Texte intégral
Q - Le mode de scrutin des européennes ne favorise pas les candidats UDF. Vous sentez-vous " victimisé " ?
R - C'est un mode de scrutin qui est fait pour empêcher le grand débat national sur l'Europe. Le gouvernement a donc inventé une loi électorale absurde qui découpe le pays en huit circonscriptions qui auront chacune leur propre campagne ! Mais les Français ont droit à ce débat. Les listes de l'UDF qui se présenteront dans chaque grande région leur garantissent que ce débat national aura quand même lieu.
Q - Avec ce mode de scrutin, il faut franchir les 12 % pour avoir au moins un élu. Comment comptez-vous faire pour envoyer le maximum de députés de votre camp au Parlement européen ?
R - Parler de l'Europe sans ambiguïté ! Nous croyons que les Français veulent que l'on aborde le fond du problème. Pendant longtemps, il restait beaucoup d'interrogations. Aujourd'hui, il suffit de voir la puissance américaine et la puissance chinoise pour comprendre. Ce sont des géants. En face d'eux, qu'il s'agisse d'emplois, de défense ou de recherche, si nous voulons être respectés, la France ne peut pas rester seule. Il nous faut une Europe qui parle d'égal à égal avec les géants de la planète !
Q - Craignez-vous que le PS rafle la mise comme aux régionales ?
R - Le Parti socialiste est incapable de trancher entre socialistes antieuropéens et socialistes proeuropéens. Il pense qu'il lui suffit de prononcer le mot " social " pour éviter la question. Or, comme l'a dit Delors, qui peut imaginer que " les 35 heures pour tous les pays européens " soient une idée crédible ? Personne n'en veut, et ce n'est pas la question. La question, aujourd'hui, c'est de savoir si l'Europe va vraiment exister ou pas. A cela le PS ne répond pas.
Q - La conférence de presse de Jacques Chirac sur l'élargissement de l'Europe vous a-t-elle rassuré sur l'avenir de l'Europe, et de sa Constitution en particulier ?
R - Pourquoi Jacques Chirac a-t-il convoqué une conférence de presse aussi solennelle pour ne rien dire ? Il y avait deux questions qui se posaient, la Turquie et un référendum sur la Constitution européenne. Dans les deux cas, il nous a expliqué qu'on verrait plus tard. Comment les citoyens peuvent-ils accepter qu'on ne leur dise jamais où l'on va ?
Q - Où est le grand souffle des pères fondateurs de l'Europe ?
R - Pour le retrouver, il faut créer un courant politique nouveau, un grand parti démocrate européen. J'en ai parlé en Pologne avec l'ancien chef de la diplomatie polonaise, l'historien Bronislaw Geremek. Nous en parlerons cette semaine à Paris avec des leaders européens, à l'invitation conjointe de Francesco Rutelli, le leader du centre italien, et de moi-même.
Q - Cela ne vous gêne pas de vous associer à Francesco Rutelli, un homme du centre-gauche ?
R - Au contraire. Ce nouveau courant politique doit rassembler depuis le centre-droit jusqu'au centre-gauche. Il peut enfin se présenter sous ses propres couleurs. Car, aux européennes, les questions d'alliance ne se posent pas. On vote pour ses propres idées et on a ses propres élus.
Q - Les souverainistes divisés entre Philippe de Villiers et Charles Pasqua feront-ils un bon score ?
R - Les souverainistes ont leur logique. Mais pour moi leurs idées ne sont plus de saison. Croyez-vous, par exemple, qu'ils proposeront aux Français de sortir de l'euro et de reprendre les anciens francs ? Ils ne le feront pas et, s'ils le faisaient, les Français verraient bien que c'est une folie. L'UDF a une autre cohérence. Pour choisir notre propre destin, il faut faire l'Europe. Ou alors, c'est que nous avons décidé de donner les clés du monde aux Américains et aux Chinois.
Q - Jean-Pierre Raffarin fêtera, cette semaine, ses deux ans à Matignon. Pensez-vous qu'il puisse encore continuer longtemps à diriger le gouvernement alors que sa popularité est en chute libre ?
R - Tout le monde voit bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans la manière dont la France est gouvernée. L'UMP a pourtant la majorité la plus large de tous les temps, mais la confiance est partie. Tant qu'on ne reconstruira pas la confiance et un paysage politique nouveau, l'action publique sera paralysée.
Q - Souhaitez-vous qu'à Bercy Sarkozy réussisse ?
R - Certes, oui. La France a besoin de retrouver l'équilibre et la confiance. Notamment en matière de politique industrielle. Aujourd'hui, les emplois s'en vont ou se délocalisent. Il faudrait une vraie volonté pour stopper cette hémorragie.
Q - Comptez-vous continuer à jouer le rôle de l'aiguillon du gouvernement ?
R - Hier, un monsieur m'a abordé dans la rue pour me dire : " Je suis UMP. Au début, je vous ai détesté parce que je croyais naïvement que le gouvernement allait dans le bon sens. Aujourd'hui, je vous dis : c'est vous qui aviez raison. " Ce n'est pas pour aiguillonner le gouvernement que je m'exprime, c'est pour proposer de grands choix nationaux.
