Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie vivement, Monsieur le Président, de votre accueil si chaleureux et de votre invitation à installer ce premier conseil scientifique qui rassemble des collègues scientifiques si éminents. Mon premier élan, Mesdames et Messieurs, est de vous remercier de votre disponibilité et de votre engagement aux côtés de cette Cité des Sciences et de l'Industrie que j'ai un plaisir chaque fois renouvelé à visiter.
Je me réjouis profondément à plusieurs titres d'être parmi vous aujourd'hui.
Il s'agit, en effet, d'un moment important dans le cadre de l'action que j'ai entreprise pour développer la diffusion de la culture scientifique dans notre pays.
Depuis mon entrée en fonction, j'ai beaucoup consulté sur cette question. J'en ai tiré un constat et une volonté.
Le constat, c'est celui de l'écart croissant entre, d'un côté, un foisonnement d'initiatives et de l'autre, un rapport de méfiance entre nos concitoyens et la science.
La culture scientifique est portée dans notre pays par beaucoup d'institutions nationales, d'organismes en régions, d'associations très dynamiques... Et pourtant, chacun s'accorde à constater que la désaffection des jeunes face aux filières scientifiques progresse et que nos concitoyens sont souvent désarmés pour affronter un certain nombre de grands défis scientifiques ou technologiques.
L'heure est donc venue d'agir de manière coordonnée et volontariste.
Agir de manière coordonnée passe par le lancement d'un comité de pilotage de la culture scientifique réunissant les principaux acteurs. Pour cette raison, j'ai demandé à la directrice générale de la recherche de lancer une telle structure souple et réactive dans les plus brefs délais.
Agir de manière coordonnée, c'est aussi le sens de la mission que le Premier ministre vient de confier à Emmanuel Hamelin. Ce jeune parlementaire en mission est placé auprès de Jean-Jacques Aillagon, de Luc Ferry et de moi-même pour agir dans le domaine de la formation et de la diffusion de la culture scientifique.
La culture scientifique et sa diffusion doivent permettre de nouer ou de renouer le dialogue entre la société et les sciences. Elles doivent contribuer à réduire les inégalités et les fractures au sein de la société.
Cette mission suppose une action structurée et d'envergure et c'est la raison pour laquelle le Premier ministre a choisi Emmanuel Hamelin qui travaille régulièrement sur ces questions depuis cinq ans. Son rapport sera remis au Premier ministre dans trois mois et servira de base au Gouvernement pour engager la politique du pays dans ce domaine.
Sa mission s'inscrit bien évidemment dans la continuité des remarquables travaux menés par le Sénateur Laffitte, en particulier le rapport qu'il a dirigé, et auquel je tiens ici à rendre hommage.
Sans anticiper sur les résultats de la mission Hamelin, il me semble utile de définir de grandes lignes directrices de l'action volontariste que j'appelle de mes voeux.
Une telle action doit s'appuyer sur une bonne connaissance de l'opinion de nos concitoyens à propos des relations sciences-société.
Dans le même temps, elle doit être articulée autour de priorités fortes.
A cet égard, il me semble qu'aujourd'hui trois grands chantiers doivent être engagés rapidement.
- Le premier chantier renvoie à la sensibilisation des jeunes : ils constituent sans conteste un des publics cibles privilégiés en vue d'une meilleure diffusion de la culture scientifique. Il faut faire passer l'envie, l'appétit, de science le plus tôt possible, dès les premières années de l'école. Cela passe notamment, je crois, par une adaptation des programmes d'enseignement scolaire des sciences, même si incontestablement beaucoup a été fait dans certaines disciplines depuis quelques années, mais aussi par une réaffirmation du rôle de l'histoire des sciences ;
- Il faut aussi stimuler l'usage des nouvelles technologies : la diffusion de la culture scientifique passe par la multiplication de sites internet informatifs. Tous les médias doivent en effet être mis à contribution, ce qui explique ma troisième priorité ;
- À savoir lancer une politique de l'image scientifique : il s'agit d'un support prioritaire que le monde de la recherche n'a pas pensé encore, à mes yeux, à exploiter de manière exhaustive. Je me félicite en ce sens d'avoir pu annoncer ici-même à la Cité à la fin de l'année dernière, la création d'une unité de soutien à la rédaction de scénarios de films scientifiques. Cette annonce répondait à une véritable lacune. La structure légère qui verra le jour -le GISC- associera le Ministère au CNC et aux organismes de recherche, avec participation de l'association de producteurs Science Télévision et des grandes chaînes dans le comité de sélection.
