Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, merci d'être là, à l'occasion de cette signature, qui n'est pas seulement symbolique, mais qui est extrêmement concrète, attribuant au gouvernement d'Haïti 1 million d'euros de crédit budgétaire qui vont être immédiatement utiles pour mieux faire fonctionner deux ministères qui sont au coeur de la vie quotidienne : la Santé et l'Education.
Au-delà de cette aide et de cet accord que nous avons signé, je voudrais vous dire, Monsieur le Premier Ministre, que, oui, je me sens chez moi, et cela est dû à la chaleur, à l'amitié, à la spontanéité de l'accueil que nous avons reçu depuis hier soir, puisque je suis arrivé hier soir avec toute la délégation, mon épouse et toute l'équipe qui m'entoure, pour cette première visite, en effet, depuis 200 ans, d'un ministre des Affaires étrangères de la République française. Une visite qui a été bien préparée par toute l'équipe de l'ambassade, et j'en remercie l'ambassadeur. Le temps n'est pas celui de la nostalgie, Monsieur le Premier Ministre. Nous avons une histoire commune. Elle n'a pas toujours été facile, elle n'a pas toujours été sereine, mais elle laisse des traces durables et notamment cette langue qui nous lie, qui nous permet de nous comprendre, de nous aimer, de nous parler. Nous avons, en même temps, beaucoup d'attachement réciproque : des Haïtiens en France, beaucoup de Français qui vivent en Haïti, et beaucoup de raisons d'être là, dans les grandes difficultés de votre pays, non pas pour vous imposer quoi que ce soit, vous n'avez pas besoin de tutelle, mais pour vous accompagner. Dès l'instant où vous marchez au milieu de la route et que - votre gouvernement s'y est engagé avec beaucoup de ténacité et de volonté - vous entreprenez le chemin de la reconstruction politique et économique. Nous sommes là, avec les forces militaires, pour stabiliser, pour sécuriser. Vous le savez, il y aura la relève par la force des Nations unies au mois de juin, mais la France a joué un rôle important.
J'ai tenu, ce matin, comme première étape, à aller saluer les militaires français pour les remercier, et ce qui m'a beaucoup frappé, c'est qu'ils aient été heureux d'accomplir cette tâche difficile et je pense qu'ils l'ont fait en bonne intelligence avec les Haïtiens, en respectant et en comprenant le peuple et les difficultés qu'il traverse.
Mais au-delà de cette stabilisation, qui va exiger encore un effort prolongé de beaucoup de pays dans le cadre des Nations unies - je m'en suis entretenu avec Kofi Annan avant-hier à New York -, nous voulons être présents dans la reconstruction politique, économique et sociale de votre pays. Nous le sommes par des gestes comme celui que nous avons fait à l'instant ; nous le sommes par des coopérations auprès de vos ministères ; nous le sommes, j'y tiens beaucoup personnellement, par différentes formes de coopération décentralisée. J'ai, dans ma délégation, je le redirai tout à l'heure à la Chambre de commerce, des élus de Suresnes, de la Savoie, de Strasbourg, qui, depuis longtemps, font cette coopération concrète, humaine, efficace, avec des collectivités territoriales comme celle que j'ai visitée ce matin, à Dessalines, où j'ai été très chaleureusement accueilli.
Au-delà de ce que fera la France directement et de manière bilatérale, vous pouvez compter sur moi, Monsieur le Premier Ministre, comme je l'ai dit au président de la République, pour être l'un de vos porte-parole auprès de l'Union européenne. Je viens de passer cinq ans comme l'un des commissaires européens, j'ai appris à l'intérieur de l'exécutif européen comment chaque pays de l'Union pouvait donner plus d'efficacité à sa propre action en la mutualisant, avec les vingt-quatre autres. De cette première visite chez vous comme ministre - c'est ma seconde visite en tant qu'homme et citoyen à Haïti -, je vais emporter des demandes précises sur, par exemple, la question concrète de l'établissement d'un état civil à Haïti, on pourrait parler aussi du cadastre, sur les crédits des huitième et neuvième Fonds européen de développement que vous attendez, et il y a là des moyens. Le représentant de l'Union européenne, que je rencontrerai cet après-midi, sera également disponible pour vous aider.
