Déclarations de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, en réponse à des questions sur la chute du régime de Saddam Hussein, la fin de la guerre en Irak et la position de la France pour l'aide à la reconstruction et à l'instauration de la démocratie et sur le rôle de l'ONU dans la résolution du conflit israélo palestinien, au Sénat le 10 avril 2003.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Monsieur le sénateur,
Ce qui vient de se passer en Irak, est, en effet, très important. Et je confirme, ici, les propose tenus, ce matin, par monsieur le président de la République. "La France se réjouit de la chute du régime de S. Hussein. Et elle partage les espoirs du peuple irakien, pour plus de justice et plus de démocratie". Vous le savez, nous avons toujours été dans le camp des démocraties, contre celui des dictatures. Et dès que cette guerre a été engagée, la France a dit clairement qu'elle souhaitait qu'elle se termine le plus rapidement possible et qu'elle soit la moins meurtrière possible.
Il y a des sujets sur lesquels, je crois, les polémiques sont inutiles. Je pense que, dans la situation dans laquelle nous sommes, cette victoire de la démocratie s'est faite dans la violence. Et je crois que nous devons respecter la mémoire de tous ceux qui ont payé de leur vie cette victoire de la démocratie. Notre engagement, aujourd'hui, est un engagement de gravité. Nous voulons participer, évidemment, en regardant l'avenir. Et l'avenir, pour nous, c'est la paix dans la région. Et nous espérons qu'une sagesse internationale va pouvoir aujourd'hui s'affirmer pour régler le conflit israélo-palestinien qui est au coeur du drame de cette région au monde.
Et puis, comme vous le souhaitez, monsieur le sénateur, le gouvernement français s'impliquera avec détermination dans toutes les actions, pour être auprès des populations civiles qui ont souffert, pour les actions humanitaires. D'ores et déjà, nous avons dégagé une première enveloppe de 10 millions d'euros, pour participer à des initiatives, avec les ONG françaises qui s'engagent sur le terrain, mais aussi avec le programme Eco de l'Europe, et aussi avec le programme de l'ONU. Nous sommes participants de l'ensemble de ces dispositifs, pour être au plus près des populations civiles.
Nous nous engageons pour faire en sorte que, le plus rapidement possible, l'Irak puisse bénéficier d'une stabilisation et que le peuple irakien puisse avoir des institutions que lui-même contrôle, pour assurer son propre avenir.
Tout ceci nous paraît être, aujourd'hui, une nécessité qui mobilise la communauté internationale. Nous pensons que cette communauté internationale trouvera son unité au sein de l'ONU. C'est pour cela que nous pensons que c'est à l'ONU que doivent se définir les stratégies d'avenir qui assureront au peuple irakien son devenir.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 avril 2003)
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs
Madame la présidente,
Je voudrais dire comme vous que nous avons le sentiment aujourd'hui que la France a parlé d'une voix forte dans ce conflit, et qu'aujourd'hui, notre devoir, c'est d'être dans une très grande proximité avec le peuple irakien, qui a connu des souffrances extrêmes ces trois semaines de bombardements et toutes les difficultés qui ont atteint dans leur chair les populations civiles. Nous sommes aux côtés du peuple irakien et nous partageons, aujourd'hui, son espoir de liberté, de démocratie, de développement. Et nous nous sentons engagés à ses côtés pour participer à cet avenir nouveau.
Nous sommes déterminés pour que, dès que la situation aura été sécurisée, il puisse y avoir à l'ONU une délibération qui puisse faire en sorte qu'un avenir soit construit, que toute la communauté internationale puisse, autour d'une résolution adoptée par tous, définir ce que doit être l'avenir de la communauté internationale, pour aider l'Irak à choisir ce chemin de la démocratie.
Vous le dites aussi, et nous partageons cette vision : il faut que, dans ces circonstances, nous puissions agir pour que le conflit israélo-palestinien puisse enfin déboucher sur la perspective de paix et l'application des résolutions déjà existantes aux Nations unies pour la reconnaissance d'un Etat palestinien et la sécurité pour le peuple d'Israël. Nous pensons vraiment que l'ONU doit être centrale dans l'ensemble de ce dispositif pour pouvoir faire en sorte que cette région du monde retrouve la paix et la liberté.
Nous sommes engagés avec l'ensemble des partenaires du Conseil de sécurité pour pouvoir placer l'ONU au centre de cette démarche. Nous le croyons fondamentalement parce que nous avons bien la conviction qu'il faut un monde multipolaire, qu'il faut un monde équilibré entre différents pôles. C'est pour cela que notre projet européen reste aujourd'hui un projet important, pour équilibrer le monde, pour faire en sorte que nous ne puissions pas nous trouver dans cette situation où il puisse y avoir une vision unipolaire qui peut être, à terme, une vision de déséquilibre. C'est cet équilibre que la France veut promouvoir, avec cette vision qui est la sienne, qui nous semble très largement partagée par l'ensemble des membres du Conseil de sécurité.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 avril 2003)