Pour toutes ces actions, comme pour les initiatives que suggérera le rapport Hamelin, il nous faut nous appuyer sur les principales institutions de culture scientifique à commencer par la Cité des Sciences et de l'Industrie qui occupe une place centrale, une place au cur du dispositif.
La Cité a en effet un rôle majeur à jouer.
Elle est en effet porteuse de toute une série d'initiatives particulièrement suggestives.
J'en prendrai quelques exemples, à commencer par ses grandes expositions ou ses pôles incontournables d'attraction d'un large public. La Cité est aussi porteuse du projet de généralisation de cyber-bases, soutenu par la Caisse des dépôts.
Mais la Cité est aussi largement tournée vers l'avenir à travers le recours aux nouvelles technologies comme le démontre entre autres la numérisation des données de la médiathèque : un accès aux contenus à travers des moteurs de recherche appropriés et reposant sur les desiderata des publics, qui sont soigneusement mesurés.
D'un point de vue plus théorique, la Cité a, en outre, vocation à réfléchir aux principales thématiques de culture scientifique dans trois directions : environnement ; sciences du vivant ; nouvelles technologies
J'ai cité tous ces exemples pour souligner à quel point l'ensemble des " productions " de la Cité peuvent et doivent connaître un essaimage large pour confirmer un rôle de pilote national.
Pour remplir toutes ces missions, la Cité pourra donc compter à partir d'aujourd'hui sur un Conseil scientifique particulièrement prestigieux et je tiens à remercier à nouveau tous les scientifiques reconnus qui acceptent de s'associer ainsi au destin de la Cité et d'y consacrer une partie de leur activité.
J'y vois une triple signification.
Il s'agit d'abord de montrer combien les barrières entre la science stricto sensu et la culture scientifique, que je préfère pour ma part appeler culture de la science, sont ténues, voire artificielles.
Le devoir de restitution sociale est aujourd'hui plus que jamais une ardente obligation qui incombe au monde de la recherche. C'est un travail de longue haleine mais aussi une tâche stimulante et particulièrement précieuse que celle qui incombe ainsi à tous, chercheurs, enseignants ou animateurs de la culture scientifique.
Votre Conseil doit aussi assurer à mes yeux des visées stratégiques.
Il a vocation ainsi à bâtir les problématiques de demain, à dégager les thématiques qui retiendront l'attention de nos concitoyens...
Vaste tâche mais aussi mission prospective éminemment importante pour asseoir les fondements de la diffusion de la culture de la science dans notre pays, des fondements qui doivent être largement enrichis par des débats, des discussions où chacun devra trouver sa place
C'est d'ailleurs en ce sens de construction de l'offre de culture scientifique que votre Conseil aura une mission majeure.
Il doit nourrir l'activité de la Cité, la projeter dans l'avenir et en évaluer l'apport scientifique.
Il doit aussi contribuer largement à nourrir la réflexion et l'action coordonnée et programmée sur le long terme qui doit rapprocher les institutions de culture scientifique de notre pays, et notamment les institutions implantées à Paris, je pense au Palais de la Découverte, au Musée de l'Homme et à la Galerie de l'Evolution au sein du Muséum National d'Histoire Naturelle, ou encore au Musée des Arts et Métiers.
Il ne s'agit pas d'uniformiser, mais plutôt de rationaliser pour que l'offre de culture scientifique, tout en gardant la diversité qui en fait la richesse et l'intérêt, gagne en lisibilité, en cohérence et donc en efficacité.
Vous l'avez compris, je compte beaucoup sur votre Conseil scientifique. Je serai très attachée à en suivre les activités et vous souhaite donc d'uvrer dans les meilleures conditions.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 6 juin 2003)
Monsieur le Président,
Madame et Monsieur les Secrétaires perpétuels,
Mesdames et Messieurs les Académiciens,
C'est pour moi un grand honneur de clore cette séance solennelle de votre Académie, à l'issue d'une série de présentations toutes plus remarquables les unes que les autres, à la fois extrêmement érudites et accessibles à tous, deux traits qui caractérisent en profondeur le travail de l'Académie, contribuant à son rayonnement tant dans la communauté scientifique nationale et internationale qu'auprès de l'ensemble de nos concitoyens.
