Interview de M. Jean-Claude Gaudin, vice-président délégué de l'UMP, à France 2 le 18 juin 2003, sur les mouvements de contestation sociale à Marseille, le chantier de la rénovation urbaine et l'image de marque de la ville dans la perspective de sa candidature à la tenue de la Coupe de l'America en 2007.

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Texte intégral

Les 4 Vérités.- Demain, nouvelle journée de mobilisation dans les services publics et sans doute nouvelle journée de galère pour les usagers. Et il y a une ville qui semble à la tête de la contestation, c'est Marseille. Pourquoi est on à la pointe du combat à Marseille ?
Jean-Claude Gaudin.- "Sans doute parce qu'à Marseille, lorsque vous comptez 13 000 employés territoriaux, 13 000 autres à l'Assistance publique de Marseille, et que vous ajoutez tous les enseignants et surtout ce que savent faire les syndicats, généralement une mobilisation très forte depuis Menton à Perpignan pour se rassembler à Marseille, cela fait du monde sur la Canebière."
Les 4 Vérités.- Mais y a t il une politisation particulière du mouvement à Marseille ?
Jean-Claude Gaudin.- "Non, je ne pense pas. Je crois qu'il y a eu une adhésion des syndicats, comme c'est généralement FO qui, chez les territoriaux, est largement majoritaire, suivant M. Blondel très fortement. Donc, la mobilisation est très forte à Marseille, c'est vrai.
Les 4 Vérités.- Les transports publics ont arrêté leur grève hier, ils recommencent demain ?
Jean-Claude Gaudin.- "Peut être commenceront ils demain, parce qu'il y a encore une journée d'action, mais cela pose vraiment un problème : celui du découragement, pour les élus qui sont favorables au service public. Le service public, doit être au service du public. Je peux comprendre que, lorsqu'on agresse un chauffeur de bus, lorsqu'il y a des difficultés, ça arrive, dans l'immensité de la ville, qu'il y ait un arrêt de travail, cela peut se comprendre tout naturellement. Mais des grèves à répétition, cela met en péril le service public et à Marseille, notamment pour la RTM, où la situation financière n'est déjà pas très forte, où elle est ardemment soutenue par la communauté urbaine, quand même, tous ces jours de grève accumulés, c'est un déficit très fort."
Les 4 Vérités.- Les sondages montrent deux choses : d'une part, une baisse de J. Chirac et de J-P. Raffarin et, d'autre part, que les Français voudraient que le Gouvernement renégocie avec les syndicats sur les retraites. N'est on pas allé un peu trop vite dans cette affaire ?
Jean-Claude Gaudin.- "Je ne pense pas. Le Gouvernement a mis plus d'un an pour expliquer aux syndicats, dialoguer avec les syndicats. Toute la phase de négociation avec les syndicats s'est déroulée pendant de nombreuses semaines, de nombreux mois. Maintenant..."
Les 4 Vérités.- Oui mais, à la fin, on est allé très vite !
Jean-Claude Gaudin.- "Non, attendez, on est entré dans une phase politique, c'est celle du Parlement. Dans cette République et dans notre démocratie, il y a des règles à respecter. L'Assemblée nationale a été élue il y a un an, le président de la République aussi. Il y a un Gouvernement qui a le courage de faire ce que le gouvernement précédent, qui avait une meilleure situation économique pendant cinq ans, qui a eu une durée de cinq ans, n'a pas fait. Ce Gouvernement a le mérite de le faire. C'est très clair, cette affaire là, les Françaises et les Français l'ont compris : si on ne fait pas cette réforme des retraites, dans 15 ans, il n'y a plus de retraite pour personne, voilà ! Et donc, le Gouvernement a le courage de le faire. Soutenons le Gouvernement, soutenons J-P. Raffarin. Il me semble que toutes les étapes d'écoute, de dialogue, de concertation ont été menées. Et sans doute qu'au Parlement, le Gouvernement sera appelé à donner satisfaction à quelques amendements que l'UMP pourra présenter ou l'UDF pourra présenter, pour améliorer encore le texte."
Les 4 Vérités.- Autre gros dossier ce matin, celui de la rénovation des banlieues. J-L. Borloo présente un plan très important et dit en substance que jusqu'ici, on n'avait jamais pris la mesure du problème. Vous même, êtes ancien ministre de la Ville, est ce que vous en aviez assez fait ?
