Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations et les échanges entre l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie et sur le développement du tourisme et la protection du patrimoine, Versailles le 4 novembre 2004.

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Circonstance : Conférence des présidents des parlements d'Arménie, d'Azerbaïdjan et de Géorgie à Versailles (Yvelines), le 4 novembre 2004

Texte intégral

Madame et Messieurs les Présidents,
Messieurs les Présidents des Groupes sénatoriaux d'amitié,
Messieurs les Sénateurs,
Madame et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais d'abord vous dire la joie que j'éprouve et l'honneur que je ressens à vous accueillir pour la deuxième fois à Versailles, dans ces lieux exceptionnels où l'histoire le dispute à la beauté. Puisse cet endroit magique contribuer à la sérénité de nos débats !
Après notre dernière réunion à Tbilissi et avant les réunions de Bakou et d'Erevan, que je souhaite prochaines, nous pouvons d'ores et déjà nous réjouir de la pérennité du processus, dit " processus de Versailles ", que nous avons engagé ensemble, il y aura bientôt 5 ans. Comme le temps passe ! Mais aussi comme la vie est lente et comme l'espérance est violente...
Madame et Messieurs les Présidents,
La pérennité du mouvement que nous avons lancé n'aurait pas été possible sans votre soutien et sans votre confiance, que votre présence illustre aujourd'hui. Sans plus attendre, je voudrais vous en remercier et vous dire que la confiance que vous nous témoignez me va droit au cur. Merci.
Cette confiance mutuelle, que je crois caractéristique de la diplomatie parlementaire, en faveur de laquelle je n'ai cessé d'uvrer depuis ma première élection à la Présidence du Sénat, en 1998, doit nous permettre de nous parler directement et franchement, sans les détours et les circonlocutions diplomatiques habituels et nonobstant les différends qui peuvent opposer les uns ou les autres.
Je souhaiterais que les maîtres mots de cette journée soient l'écoute, le respect, la tolérance et l'acceptation d'autrui. Vous savez que vous avez en moi un ami impartial, uniquement soucieux de la paix et de la stabilité d'une région qui nous est chère, et dont l'équilibre tient particulièrement à cur à tout Européen responsable.
Je serais tenté de reprendre la formule célèbre de Victor HUGO, qui fut l'un de nos glorieux prédécesseurs : " comme l'amour d'une mère, chacun en a sa part mais tous l'ont tout entier ". Autrement dit, il n'y a pas de préféré ici et mon seul objectif est de faciliter le dialogue entre vous.
Je suis persuadé depuis bien longtemps que rien ne vaut en effet les contacts directs pour rapprocher des positions éloignées.
Loin de chez vous, à l'abri des oreilles indiscrètes et des regards suspicieux, vous pouvez parler plus librement, vous pouvez vous parler plus franchement. Sans faire de la psychologie à deux sous ou de la psychanalyse au rabais, il me semble qu'il en va des États comme des hommes... terme générique qui embrasse la femme.
En effet, il faut parler et non se taire car sinon la rancur s'accumule, le malentendu se cristallise, la méprise s'installe et il n'y a plus d'autres issues que l'incompréhension puis la désillusion... dans le meilleur des cas. Dans le pire, on bascule vite dans la confrontation, ce que tout homme de bonne volonté doit éviter, sans pour autant se compromettre ou abdiquer. J'en conviens, l'exercice est difficile. Mais il est indispensable et il s'impose à tout homme politique digne de ce nom.
Pour rendre l'exercice plus facile, nous avons fait le choix d'organiser cette réunion autour de deux thèmes de travail concrets et rassembleurs, fédérateurs et propices à une coopération régionale.
C'est ainsi que nous parlerons successivement du tourisme et de la préservation du patrimoine, deux thèmes qui renvoient directement à l'homme et aux échanges entre les hommes.
