Texte intégral
A. Hausser - Vous avez pris les rênes de l'UMP après le remaniement ministériel. Hier, votre parti a tenu un bureau politique pour la préparation des européennes et du congrès.
F. Baroin - "Surtout pour la préparation des européennes, surtout pour la préparation du conseil national qui se tiendra le 9 mai, et qui dira deux choses : tout d'abord notre position, à travers une motion de synthèse, sur l'Europe, sur la Turquie, sur la Constitution européenne, sur la dynamique de la campagne, sur le sens que nous souhaitons mettre en exergue, la défense des intérêts de la France dans une construction européenne qui est un vrai beau projet politique, mais qui, aujourd'hui, ne fonctionne pas. Et puis, nous allons parler politique, essayer de tirer les enseignements publics de ces échecs aux régionales et offrir à nos militants une organisation à travers des courants où chaque sensibilité pourra s'exprimer."
A. Hausser - L'organisation des courants était prévue au départ, et puis on a dit : "Non, il ne faut pas que nous nous divisions." Et maintenant, on aura le droit de se diviser, du moins, d'avoir des avis divergents à l'UMP ?
F. Baroin - "L'UMP est un parti jeune. Il a appris très rapidement dans la victoire de 2002 ; il doit apprendre tout aussi rapidement, mais en profondeur, dans la défaite de 2004. Nous avions en effet, parce que c'était le pacte fondateur de l'UMP, qui regroupait des sensibilités historiques et qu'on n'efface pas d'un revers de main à travers quarante, cinquante ans d'histoire... On n'efface pas le gaullisme qui existe et qui continue de vivre - il suffit de voir le livre de l'Amiral de Gaulle pour constater que c'est une réalité dans notre pays -, on n'efface pas le libéralisme en tant que projet politique, on n'efface pas la démocratie chrétienne. Et je crois que ces sensibilités doivent, non pas sur le plan..."
A. Hausser - On a voulu les effacer au départ ?
F. Baroin - "On a voulu plutôt, d'ailleurs à la demande légitime des responsables du Gouvernement, insister sur ce qui nous rassemblait, que de mettre en lumière ce qui pouvait nous diviser. Peut-être un peu par peur ou tout simplement par souci d'efficacité. Je crois qu'aujourd'hui, on doit occuper un espace politique plus large. On ne sait pas, à l'extérieur, que l'UMP est composée de personnalités qui incarnent le centre et qui peuvent s'exprimer aujourd'hui plus largement - ils doivent pouvoir le faire. Je crois qu'on doit en fait élargir notre spectre."
A. Hausser - Elargir le spectre sur le plan politique ou simplement se donner un peu d'air pour fonctionner de manière plus démocratique ?
F. Baroin - "Je ne suis pas insincère dans ma démarche. J'ai été un des fondateurs de l'UMP, après d'ailleurs avoir émis un certain nombre de réserves à une certaine période. Mais les conditions du premier tour de l'élection présidentielle ont engagé une dynamique. Je crois qu'on doit respecter ce pacte fondateur et cet esprit fondateur, on doit le faire sincèrement, on doit permettre à chacun d'affirmer son identité. On doit avoir un débat, quitte à se cogner un peu. On est d'accord ou on n'est pas d'accord, et puis, au final, le rôle de la direction, c'est d'offrir des motions de synthèse qui incarnent la ligne majoritaire de l'UMP. C'est ce qu'on va faire par exemple sur l'Europe."
A. Hausser - Pour l'instant, on se "cogne" un peu à l'Assemblée plus que chez vous... Pour les européennes, des têtes de liste ont été désignées ; on ne connaît pas la composition des listes. Elles vont être décrétées comme ça, ou il va y avoir un vote quand même sur la composition des listes, un vote dans les fédérations ?