De telles interventions prouvent, si besoin en était, à quel point votre Assemblée constitue un haut lieu de la connaissance, un véritable trésor des savoirs où chaque scientifique peut trouver de précieux points de référence.
Mais au-delà de cette caution scientifique inestimable, l'Académie s'est aussi imposée comme acteur majeur des grands débats de société, un acteur à même d'apporter une expertise et une prospective éclairées.
C'est sur cette dernière dimension que je souhaite insister aujourd'hui. Cette dimension qui fait de la voix de l'Académie un élément essentiel dans le mécanisme majeur de la prise de décision publique, dont les chercheurs ont montré toute la complexité. Je suis extrêmement sensible au fait que l'Académie assume de plus en plus cette fonction cruciale d'articulation entre la science et l'ensemble de la société : une fonction qui permet de rendre acceptables les changements ou les évolutions liées aux avancées de la recherche par l'ensemble de nos concitoyens.
Vous l'avez compris, je compte sur votre assemblée pour continuer ce travail remarquable qui nous permet de nourrir par des éléments de réflexion dûment vérifiés, l'expertise indispensable à la poursuite des missions qui sont les nôtres.
Ce rôle déterminant de l'Académie des Sciences, j'ai eu souvent l'occasion de l'exprimer devant certains d'entre vous et je souhaite le réaffirmer aujourd'hui, solennellement, en évoquant certains des exemples qui ont retenu plus fortement mon attention.
Vous avez tous à l'esprit, bien entendu, le remarquable rapport sur les plantes génétiquement modifiées, rédigé sous la direction du Professeur Roland Douce, et qui m'a été remis en décembre dernier.
Plusieurs des recommandations émanant de ce rapport avaient retenu alors toute mon attention, en particulier celle préconisant que l'introduction raisonnée et prudente des plantes transgéniques dans l'agriculture devait être impérativement adossée à une recherche de haut niveau.
Une recherche capable d'apporter des réponses fiables, aussi indépendantes que possible, aux questions que se pose légitimement la société. Si je me suis, à l'époque, résolument engagée pour faire partager de telles recommandations à l'opinion publique, recommandations aujourd'hui reprises par un rapport sénatorial, c'est bien parce que je pouvais m'appuyer sur un instrument aussi précieux que le rapport de l'Académie toute entière, validé selon ses procédures internes.
De même, la recommandation concernant la formation et la communication scientifiques cadre parfaitement avec mon objectif de travailler à la meilleure articulation possible entre science et société. Les plantes génétiquement modifiées constituent, en effet, un sujet emblématique, à propos duquel la diffusion de la culture scientifique doit permettre de construire et de nourrir un débat plus éclairé, un débat citoyen au sens noble du terme.
C'est l'une des priorités de mon action que d'améliorer et d'encourager la diffusion d'une authentique culture scientifique ou mieux d'une culture de la science, qui nous permette de fonder les rapports entre science et société sur des bases à la fois repensées et réaffirmées.
M'appuyant sur le constat d'un écart croissant entre, d'un côté, un foisonnement d'initiatives et de l'autre, un rapport de méfiance entre nos concitoyens et la science, j'en ai tiré une conviction.
Cette conviction est qu'il est nécessaire d'agir de manière coordonnée et volontariste dans un domaine comme celui de la diffusion de la culture scientifique où les activités se sont multipliées de manière un peu désordonnée pendant les dernières années.
Agir de manière coordonnée passe par le lancement d'organes ad hoc tels que le comité national de pilotage de la culture scientifique réunissant les principaux acteurs, comité que j'ai appelé de mes vux et que nous allons mettre en place dans les prochaines semaines. J'ai demandé à la directrice de la recherche de lancer une telle structure souple et réactive dans les plus brefs délais. De même, je me félicite d'avoir pu installer, il y a peu, le premier conseil scientifique de la Cité des Sciences et de l'Industrie.
