Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, un petit aperçu du contenu des entretiens que vous avez eus avec l'Emir du Qatar ?
R - Vous imaginez qu'avec son Altesse royale, nous avons évoqué bien évidemment la situation du Moyen-Orient, la situation de l'Irak, la situation du Proche-Orient, les relations bilatérales. Vous savez que les relations entre la France et le Qatar sont très importantes, très suivies, et nous souhaitons les développer encore, donc nous avons beaucoup de projets. C'est donc un moment important pour la diplomatie française.
Q - Avez-vous évoqué le projet de M. Bush concernant la région et l'accord de libre échange ?
R - Nous avons évoqué cette perspective, d'autant plus que vous savez que l'Europe, depuis 1995, a lancé un processus de ce type, de plus de 10 milliards d'euros sur dix ans, avec la perspective d'un accord de libre échange entre cette région et l'Europe. C'est un processus qui est lancé avec les douze pays méditerranéens. Nous avons donc une certaine expérience de tout cela et nous souhaitons encourager ce développement. Nous nous réjouissons donc des perspectives ouvertes par le président Bush et souhaitons qu'il soit possible de nous coordonner pour faire en sorte que tout ceci se fasse dans l'intérêt le plus large possible du Moyen-Orient.
Q - Et sur la résolution de levée des sanctions contre l'Irak ?
R - La concertation se poursuit à New York. Nous avons une base de départ qui est constituée par ce projet, essentiellement d'inspiration américaine. A partir de là, il faut travailler, faire en sorte que ce projet puisse répondre le mieux possible aux aspirations du peuple irakien, le mieux possible aux besoins de ce pays, défendre l'unité du pays, défendre la perspective de reconstruction politique et économique. Il y a un certain nombre de sujets difficiles, mais nous sommes convaincus qu'avec les propositions des uns et des autres sur les sanctions, sur le désarmement, sur la création d'une autorité politique légitime, nous allons parvenir à avancer tous ensemble. Nous avons besoin d'une position unanime de la communauté internationale. C'est dans cet esprit d'ouverture, dans cet esprit constructif que nous voulons aborder les choses. C'est dire à quel point la concertation entre Européens, la concertation avec la Russie, avec la Chine, avec les Américains bien sûr - je suis en contact très régulier avec Colin Powell - est importante. C'est dans ce cadre qu'il faut donner toutes les chances à l'Irak, et c'est bien évidemment l'objectif de la France.
Q - Y a-t-il une chance que cette résolution soit votée avant la fin du mois ?
R - Nous le souhaitons. Nous pensons qu'il y a une urgence et qu'il faut en conséquence répondre le plus rapidement possible aux besoins du peuple irakien. Au lendemain de la guerre, il y a bien sûr l'espoir créé par la chute du régime de Saddam Hussein, mais il y a aussi l'incertitude, l'inquiétude. Il faut faire en sorte que très vite la direction soit donnée, que le cap soit donné. Il faut le faire bien sûr avec les forces d'occupation sur le terrain, mais nous avons besoin de toute l'énergie, de toute la capacité, de tous les moyens de la communauté internationale ; et c'est bien cela qui est en cause à travers cette résolution, faire en sorte que les grands principes qui peuvent permettre de refonder, de reconstruire l'Irak, soient au rendez-vous et que nous puissions tous ensemble relever le défi.
Q - Il n'y a pas de nouvelle bataille diplomatique ?
R - Il y a un travail très important à faire, car si nous voulons donner toutes les chances à l'Irak, avoir la meilleure résolution possible, il faut que toutes les chances soient données. Ceci, une nouvelle fois, veut dire qu'il faut que les forces de la coalition puissent prendre leurs responsabilités, mais il faut aussi que la communauté internationale, que les Nations unies puissent prendre leurs responsabilités. Or, vous le savez, en particulier pour ce qui concerne l'autorité légitime irakienne qui doit se constituer rapidement, qui doit être l'interlocuteur reconnu - c'est important pour éviter les divisions, les risque de fracture entre les groupes, les communautés, les tribus irakiennes - pour que cette autorité légitime puisse être pleinement installée, nous avons besoin, au-delà de la phase de sécurisation, du soutien, de la reconnaissance, de la légitimité que seule l'ONU peut conférer.
Q - Vous allez effectuer une nouvelle tournée au Proche-Orient ?