F. Baroin - "Je crois que là aussi, on doit tirer les enseignements les plus rapides au lendemain de ces régionales. Vous le savez, j'ai pris des positions vis-à-vis de la constitution des listes qui n'auraient été, dans les huit grandes régions, finalement, que la restitution d'un certain nombre de ministres qui n'avaient pas démérité, mais qui ne pouvaient pas se retrouver dans cette situation de mener des listes aux européennes. [...] En même temps, c'est vrai qu'on est dans un pays qui ne sait pas puiser dans un vivier de la "société civile", comme on dit, à qui on offre une expérience de connaissance de l'Etat et à qui on propose dès le lendemain de devenir élu... Etre élu, c'est une pratique, cela suppose de l'expérience ; c'est également une trajectoire qui part de la base. On ne peut pas systématiquement passer par en haut. Je crois qu'on ne pouvait pas offrir ce spectacle. Par contre, on doit réfléchir, en effet, pour voir de quelle manière des personnalités comme cela, avec leur nouvelle expérience, peuvent servir la République française autrement que par la qualité d'élu. Et puis, le deuxième enseignement, c'est essayer de faire en sorte que ces listes soient représentatives, le plus possible, de nos régions. Voilà pourquoi nous avons souhaité, avec toutes les directions, demander à nos militants et aux fédérations de nous faire des propositions. Ils sont sollicités, dans la dizaine de jours qui viennent, pour nous faire remonter des candidatures, et on s'engage à faire en sorte qu'elles soient présentes sur les listes."
A. Hausser - Faire remonter les candidatures, ça se passe comment ? Dans les fédérations, on va voter sur un certain nombre de noms ?
F. Baroin - "C'est très simple. Les comités départementaux, c'est l'organisation du parti. Un parti, au fond, c'est une entreprise, et puis ce sont des structures de direction, de commandement démocratique. Ils sont sollicités depuis quelques jours, ils se réunissent dans la semaine pour dire : ce sont ces candidats-là que nous présentons - des élus, des personnalités locales, des représentants d'associations. Cela remontera à la rue de la Boëtie."
A. Hausser - Vous pouvez nous en citer ?
F. Baroin - "Il y a, par exemple, dans une région comme la mienne, le cas d'une rectrice qui n'est pas engagée politiquement, mais qui sera présentée par le comité départemental d'un département de la Bourgogne, et qui peut être une candidature très utile dans cette liste du Grand-Est."
A. Hausser - On a été un peu surpris quand même du revirement de l'UMP sur l'adhésion de la Turquie. Le "non" d'A. Juppé n'est-il pas un "non" de circonstance ? Ne s'agit-il pas de récupérer l'électorat qui a peur ?
F. Baroin - "Là aussi, on est tout à fait sincère dans la démarche. Evidemment, cela peut surprendre, et évidemment, le PS essaye d'enfoncer un coin durable. L'UMP a son autonomie de réflexion."
A. Hausser - Cela ne s'était pas beaucoup vu jusqu'à présent.
F. Baroin - "L'UMP est un parti politique qui doit être le miroir le plus sincère, le plus précis, le plus fidèle de la société française, dans sa richesse et dans ses contradictions. Sur la Turquie, on a engagé un processus de réflexion - c'est A. Juppé qui l'a impulsé - pour voir quelles étaient les réflexions. On a des positions à l'intérieur de l'UMP, des souverainistes, des fédéralistes et autres, et sur la Turquie, on est arrivé à cet arbitrage. Alors, il faut assumer en effet, non pas cette divergence d'appréciation, car je rappelle que le président de la République n'a pas donné la position définitive de la France. Il a dit : j'attends l'automne, que la Commission européenne nous fasse son rapport et nous dise si les conditions sont réunies pour qu'on ouvre un débat à la candidature. La position de l'UMP est un élément politique qui contribuera à nourrir la réflexion du président de la République."
A. Hausser - Est-ce que l'UMP est favorable à un référendum sur la Constitution européenne ?
F. Baroin - "Avant de se poser la question de savoir si c'est un référendum ou un Congrès qui, de mon point de vue, sont deux procédures de ratification d'égale valeur, il faut savoir si on aura un texte. Blair a pris l'initiative solitaire de dire : je consulte par référendum ma population. Il faut reconnaître que cette initiative diplomatique peut bloquer le système. Donc, à l'heure où je vous parle, où nous parlons ensemble, on n'est pas sûr d'avoir un texte."
A. Hausser - Une consultation de tous les Européens le même jour serait une bonne idée ?
F. Baroin - "Pourquoi pas ? Le problème, c'est que Blair est un peu solitaire dans cette affaire. Franchement, pourquoi pas un référendum, pourquoi pas un Congrès ?"