Agir de manière coordonnée, c'est aussi le sens de la mission que le Premier ministre vient de confier à Emmanuel Hamelin. Ce parlementaire en mission est placé auprès de Jean-Jacques Aillagon, de Luc Ferry et de moi-même pour agir dans le domaine de la formation et de la diffusion de la culture scientifique. Il s'agit d'un vaste chantier dans lequel je souhaite m'impliquer fortement afin de permettre à l'ensemble de la communauté scientifique et éducative de participer, de même que les différents décideurs, à la mise en valeur de la culture de la science.
Le rapport d'Emmanuel Hamelin, qui s'inscrira bien évidemment dans les perspectives tracées par le sénateur Laffitte, sera remis au Premier ministre dans trois mois et servira de base au Gouvernement pour engager la politique du pays dans ce domaine.
Sans anticiper sur les résultats de cette mission, il me semble que trois priorités peuvent, d'ores et déjà, être mises en évidence : la sensibilisation forte et précoce des jeunes, l'usage des nouvelles technologies, le lancement d'une véritable politique de l'image scientifique.
Le devoir de restitution sociale est, en effet aujourd'hui, plus que jamais une ardente obligation qui doit mobiliser le monde de la recherche. C'est un travail de longue haleine mais aussi une tâche stimulante et particulièrement précieuse que celle qui incombe ainsi à tous, à commencer par d'aussi prestigieuses assemblées que la vôtre.
Mais je sais à quel point cette mission vous est chère et presque une seconde nature.
J'en veux pour preuve le quinzième rapport que l'Académie vient de consacrer aux études sur l'environnement ; un rapport intitulé "De l'échelle du territoire à celle du continent". La ministre de l'Ecologie et du Développement durable, Roselyne Bachelot, et moi-même, nous nous réjouissons de la publication et de la remise de ce rapport et tenons à féliciter le groupe de travail qui l'a préparé et, en particulier, son animateur Paul Caseau.
Ce rapport est, par la profondeur de ses analyses et la pertinence de ses recommandations, une précieuse contribution aux réflexions que nous menons sur la politique de recherche dans le domaine de l'environnement. Il vient à point nommé au moment où le groupe de travail, présidé par Roger Guesnerie sur la recherche au service du développement durable, a rendu son rapport intermédiaire. Vos recommandations se rejoignent sur plusieurs points et notamment sur la nécessité de l'interdisciplinarité pour les recherches sur l'environnement et le développement durable. En ce qui concerne les thématiques prioritaires, votre rapport insiste sur les systèmes urbains, à côté bien sûr du climat, des polluants, des écosystèmes, et de l'occupation des sols. Mais surtout, il formule des recommandations sur la gestion des données et les observatoires.
Compte tenu de l'extension des méthodes scientifiques d'observations et de mesures, ainsi que de l'accroissement des capacités informatiques de traitement de données, la conception et la continuité des observations, le couplage des interprétations, l'analyse des changements d'échelle deviennent essentiels. De plus, la maîtrise des données, leur disponibilité et leur normalisation sont devenues des enjeux stratégiques. C'est un des points de la déclaration du G8 sur la recherche pour le développement durable. J'assisterai fin juillet, à Washington, au colloque international que les Américains organisent sur ce thème et j'y ferai part des projets européens.
C'est pourquoi, je souhaite que nous poursuivions le dialogue avec l'Académie et l'ensemble des acteurs concernés afin que le Ministère prenne, avec la communauté scientifique, les dispositions pour définir et mettre en uvre une stratégie à long terme dans ce domaine pour améliorer ce que le rapport appelle la mise en cohérence.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Académiciens,
Voici les quelques réflexions que je souhaitais partager avec vous à l'occasion de cette séance solennelle. Institution scientifique par excellence, institution citoyenne par sa place majeure dans les débats d'idées qui sont les nôtres, l'Académie des Sciences représente un partenaire privilégié de mon action. Je forme le voeu que nous puissions approfondir notre réflexion commune dans les mois à venir pour faire progresser la recherche et lui donner un nouvel élan, avec le soutien de l'ensemble des forces vives de notre pays, et notamment, des jeunes qui sont les vrais porteurs d'avenir.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 19 juin 2003)
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie vivement, Monsieur le Président, de votre accueil si chaleureux et de votre invitation à installer ce premier conseil scientifique qui rassemble des collègues scientifiques si éminents. Mon premier élan, Mesdames et Messieurs, est de vous remercier de votre disponibilité et de votre engagement aux côtés de cette Cité des Sciences et de l'Industrie que j'ai un plaisir chaque fois renouvelé à visiter.
