Texte intégral
Question : Jean-Pierre Raffarin va-t-il pouvoir poursuivre les réformes, après l'échec aux régionales ?
Hervé Morin (Réponse) : Le Premier ministre a une capacité et une légitimité pour conduire les réformes extrêmement réduites. Il est temps de sortir de la schizophrénie du pouvoir. On ne peut pas à la fois avoir un président de la République qui dit jeudi dernier " je vous ai compris, j'entends bien les inquiétudes des Français " et un Premier ministre qui, quatre jours plus tard, fait comme si les élections régionales n'avaient jamais existé. J'attendais du Premier ministre une vraie réflexion sur l'état du pays. Un discours de politique générale a justement vocation à donner un cap. Je n'ai rien entendu de tout cela.
Question : Le gouvernement a-t-il raison de maintenir son projet pour le changement juridique d'EDF-GDF ?
Hervé Morin (Réponse) : A l'UDF, nous sommes contre la privatisation d'EDF, mais nous estimons incontournable l'ouverture du capital, compte tenu de la directive européenne. Il faut donner à cette entreprise les moyens de conserver son premier rang dans la compétition qui s'ouvre. Toutefois, je n'ai toujours pas compris pourquoi on avait libéralisé le marché de l'électricité. Je ne vois pas en quoi c'est un mieux pour les Français. Il faut arrêter de vivre dans des dogmes. En revanche, j'estime qu'on pourrait se passer de l'EPR et passer à la génération suivante. Je crains qu'à travers l'EPR, on fasse une nouvelle fois l'impasse sur les énergies renouvelables et les économies d'énergie.
Question : La politique économique et sociale doit-elle être infléchie ?
Hervé Morin (Réponse) : Je crains qu'il ne soit trop tard, même si je ne l'espère pas. C'est dans les six premiers mois qu'une majorité peut agir. On l'a vu en 1981 et en 1986. Le gouvernement n'a pas mis assez à profit cette période qu'on appelle l'état de grâce. Aujourd'hui, son autorité et sa capacité à convaincre les Français de l'utilité des réformes me paraissent faibles. Les risques d'immobilisme sont importants.
Question : Jugez-vous possible et souhaitable la poursuite de la baisse des impôts ?
Hervé Morin (Réponse) : Il est dérisoire de limiter le débat aux baisses d'impôts. Il faut une grande réforme fiscale qui traite à la fois de l'investissement, de la fiscalité du patrimoine, des impôts sur la consommation et du poids des charges sociales.
Question : La réforme de l'assurance-maladie doit être adoptée à l'été. Certains, dans la majorité, doutent de ce calendrier. Et vous ?
Hervé Morin (Réponse) : A l'UDF, nous demandons que cette réforme soit soumise aux Français par referendum. En tout état de cause, il ne sera pas possible d'éviter une hausse de la CSG. La santé a un coût que les Français ne doivent pas oublier.
Propos recueillis par Delphine Girard
(Source http://www.udf.org, le 8 avril 2004)
Hervé Morin (Réponse) : Le Premier ministre a une capacité et une légitimité pour conduire les réformes extrêmement réduites. Il est temps de sortir de la schizophrénie du pouvoir. On ne peut pas à la fois avoir un président de la République qui dit jeudi dernier " je vous ai compris, j'entends bien les inquiétudes des Français " et un Premier ministre qui, quatre jours plus tard, fait comme si les élections régionales n'avaient jamais existé. J'attendais du Premier ministre une vraie réflexion sur l'état du pays. Un discours de politique générale a justement vocation à donner un cap. Je n'ai rien entendu de tout cela.
Question : Le gouvernement a-t-il raison de maintenir son projet pour le changement juridique d'EDF-GDF ?
Hervé Morin (Réponse) : A l'UDF, nous sommes contre la privatisation d'EDF, mais nous estimons incontournable l'ouverture du capital, compte tenu de la directive européenne. Il faut donner à cette entreprise les moyens de conserver son premier rang dans la compétition qui s'ouvre. Toutefois, je n'ai toujours pas compris pourquoi on avait libéralisé le marché de l'électricité. Je ne vois pas en quoi c'est un mieux pour les Français. Il faut arrêter de vivre dans des dogmes. En revanche, j'estime qu'on pourrait se passer de l'EPR et passer à la génération suivante. Je crains qu'à travers l'EPR, on fasse une nouvelle fois l'impasse sur les énergies renouvelables et les économies d'énergie.
Question : La politique économique et sociale doit-elle être infléchie ?
Hervé Morin (Réponse) : Je crains qu'il ne soit trop tard, même si je ne l'espère pas. C'est dans les six premiers mois qu'une majorité peut agir. On l'a vu en 1981 et en 1986. Le gouvernement n'a pas mis assez à profit cette période qu'on appelle l'état de grâce. Aujourd'hui, son autorité et sa capacité à convaincre les Français de l'utilité des réformes me paraissent faibles. Les risques d'immobilisme sont importants.
Question : Jugez-vous possible et souhaitable la poursuite de la baisse des impôts ?
Hervé Morin (Réponse) : Il est dérisoire de limiter le débat aux baisses d'impôts. Il faut une grande réforme fiscale qui traite à la fois de l'investissement, de la fiscalité du patrimoine, des impôts sur la consommation et du poids des charges sociales.
Question : La réforme de l'assurance-maladie doit être adoptée à l'été. Certains, dans la majorité, doutent de ce calendrier. Et vous ?
Hervé Morin (Réponse) : A l'UDF, nous demandons que cette réforme soit soumise aux Français par referendum. En tout état de cause, il ne sera pas possible d'éviter une hausse de la CSG. La santé a un coût que les Français ne doivent pas oublier.
Propos recueillis par Delphine Girard
(Source http://www.udf.org, le 8 avril 2004)