Jean-Claude Gaudin.- "Sans doute pas. J'avais l'Aménagement du territoire et la Ville en même temps, et j'étais aidé très amicalement d'ailleurs, et avec beaucoup de qualités, par E. Raoult. La politique de la ville, ce sont des strates qui se sont additionnées depuis un certain nombre d'années. On a pris conscience, il y a déjà quelques années, que l'urbanisme des années 60 - 65 était un urbanisme banni aujourd'hui. Aujourd'hui, le maire est le plus heureux quand il peut appuyer sur un bouton qui fait tomber une tour et qu'il peut la remplacer par d'autres choses. Ce que fait Borloo est très bien. D'abord, Borloo est un homme..."
Les 4 Vérités.- Ne fallait il pas le faire plus tôt ?
Jean-Claude Gaudin.- "Peut être, on a tenté plus tôt, mais c'est terriblement difficile. Dans l'immensité, par exemple, d'une ville comme Marseille 800. 000 habitants, deuxième ville de France , avant que je puisse "vider" un ensemble immobilier dégradé, des années 60 65, reloger les gens, et faire disparaître le bâtiment, j'aime autant vous dire qu'il faut du temps. Borloo est courageux, c'est un homme de terrain, c'est un homme proche du peuple et qui a le sens des réalités. Ce qu'il fait est bien. Quand j'étais ministre du gouvernement Juppé, avec E. Raoult, nous avons fait des zones franches. J'observe aujourd'hui que, après qu'elles aient été beaucoup critiquées par des rapports d'ailleurs un peu politisés sous le gouvernement précédent, finalement, on dit qu'on va garder les zones franches. Venez voir à Marseille, dans le bassin, du côté de l'Estaque, la zone franche : il n'y a plus un mètre carré de disponible, et ce sont les deux arrondissements où, à l'heure actuelle, dans le secteur nord de Marseille, le chômage a diminué le plus. Pourquoi ? Les patrons ont bénéficié de certains avantages fiscaux, mais ils ont joué le jeu avec nous. Ma loi disait : il faut qu'un emploi sur cinq soit pris par des gens du quartier. C'est trois sur cinq. Donc, nous avons réussi cela lorsque les maires se sont impliqués. Lorsque les maires n'ont pas voulu jouer le jeu, ça n'a pas été une réussite. Et je suis ravi que Borloo nous donne une deuxième zone franche à Marseille, ce sera bien."
Les 4 Vérités.- Un mot de la coupe de la Coupe de l'America : Marseille a été retenue parmi les cinq villes qui peuvent organiser la course en 2007. Est ce que la grève dans les services publics, Marseille capitale de la contestation, ce n'est pas un handicap ?
Jean-Claude Gaudin.- "C'est sûr que les images que la télévision romane a envoyé en Suisse, ces derniers jours, où il y avait la grève des éboueurs, en même temps que celle des transports publics, n'étaient pas un avantage. Mais nous sommes retenus parmi la liste restreinte de cinq villes. Ce que j'observe, c'est qu'en Espagne, le Roi Juan Carlos s'en occupe lui même..."
Les 4 Vérités.- Et Chirac ne fait rien, c'est ça que vous dites ?
Jean-Claude Gaudin.- "Non, attendez, non, Chirac a fait beaucoup de choses déjà. Mais le Premier ministre du Portugal s'en occupe. Alors hier, un député de Marseille, de mes amis, D. Tian, a questionné le Gouvernement. Il faut que le Gouvernement de la République aide Marseille. D'abord, parce que c'est la deuxième ville de France ; d'abord, parce que nous sommes le seul site de France qui a été retenu. Marseille, c'est la candidature de la France. Ce n'est pas que la candidature des Marseillais. Donc, nous nous appliquons, avec tous les atouts que nous avons, à essayer de gagner cette Coupe. Je suis allé voir ce que cela avait donné comme avantages à Auckland, c'est quelque chose d'extraordinaire. Et si nous avions la Coupe de l'America, pour faire reculer le chômage, pour relancer l'économie, le tourisme, etc., ce serait merveilleux. Mais cela doit être la candidature de la France toute entière."
Les 4 Vérités.- L'UMP se réunit ce week end, et on ne sait plus très bien qui est le patron de la majorité : c'est Raffarin, c'est Juppé, ou Sarkozy ?
Jean-Claude Gaudin.- "Non, le patron de la majorité, dans notre Vème République, pour nous, c'est le Premier ministre. Le Premier ministre, J. P. Raffarin, est le chef de la majorité. A A. Juppé, Douste Blazy et moi, le soin de conduire l'UMP, c'est à dire le grand parti de rassemblement, qui permet le soutien à l'action du Gouvernement et du président de la République."

(Source http://www.u-m-p.org, le 19 juin 2003)