A. Hausser - Un mot sur les travaux parlementaires, puisque vous êtes également député. Un certain nombre de députés, conduits par P. Méhaignerie, souhaiteraient que le texte sur l'autonomie des personnes âgées ne soit pas débattu avant le grand débat sur la Sécurité sociale. On ne sait pas très bien si la décision est prise ou pas. C'était une bonne idée d'attendre pour avoir un projet plus global ?
F. Baroin - "On a un vrai problème, peut-être à droite là-dessus, sur la façon dont on présente les choses : il ne faut plus parler de jour férié ; c'est un geste de solidarité. Il faut "positiver" cette histoire. Voilà ce qui s'est passé : l'été dernier, on a 15 à 18 000 personnes qui sont mortes dans des conditions douloureuses, parfois de solitude. C'est un vrai problème de société. Devant nous, on a l'évolution démographique, et on se pose la question de savoir, de manière étriquée, comment à nouveau payer, produire des efforts et autres. C'est un bel élan du coeur, c'est une bonne générosité. Ce ne sera pas une journée pour tout le monde en même temps, ce sera quelque chose à la carte pour permettre de financer le plan dépendance. On ne bougera pas sur ce principe et cela rentrera dans un plan plus global de protection sociale."
A. Hausser - Si on vous demande de célébrer un mariage homosexuel, qu'est-ce que vous direz ?
F. Baroin - "C'est illégal, et le maire est là pour appliquer la loi."
A. Hausser - Vous n'êtes pas un peu rétrograde ?
F. Baroin - "Non. Là-dessus, franchement, c'est la pointe avancée du progrès que de considérer qu'on ne va pas faire, sur le mariage, qui est une institution qui mérite d'être respectée, le même débat que sur le Pacs qui n'était pas de la même nature. Et l'initiative de monsieur Mamère est une initiative qui crispe les positions et qui manque de respect vis-à-vis de la communauté homosexuelle, d'une certaine manière qu'il montre du doigt et qu'il prend en otage, et d'autre part, vis-à-vis d'une grande institution républicaine qu'il convient aussi de respecter."
(source http://www.u-m-p.org, le 3 mai 2004)
F. Baroin - "Surtout pour la préparation des européennes, surtout pour la préparation du conseil national qui se tiendra le 9 mai, et qui dira deux choses : tout d'abord notre position, à travers une motion de synthèse, sur l'Europe, sur la Turquie, sur la Constitution européenne, sur la dynamique de la campagne, sur le sens que nous souhaitons mettre en exergue, la défense des intérêts de la France dans une construction européenne qui est un vrai beau projet politique, mais qui, aujourd'hui, ne fonctionne pas. Et puis, nous allons parler politique, essayer de tirer les enseignements publics de ces échecs aux régionales et offrir à nos militants une organisation à travers des courants où chaque sensibilité pourra s'exprimer."
A. Hausser - L'organisation des courants était prévue au départ, et puis on a dit : "Non, il ne faut pas que nous nous divisions." Et maintenant, on aura le droit de se diviser, du moins, d'avoir des avis divergents à l'UMP ?
F. Baroin - "L'UMP est un parti jeune. Il a appris très rapidement dans la victoire de 2002 ; il doit apprendre tout aussi rapidement, mais en profondeur, dans la défaite de 2004. Nous avions en effet, parce que c'était le pacte fondateur de l'UMP, qui regroupait des sensibilités historiques et qu'on n'efface pas d'un revers de main à travers quarante, cinquante ans d'histoire... On n'efface pas le gaullisme qui existe et qui continue de vivre - il suffit de voir le livre de l'Amiral de Gaulle pour constater que c'est une réalité dans notre pays -, on n'efface pas le libéralisme en tant que projet politique, on n'efface pas la démocratie chrétienne. Et je crois que ces sensibilités doivent, non pas sur le plan..."
