Texte intégral
Avec une cote de popularité au-dessous de 30 %, Jean-Pierre Raffarin peut-il encore réformer ?
François Baroin. Non seulement il peut, mais il doit. Ce qui compte pour un Premier ministre, c'est d'avoir la confiance du président, une majorité stable et des relais dans le pays pour expliquer ses réformes. Aujourd'hui, ces trois conditions sont remplies. Nous avons devant nous des réformes très importantes : l'assurance maladie, l'Europe, l'Education nationale, la laïcité. La France a besoin de pédagogie. Aucune réforme ne peut être l'enfant trouvé d'un gouvernement. Donc il faut en passer par une phase de débat. Que Jean-Pierre Raffarin soit à 21 %, à 15 % ou à 50 % d'opinions favorables, il est dans l'obligation d'engager des réformes. A contrario, on se souvient de Premiers ministres extraordinairement populaires et qui n'ont pas réformé.
Peut-il rester à Matignon jusqu'aux régionales ?
Les sondages ne sont pas l'alpha et l'oméga de la conduite politique. La popularité, ça sert peut-être une carrière. Les réformes, ça sert le pays. Une réforme dérange les habitudes. Je me souviens de ce que m'avait dit, pendant la campagne, un paysan de ma circonscription : " Il faut que ça change. Mais faut pas que ça bouge. " L'action du gouvernement, c'est de faire en sorte que ça change, que ça bouge et que chacun y retrouve son compte.
L'UMP va-t-elle accepter un accord à la carte avec l'UDF pour les régionales ?
L'union à la carte ne va pas faciliter la lisibilité de notre démarche pour ces élections. Mais nous avons encore jusqu'à la date du dépôt des listes pour parvenir à des listes d'union qui sont l'évidence politique même entre des gens qui ont globalement les mêmes valeurs et avec un mode de scrutin qui peut rendre la division mortelle dans certains cas de figure.
Quelle est la ligne jaune à ne pas franchir pour François Bayrou ?
Il faut reconnaître que l'on a entendu dans la bouche de François Bayrou et de ses amis des propos qu'on n'a même pas entendus dans celle de François Hollande et des porte-parole du PS. Les attaques ont été très difficiles à supporter. C'est un fait politique dont il faudra bien tenir compte à un moment ou à un autre. Mais nous sommes, et c'est le souhait d'Alain Juppé, dans une logique d'immense patience. D'ailleurs, sur le terrain, beaucoup d'élus UDF nous demandent de mettre en place des listes d'union avec eux, quelles que soient les directives nationales.
Dans l'affaire Executive Life, le contribuable va-t-il payer cher l'amitié du chef de l'Etat pour François Pinault ?
Je dénonce ce véritable procès en sorcellerie. Il est scandaleux d'expliquer cette affaire, qui est une affaire de procédure très compliquée, par des liens d'amitié.
Pourquoi Jacques Chirac a-t-il fait une sorte de hiérarchie entre les droits de l'homme lors de son voyage en Tunisie ?
C'est un très mauvais procès, parfaitement injustifié, que l'on fait au président. C'est vrai que le premier des droits de l'homme, c'est de manger à sa faim, en Tunisie comme chez nous. S'il est une personnalité sur la scène internationale qui s'est engagée pour la défense des droits de l'homme, c'est bien Jacques Chirac. C'est tout le sens de son action. Ça fait partie de lui. Jacques Chirac a suggéré à Tunis qu'il fallait légiférer sur le port du voile, qui est une " agression peu acceptable ".
L'UMP ne veut pas de signes religieux ostentatoires. Et vous ?
Je constate avec satisfaction qu'après plusieurs mois d'un beau et grand débat, à l'exception du FN et de quelques représentants de l'UDF, tout l'échiquier politique est favorable à une disposition législative permettant de réaffirmer avec force le principe de laïcité dans l'école républicaine. En logique pure, le mot ostentatoire répond le mieux à ce que l'on vit au quotidien, puisque l'ostentation c'est la provocation. Ce qui importe, c'est que, dans tous les règlements intérieurs de tous les établissements scolaires, on ait la même ligne de conduite. Mais attendons les conclusions de la commission Stasi, qui seront révélées cette semaine, et la décision prochaine du président de la République.
Nicolas Sarkozy a-t-il bien fait d'afficher ses ambitions pour 2007 ?
Quel que soit le talent des uns et des autres, lancer le débat sur la présidentielle est largement prématuré et dangereux pour notre unité.
Souhaitez-vous que jacques Chirac se représente ?
Je ne doute pas que ses qualités d'énergie, de constance, son expérience et sa vision seront toujours là dans trois ans. Et, si tel était son choix, nous serions certainement très nombreux à nous retrouver à ses côtés.
