Déclaration de M. Georges Sarre, porte-parole du Mouvement Républicain et Citoyen, sur la constitution du gouvernement "Raffarin III", Paris le 31 mars 2004.

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On a assisté ces deux derniers jours à une pantomime qui démontre que la démocratie française est à bout de souffle. La question du choix des Ministres et de la nouvelle stratégie de communication du gouvernement a pris le pas sur les questions de fond qu'aurait dû se poser Jacques Chirac après le vote sanction massif des Français à l'occasion des élections régionales.
En fin de comptes, le casting est modifié, le décor redessiné, mais tout porte à croire que c'est la même pièce que s'apprête à jouer la droite au pouvoir. Qui peut croire en effet que les libéraux du gouvernement Raffarin III succédant aux libéraux du gouvernement Raffarin II vont mener la politique économique et sociale attendue par les Français ?
Qui peut croire d'ailleurs que n'importe quel autre gouvernement, sans s'affranchir du système ultra-libéral européen, pourrait mener une politique foncièrement différente de celle que connaît la France depuis 1983 ?
Le Mouvement républicain et citoyen appelle les Français à se mobiliser pour promouvoir une politique de rupture avec l'Europe libérale et le libéralisme mondialisé.
Il faut rompre avec le dogme libre-échangiste qui préside aux règles du commerce international et qui provoque les délocalisations des entreprises françaises et le nivellement par le bas des normes sociales et environnementales. Il faut rompre avec la politique monétaire suicidaire d'une banque centrale européenne indépendante de toute souveraineté populaire, qui casse la croissance en restant polarisée sur l'obsession de l'inflation zéro. Il faut rompre avec le pacte de stabilité budgétaire européen qui empêche toute relance contra-cyclique de l'économie et le financement des politiques sociales, culturelles et de recherche dont la France a besoin. Il faut rompre avec les excès de la politique européenne de la concurrence, qui empêchent de sauvegarder et de développer les champions industriels européens. Il faut rompre avec la politique européenne de libéralisation des marchés qui conduit à la privatisation des services publics. Il faut rompre avec la dissolution de la France dans un magma européiste et mondialisé qui empêche le peuple de prendre en charge son destin et conduit à la désunion nationale au profit des individualismes et des communautarismes.
Tel n'est pas le choix du gouvernement. Il suffit pour s'en convaincre de voir que le Commissaire européen Michel Barnier, chantre de l'européïsme et du libéralisme béats, fait son entrée au gouvernement, témoignant ainsi de l'enfermement idéologique du président et du Premier ministre et annonçant un durcissement de la ligne suivie depuis 2002.
Jacques Chirac a manifestement choisi d'esquiver les questions centrales et semble vouloir continuer à imposer aux Français un libéralisme dont ils ne veulent pas. Il faut aborder enfin ces questions pour changer la politique économique et sociale de la France, sans quoi la démocratie pongiste continuera jusqu'à...l'imprévisible.
(Source http://www.mrc-France.org, le 2 avril 2004)