A. Hausser - On a voulu les effacer au départ ?
F. Baroin - "On a voulu plutôt, d'ailleurs à la demande légitime des responsables du Gouvernement, insister sur ce qui nous rassemblait, que de mettre en lumière ce qui pouvait nous diviser. Peut-être un peu par peur ou tout simplement par souci d'efficacité. Je crois qu'aujourd'hui, on doit occuper un espace politique plus large. On ne sait pas, à l'extérieur, que l'UMP est composée de personnalités qui incarnent le centre et qui peuvent s'exprimer aujourd'hui plus largement - ils doivent pouvoir le faire. Je crois qu'on doit en fait élargir notre spectre."
A. Hausser - Elargir le spectre sur le plan politique ou simplement se donner un peu d'air pour fonctionner de manière plus démocratique ?
F. Baroin - "Je ne suis pas insincère dans ma démarche. J'ai été un des fondateurs de l'UMP, après d'ailleurs avoir émis un certain nombre de réserves à une certaine période. Mais les conditions du premier tour de l'élection présidentielle ont engagé une dynamique. Je crois qu'on doit respecter ce pacte fondateur et cet esprit fondateur, on doit le faire sincèrement, on doit permettre à chacun d'affirmer son identité. On doit avoir un débat, quitte à se cogner un peu. On est d'accord ou on n'est pas d'accord, et puis, au final, le rôle de la direction, c'est d'offrir des motions de synthèse qui incarnent la ligne majoritaire de l'UMP. C'est ce qu'on va faire par exemple sur l'Europe."
A. Hausser - Pour l'instant, on se "cogne" un peu à l'Assemblée plus que chez vous... Pour les européennes, des têtes de liste ont été désignées ; on ne connaît pas la composition des listes. Elles vont être décrétées comme ça, ou il va y avoir un vote quand même sur la composition des listes, un vote dans les fédérations ?
F. Baroin - "Je crois que là aussi, on doit tirer les enseignements les plus rapides au lendemain de ces régionales. Vous le savez, j'ai pris des positions vis-à-vis de la constitution des listes qui n'auraient été, dans les huit grandes régions, finalement, que la restitution d'un certain nombre de ministres qui n'avaient pas démérité, mais qui ne pouvaient pas se retrouver dans cette situation de mener des listes aux européennes. [...] En même temps, c'est vrai qu'on est dans un pays qui ne sait pas puiser dans un vivier de la "société civile", comme on dit, à qui on offre une expérience de connaissance de l'Etat et à qui on propose dès le lendemain de devenir élu... Etre élu, c'est une pratique, cela suppose de l'expérience ; c'est également une trajectoire qui part de la base. On ne peut pas systématiquement passer par en haut. Je crois qu'on ne pouvait pas offrir ce spectacle. Par contre, on doit réfléchir, en effet, pour voir de quelle manière des personnalités comme cela, avec leur nouvelle expérience, peuvent servir la République française autrement que par la qualité d'élu. Et puis, le deuxième enseignement, c'est essayer de faire en sorte que ces listes soient représentatives, le plus possible, de nos régions. Voilà pourquoi nous avons souhaité, avec toutes les directions, demander à nos militants et aux fédérations de nous faire des propositions. Ils sont sollicités, dans la dizaine de jours qui viennent, pour nous faire remonter des candidatures, et on s'engage à faire en sorte qu'elles soient présentes sur les listes."
A. Hausser - Faire remonter les candidatures, ça se passe comment ? Dans les fédérations, on va voter sur un certain nombre de noms ?
F. Baroin - "C'est très simple. Les comités départementaux, c'est l'organisation du parti. Un parti, au fond, c'est une entreprise, et puis ce sont des structures de direction, de commandement démocratique. Ils sont sollicités depuis quelques jours, ils se réunissent dans la semaine pour dire : ce sont ces candidats-là que nous présentons - des élus, des personnalités locales, des représentants d'associations. Cela remontera à la rue de la Boëtie."
A. Hausser - Vous pouvez nous en citer ?
F. Baroin - "Il y a, par exemple, dans une région comme la mienne, le cas d'une rectrice qui n'est pas engagée politiquement, mais qui sera présentée par le comité départemental d'un département de la Bourgogne, et qui peut être une candidature très utile dans cette liste du Grand-Est."
A. Hausser - On a été un peu surpris quand même du revirement de l'UMP sur l'adhésion de la Turquie. Le "non" d'A. Juppé n'est-il pas un "non" de circonstance ? Ne s'agit-il pas de récupérer l'électorat qui a peur ?
