Texte intégral
F. Laborde-. Avec R. Bachelot, nous allons parler écologie et puis évidemment aussi politique. Mais d'abord "nuisances sonores", puisque, hier vous avez présenté votre plan anti-bruit. Le bruit, la nuisance sonore, c'est en général ce qui dérange le plus les Français ?
- "Tout à fait. Quand on les interroge, massivement, ils dénoncent le bruit comme principale nuisance qui les agresse dans leur vie quotidienne. Mais surtout, ce qui est important, c'est que ce sont les plus menacés, les plus fragiles, ceux qui habitent les quartiers les plus défavorisés, qui souffrent le plus du bruit ; donc, ils cumulent tous les éléments de détresse sociale. C'est pour cela qu'il était très important de relancer la politique contre le bruit dans notre pays. Nous allons tripler le nombre des logements insonorisés au droit des aéroports ; près des noeuds ferroviaires et routiers, 50 000 logements vont être réhabilités. Mais nous avons aussi des actions beaucoup plus en profondeur : l'éducation à l'environnement..."
Dans les crèches, dans les cantines par exemple. Mais comment fait-on ?
- "Trente heures d'éducation à l'environnement à partir de 2004, et une partie de cette éducation à l'environnement sera consacrée au civisme sonore bien entendu. 500 crèches vont être réhabilitées, 500 salles de repos dans les maternelles, 250 gymnases : nous allons faire cela. C'est important parce que, là aussi, ce sont les enfants des classes les plus défavorisées qui ont besoin d'un moment de repos, de calme, pour avoir un bon parcours scolaire. Or comment fait-on ? Il y a des tables anti-bruit, des chaises avec des patins en caoutchouc, des cloisons à l'intérieur des cantines qui permettent d'avoir un bruit moins important."
Au-delà, est-ce que vous allez reprendre des dispositifs qui existaient, où on permettait à certains particuliers, qui voudraient insonoriser leur maison, d'avoir des déductions fiscales ?
- "Les 50 000 logements que nous allons réhabiliter au droit des grands noeuds ferroviaires et routiers, toutes ces actions vont concerner les bailleurs publics et privés bien entendu. Nous allons aussi nous attaquer à quelque chose qui empoisonne la vie des gens : les pots d'échappement illégaux sur les deux-roues, qui peuvent chaque matin réveiller des milliers de personnes dans les grandes agglomérations. Donc, nous sommes, avec N. Sarkozy et D. Perben, en train de préparer le décret qui va permettre la saisie immédiate et la destruction de ces pots d'échappement. Et bien entendu, tout cela accompagné d'une information des revendeurs et d'une mobilisation des jeunes. Nous allons aussi faire en sorte que le contrôle technique des camions puisse, dans des opérations expérimentales destinées à être généralisées - je fais cela avec G. de Robien... Nous allons pouvoir voir si le bruit n'est pas trop élevé, trouver l'origine des bruits et faire en sorte que les camions, évidemment, soient réparés dans le bon sens."
On s'est rendu compte récemment que les deux-roues polluent autant, si ce n'est plus, que les voitures. Vous avez lancé une opération sur les véhicules propres. Est-ce que cela veut dire que vous allez aussi vous attaquer aux deux-roues ?
- "Bien sûr. Le plan "Véhicules propres" concerne aussi bien les camions, les moyens de transports collectifs, les voitures et les deux-roues. Il y a deux grands chapitres. [Il y a] tout le chapitre "Recherche", où avec C. Haigneré, nous allons mettre 40 millions d'euros supplémentaires dans les programmes de recherche "Véhicules propres", qui vont concerner aussi bien la motorisation, une climatisation plus propre dans les voitures, les carburants bien entendu, la pile à combustibles. C'est le volet recherche. Et puis il y a un volet "Incitations fiscales" pour faire, là aussi, des incitations qui permettent d'acheter des véhicules plus propres, qui sont encore en général, hélas, plus coûteux que les véhicules polluants. Et à terme, dans le Budget 2005, une opération "bonus-malus" pour inciter les consommateurs à acheter des véhicules ou des moyens de locomotion plus propres."
C'est-à-dire que, quand on a une voiture qui ne pollue pas, on aura une ristourne ?