Propos recueillis par Laurence Masurel
(source http://www.udf.org, le 7 mai 2004)
R - C'est un mode de scrutin qui est fait pour empêcher le grand débat national sur l'Europe. Le gouvernement a donc inventé une loi électorale absurde qui découpe le pays en huit circonscriptions qui auront chacune leur propre campagne ! Mais les Français ont droit à ce débat. Les listes de l'UDF qui se présenteront dans chaque grande région leur garantissent que ce débat national aura quand même lieu.
Q - Avec ce mode de scrutin, il faut franchir les 12 % pour avoir au moins un élu. Comment comptez-vous faire pour envoyer le maximum de députés de votre camp au Parlement européen ?
R - Parler de l'Europe sans ambiguïté ! Nous croyons que les Français veulent que l'on aborde le fond du problème. Pendant longtemps, il restait beaucoup d'interrogations. Aujourd'hui, il suffit de voir la puissance américaine et la puissance chinoise pour comprendre. Ce sont des géants. En face d'eux, qu'il s'agisse d'emplois, de défense ou de recherche, si nous voulons être respectés, la France ne peut pas rester seule. Il nous faut une Europe qui parle d'égal à égal avec les géants de la planète !
Q - Craignez-vous que le PS rafle la mise comme aux régionales ?
R - Le Parti socialiste est incapable de trancher entre socialistes antieuropéens et socialistes proeuropéens. Il pense qu'il lui suffit de prononcer le mot " social " pour éviter la question. Or, comme l'a dit Delors, qui peut imaginer que " les 35 heures pour tous les pays européens " soient une idée crédible ? Personne n'en veut, et ce n'est pas la question. La question, aujourd'hui, c'est de savoir si l'Europe va vraiment exister ou pas. A cela le PS ne répond pas.
Q - La conférence de presse de Jacques Chirac sur l'élargissement de l'Europe vous a-t-elle rassuré sur l'avenir de l'Europe, et de sa Constitution en particulier ?
R - Pourquoi Jacques Chirac a-t-il convoqué une conférence de presse aussi solennelle pour ne rien dire ? Il y avait deux questions qui se posaient, la Turquie et un référendum sur la Constitution européenne. Dans les deux cas, il nous a expliqué qu'on verrait plus tard. Comment les citoyens peuvent-ils accepter qu'on ne leur dise jamais où l'on va ?
Q - Où est le grand souffle des pères fondateurs de l'Europe ?
R - Pour le retrouver, il faut créer un courant politique nouveau, un grand parti démocrate européen. J'en ai parlé en Pologne avec l'ancien chef de la diplomatie polonaise, l'historien Bronislaw Geremek. Nous en parlerons cette semaine à Paris avec des leaders européens, à l'invitation conjointe de Francesco Rutelli, le leader du centre italien, et de moi-même.
Q - Cela ne vous gêne pas de vous associer à Francesco Rutelli, un homme du centre-gauche ?
R - Au contraire. Ce nouveau courant politique doit rassembler depuis le centre-droit jusqu'au centre-gauche. Il peut enfin se présenter sous ses propres couleurs. Car, aux européennes, les questions d'alliance ne se posent pas. On vote pour ses propres idées et on a ses propres élus.
Q - Les souverainistes divisés entre Philippe de Villiers et Charles Pasqua feront-ils un bon score ?
R - Les souverainistes ont leur logique. Mais pour moi leurs idées ne sont plus de saison. Croyez-vous, par exemple, qu'ils proposeront aux Français de sortir de l'euro et de reprendre les anciens francs ? Ils ne le feront pas et, s'ils le faisaient, les Français verraient bien que c'est une folie. L'UDF a une autre cohérence. Pour choisir notre propre destin, il faut faire l'Europe. Ou alors, c'est que nous avons décidé de donner les clés du monde aux Américains et aux Chinois.
Q - Jean-Pierre Raffarin fêtera, cette semaine, ses deux ans à Matignon. Pensez-vous qu'il puisse encore continuer longtemps à diriger le gouvernement alors que sa popularité est en chute libre ?
R - Tout le monde voit bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans la manière dont la France est gouvernée. L'UMP a pourtant la majorité la plus large de tous les temps, mais la confiance est partie. Tant qu'on ne reconstruira pas la confiance et un paysage politique nouveau, l'action publique sera paralysée.
Q - Souhaitez-vous qu'à Bercy Sarkozy réussisse ?
R - Certes, oui. La France a besoin de retrouver l'équilibre et la confiance. Notamment en matière de politique industrielle. Aujourd'hui, les emplois s'en vont ou se délocalisent. Il faudrait une vraie volonté pour stopper cette hémorragie.
Q - Comptez-vous continuer à jouer le rôle de l'aiguillon du gouvernement ?
R - Hier, un monsieur m'a abordé dans la rue pour me dire : " Je suis UMP. Au début, je vous ai détesté parce que je croyais naïvement que le gouvernement allait dans le bon sens. Aujourd'hui, je vous dis : c'est vous qui aviez raison. " Ce n'est pas pour aiguillonner le gouvernement que je m'exprime, c'est pour proposer de grands choix nationaux.
Propos recueillis par Laurence Masurel
(source http://www.udf.org, le 7 mai 2004)