F. Baroin - "Là aussi, on est tout à fait sincère dans la démarche. Evidemment, cela peut surprendre, et évidemment, le PS essaye d'enfoncer un coin durable. L'UMP a son autonomie de réflexion."
A. Hausser - Cela ne s'était pas beaucoup vu jusqu'à présent.
F. Baroin - "L'UMP est un parti politique qui doit être le miroir le plus sincère, le plus précis, le plus fidèle de la société française, dans sa richesse et dans ses contradictions. Sur la Turquie, on a engagé un processus de réflexion - c'est A. Juppé qui l'a impulsé - pour voir quelles étaient les réflexions. On a des positions à l'intérieur de l'UMP, des souverainistes, des fédéralistes et autres, et sur la Turquie, on est arrivé à cet arbitrage. Alors, il faut assumer en effet, non pas cette divergence d'appréciation, car je rappelle que le président de la République n'a pas donné la position définitive de la France. Il a dit : j'attends l'automne, que la Commission européenne nous fasse son rapport et nous dise si les conditions sont réunies pour qu'on ouvre un débat à la candidature. La position de l'UMP est un élément politique qui contribuera à nourrir la réflexion du président de la République."
A. Hausser - Est-ce que l'UMP est favorable à un référendum sur la Constitution européenne ?
F. Baroin - "Avant de se poser la question de savoir si c'est un référendum ou un Congrès qui, de mon point de vue, sont deux procédures de ratification d'égale valeur, il faut savoir si on aura un texte. Blair a pris l'initiative solitaire de dire : je consulte par référendum ma population. Il faut reconnaître que cette initiative diplomatique peut bloquer le système. Donc, à l'heure où je vous parle, où nous parlons ensemble, on n'est pas sûr d'avoir un texte."
A. Hausser - Une consultation de tous les Européens le même jour serait une bonne idée ?
F. Baroin - "Pourquoi pas ? Le problème, c'est que Blair est un peu solitaire dans cette affaire. Franchement, pourquoi pas un référendum, pourquoi pas un Congrès ?"
A. Hausser - Un mot sur les travaux parlementaires, puisque vous êtes également député. Un certain nombre de députés, conduits par P. Méhaignerie, souhaiteraient que le texte sur l'autonomie des personnes âgées ne soit pas débattu avant le grand débat sur la Sécurité sociale. On ne sait pas très bien si la décision est prise ou pas. C'était une bonne idée d'attendre pour avoir un projet plus global ?
F. Baroin - "On a un vrai problème, peut-être à droite là-dessus, sur la façon dont on présente les choses : il ne faut plus parler de jour férié ; c'est un geste de solidarité. Il faut "positiver" cette histoire. Voilà ce qui s'est passé : l'été dernier, on a 15 à 18 000 personnes qui sont mortes dans des conditions douloureuses, parfois de solitude. C'est un vrai problème de société. Devant nous, on a l'évolution démographique, et on se pose la question de savoir, de manière étriquée, comment à nouveau payer, produire des efforts et autres. C'est un bel élan du coeur, c'est une bonne générosité. Ce ne sera pas une journée pour tout le monde en même temps, ce sera quelque chose à la carte pour permettre de financer le plan dépendance. On ne bougera pas sur ce principe et cela rentrera dans un plan plus global de protection sociale."
A. Hausser - Si on vous demande de célébrer un mariage homosexuel, qu'est-ce que vous direz ?
F. Baroin - "C'est illégal, et le maire est là pour appliquer la loi."
A. Hausser - Vous n'êtes pas un peu rétrograde ?
F. Baroin - "Non. Là-dessus, franchement, c'est la pointe avancée du progrès que de considérer qu'on ne va pas faire, sur le mariage, qui est une institution qui mérite d'être respectée, le même débat que sur le Pacs qui n'était pas de la même nature. Et l'initiative de monsieur Mamère est une initiative qui crispe les positions et qui manque de respect vis-à-vis de la communauté homosexuelle, d'une certaine manière qu'il montre du doigt et qu'il prend en otage, et d'autre part, vis-à-vis d'une grande institution républicaine qu'il convient aussi de respecter."
(source http://www.u-m-p.org, le 3 mai 2004)