R - Je me rendrai le 25 mai à la fois en Israël et dans les Territoires palestiniens. C'est évidemment une étape importante après la visite de Colin Powell, la visite d'autres Européens ; de la présidence grecque, avec M. Papandreou, de M. Solana, se rendent dans la région. Il y a donc d'intenses consultations et il est temps de prendre la mesure des choses. Il y a une situation nouvelle créée par la publication de la Feuille de route. Il faut maintenant la mettre en uvre, il faut se donner les moyens d'avancer. Nous le voyons bien au Moyen-Orient, la paix, pas plus que la justice, ne sont divisibles. Pour pouvoir avancer, il faut avancer sur tous les fronts, il faut avancer en Irak, il faut avancer sur le processus de paix. Mobilisons-nous, comprenons que l'attentisme ne peut faire que le jeu de ceux qui ne souhaitent pas que les choses évoluent dans le sens de la paix. Il faut donc parier sur la paix, prendre le risque de la paix, c'est-à-dire faire en sorte que les groupes qui refusent l'ordre, qui refusent d'avancer dans cette direction, ne puissent pas l'emporter. C'est dire que la volonté exprimée par tous les Etats de la région, par toute la communauté internationale, doit être extrêmement forte.
Q - Nabil Chaath nous a dit que vous allez voir M. Arafat, vous confirmez ?
R - Tout à fait. J'ai prévu de rencontrer à la fois Abou Mazen et Yasser Arafat, de me rendre en Israël, je souhaite avoir des contacts avec l'ensemble des interlocuteurs. Vous savez, quand vous souhaitez véritablement travailler pour la paix, eh bien il faut voir tout le monde. Il faut faire en sorte que chacun puisse se retrouver. Il faut l'unité, c'est par l'unité des volontés que nous pouvons avancer et il ne m'appartient pas de porter des jugements sur tel ou tel. La France parle avec tout le monde et veut faire avancer la paix dans toutes les circonstances.
Q - Est-ce qu'il y a une réunion prévue du Quartet ?
R - Nous travaillons sur un certain nombre d'échéances du Quartet. Pour le moment, tous ces rendez-vous ne sont pas encore fixés, mais bien évidemment, il est important que le Quartet se réunisse très rapidement.
Q - Ce serait avant le G8 ?
R - Tout ceci n'est pas encore arrêté, mais nous travaillons à de prochaines échéances pour le Quartet, qui doit prendre en compte la situation nouvelle créée par la publication de la Feuille de route. Il faut maintenant passer à l'étape de son application. Nous avons pris du retard, cela fait déjà cinq mois que nous devrions être engagés dans la première phase. Nous devrions être aux prémices de la seconde phase. Il faut donc clairement que chacun fasse sa part du chemin. Cela implique que nous ne rentrions pas dans une guerre de préalables. Avancer vers la paix, c'est véritablement s'engager pleinement, de toutes ses forces dans ce sens de la paix et c'est ce que la France veut faire : appuyer les efforts de chacun. Mais la paix doit être globale, c'est dire que la paix doit aussi évidemment inclure le volet syrien et le volet libanais. Nous pensons qu'il est temps d'avoir une feuille de route qui inclue la Syrie et le Liban, et la France veut faire des propositions en ce sens.
Q - Vous pensez donc que, dans cette réunion du Quartet, la France pourrait impliquer la Syrie et le Liban dans la Feuille de route ?
R - Si nous voulons avancer dans le sens de la paix, il faut le faire avec tous, et bien évidemment toutes les parties concernées par cette paix, israélo-palestinienne, israélo-syrienne, israélo-libanaise. C'est donc un mouvement global, collectif. Plus que jamais, le destin du Moyen-Orient dépend des efforts de chacun dans le sens de la paix. Cela veut dire que la communauté internationale, la communauté régionale, l'ensemble des grands acteurs, doivent appuyer ce processus.
Q - On nous a dit que la France a présenté un non-papier sur un mécanisme de contrôle concernant la Feuille de route. Confirmez-vous cette information ?
