Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, sur la situation en Irak, la reconstrution et le processus politique, à l'Assemblée nationale le13 avril 2004.

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Circonstance : Questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 13 avril 2004

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Je partage votre extrême préoccupation sur la situation irakienne et sur ses conséquences en Irak, dans la région, et dans le monde. La situation évolue comme nous le craignions depuis le début de la crise, comme le président de la République le craignait, comme votre Assemblée l'a craint, comme l'ensemble du pays l'a craint.
Aujourd'hui, la dégradation est particulièrement sensible sur le terrain, avec deux faits nouveaux. D'abord, le nombre important de morts civils dans les différents affrontements. Et deuxièmement, le développement des prises d'otages, particulièrement préoccupantes, qui se multiplient et qui aggravent la situation de tension internationale, vous le savez. Quelle que soit l'issue de ces événements, cela pose pour nous de nombreuses questions, avec deux questions principales.
D'abord, sur l'évolution du processus politique en cours, et ensuite sur le rôle de la concertation de la communauté internationale en général, et du rôle des Nations Unies en particulier.
Sur la situation du processus politique : je tiens à réaffirmer ici ce qu'a dit le président de la République, c'est-à-dire combien nous souhaitions le retour au calme et à la sécurité, et combien nous appuyons l'appel du CICR pour que l'aide humanitaire d'urgence puisse être acheminée sans retard dans les villes frappées par ces affrontements. Et nous voulons dire aussi que nous condamnons, de la manière la plus ferme, toutes les formes d'affrontements, et notamment cette nouvelle méthode de guerre qui consiste à la prise d'otages en Irak. Notre pays entend participer à la recherche d'un processus durable de solutions et le ministre des Affaires étrangères, monsieur M. Barnier, recevait, ce matin, le représentant français à Bagdad pour faire le point, avec lui, sur les quatre objectifs qui sont les nôtres.
Premièrement, assurer la reconstruction politique et économique, et vous savez combien ce dossier est difficile. Deuxièmement, le retour à la souveraineté de l'Irak ; c'est pour nous une condition essentielle de la solution de la crise. Troisièmement, la défense de l'intégrité territoriale. Quatrièmement enfin, la préservation de l'unité du pays.
Il faut retrouver le processus politique, nous le disons dans ce type de crise. C'est par le processus politique qu'une solution durable peut être trouvée. Nous développons ainsi une pression internationale. Et les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se retrouveront - M. Barnier y assistera - à la fin de la semaine pour faire une proposition européenne à la communauté internationale. Pour nous, il faut une approche nationale en Irak, pour rassembler toutes les forces politiques qui souhaitent endosser un gouvernement intérimaire. C'est un élément très important. La solution passe par cet accord national. Aussi,
il nous faut une dimension régionale très importante, pour apporter à l'Irak tout le soutien des pays de la région. C'est évidemment essentiel. Enfin, troisième dimension internationale, pour assurer l'appui politique, et je dirais surtout économique, à l'ensemble des forces aujourd'hui, qui veulent participer à la reconstruction de l'Irak, avec le concours de la communauté internationale, au centre desquelles doit se trouver, naturellement, l'ONU.
Pour nous, la condition indispensable, c'est évidemment la concertation internationale. La France n'a pas bougé d'un iota sur ses propositions. C'est par cette concertation internationale que nous trouverons cette solution, selon les principes que nous avons indiqués. Cependant, dans l'état actuel de difficulté, que chacun reconnaît, j'appelle tous les ressortissants français qui se trouvent actuellement en Irak, à bien vouloir rentrer. Et je demande à tous ceux qui prévoient, dans les jours à venir, un déplacement en Irak, de bien vouloir reporter leur déplacement. Il s'agit du principe de précaution et de prudence. Il s'agit là, d'une position de la France vis-à-vis de ses ressortissants. Je crois qu'on ne peut pas traiter ce sujet avec légèreté. La France est engagée pour la paix en Irak, elle l'a toujours été et elle le restera
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 avril 2004)