(Source http://www.u-m-p.org, le 8 décembre 2003)
François Baroin. Non seulement il peut, mais il doit. Ce qui compte pour un Premier ministre, c'est d'avoir la confiance du président, une majorité stable et des relais dans le pays pour expliquer ses réformes. Aujourd'hui, ces trois conditions sont remplies. Nous avons devant nous des réformes très importantes : l'assurance maladie, l'Europe, l'Education nationale, la laïcité. La France a besoin de pédagogie. Aucune réforme ne peut être l'enfant trouvé d'un gouvernement. Donc il faut en passer par une phase de débat. Que Jean-Pierre Raffarin soit à 21 %, à 15 % ou à 50 % d'opinions favorables, il est dans l'obligation d'engager des réformes. A contrario, on se souvient de Premiers ministres extraordinairement populaires et qui n'ont pas réformé.
Peut-il rester à Matignon jusqu'aux régionales ?
Les sondages ne sont pas l'alpha et l'oméga de la conduite politique. La popularité, ça sert peut-être une carrière. Les réformes, ça sert le pays. Une réforme dérange les habitudes. Je me souviens de ce que m'avait dit, pendant la campagne, un paysan de ma circonscription : " Il faut que ça change. Mais faut pas que ça bouge. " L'action du gouvernement, c'est de faire en sorte que ça change, que ça bouge et que chacun y retrouve son compte.
L'UMP va-t-elle accepter un accord à la carte avec l'UDF pour les régionales ?
L'union à la carte ne va pas faciliter la lisibilité de notre démarche pour ces élections. Mais nous avons encore jusqu'à la date du dépôt des listes pour parvenir à des listes d'union qui sont l'évidence politique même entre des gens qui ont globalement les mêmes valeurs et avec un mode de scrutin qui peut rendre la division mortelle dans certains cas de figure.
Quelle est la ligne jaune à ne pas franchir pour François Bayrou ?
Il faut reconnaître que l'on a entendu dans la bouche de François Bayrou et de ses amis des propos qu'on n'a même pas entendus dans celle de François Hollande et des porte-parole du PS. Les attaques ont été très difficiles à supporter. C'est un fait politique dont il faudra bien tenir compte à un moment ou à un autre. Mais nous sommes, et c'est le souhait d'Alain Juppé, dans une logique d'immense patience. D'ailleurs, sur le terrain, beaucoup d'élus UDF nous demandent de mettre en place des listes d'union avec eux, quelles que soient les directives nationales.
Dans l'affaire Executive Life, le contribuable va-t-il payer cher l'amitié du chef de l'Etat pour François Pinault ?
Je dénonce ce véritable procès en sorcellerie. Il est scandaleux d'expliquer cette affaire, qui est une affaire de procédure très compliquée, par des liens d'amitié.
Pourquoi Jacques Chirac a-t-il fait une sorte de hiérarchie entre les droits de l'homme lors de son voyage en Tunisie ?
C'est un très mauvais procès, parfaitement injustifié, que l'on fait au président. C'est vrai que le premier des droits de l'homme, c'est de manger à sa faim, en Tunisie comme chez nous. S'il est une personnalité sur la scène internationale qui s'est engagée pour la défense des droits de l'homme, c'est bien Jacques Chirac. C'est tout le sens de son action. Ça fait partie de lui. Jacques Chirac a suggéré à Tunis qu'il fallait légiférer sur le port du voile, qui est une " agression peu acceptable ".
L'UMP ne veut pas de signes religieux ostentatoires. Et vous ?
Je constate avec satisfaction qu'après plusieurs mois d'un beau et grand débat, à l'exception du FN et de quelques représentants de l'UDF, tout l'échiquier politique est favorable à une disposition législative permettant de réaffirmer avec force le principe de laïcité dans l'école républicaine. En logique pure, le mot ostentatoire répond le mieux à ce que l'on vit au quotidien, puisque l'ostentation c'est la provocation. Ce qui importe, c'est que, dans tous les règlements intérieurs de tous les établissements scolaires, on ait la même ligne de conduite. Mais attendons les conclusions de la commission Stasi, qui seront révélées cette semaine, et la décision prochaine du président de la République.
Nicolas Sarkozy a-t-il bien fait d'afficher ses ambitions pour 2007 ?
Quel que soit le talent des uns et des autres, lancer le débat sur la présidentielle est largement prématuré et dangereux pour notre unité.
Souhaitez-vous que jacques Chirac se représente ?
Je ne doute pas que ses qualités d'énergie, de constance, son expérience et sa vision seront toujours là dans trois ans. Et, si tel était son choix, nous serions certainement très nombreux à nous retrouver à ses côtés.
(Source http://www.u-m-p.org, le 8 décembre 2003)