- "La TVA sera moins élevée pour les véhicules plus propres."
Est-ce que l'Etat, la puissance publique au sens large, donne l'exemple en la matière ?
- "L'Etat a beaucoup de progrès à faire. C'est la raison pour laquelle T. Saïfi, dans sa stratégie nationale de développement durable, a fixé des objectifs très ambitieux à l'Etat. 20 % des véhicules achetés - et nous nous y tenons - sont des véhicules propres, et pour ce qui concerne le ministère de l'Ecologie et du Développement durable, 95 % des véhicules achetés en 2002 ont été des véhicules propres ; c'est bien le moins que nous puissions faire."
Pour montrer l'exemple, c'est bien. Passons maintenant à des affaires plus économiques au sens large. J.-P. Raffarin, hier, qui était en voyage à Moscou, a évoqué pour la première fois, en parlant de la situation économique de la France, un contexte "récessif" ; la CDC a fait des projections et estime que pour cette année 2003, la France sera en récession de 0,1 %, c'est-à-dire qu'on fabrique moins de richesses que l'an dernier. Le ministre du Budget lui-même, a dit qu'on n'atteindrait pas les 0,5 de croissance en 2003. Comment va-t-on faire pour tenir tous les engagements budgétaires, avec effectivement une croissance qui est, au meilleur des cas, en-dessous de 0,5 %, et un Budget qui est fabriqué sur une hypothèse de 1,3 % ?
- "Evidemment, le Budget s'apprécie sur l'ensemble de l'année 2004. C'est vrai que la situation n'est pas facile. Elle nous impose beaucoup d'efforts. C'est ce que nous avons fait dans notre politique budgétaire. Tous les ministres s'y sont mis. Moi-même, j'ai apporté ma pierre à ce travail d'optimisation des dépenses publiques, et Dieu sait si les sujets que j'ai à manier sont importants. Donc, nous avons fait les efforts tout à fait nécessaires. Néanmoins, je vois au contraire des perspectives optimistes ; nous en parlions avec le ministre des Affaires sociales, il nous faisait le point. Je suis persuadé que les efforts que nous avons faits vont porter leurs fruits. Ce n'est pas parce que Coué était pharmacien que je le dis ; c'est parce qu'il y a des éléments objectifs de reprise qui se dessinent. Cela demande, comme l'a dit hier F. Mer hier à Bruxelles (sic), de donner de la souplesse à l'économie et de ne pas prendre des mesures dont, finalement, les salariés paient les pots cassés."
Le message aujourd'hui qu'il faut transmettre aux Français, quel est-il ? "Ne perdez pas courage, la récession est à nos portes mais elle n'est pas vraiment là, continuez à travailler" ?
- "La France dispose d'atouts extraordinaires. L'essentiel, c'est de ne pas mettre notre économie en difficulté par des mesures comme celles qui ont été prises par le gouvernement précédent."
Vous faites référence aux 35 heures...
- "Par exemple, entre autres."
Vous étiez d'ailleurs orateur du groupe dans l'opposition à l'époque, au moment des 35 heures... C'est une loi que vous connaissez bien...
- "J'ai été effectivement l'orateur de mon groupe sur toutes les lectures des 35 heures et j'ai annoncé à la ministre de l'époque, M. Aubry, ce qui allait se passer. Je lui ai dit que c'était une loi qui allait causer des difficultés à l'économie et surtout qui serait contre les salariés. Et je note avec intérêt que même monsieur Blondel reconnaît, ce matin, que cette réduction autoritaire du temps de travail s'est faite contre les salariés. Donc c'est une mauvaise loi sur le plan économique et c'est une mauvaise loi sur le plan social. Il convient de mettre de la souplesse dans l'économie pour, justement, permettre à l'économie de repartir, mais aussi permettre, aux salariés qui le souhaitent, de gagner plus."
Pourquoi ne retire-t-on pas cette loi si elle est mauvaise ? Le Gouvernement manque de courage politique ? C'est compliqué de revenir sur les avantages acquis ?
