un sujet de sécurité régionale et d'autre part, parce que c'est, en particulier à la suite d'un déplacement du ministre de la Défense israélien, qui nous a présenté une nouvelle vision des autorités israéliennes sur ce sujet que les autorités françaises ont engagé une nouvelle analyse de cette question du Sud-Liban.
D'abord, bien entendu, le gouvernement rejoint l'expression d'amitié et de solidarité profonde avec le Liban qui a inspiré l'auteur de la question. Et c'est en particulier avec cette préoccupation de contribuer à donner au Liban un environnement de sécurité et une possibilité de progresser dans son indépendance au sein de la région que nous abordons cette question.
D'autre part, la démarche du gouvernement israélien représente, au milieu d'une situation globalement extrêmement sombre et de pronostic véritablement difficile sur la poursuite du processus de paix, un petit élément d'ouverture qu'il est rigoureusement indispensable pour nous de saisir et d'essayer de valoriser.
L'approche des autorités françaises, puisque, bien entendu le chef de l'Etat est lui-même saisi de ce débat est que l'objectif de sécurité réciproque d'Israël et du Liban doit être pris en compte, qu'une recherche d'accord doit être entreprise, mais avec deux soucis, deux objectifs. Le premier est de s'en tenir aux bases de la résolution 425, laquelle énonce le principe, la règle internationale d'un retrait des forces israéliennes. Notre intention est bien sûr de faciliter le dialogue et de rechercher les bases d'un accord équilibré, mais nous ne pouvons pas, aujourd'hui, emboîter le pas d'une démarche israélienne qui consisterait précisément à conditionner son retrait. Il faut trouver une méthode plus délicate pour obtenir un accord.
La deuxième préoccupation est qu'il y a des intérêts d'une autre puissance dans la région, la Syrie, dont on voit bien les rapports très complexes avec le Liban et nous pensons que, pragmatiquement, il est important qu'un agrément, un accord prenne en compte les préoccupations de sécurité et de recherches de solutions pacifiques de la Syrie également. C'est la raison pour laquelle nous cherchons à activer un certain nombre de canaux de dialogues avec les autorités syriennes pour vérifier dans quel sens pourraient évoluer leurs propres positions.
Nous disons donc aux autorités israéliennes que c'est un premier pas intéressant et il est d'autant plus méritoire qu'il n'y a pas beaucoup d'initiatives de ce type de leur part. Nous cherchons du côté libanais et syrien un certain nombre d'éléments de dialogue et nous disons que la loi internationale est celle-là : il faut que le retrait soit inconditionnel et avec un effort supplémentaire, nous pensons qu'au moins un des facteurs de blocage de la situation du Proche-Orient pourrait être substantiellement amélioré tout en disant aux autorités israéliennes que c'est tout de même un besoin global d'affirmation de position pacifique et de position de négociation qui est attendu de leur part. Nous en discutions à Londres, nous continuerons à en parler à Washington et l'Europe est très active dans la recherche de progrès dans le processus de paix. Je crois que la France a sa part à jouer et qu'elle va pouvoir continuer à être entendue des différents protagonistes./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 septembre 2001)