Texte intégral
Il est relativement rare qu'une maison des lois rende hommage aux poètes et fasse place à leur parole. Pourtant de grands poètes ont fréquenté ces lieux. Hugo, Lamartine, Senghor, Césaire. Il y a un an, j'avais d'ailleurs pris l'initiative de constituer une Anthologie parlementaire de poésies, en demandant à chacun de mes collègues leur poésie préférée. J'ai été surpris par la qualité des réponses. Malgré les apparences qui ne sont pas toujours pour elle, l'Assemblée nationale est donc bien l'amie de la poésie.
Je vous accueille avec d'autant plus de plaisir pour cette soirée à la mémoire de Jean Tardieu. Celui dont les vers ornent les murs de cette maison, juste à quelques mètres d'ici, privilège dont seul il jouit, nous a quittés il y a 5 ans. Vous avez souhaité une soirée d'amis, pour un ami. Il n'est donc pas question, en guise de préambule, de dresser une hagiographie, voire une biographie de Jean Tardieu. Chacun ici a la sienne, la vérité se situe peut être à l'intersection de nos pensées réunies. Ce qui est sûr, c'est qu'en chacun de nous, Jean Tardieu a laissé sa marque, confirmant la parole de René Char : " Le poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. " Cette phrase résonne d'une musique particulière, si près physiquement de l'oeuvre que nous lui avions commandée avec Pierre Alechinsky, que j'ai le plaisir de saluer.
Juste une remarque pour terminer ce court propos de bienvenue. Ce qui me touche personnellement le plus chez Jean Tardieu, c'est le bruit des mots. Comme il l'écrit avec tant de justesse, " le bruit des mots est la vie du langage, même s'ils sont notés par écrit, même s'ils sont livrés à cette écoute intérieure et silencieuse qui est l'ombre de nos paroles et s'appelle la lecture " Vous êtes au Parlement, lieu étymologiquement dédié à la parole et juridiquement inséparable de l'écrit. Vous êtes donc pleinement chez vous. Très bonne soirée.
(Source http://www.assemblee-nationale.fr, le 3 février 2000)
Je vous accueille avec d'autant plus de plaisir pour cette soirée à la mémoire de Jean Tardieu. Celui dont les vers ornent les murs de cette maison, juste à quelques mètres d'ici, privilège dont seul il jouit, nous a quittés il y a 5 ans. Vous avez souhaité une soirée d'amis, pour un ami. Il n'est donc pas question, en guise de préambule, de dresser une hagiographie, voire une biographie de Jean Tardieu. Chacun ici a la sienne, la vérité se situe peut être à l'intersection de nos pensées réunies. Ce qui est sûr, c'est qu'en chacun de nous, Jean Tardieu a laissé sa marque, confirmant la parole de René Char : " Le poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. " Cette phrase résonne d'une musique particulière, si près physiquement de l'oeuvre que nous lui avions commandée avec Pierre Alechinsky, que j'ai le plaisir de saluer.
Juste une remarque pour terminer ce court propos de bienvenue. Ce qui me touche personnellement le plus chez Jean Tardieu, c'est le bruit des mots. Comme il l'écrit avec tant de justesse, " le bruit des mots est la vie du langage, même s'ils sont notés par écrit, même s'ils sont livrés à cette écoute intérieure et silencieuse qui est l'ombre de nos paroles et s'appelle la lecture " Vous êtes au Parlement, lieu étymologiquement dédié à la parole et juridiquement inséparable de l'écrit. Vous êtes donc pleinement chez vous. Très bonne soirée.
(Source http://www.assemblee-nationale.fr, le 3 février 2000)