Déclaration de M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, en réponse à une question sur l'envoi de policiers et gendarmes français au Kosovo et sur les campagnes de presse mettant en cause des militaires français, à l'Assemblée nationale le 22 février 2000.

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Je souhaite tordre le cou à certaines rumeurs. Il ne faut évoquer la situation actuelle à Mitrovica qu'avec beaucoup de circonspection compte tenu de la gravité des incidents qui s'y déroulent. Seuls des militaires armés peuvent tenir en respect des foules dépassant parfois 30 000 personnes et au sein desquelles on fait usage d'armes à feu.
Vous avez fait allusion, Monsieur le Député, à mes réticences, voire à mon refus, d'envoyer des policiers au Kosovo. Sachez que le conseil de défense, réuni sous l'autorité du président de la République, a décidé en juillet dernier que 80 gendarmes et 80 policiers, en sus des 4500 soldats français déployés au Kosovo - ce qui fait de la France le principal contributeur aux forces de maintien de la paix- seront mis à la disposition de l'administration de l'ONU. 155 candidats ont été présentés dont 137 ont été retenus par l'OSCE et 37 seulement par l'ONU. Ces policiers sont pour l'essentiel chargés d'assurer à l'école de police de Vusiturn la formation des policiers kosovars, dans des conditions extrêmement difficiles, qui suscitent mon admiration mais ne sont pas sans me préoccuper.
Il n'est pas raisonnable d'alimenter comme vous le faites une rumeur. Les soldats français sont injustement mis en cause dans certaines campagnes de presse alors que toute cette polémique n'a pas lieu d'être. Si des questions difficiles se posent en effet concernant l'avenir du Kosovo, chacun comprendra aisément que ce ne sont pas trente ou quarante policiers en plus qui changeront la situation. Je vous invite donc à faire preuve de davantage d'esprit critique et à vous souvenir des décisions prises au niveau des plus hautes autorités de l'Etat.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2000)