En tout cas, vous pouvez aussi compter sur moi pour être l'un de vos porte-parole à Bruxelles, comme le président de la République française Jacques Chirac vous l'a dit l'autre jour.
Je voulais simplement dire ces quelques mots avant d'aller prolonger ce propos, dans un cadre plus élargi, tout à l'heure, à la Chambre de commerce mais j'ai été très heureux que l'on donne à ces mots, une traduction concrète.
Q - (Sur l'assistance technique)
R - Nous avons déjà plusieurs experts qui travaillent dans plusieurs ministères, je crois que vous en avez la liste. Nous serons attentifs aux demandes des différents ministres. Nous avons eu une discussion très importante avec les membres du gouvernement qui sont ici sur toutes ces questions liées au contrôle des douanes, à la criminalité financière, à la police judiciaire ponctuellement. Selon les demandes qui nous seront présentées et en fonction des capacités qui seront les nôtres, peut-être avec d'autres pays, nous sommes prêts à apporter notre expertise.
Q - (Sur les poursuites qui pourraient être engagées contre les anciens responsables haïtiens)
R - Chacun est libre de déposer des plaintes et de prendre la responsabilité de les déposer. Moi, je ne suis pas là pour faire des polémiques. Franchement, nous avons tellement de problèmes, tellement de travail, tellement de défis devant nous que je préfère regarder devant nous. Le président d'Haïti a démissionné, cette démission a ouvert une nouvelle période, une nouvelle époque, une nouvelle étape dans la vie de ce pays, davantage de sérénité, mais il y a probablement aussi un besoin de clarification sur ce qui s'est passé avant et ces clarifications, d'une manière ou d'une autre, se feront dans la transparence.
Moi, je préfère maintenant regarder devant nous. Cette nouvelle étape est ouverte, nous y participons au travers d'une force multinationale qui assure la sécurité, réduit l'insécurité, nous y participerons, s'agissant de ce qui me paraît, au-delà de la stabilité du pays très important, c'est-à-dire la reconstruction politique et économique. Voilà ce qui m'intéresse.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2004)
Au-delà de cette aide et de cet accord que nous avons signé, je voudrais vous dire, Monsieur le Premier Ministre, que, oui, je me sens chez moi, et cela est dû à la chaleur, à l'amitié, à la spontanéité de l'accueil que nous avons reçu depuis hier soir, puisque je suis arrivé hier soir avec toute la délégation, mon épouse et toute l'équipe qui m'entoure, pour cette première visite, en effet, depuis 200 ans, d'un ministre des Affaires étrangères de la République française. Une visite qui a été bien préparée par toute l'équipe de l'ambassade, et j'en remercie l'ambassadeur. Le temps n'est pas celui de la nostalgie, Monsieur le Premier Ministre. Nous avons une histoire commune. Elle n'a pas toujours été facile, elle n'a pas toujours été sereine, mais elle laisse des traces durables et notamment cette langue qui nous lie, qui nous permet de nous comprendre, de nous aimer, de nous parler. Nous avons, en même temps, beaucoup d'attachement réciproque : des Haïtiens en France, beaucoup de Français qui vivent en Haïti, et beaucoup de raisons d'être là, dans les grandes difficultés de votre pays, non pas pour vous imposer quoi que ce soit, vous n'avez pas besoin de tutelle, mais pour vous accompagner. Dès l'instant où vous marchez au milieu de la route et que - votre gouvernement s'y est engagé avec beaucoup de ténacité et de volonté - vous entreprenez le chemin de la reconstruction politique et économique. Nous sommes là, avec les forces militaires, pour stabiliser, pour sécuriser. Vous le savez, il y aura la relève par la force des Nations unies au mois de juin, mais la France a joué un rôle important.
J'ai tenu, ce matin, comme première étape, à aller saluer les militaires français pour les remercier, et ce qui m'a beaucoup frappé, c'est qu'ils aient été heureux d'accomplir cette tâche difficile et je pense qu'ils l'ont fait en bonne intelligence avec les Haïtiens, en respectant et en comprenant le peuple et les difficultés qu'il traverse.