Je me réjouis profondément à plusieurs titres d'être parmi vous aujourd'hui.
Il s'agit, en effet, d'un moment important dans le cadre de l'action que j'ai entreprise pour développer la diffusion de la culture scientifique dans notre pays.
Depuis mon entrée en fonction, j'ai beaucoup consulté sur cette question. J'en ai tiré un constat et une volonté.
Le constat, c'est celui de l'écart croissant entre, d'un côté, un foisonnement d'initiatives et de l'autre, un rapport de méfiance entre nos concitoyens et la science.
La culture scientifique est portée dans notre pays par beaucoup d'institutions nationales, d'organismes en régions, d'associations très dynamiques... Et pourtant, chacun s'accorde à constater que la désaffection des jeunes face aux filières scientifiques progresse et que nos concitoyens sont souvent désarmés pour affronter un certain nombre de grands défis scientifiques ou technologiques.
L'heure est donc venue d'agir de manière coordonnée et volontariste.
Agir de manière coordonnée passe par le lancement d'un comité de pilotage de la culture scientifique réunissant les principaux acteurs. Pour cette raison, j'ai demandé à la directrice générale de la recherche de lancer une telle structure souple et réactive dans les plus brefs délais.
Agir de manière coordonnée, c'est aussi le sens de la mission que le Premier ministre vient de confier à Emmanuel Hamelin. Ce jeune parlementaire en mission est placé auprès de Jean-Jacques Aillagon, de Luc Ferry et de moi-même pour agir dans le domaine de la formation et de la diffusion de la culture scientifique.
La culture scientifique et sa diffusion doivent permettre de nouer ou de renouer le dialogue entre la société et les sciences. Elles doivent contribuer à réduire les inégalités et les fractures au sein de la société.
Cette mission suppose une action structurée et d'envergure et c'est la raison pour laquelle le Premier ministre a choisi Emmanuel Hamelin qui travaille régulièrement sur ces questions depuis cinq ans. Son rapport sera remis au Premier ministre dans trois mois et servira de base au Gouvernement pour engager la politique du pays dans ce domaine.
Sa mission s'inscrit bien évidemment dans la continuité des remarquables travaux menés par le Sénateur Laffitte, en particulier le rapport qu'il a dirigé, et auquel je tiens ici à rendre hommage.
Sans anticiper sur les résultats de la mission Hamelin, il me semble utile de définir de grandes lignes directrices de l'action volontariste que j'appelle de mes voeux.
Une telle action doit s'appuyer sur une bonne connaissance de l'opinion de nos concitoyens à propos des relations sciences-société.
Dans le même temps, elle doit être articulée autour de priorités fortes.
A cet égard, il me semble qu'aujourd'hui trois grands chantiers doivent être engagés rapidement.
- Le premier chantier renvoie à la sensibilisation des jeunes : ils constituent sans conteste un des publics cibles privilégiés en vue d'une meilleure diffusion de la culture scientifique. Il faut faire passer l'envie, l'appétit, de science le plus tôt possible, dès les premières années de l'école. Cela passe notamment, je crois, par une adaptation des programmes d'enseignement scolaire des sciences, même si incontestablement beaucoup a été fait dans certaines disciplines depuis quelques années, mais aussi par une réaffirmation du rôle de l'histoire des sciences ;
- Il faut aussi stimuler l'usage des nouvelles technologies : la diffusion de la culture scientifique passe par la multiplication de sites internet informatifs. Tous les médias doivent en effet être mis à contribution, ce qui explique ma troisième priorité ;
- À savoir lancer une politique de l'image scientifique : il s'agit d'un support prioritaire que le monde de la recherche n'a pas pensé encore, à mes yeux, à exploiter de manière exhaustive. Je me félicite en ce sens d'avoir pu annoncer ici-même à la Cité à la fin de l'année dernière, la création d'une unité de soutien à la rédaction de scénarios de films scientifiques. Cette annonce répondait à une véritable lacune. La structure légère qui verra le jour -le GISC- associera le Ministère au CNC et aux organismes de recherche, avec participation de l'association de producteurs Science Télévision et des grandes chaînes dans le comité de sélection.
