Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "20 minutes" du 3 mai 2004, sur la préparation de l'élection européenne.

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Texte intégral

Q - Vous réclamez un référendum sur la future Constitution européenne. Jacques Chirac répond que c'est prématuré.
R - Chirac est en décalage complet avec les Français. Eux veulent un référendum ; il leur explique que c'est trop long à organiser, qu'il faut trouver les encriers, les stylos, les tables... Du coup, les élections européennes du 13 juin vont se transformer en référendum sur l'Europe.
Je lance un appel au " commissaire européen aux Affaires étrangères ", Michel Barnier. Je suis prêt à débattre avec lui de l'Europe quand il veut. A la télévision, dans un café, sur un trottoir... Je veux qu'il m'explique comment il peut encore promettre la lune européenne alors que, depuis dix ans, aucune promesse de Bruxelles n'a été tenue. Un seul exemple : l'euro n'a pas apporté, comme promis, la croissance et l'emploi.
Q - Quelle est l'Europe de Philippe de Villiers ?
R - Elle est l'opposé symétrique de l'Europe actuelle. C'est l'Europe des peuples contre l'Europe des technocrates. L'Europe qui, sur les OGM, préfère ma santé à Monsanto. L'Europe qui refuse les délocalisations de nos entreprises et la mutilation de nos modes de vie par Bruxelles. L'Europe qui dit " non " à l'entrée de la Turquie, plateforme de toutes les mafias du crime et de la drogue.
Q - Sur vos listes, on retrouve des villiéristes, des gaullistes, des chasseurs de CPNT, des ex-chevènementistes... Quelle est la cohérence de ce mélange ?
R - Nous sommes un môle de résistances. Qu'on soit de droite ou de gauche, rural ou citadin, on se retrouve sur une certaine conception de la France. Tout le monde pourra le vérifier le 11 mai, à notre grand meeting à Paris.
Q - Charles Pasqua, votre ex-colistier de 1999, devrait présenter ses propres listes. Comment vous démarquer de lui ?
R - Charles Pasqua est parti à Sainte-Hélène. Une élection n'est pas une commémoration. Les électeurs sont tournés vers l'avenir.
Q - Quel est votre principal adversaire à ces européennes : la droite UMP-UDF ou la gauche socialiste ?
R - Mes adversaires forment un dégradé de couleurs qui appartiennent toutes à la même gamme eurotechnocratique. Une gamme rose-vert-gris centriste et décolorée UMP. Moi, je suis bleu-blanc-rouge.
Q - Vous êtes toujours de droite ?
R - Je suis de droite, mais je ne me retrouve pas dans les positions eurofédéralistes de ceux, à droite comme à gauche, qui veulent faire disparaître la France. Si la France meurt demain, on ne demandera pas leurs étiquettes aux noyés. Qu'on ne demande pas aujourd'hui celle des sauveteurs.
Q - Dans le Grand Ouest, vous allez affronter Roselyne Bachelot, tête de liste UMP...
R - Roselyne Bachelot a été choisie sur le principe de l'équipe de France des années 1960 : on ne change pas une équipe qui perd. Elle ne défend pas une idée de l'Europe, elle veut juste être recasée après son départ du gouvernement. Recueilli par Bastien Bonnefous
(source http://www.villiers2004.com, le 4 mai 2004)