Mais au-delà de cette stabilisation, qui va exiger encore un effort prolongé de beaucoup de pays dans le cadre des Nations unies - je m'en suis entretenu avec Kofi Annan avant-hier à New York -, nous voulons être présents dans la reconstruction politique, économique et sociale de votre pays. Nous le sommes par des gestes comme celui que nous avons fait à l'instant ; nous le sommes par des coopérations auprès de vos ministères ; nous le sommes, j'y tiens beaucoup personnellement, par différentes formes de coopération décentralisée. J'ai, dans ma délégation, je le redirai tout à l'heure à la Chambre de commerce, des élus de Suresnes, de la Savoie, de Strasbourg, qui, depuis longtemps, font cette coopération concrète, humaine, efficace, avec des collectivités territoriales comme celle que j'ai visitée ce matin, à Dessalines, où j'ai été très chaleureusement accueilli.
Au-delà de ce que fera la France directement et de manière bilatérale, vous pouvez compter sur moi, Monsieur le Premier Ministre, comme je l'ai dit au président de la République, pour être l'un de vos porte-parole auprès de l'Union européenne. Je viens de passer cinq ans comme l'un des commissaires européens, j'ai appris à l'intérieur de l'exécutif européen comment chaque pays de l'Union pouvait donner plus d'efficacité à sa propre action en la mutualisant, avec les vingt-quatre autres. De cette première visite chez vous comme ministre - c'est ma seconde visite en tant qu'homme et citoyen à Haïti -, je vais emporter des demandes précises sur, par exemple, la question concrète de l'établissement d'un état civil à Haïti, on pourrait parler aussi du cadastre, sur les crédits des huitième et neuvième Fonds européen de développement que vous attendez, et il y a là des moyens. Le représentant de l'Union européenne, que je rencontrerai cet après-midi, sera également disponible pour vous aider.
En tout cas, vous pouvez aussi compter sur moi pour être l'un de vos porte-parole à Bruxelles, comme le président de la République française Jacques Chirac vous l'a dit l'autre jour.
Je voulais simplement dire ces quelques mots avant d'aller prolonger ce propos, dans un cadre plus élargi, tout à l'heure, à la Chambre de commerce mais j'ai été très heureux que l'on donne à ces mots, une traduction concrète.
Q - (Sur l'assistance technique)
R - Nous avons déjà plusieurs experts qui travaillent dans plusieurs ministères, je crois que vous en avez la liste. Nous serons attentifs aux demandes des différents ministres. Nous avons eu une discussion très importante avec les membres du gouvernement qui sont ici sur toutes ces questions liées au contrôle des douanes, à la criminalité financière, à la police judiciaire ponctuellement. Selon les demandes qui nous seront présentées et en fonction des capacités qui seront les nôtres, peut-être avec d'autres pays, nous sommes prêts à apporter notre expertise.
Q - (Sur les poursuites qui pourraient être engagées contre les anciens responsables haïtiens)
R - Chacun est libre de déposer des plaintes et de prendre la responsabilité de les déposer. Moi, je ne suis pas là pour faire des polémiques. Franchement, nous avons tellement de problèmes, tellement de travail, tellement de défis devant nous que je préfère regarder devant nous. Le président d'Haïti a démissionné, cette démission a ouvert une nouvelle période, une nouvelle époque, une nouvelle étape dans la vie de ce pays, davantage de sérénité, mais il y a probablement aussi un besoin de clarification sur ce qui s'est passé avant et ces clarifications, d'une manière ou d'une autre, se feront dans la transparence.
Moi, je préfère maintenant regarder devant nous. Cette nouvelle étape est ouverte, nous y participons au travers d'une force multinationale qui assure la sécurité, réduit l'insécurité, nous y participerons, s'agissant de ce qui me paraît, au-delà de la stabilité du pays très important, c'est-à-dire la reconstruction politique et économique. Voilà ce qui m'intéresse.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2004)