Interview de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, à LCI le 6 septembre 2004, sur le sort des journalistes français enlevés en Irak et le rôle des militaires français dans le cadre de l'OTAN pour maintenir la paix au Kosovo et en Afghanistan.

Prononcé le

Média : La Chaîne Info - Télévision

Texte intégral

Pierre-Luc Séguillon :
Michèle Alliot-Marie bonjour.
Michèle Alliot-Marie :
Bonjour.
Pierre-Luc Séguillon : La compagne de Georges Malbrunot a expliqué hier que le principe de la libération des deux otages français et leur chauffeur était acquis. Vous confirmez ?
Michèle Alliot-Marie : Tant que les otages sont encore détenus en Irak, il faut être extrêmement prudent. Et vous aurez noté que je m'exprime le moins possible sur ce sujet. Tout ce que nous pouvons dire aujourd'hui, c'est que nous avons des indications sérieuses qui permettent de croire d'une part, qu'ils sont en bonne santé et d'autre part, qu'une libération est possible. Mais comme vous le voyez, ce pays est en plein chaos et cela cause donc de grandes difficultés. Moins on en dit, mieux c'est pour les otages. Et je sais combien vous êtes, vous aussi, attentifs à leur sécurité.
Pierre-Luc Séguillon : Simplement est-ce que vous avez le sentiment que le retard de leur libération vient de questions techniques, notamment vous venez de le dire le chaos et les raids américains dans cette région ? Ou également de problèmes politiques, l'incertitude ou les tergiversations du groupe détenteur des otages ?
Michèle Alliot-Marie : Vous me permettrez encore une fois d'en dire le moins possible. Je pense que c'est ce que nous pouvons faire de mieux pour eux. Soyez simplement assurés que tout est fait sur le terrain et de la part bien entendu de tous nos services, mais également de tous nos amis pour obtenir leur libération le plus tôt possible.
Pierre-Luc Séguillon : Vous avez dit " tous vos amis ", est-ce que vous avez une bonne coopération avec votre homologue américain ?
Michèle Alliot-Marie : Lorsque je parle de nos amis, je parle de cette formidable mobilisation qui est unanime, mobilisation d'abord dans notre pays. Je parle également de la réaction, et cela a été un élément important, de toutes les autorités religieuses ou autorités politiques du monde arabe, qui se sont effectivement mobilisées pour eux.
Pierre-Luc Séguillon : Vous n'avez pas répondu sur votre homologue américain ?
Michèle Alliot-Marie : Je ne répondrai pas sur mon homologue américain. Et de toute façon, je n'ai pas eu de contact avec mon homologue américain.
Pierre-Luc Séguillon : Dernière question, vous travaillez avec la diplomatie comme ministre de la Défense puisque vous êtes responsable notamment de nos services qui peuvent être sur place. Est-ce que le général Rondot a été, est sur place ou n'a jamais été sur place ?
Michèle Alliot-Marie : J'ai lu beaucoup de choses complètement farfelues dans la presse. Je ne sais pas d'où venait ce type d'informations.
Pierre-Luc Séguillon : Alors vous revenez à la fois du Kosovo et de l'Afghanistan, également du Tadjikistan, vous avez fait une tournée. Très rapidement, Yves de Kermabon va prendre la direction de la KFOR, il a un diagnostic, si j'ai bien compris, relativement prudent sur la situation dans ce pays. Est-ce que vous pensez que l'on est loin de la pacification et, deuxièmement, est-ce que vous pensez que la KFOR va devoir rester longtemps encore dans ce pays ?
Michèle Alliot-Marie : Comme vous venez de le dire, la France prend deux commandements très importants de l'OTAN, au Kosovo tout d'abord, mais également en Afghanistan. Je pense que c'est effectivement une reconnaissance de l'excellence des armées françaises, de leur rôle et de leur participation à l'OTAN. Nous le faisons dans des conditions extrêmement difficiles, que ce soit au Kosovo ou en Afghanistan. Le Kosovo, c'est en effet dans les Balkans, le pays qui est probablement encore le plus fragile. Nous l'avons vu avec les émeutes qui ont eu lieu au mois de mars dernier ; elles n'avaient pas été prévues, il faut le savoir, et elles ont été extrêmement violentes. De plus, il va y avoir des élections d'ici quelques semaines et nous savons que les périodes électorales sont toujours des périodes de très grandes tensions. Il est vrai que c'est une préoccupation justifiant qu'il y ait encore des forces très importantes au Kosovo. Ce que nous voulons, c'est pouvoir accompagner le plus rapidement possible la transition politique. Au cours de mon séjour, j'ai rencontré le président Rugova et également le Premier ministre. Il y a des signes d'avancées mais il est évident, et c'est ce que nous avons dit avec le représentant du Secrétaire général de l'ONU au Kosovo, qu'il y a encore beaucoup d'étapes, notamment politiques à franchir. Les armées ne sont là finalement que pour aider à la mise en place des institutions de ce pays.
Pierre-Luc Séguillon : Mais quel est le statut du Kosovo aujourd'hui ?
Michèle Alliot-Marie : C'est un statut transitoire, et il convient de déterminer quelle sera la part de l'Etat et la reconnaissance des minorités au Kosovo puisque le problème c'est effectivement la cohabitation à la fois de personnes albanophones et de Serbes.
...
Pierre-Luc Séguillon : Michèle Alliot-Marie, merci beaucoup.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 septembre 2004)