- "Dans notre pays effectivement, c'est emblématiquement difficile de revenir sur ces désavantages acquis. Je crois qu'il faut aller vers le dialogue social ; il faut aller vers de la souplesse ; c'est la bonne façon de gouverner."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 octobre 2003)
- "Tout à fait. Quand on les interroge, massivement, ils dénoncent le bruit comme principale nuisance qui les agresse dans leur vie quotidienne. Mais surtout, ce qui est important, c'est que ce sont les plus menacés, les plus fragiles, ceux qui habitent les quartiers les plus défavorisés, qui souffrent le plus du bruit ; donc, ils cumulent tous les éléments de détresse sociale. C'est pour cela qu'il était très important de relancer la politique contre le bruit dans notre pays. Nous allons tripler le nombre des logements insonorisés au droit des aéroports ; près des noeuds ferroviaires et routiers, 50 000 logements vont être réhabilités. Mais nous avons aussi des actions beaucoup plus en profondeur : l'éducation à l'environnement..."
Dans les crèches, dans les cantines par exemple. Mais comment fait-on ?
- "Trente heures d'éducation à l'environnement à partir de 2004, et une partie de cette éducation à l'environnement sera consacrée au civisme sonore bien entendu. 500 crèches vont être réhabilitées, 500 salles de repos dans les maternelles, 250 gymnases : nous allons faire cela. C'est important parce que, là aussi, ce sont les enfants des classes les plus défavorisées qui ont besoin d'un moment de repos, de calme, pour avoir un bon parcours scolaire. Or comment fait-on ? Il y a des tables anti-bruit, des chaises avec des patins en caoutchouc, des cloisons à l'intérieur des cantines qui permettent d'avoir un bruit moins important."
Au-delà, est-ce que vous allez reprendre des dispositifs qui existaient, où on permettait à certains particuliers, qui voudraient insonoriser leur maison, d'avoir des déductions fiscales ?
- "Les 50 000 logements que nous allons réhabiliter au droit des grands noeuds ferroviaires et routiers, toutes ces actions vont concerner les bailleurs publics et privés bien entendu. Nous allons aussi nous attaquer à quelque chose qui empoisonne la vie des gens : les pots d'échappement illégaux sur les deux-roues, qui peuvent chaque matin réveiller des milliers de personnes dans les grandes agglomérations. Donc, nous sommes, avec N. Sarkozy et D. Perben, en train de préparer le décret qui va permettre la saisie immédiate et la destruction de ces pots d'échappement. Et bien entendu, tout cela accompagné d'une information des revendeurs et d'une mobilisation des jeunes. Nous allons aussi faire en sorte que le contrôle technique des camions puisse, dans des opérations expérimentales destinées à être généralisées - je fais cela avec G. de Robien... Nous allons pouvoir voir si le bruit n'est pas trop élevé, trouver l'origine des bruits et faire en sorte que les camions, évidemment, soient réparés dans le bon sens."
On s'est rendu compte récemment que les deux-roues polluent autant, si ce n'est plus, que les voitures. Vous avez lancé une opération sur les véhicules propres. Est-ce que cela veut dire que vous allez aussi vous attaquer aux deux-roues ?
- "Bien sûr. Le plan "Véhicules propres" concerne aussi bien les camions, les moyens de transports collectifs, les voitures et les deux-roues. Il y a deux grands chapitres. [Il y a] tout le chapitre "Recherche", où avec C. Haigneré, nous allons mettre 40 millions d'euros supplémentaires dans les programmes de recherche "Véhicules propres", qui vont concerner aussi bien la motorisation, une climatisation plus propre dans les voitures, les carburants bien entendu, la pile à combustibles. C'est le volet recherche. Et puis il y a un volet "Incitations fiscales" pour faire, là aussi, des incitations qui permettent d'acheter des véhicules plus propres, qui sont encore en général, hélas, plus coûteux que les véhicules polluants. Et à terme, dans le Budget 2005, une opération "bonus-malus" pour inciter les consommateurs à acheter des véhicules ou des moyens de locomotion plus propres."
C'est-à-dire que, quand on a une voiture qui ne pollue pas, on aura une ristourne ?
- "La TVA sera moins élevée pour les véhicules plus propres."
