Déclarations de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, à l'issue de son entretien avec le ministre égyptien des affaires étrangères, M. Ahmed Abul Gheit, et lors du point de presse conjoint avec le Secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa, sur les raisons de sa présence en Egypte liées à l'enlèvement de deux journalistes français en Irak et sur les objectifs de sa démarche visant à obtenir leur libération, Le Caire le 30 août 2004.

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Circonstance : Tournée-éclair en Egypte et au Moyen-Orient de Michel Barnier pour obtenir le soutien des autorités à la libération des deux journalistes français enlevés en Irak, Christian Chesnot et Georges Malbrunot : étape au Caire (Egypte) le 30 août 2004

Texte intégral

(Déclaration de Michel Barnier à l'issue de son entretien avec le ministre égyptien des affaires étrangères au Caire le 30 août 2004) :
Je voudrais simplement dire, puisque je me suis beaucoup exprimé depuis ce matin sur les raisons de ma visite ici au Caire et sans doute dans d'autres capitales, afin de favoriser la libération la plus rapide possible de nos deux compatriotes journalistes qui ont été enlevés en Irak, que je suis venu ici pour nouer un certain nombre de contacts et de dialogues avec des autorités politiques.
C'est pour cette raison que j'ai été très heureux de ce premier dialogue avec mon nouveau collègue Ahmed Abul Gheit, que je ne connaissais pas encore personnellement. J'ai été très heureux de la qualité et de la cordialité de son accueil aujourd'hui et je l'en remercie. Vous le comprenez aujourd'hui, les circonstances de cette visite sont très particulières et graves. Elles me permettent de confirmer et de dire cet appel à la libération de nos deux compatriotes. Elles me permettent de dire à chacun de ceux que je rencontre quelle est la réalité de la société française et pourquoi la République française est faite pour protéger chaque citoyen quelles que soient ses croyances et ses religions.
Et donc au cours de cette journée et lors des étapes futures, je continuerai à l'intention des habitants, des citoyens des pays arabes qui peuvent m'écouter grâce à vous, de porter ce double message : un message d'humanité à l'égard de deux hommes qui sont touchés par cet enlèvement et dont nous souhaitons la libération et un message sur ce qu'est la France, pays des Droits de l'Homme qui protège et qui donne assurance à chaque citoyen, à chacun de ceux qui vivent dans notre pays, d'exercer sa religion comme ils l'entendent.
Je ne ferai pas d'autres commentaires et je remercie le ministre de son accueil.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e septembre 2004)
(Déclaration de Michel Barnier à l'issue de son entretien avec le Secrétaire général de la Ligue arabe, au Caire le 30 août 2004) :
Mesdames et Messieurs, bonjour à chacune et à chacun d'entre vous, et merci pour votre présence et pour votre attention. Je me trouve comme ministre des Affaires étrangères français pour la seconde fois ici au siège de la Ligue arabe, pour une rencontre importante pour moi, avec Amr Moussa, que je remercie très sincèrement de la qualité et de la cordialité de son accueil.
Vous savez, Mesdames et Messieurs, que les raisons de ma présence au Caire aujourd'hui et de cette première visite ici auprès d'Amr Moussa, représentant de la Ligue arabe, sont liées à des circonstances graves, à l'enlèvement, il y a maintenant 10 jours, de deux de nos compatriotes, deux de vos confrères journalistes, Christian Chesnot et Georges Malbrunot.
Samedi, un ultimatum a été adressé à mon pays. Cet ultimatum a créé une situation nouvelle qui nous a conduit, en accord avec le président de la République, Jacques Chirac et le Premier ministre, et à leur demande, à engager un certain nombre de nouvelles démarches, dans un moment crucial, pour obtenir et favoriser la libération de nos deux compatriotes. Et c'est dans cet esprit, pour cet objectif, que je suis venu ici. C'est ce que je ferai lors d'autres étapes de cette visite au cur du Proche-Orient. C'est dans le même esprit, je le redis, que M. Colin de Verdière, mon représentant spécial, est arrivé très tôt ce matin à Bagdad pour renforcer l'équipe de notre ambassade.