R - Nous avons réfléchi à ce mécanisme de contrôle, de supervision, qui permettrait effectivement de garantir que ce processus puisse avancer. Nous sommes en concertation avec nos partenaires, nous voulons avancer et pousser la discussion avec eux. Vous comprendrez que je n'ai pas à vous en dire plus aujourd'hui.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mai 2003)
R - Vous imaginez qu'avec son Altesse royale, nous avons évoqué bien évidemment la situation du Moyen-Orient, la situation de l'Irak, la situation du Proche-Orient, les relations bilatérales. Vous savez que les relations entre la France et le Qatar sont très importantes, très suivies, et nous souhaitons les développer encore, donc nous avons beaucoup de projets. C'est donc un moment important pour la diplomatie française.
Q - Avez-vous évoqué le projet de M. Bush concernant la région et l'accord de libre échange ?
R - Nous avons évoqué cette perspective, d'autant plus que vous savez que l'Europe, depuis 1995, a lancé un processus de ce type, de plus de 10 milliards d'euros sur dix ans, avec la perspective d'un accord de libre échange entre cette région et l'Europe. C'est un processus qui est lancé avec les douze pays méditerranéens. Nous avons donc une certaine expérience de tout cela et nous souhaitons encourager ce développement. Nous nous réjouissons donc des perspectives ouvertes par le président Bush et souhaitons qu'il soit possible de nous coordonner pour faire en sorte que tout ceci se fasse dans l'intérêt le plus large possible du Moyen-Orient.
Q - Et sur la résolution de levée des sanctions contre l'Irak ?
R - La concertation se poursuit à New York. Nous avons une base de départ qui est constituée par ce projet, essentiellement d'inspiration américaine. A partir de là, il faut travailler, faire en sorte que ce projet puisse répondre le mieux possible aux aspirations du peuple irakien, le mieux possible aux besoins de ce pays, défendre l'unité du pays, défendre la perspective de reconstruction politique et économique. Il y a un certain nombre de sujets difficiles, mais nous sommes convaincus qu'avec les propositions des uns et des autres sur les sanctions, sur le désarmement, sur la création d'une autorité politique légitime, nous allons parvenir à avancer tous ensemble. Nous avons besoin d'une position unanime de la communauté internationale. C'est dans cet esprit d'ouverture, dans cet esprit constructif que nous voulons aborder les choses. C'est dire à quel point la concertation entre Européens, la concertation avec la Russie, avec la Chine, avec les Américains bien sûr - je suis en contact très régulier avec Colin Powell - est importante. C'est dans ce cadre qu'il faut donner toutes les chances à l'Irak, et c'est bien évidemment l'objectif de la France.
Q - Y a-t-il une chance que cette résolution soit votée avant la fin du mois ?
R - Nous le souhaitons. Nous pensons qu'il y a une urgence et qu'il faut en conséquence répondre le plus rapidement possible aux besoins du peuple irakien. Au lendemain de la guerre, il y a bien sûr l'espoir créé par la chute du régime de Saddam Hussein, mais il y a aussi l'incertitude, l'inquiétude. Il faut faire en sorte que très vite la direction soit donnée, que le cap soit donné. Il faut le faire bien sûr avec les forces d'occupation sur le terrain, mais nous avons besoin de toute l'énergie, de toute la capacité, de tous les moyens de la communauté internationale ; et c'est bien cela qui est en cause à travers cette résolution, faire en sorte que les grands principes qui peuvent permettre de refonder, de reconstruire l'Irak, soient au rendez-vous et que nous puissions tous ensemble relever le défi.
Q - Il n'y a pas de nouvelle bataille diplomatique ?
R - Il y a un travail très important à faire, car si nous voulons donner toutes les chances à l'Irak, avoir la meilleure résolution possible, il faut que toutes les chances soient données. Ceci, une nouvelle fois, veut dire qu'il faut que les forces de la coalition puissent prendre leurs responsabilités, mais il faut aussi que la communauté internationale, que les Nations unies puissent prendre leurs responsabilités. Or, vous le savez, en particulier pour ce qui concerne l'autorité légitime irakienne qui doit se constituer rapidement, qui doit être l'interlocuteur reconnu - c'est important pour éviter les divisions, les risque de fracture entre les groupes, les communautés, les tribus irakiennes - pour que cette autorité légitime puisse être pleinement installée, nous avons besoin, au-delà de la phase de sécurisation, du soutien, de la reconnaissance, de la légitimité que seule l'ONU peut conférer.
Q - Vous allez effectuer une nouvelle tournée au Proche-Orient ?
