Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur la résolution 1199 du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'éventualité de l'emploi de la force au Kosovo, l'imminence d'une "catastrophe humanitaire" et la nécessité d'un statut d'autonomie, à l'Assemblée nationale le 7 octobre 1998.

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Depuis le mois de mars, les pays du Groupe de contact se sont mobilisés en vue d'une solution durable et équitable de cette question, devenue dramatique en effet depuis que, voici neuf ans, l'autonomie du Kossovo a été supprimée. Deux messages fermes ont été adressés aux autorités de Belgrade comme à l'UCK - sans que des solutions décisives en aient résulté. Nous avons obtenu ensuite le vote par le Conseil de sécurité de la résolution 1199 - votée par tous ses membres, y compris les Russes - qui est déjà placée sous l'empire du chapitre 7, c'est-à-dire celui qui ouvre la voie à l'emploi de la force si nous le décidons.

Le Groupe de contact s'est réuni à nouveau. Les pays de l'OTAN ont fait des préparatifs pour l'hypothèse où il faudrait, malheureusement employer la force pour corriger la situation, secourir des réfugiés, interrompre la répression ou déclencher des négociations. Les envoyés de différents pays sont déjà à l'oeuvre. Nous apprécierons, dans les jours qui viennent, si la convergence de menaces, de mises en garde, de sanctions et de propositions a permis de constater un début de changement.

M. Kofi Annan a noté que les forces militaires serbes ont été en partie retirées ainsi que les forces de police dans une moindre proportion. Sur le plan humanitaire, M. Milosevic a accepté l'envoi d'une mission de l'OSCE. Pour ce qui est des négociations, nous apprécierons vendredi ou samedi si les discussions dont nous avons demandé l'ouverture entre les autorités de Belgrade et les Albanais du Kossovo ont pu s'engager pour aboutir à un statut d'autonomie, seule solution sérieuse et durable.

A Florence, le président de la République a rappelé la position de principe de la France, qui est aussi celle du gouvernement. Le Conseil de sécurité doit autoriser une action éventuelle. Nous nous appuierons sur la résolution 1199. Le risque d'une catastrophe humanitaire imminente pourrait nous obliger à employer les moyens nécessaires pour apporter des solutions durables. Cela dit, nous n'avons pu faire une évaluation définitive car nous ne disposons pas de tous les éléments nécessaires pour apprécier la situation sur le terrain, que nous suivons heure par heure.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 octobre 2001)