Mais aussi, deux thèmes concrets et opérationnels, volontairement modestes car je crois profondément aux bienfaits de la politique des petits pas, progressive, pragmatique et discrète. Il faut bien commencer...
Je suis certain que c'est ce genre d'approche qui peut, à terme, et à condition d'être patient, contribuer à dépasser des oppositions politiques, en apparence insurmontables. Il faut parfois faire confiance aux hommes, et à leur cur, autant qu'aux États, et à leur raison.
A l'avenir, lorsque nous nous retrouverons, cette fois dans le Caucase, beaucoup d'autres thèmes pourront nous occuper.
Sans que la liste soit exhaustive, je pense ainsi à l'harmonisation des régimes juridiques, à la réglementation des investissements, à l'environnement, à la formation ou encore à la politique culturelle et à la coopération décentralisée... Bref, nous avons, vous avez, du pain sur la planche.
A ce stade, je voudrais rappeler que ces travaux communs sont la marque indélébile de notre foi commune dans l'avenir.
Un avenir que je souhaite du fond du cur pacifique, harmonieux et prospère. Nombreux en France sont ceux qui croient sincèrement aux atouts de vos trois pays, de vos trois peuples et de leurs dirigeants, d'ailleurs largement renouvelés ces dernières années, ce qui constitue une donne nouvelle et peut être une chance supplémentaire.
Sachons saisir cette chance, pour dépasser les querelles du passé, justifier les sacrifices de nos parents et préparer un avenir serein à nos enfants. Vaste entreprise mais ô combien exaltante !
Avant de vous laisser la parole, je souhaiterais aborder des questions plus prosaïques et vous dire rapidement comment s'organisera votre journée.
Jusqu'à midi et demi environ, nous aurons deux séances de travail.
La première, qui devrait nous entraîner jusqu'à onze heures environ, portera sur le tourisme. Elle commencera par un exposé de notre collègue et ami le Sénateur Michel BÉCOT, qui est aussi président de l'Agence française pour l'ingénierie touristique (AFIT), et qui vous expliquera comment se met en place une politique touristique.
Après cet exposé, la discussion sera ouverte et chacun est invité à faire part de ses observations ou à poser ses questions.
La seconde, qui devrait nous conduire jusqu'à l'heure du déjeuner, sera consacrée à la préservation du patrimoine. Elle débutera par un exposé de notre collègue et ami le Sénateur Yves DAUGE, qui est, au Sénat, le spécialiste des questions du patrimoine, sur lesquelles il a beaucoup travaillé, notamment en liaison avec l'UNESCO et la Présidence du Sénat.
De la même façon, après son intervention, vous pourrez faire toutes les observations ou poser toutes les questions que vous souhaitez.
Vers midi et quart, nous irons à l'étage supérieur prendre l'apéritif, qui sera suivi d'un déjeuner, avant tout amical, convivial et familial, mais qui devrait aussi nous permettre d'aborder les questions politiques et la situation régionale, y compris, bien sûr, la situation du Haut Karabagh.
Après le déjeuner, vers deux heures, je serai obligé de vous quitter pour regagner le Palais du Luxembourg où je présiderai, à partir de trois heures précises, la séance des questions au Gouvernement, et où j'aurai l'honneur et le plaisir de vous saluer à la tribune, un peu avant quatre heures.
Puis viendra le moment du point de presse, qui aura lieu dans le salon Victor HUGO, non loin de l'hémicycle.
Après quoi vous aurez enfin gagné un repos bien mérité, avant le dîner qui sera offert dans les salons de la Présidence par les trois groupes d'amitié. Je ne pourrai malheureusement pas vous rejoindre car je suis rappelé par des affaires importantes et urgentes dans le département que je préside.
Je crois n'avoir rien oublié ! J'ai déjà été assez long et je laisse donc la parole à M. Michel BÉCOT pour qu'il introduise notre première séance sur le tourisme.
(Source http://www.senat.fr, le 15 novembre 2004)