R - Je me rendrai le 25 mai à la fois en Israël et dans les Territoires palestiniens. C'est évidemment une étape importante après la visite de Colin Powell, la visite d'autres Européens ; de la présidence grecque, avec M. Papandreou, de M. Solana, se rendent dans la région. Il y a donc d'intenses consultations et il est temps de prendre la mesure des choses. Il y a une situation nouvelle créée par la publication de la Feuille de route. Il faut maintenant la mettre en uvre, il faut se donner les moyens d'avancer. Nous le voyons bien au Moyen-Orient, la paix, pas plus que la justice, ne sont divisibles. Pour pouvoir avancer, il faut avancer sur tous les fronts, il faut avancer en Irak, il faut avancer sur le processus de paix. Mobilisons-nous, comprenons que l'attentisme ne peut faire que le jeu de ceux qui ne souhaitent pas que les choses évoluent dans le sens de la paix. Il faut donc parier sur la paix, prendre le risque de la paix, c'est-à-dire faire en sorte que les groupes qui refusent l'ordre, qui refusent d'avancer dans cette direction, ne puissent pas l'emporter. C'est dire que la volonté exprimée par tous les Etats de la région, par toute la communauté internationale, doit être extrêmement forte.
Q - Nabil Chaath nous a dit que vous allez voir M. Arafat, vous confirmez ?
R - Tout à fait. J'ai prévu de rencontrer à la fois Abou Mazen et Yasser Arafat, de me rendre en Israël, je souhaite avoir des contacts avec l'ensemble des interlocuteurs. Vous savez, quand vous souhaitez véritablement travailler pour la paix, eh bien il faut voir tout le monde. Il faut faire en sorte que chacun puisse se retrouver. Il faut l'unité, c'est par l'unité des volontés que nous pouvons avancer et il ne m'appartient pas de porter des jugements sur tel ou tel. La France parle avec tout le monde et veut faire avancer la paix dans toutes les circonstances.
Q - Est-ce qu'il y a une réunion prévue du Quartet ?
R - Nous travaillons sur un certain nombre d'échéances du Quartet. Pour le moment, tous ces rendez-vous ne sont pas encore fixés, mais bien évidemment, il est important que le Quartet se réunisse très rapidement.
Q - Ce serait avant le G8 ?
R - Tout ceci n'est pas encore arrêté, mais nous travaillons à de prochaines échéances pour le Quartet, qui doit prendre en compte la situation nouvelle créée par la publication de la Feuille de route. Il faut maintenant passer à l'étape de son application. Nous avons pris du retard, cela fait déjà cinq mois que nous devrions être engagés dans la première phase. Nous devrions être aux prémices de la seconde phase. Il faut donc clairement que chacun fasse sa part du chemin. Cela implique que nous ne rentrions pas dans une guerre de préalables. Avancer vers la paix, c'est véritablement s'engager pleinement, de toutes ses forces dans ce sens de la paix et c'est ce que la France veut faire : appuyer les efforts de chacun. Mais la paix doit être globale, c'est dire que la paix doit aussi évidemment inclure le volet syrien et le volet libanais. Nous pensons qu'il est temps d'avoir une feuille de route qui inclue la Syrie et le Liban, et la France veut faire des propositions en ce sens.
Q - Vous pensez donc que, dans cette réunion du Quartet, la France pourrait impliquer la Syrie et le Liban dans la Feuille de route ?
R - Si nous voulons avancer dans le sens de la paix, il faut le faire avec tous, et bien évidemment toutes les parties concernées par cette paix, israélo-palestinienne, israélo-syrienne, israélo-libanaise. C'est donc un mouvement global, collectif. Plus que jamais, le destin du Moyen-Orient dépend des efforts de chacun dans le sens de la paix. Cela veut dire que la communauté internationale, la communauté régionale, l'ensemble des grands acteurs, doivent appuyer ce processus.
Q - On nous a dit que la France a présenté un non-papier sur un mécanisme de contrôle concernant la Feuille de route. Confirmez-vous cette information ?
R - Nous avons réfléchi à ce mécanisme de contrôle, de supervision, qui permettrait effectivement de garantir que ce processus puisse avancer. Nous sommes en concertation avec nos partenaires, nous voulons avancer et pousser la discussion avec eux. Vous comprendrez que je n'ai pas à vous en dire plus aujourd'hui.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mai 2003)