Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la nécessité de concilier l'action en faveur du développement et la protection de l'environnement, à Paris le 1er juillet 2003.

Prononcé le 1er juillet 2003

Intervenant(s) : 

Circonstance : Deuxième séminaire des "correspondants environnement" des ambassades de France, à Paris le 1er juillet 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Directeurs généraux,
Mesdames et Messieurs,
Notre effort en faveur du développement ne doit pas se faire au détriment de l'environnement. Trop souvent, hélas, nous constatons que les pays les plus pauvres sont également les plus vulnérables. Les dommages infligés au milieu naturel y sont les plus redoutables : aux bouleversements de l'âge préindustriel - je pense notamment à la déforestation pratiquée pour des besoins agricoles - s'ajoutent les répercussions de l'économie moderne avec ses modes de production et de consommation aux effets les plus néfastes pour l'écosystème. La surexploitation, les pollutions chimiques, les déchets non recyclés mettent à mal les sols, les cours d'eau et les nappes phréatiques.
Avec les pays du Sud, nous devons par conséquent partager le même souci de préserver le milieu naturel en nous fixant des objectifs communs. Il y a quarante ans déjà, Léopold Sédar Senghor disait : "nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous empruntons celle de nos enfants". Cette idée résume, on ne peut mieux il me semble, l'esprit du développement durable.
La lutte contre la pauvreté et le soutien au développement économique doivent par conséquent être menés en préservant les ressources naturelles et en améliorant l'environnement de la planète. En luttant par exemple contre la désertification au Sahel, nous contribuons non seulement à accroître les moyens de subsistance des agriculteurs locaux mais aussi à réduire l'effet de serre grâce au maintien de plantations. Dans le cas des forêts des bassins du Congo, il s'agit de mettre durablement en valeur les ressources forestières et de préserver un patrimoine unique, indispensable à l'équilibre naturel du continent africain. Tous les acteurs d'un tel partenariat sont donc gagnants.
C'est en démontrant la crédibilité de cette action que nous pourrons améliorer la gestion des ressources économiques et sociales de l'environnement : les pays du Sud seront davantage incités à participer aux efforts mondiaux, le Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) pourra être renforcé, la réflexion sur les biens publics mondiaux n'en sera que plus féconde. Concrètement, cela signifie que nous pourrons mieux articuler nos projets de coopération avec les programmes d'assistance des grandes conventions issues de la conférence de Rio, portant sur le climat, la biodiversité et la désertification.
Ces deux journées de séminaire vous auront permis, je l'espère, de mieux mesurer l'importance des enjeux et d'identifier vos interlocuteurs à Paris.
Pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par le président de la République à Johannesburg, la contribution des Ambassades est essentielle. Grâce à leurs contacts quotidiens, portant sur des aspects aussi bien techniques que politiques, nous pourrons mieux démontrer que nos objectifs correspondent aussi aux intérêts des pays du Sud et que la défense de l'environnement ne constitue, ni une entrave à leur développement, ni un moyen de mettre en place une nouvelle forme de protectionnisme.
A travers les projets de coopération ou les efforts visant à renforcer localement les moyens et les compétences pour protéger l'environnement, nos postes démontrent notre engagement dans ce domaine. Ainsi pourrons-nous contribuer ensemble à soulager ce que l'astrophysicien Hubert Reeves a qualifié dans son dernier ouvrage de "mal de terre".
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2003)