Je remercie très sincèrement Amr Moussa de son accueil et du témoignage de solidarité qu'il exprime en m'accueillant au nom du monde arabe. Beaucoup de voix, Mesdames et Messieurs, en France et dans le monde, se sont élevées, depuis quelques jours notamment, dans le même sens. Tous ceux qui comme Amr Moussa connaissent notre pays, savent combien cet enlèvement est incompréhensible, compte tenu de ce qu'est la société française, de ce qu'est notre Constitution, de ce que sont nos lois qui garantissent depuis toujours la même protection, la même liberté de conscience et de religion à tous ceux qui vivent dans notre pays. Aux cinq millions de musulmans comme aux autres, la République française, et c'est notre honneur, garantit la liberté et la protection. Cet enlèvement est également incompréhensible parce que mon pays a toujours récusé le choc entre l'Islam et l'Occident, et le monde arabe connaît nos engagements, qui ne sont pas nouveaux, qui sont traditionnels, en faveur de la défense de la souveraineté des peuples, de la justice et de la dignité des peuples. Cet engagement, nous le prouvons. Il conduit notre diplomatie et notre action extérieure depuis des années et des années, aussi bien il y a quelques années en Bosnie, aujourd'hui en Palestine et en Irak et partout dans le monde.
Mesdames et Messieurs, c'est en sachant que l'Islam est une religion de paix et de tolérance, et c'est aussi pour exprimer cette vérité sur ce qu'est la société et sur ce qu'est la République française que je suis venu ici et que je continuerai étape par étape à nouer tous les dialogues utiles, tous les contacts, à la Ligue arabe, en Egypte, avec les personnalités civiles et religieuses pour expliquer, encore une fois, ce qu'est la réalité de la société française et pour lancer cet appel à la libération de Georges Malbrunot et Christian Chesnot, et pour que cet appel à la libération, cet appel à la raison et à l'humanité soit relayé avec le plus de force possible, le plus d'écho possible auprès de l'ensemble des populations et des citoyens des pays arabes.
Q - (A propos de la réaction à l'ultimatum reçu par la France)
R - Notre réaction est de dire ou de répéter que nous ne comprenons pas cet enlèvement, ni cet ultimatum, compte tenu de ce qu'est notre politique et compte tenu de ce qu'est notre société et la réalité de la République française. Et c'est ce que je suis venu dire ici et c'est ce que je dirai dans d'autres étapes de cette visite. En même temps, je répète que nous avons renforcé, sur place à Bagdad, notre ambassade, que M. Colin de Verdière, mon représentant spécial, est habilité lui aussi sur place à prendre tous les contacts utiles pour favoriser la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot.
Q - (A propos des enlèvements advenus en Irak)
R - Il y a beaucoup d'autres personnes qui ont été touchées par cette pratique de l'enlèvement, et parfois tragiquement. Nous exprimons naturellement à l'égard de toutes ces personnes, de leurs familles, de leurs pays et de leurs proches un témoignage de solidarité, comme nous recevons nous-mêmes du monde entier un témoignage de solidarité au moment de l'enlèvement de nos deux compatriotes, Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Je veux d'ailleurs, puisque je parle de journalistes français, dire que je n'oublie pas qu'un autre journaliste a disparu il y a plus d'un an en Irak, Frédéric Nérac, et que nous n'avons jamais eu de nouvelles de lui depuis un an.
Tout en poursuivant nos efforts avec les autorités compétentes pour avoir des informations à son sujet, un mot de l'Egypte où je me trouve : l'Egypte et Le Caire sont un des très grands pays de cette région et une grande capitale dans le monde arabe et au Proche-Orient. C'est naturel que je vienne ici d'abord, et puis c'est ici où se trouve le siège de la Ligue arabe, c'est ici que se trouvent de très grandes autorités civiles et politiques qui peuvent nous aider à relayer ce message dans le double esprit que j'ai évoqué tout à l'heure, ainsi que des autorités religieuses avec lesquelles j'aurai, d'une manière ou d'une autre, des contacts.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e septembre 2004)