Pour toutes ces actions, comme pour les initiatives que suggérera le rapport Hamelin, il nous faut nous appuyer sur les principales institutions de culture scientifique à commencer par la Cité des Sciences et de l'Industrie qui occupe une place centrale, une place au cur du dispositif.
La Cité a en effet un rôle majeur à jouer.
Elle est en effet porteuse de toute une série d'initiatives particulièrement suggestives.
J'en prendrai quelques exemples, à commencer par ses grandes expositions ou ses pôles incontournables d'attraction d'un large public. La Cité est aussi porteuse du projet de généralisation de cyber-bases, soutenu par la Caisse des dépôts.
Mais la Cité est aussi largement tournée vers l'avenir à travers le recours aux nouvelles technologies comme le démontre entre autres la numérisation des données de la médiathèque : un accès aux contenus à travers des moteurs de recherche appropriés et reposant sur les desiderata des publics, qui sont soigneusement mesurés.
D'un point de vue plus théorique, la Cité a, en outre, vocation à réfléchir aux principales thématiques de culture scientifique dans trois directions : environnement ; sciences du vivant ; nouvelles technologies
J'ai cité tous ces exemples pour souligner à quel point l'ensemble des " productions " de la Cité peuvent et doivent connaître un essaimage large pour confirmer un rôle de pilote national.
Pour remplir toutes ces missions, la Cité pourra donc compter à partir d'aujourd'hui sur un Conseil scientifique particulièrement prestigieux et je tiens à remercier à nouveau tous les scientifiques reconnus qui acceptent de s'associer ainsi au destin de la Cité et d'y consacrer une partie de leur activité.
J'y vois une triple signification.
Il s'agit d'abord de montrer combien les barrières entre la science stricto sensu et la culture scientifique, que je préfère pour ma part appeler culture de la science, sont ténues, voire artificielles.
Le devoir de restitution sociale est aujourd'hui plus que jamais une ardente obligation qui incombe au monde de la recherche. C'est un travail de longue haleine mais aussi une tâche stimulante et particulièrement précieuse que celle qui incombe ainsi à tous, chercheurs, enseignants ou animateurs de la culture scientifique.
Votre Conseil doit aussi assurer à mes yeux des visées stratégiques.
Il a vocation ainsi à bâtir les problématiques de demain, à dégager les thématiques qui retiendront l'attention de nos concitoyens...
Vaste tâche mais aussi mission prospective éminemment importante pour asseoir les fondements de la diffusion de la culture de la science dans notre pays, des fondements qui doivent être largement enrichis par des débats, des discussions où chacun devra trouver sa place
C'est d'ailleurs en ce sens de construction de l'offre de culture scientifique que votre Conseil aura une mission majeure.
Il doit nourrir l'activité de la Cité, la projeter dans l'avenir et en évaluer l'apport scientifique.
Il doit aussi contribuer largement à nourrir la réflexion et l'action coordonnée et programmée sur le long terme qui doit rapprocher les institutions de culture scientifique de notre pays, et notamment les institutions implantées à Paris, je pense au Palais de la Découverte, au Musée de l'Homme et à la Galerie de l'Evolution au sein du Muséum National d'Histoire Naturelle, ou encore au Musée des Arts et Métiers.
Il ne s'agit pas d'uniformiser, mais plutôt de rationaliser pour que l'offre de culture scientifique, tout en gardant la diversité qui en fait la richesse et l'intérêt, gagne en lisibilité, en cohérence et donc en efficacité.
Vous l'avez compris, je compte beaucoup sur votre Conseil scientifique. Je serai très attachée à en suivre les activités et vous souhaite donc d'uvrer dans les meilleures conditions.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 6 juin 2003)
Monsieur le Président,
Madame et Monsieur les Secrétaires perpétuels,
Mesdames et Messieurs les Académiciens,
C'est pour moi un grand honneur de clore cette séance solennelle de votre Académie, à l'issue d'une série de présentations toutes plus remarquables les unes que les autres, à la fois extrêmement érudites et accessibles à tous, deux traits qui caractérisent en profondeur le travail de l'Académie, contribuant à son rayonnement tant dans la communauté scientifique nationale et internationale qu'auprès de l'ensemble de nos concitoyens.