Est-ce que l'Etat, la puissance publique au sens large, donne l'exemple en la matière ?
- "L'Etat a beaucoup de progrès à faire. C'est la raison pour laquelle T. Saïfi, dans sa stratégie nationale de développement durable, a fixé des objectifs très ambitieux à l'Etat. 20 % des véhicules achetés - et nous nous y tenons - sont des véhicules propres, et pour ce qui concerne le ministère de l'Ecologie et du Développement durable, 95 % des véhicules achetés en 2002 ont été des véhicules propres ; c'est bien le moins que nous puissions faire."
Pour montrer l'exemple, c'est bien. Passons maintenant à des affaires plus économiques au sens large. J.-P. Raffarin, hier, qui était en voyage à Moscou, a évoqué pour la première fois, en parlant de la situation économique de la France, un contexte "récessif" ; la CDC a fait des projections et estime que pour cette année 2003, la France sera en récession de 0,1 %, c'est-à-dire qu'on fabrique moins de richesses que l'an dernier. Le ministre du Budget lui-même, a dit qu'on n'atteindrait pas les 0,5 de croissance en 2003. Comment va-t-on faire pour tenir tous les engagements budgétaires, avec effectivement une croissance qui est, au meilleur des cas, en-dessous de 0,5 %, et un Budget qui est fabriqué sur une hypothèse de 1,3 % ?
- "Evidemment, le Budget s'apprécie sur l'ensemble de l'année 2004. C'est vrai que la situation n'est pas facile. Elle nous impose beaucoup d'efforts. C'est ce que nous avons fait dans notre politique budgétaire. Tous les ministres s'y sont mis. Moi-même, j'ai apporté ma pierre à ce travail d'optimisation des dépenses publiques, et Dieu sait si les sujets que j'ai à manier sont importants. Donc, nous avons fait les efforts tout à fait nécessaires. Néanmoins, je vois au contraire des perspectives optimistes ; nous en parlions avec le ministre des Affaires sociales, il nous faisait le point. Je suis persuadé que les efforts que nous avons faits vont porter leurs fruits. Ce n'est pas parce que Coué était pharmacien que je le dis ; c'est parce qu'il y a des éléments objectifs de reprise qui se dessinent. Cela demande, comme l'a dit hier F. Mer hier à Bruxelles (sic), de donner de la souplesse à l'économie et de ne pas prendre des mesures dont, finalement, les salariés paient les pots cassés."
Le message aujourd'hui qu'il faut transmettre aux Français, quel est-il ? "Ne perdez pas courage, la récession est à nos portes mais elle n'est pas vraiment là, continuez à travailler" ?
- "La France dispose d'atouts extraordinaires. L'essentiel, c'est de ne pas mettre notre économie en difficulté par des mesures comme celles qui ont été prises par le gouvernement précédent."
Vous faites référence aux 35 heures...
- "Par exemple, entre autres."
Vous étiez d'ailleurs orateur du groupe dans l'opposition à l'époque, au moment des 35 heures... C'est une loi que vous connaissez bien...
- "J'ai été effectivement l'orateur de mon groupe sur toutes les lectures des 35 heures et j'ai annoncé à la ministre de l'époque, M. Aubry, ce qui allait se passer. Je lui ai dit que c'était une loi qui allait causer des difficultés à l'économie et surtout qui serait contre les salariés. Et je note avec intérêt que même monsieur Blondel reconnaît, ce matin, que cette réduction autoritaire du temps de travail s'est faite contre les salariés. Donc c'est une mauvaise loi sur le plan économique et c'est une mauvaise loi sur le plan social. Il convient de mettre de la souplesse dans l'économie pour, justement, permettre à l'économie de repartir, mais aussi permettre, aux salariés qui le souhaitent, de gagner plus."
Pourquoi ne retire-t-on pas cette loi si elle est mauvaise ? Le Gouvernement manque de courage politique ? C'est compliqué de revenir sur les avantages acquis ?
- "Dans notre pays effectivement, c'est emblématiquement difficile de revenir sur ces désavantages acquis. Je crois qu'il faut aller vers le dialogue social ; il faut aller vers de la souplesse ; c'est la bonne façon de gouverner."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 octobre 2003)