De telles interventions prouvent, si besoin en était, à quel point votre Assemblée constitue un haut lieu de la connaissance, un véritable trésor des savoirs où chaque scientifique peut trouver de précieux points de référence.
Mais au-delà de cette caution scientifique inestimable, l'Académie s'est aussi imposée comme acteur majeur des grands débats de société, un acteur à même d'apporter une expertise et une prospective éclairées.
C'est sur cette dernière dimension que je souhaite insister aujourd'hui. Cette dimension qui fait de la voix de l'Académie un élément essentiel dans le mécanisme majeur de la prise de décision publique, dont les chercheurs ont montré toute la complexité. Je suis extrêmement sensible au fait que l'Académie assume de plus en plus cette fonction cruciale d'articulation entre la science et l'ensemble de la société : une fonction qui permet de rendre acceptables les changements ou les évolutions liées aux avancées de la recherche par l'ensemble de nos concitoyens.
Vous l'avez compris, je compte sur votre assemblée pour continuer ce travail remarquable qui nous permet de nourrir par des éléments de réflexion dûment vérifiés, l'expertise indispensable à la poursuite des missions qui sont les nôtres.
Ce rôle déterminant de l'Académie des Sciences, j'ai eu souvent l'occasion de l'exprimer devant certains d'entre vous et je souhaite le réaffirmer aujourd'hui, solennellement, en évoquant certains des exemples qui ont retenu plus fortement mon attention.
Vous avez tous à l'esprit, bien entendu, le remarquable rapport sur les plantes génétiquement modifiées, rédigé sous la direction du Professeur Roland Douce, et qui m'a été remis en décembre dernier.
Plusieurs des recommandations émanant de ce rapport avaient retenu alors toute mon attention, en particulier celle préconisant que l'introduction raisonnée et prudente des plantes transgéniques dans l'agriculture devait être impérativement adossée à une recherche de haut niveau.
Une recherche capable d'apporter des réponses fiables, aussi indépendantes que possible, aux questions que se pose légitimement la société. Si je me suis, à l'époque, résolument engagée pour faire partager de telles recommandations à l'opinion publique, recommandations aujourd'hui reprises par un rapport sénatorial, c'est bien parce que je pouvais m'appuyer sur un instrument aussi précieux que le rapport de l'Académie toute entière, validé selon ses procédures internes.
De même, la recommandation concernant la formation et la communication scientifiques cadre parfaitement avec mon objectif de travailler à la meilleure articulation possible entre science et société. Les plantes génétiquement modifiées constituent, en effet, un sujet emblématique, à propos duquel la diffusion de la culture scientifique doit permettre de construire et de nourrir un débat plus éclairé, un débat citoyen au sens noble du terme.
C'est l'une des priorités de mon action que d'améliorer et d'encourager la diffusion d'une authentique culture scientifique ou mieux d'une culture de la science, qui nous permette de fonder les rapports entre science et société sur des bases à la fois repensées et réaffirmées.
M'appuyant sur le constat d'un écart croissant entre, d'un côté, un foisonnement d'initiatives et de l'autre, un rapport de méfiance entre nos concitoyens et la science, j'en ai tiré une conviction.
Cette conviction est qu'il est nécessaire d'agir de manière coordonnée et volontariste dans un domaine comme celui de la diffusion de la culture scientifique où les activités se sont multipliées de manière un peu désordonnée pendant les dernières années.
Agir de manière coordonnée passe par le lancement d'organes ad hoc tels que le comité national de pilotage de la culture scientifique réunissant les principaux acteurs, comité que j'ai appelé de mes vux et que nous allons mettre en place dans les prochaines semaines. J'ai demandé à la directrice de la recherche de lancer une telle structure souple et réactive dans les plus brefs délais. De même, je me félicite d'avoir pu installer, il y a peu, le premier conseil scientifique de la Cité des Sciences et de l'Industrie.
Agir de manière coordonnée, c'est aussi le sens de la mission que le Premier ministre vient de confier à Emmanuel Hamelin. Ce parlementaire en mission est placé auprès de Jean-Jacques Aillagon, de Luc Ferry et de moi-même pour agir dans le domaine de la formation et de la diffusion de la culture scientifique. Il s'agit d'un vaste chantier dans lequel je souhaite m'impliquer fortement afin de permettre à l'ensemble de la communauté scientifique et éducative de participer, de même que les différents décideurs, à la mise en valeur de la culture de la science.
Le rapport d'Emmanuel Hamelin, qui s'inscrira bien évidemment dans les perspectives tracées par le sénateur Laffitte, sera remis au Premier ministre dans trois mois et servira de base au Gouvernement pour engager la politique du pays dans ce domaine.
Sans anticiper sur les résultats de cette mission, il me semble que trois priorités peuvent, d'ores et déjà, être mises en évidence : la sensibilisation forte et précoce des jeunes, l'usage des nouvelles technologies, le lancement d'une véritable politique de l'image scientifique.
Le devoir de restitution sociale est, en effet aujourd'hui, plus que jamais une ardente obligation qui doit mobiliser le monde de la recherche. C'est un travail de longue haleine mais aussi une tâche stimulante et particulièrement précieuse que celle qui incombe ainsi à tous, à commencer par d'aussi prestigieuses assemblées que la vôtre.
Mais je sais à quel point cette mission vous est chère et presque une seconde nature.
J'en veux pour preuve le quinzième rapport que l'Académie vient de consacrer aux études sur l'environnement ; un rapport intitulé "De l'échelle du territoire à celle du continent". La ministre de l'Ecologie et du Développement durable, Roselyne Bachelot, et moi-même, nous nous réjouissons de la publication et de la remise de ce rapport et tenons à féliciter le groupe de travail qui l'a préparé et, en particulier, son animateur Paul Caseau.
Ce rapport est, par la profondeur de ses analyses et la pertinence de ses recommandations, une précieuse contribution aux réflexions que nous menons sur la politique de recherche dans le domaine de l'environnement. Il vient à point nommé au moment où le groupe de travail, présidé par Roger Guesnerie sur la recherche au service du développement durable, a rendu son rapport intermédiaire. Vos recommandations se rejoignent sur plusieurs points et notamment sur la nécessité de l'interdisciplinarité pour les recherches sur l'environnement et le développement durable. En ce qui concerne les thématiques prioritaires, votre rapport insiste sur les systèmes urbains, à côté bien sûr du climat, des polluants, des écosystèmes, et de l'occupation des sols. Mais surtout, il formule des recommandations sur la gestion des données et les observatoires.
Compte tenu de l'extension des méthodes scientifiques d'observations et de mesures, ainsi que de l'accroissement des capacités informatiques de traitement de données, la conception et la continuité des observations, le couplage des interprétations, l'analyse des changements d'échelle deviennent essentiels. De plus, la maîtrise des données, leur disponibilité et leur normalisation sont devenues des enjeux stratégiques. C'est un des points de la déclaration du G8 sur la recherche pour le développement durable. J'assisterai fin juillet, à Washington, au colloque international que les Américains organisent sur ce thème et j'y ferai part des projets européens.
C'est pourquoi, je souhaite que nous poursuivions le dialogue avec l'Académie et l'ensemble des acteurs concernés afin que le Ministère prenne, avec la communauté scientifique, les dispositions pour définir et mettre en uvre une stratégie à long terme dans ce domaine pour améliorer ce que le rapport appelle la mise en cohérence.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Académiciens,
Voici les quelques réflexions que je souhaitais partager avec vous à l'occasion de cette séance solennelle. Institution scientifique par excellence, institution citoyenne par sa place majeure dans les débats d'idées qui sont les nôtres, l'Académie des Sciences représente un partenaire privilégié de mon action. Je forme le voeu que nous puissions approfondir notre réflexion commune dans les mois à venir pour faire progresser la recherche et lui donner un nouvel élan, avec le soutien de l'ensemble des forces vives de notre pays, et notamment, des jeunes qui sont les vrais porteurs d'avenir.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 19 juin 2003)