Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur l'exercice militaire "Opéra 3 terre" et les perspectives de défense européenne, Sissone, le 4 décembre 2003.

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Circonstance : Présentation de l'exercice multinational interarmées « Opéra 3 terre », Sissone (Aisne), le 4 décembre 2003

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
L'exercice OPERA 3 est un exercice ambitieux est complexe, à la mesure de la qualité de nos armées et de nos ambitions en matière de défense.
Je voudrais ce matin à la fois vous remercier pour votre accueil et vous dire que j'ai été tout particulièrement impressionnée et intéressée par ce que j'ai pu voir à travers les différentes cellules qui m'ont été présentées.
Cet exercice démontre combien notre armée, et tout particulièrement notre armée de terre, se prépare à agir en étroite coopération avec nos alliés dans un cadre OTAN ou dans un cadre Union européenne.
A travers cet exercice en effet, la France exprime deux messages forts.
Le premier, c'est que notre pays entend se doter des outils de commandement lui permettant d'assumer pleinement ses responsabilités et ses ambitions sur la scène internationale. Le deuxième message, c'est que notre pays reste fidèle à ses alliances, celle de l'OTAN et celle de l'Union européenne.
La France entend tout d'abord se doter d'un outil de commandement à la mesure de ses ambitions. Pour jouer pleinement un rôle de nation cadre dans les engagements multinationaux futurs, et conformément aux engagements pris à Nice, notre pays doit être en mesure de mettre en oeuvre une opération de grande ampleur.
Pour cela, il lui faut remplir les critères de PC HRF de l'OTAN. A travers le CFAT de Lille, la France dispose d'un système performant. Il permet, comme j'ai pu en juger au cours de cette visite aujourd'hui à l'armée de terre, de disposer d'un PC de niveau 1. Il nous faut maintenant franchir une nouvelle étape, étape qui nous permettra de donner à cet outil une plus grande réactivité et un meilleur niveau d'interopérabilité. C'est la raison pour laquelle nous entendons mettre sur pied un poste de commandement capable de mettre en oeuvre, dans des conditions opérationnelles, l'équivalent d'un corps d'armée à l'horizon 2006.
L'exercice OPERA 3 constitue donc une étape importante permettant d'ores et déjà de roder les procédures et les mécanismes qui nous permettront d'être au niveau requis pour obtenir cette certification en 2006.
Si nous faisons cet effort, nous le faisons aussi dans la perspective du maintien de nos alliances.
Aucune ambiguïté ne doit subsister à cet égard.
Pour la France, fidèle à ses engagements, l'Alliance atlantique demeure le fondement de notre défense collective et un outil essentiel.
En ce sens, la mise sur pied du PC HRF témoigne clairement de notre soutien à l'Alliance et de notre adhésion totale au processus de transformation qui a été engagé depuis Prague.
Comme le président de la République vient de le rappeler à Londres, ces réformes de l'OTAN et le développement parallèle de la ( Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) sont pleinement compatibles. Ils sont même complémentaires.
Les initiatives prises par chacune des deux organisations se renforcent mutuellement. Elles sont toutes deux au service de la sécurité et de l'ordre international. L'obtention du label OTAN pour le PC HRF relève de cette démarche qui est aussi une démarche politique. La présence de fortes délégations européennes et extra-européennes à cet exercice le confirme.
Permettez-moi d'ailleurs de saluer tout particulièrement les participants et les observateurs des différents pays, nos amis et partenaires allemands, britanniques, espagnols, belges, polonais, canadiens, néerlandais, marocains, norvégiens et slovaques.
Les liens politiques entre nos nations se sont traduits dans le passé par une véritable fraternité d'armes à travers les différentes missions que nous avons conduites et que nous conduisons encore au service de la paix à travers les divers continents.
Je suis profondément persuadée que l'avenir est là, dans une communauté de défense qui découle naturellement de notre communauté de valeur et d'intérêt.
Ces derniers jours ont montré que l'Europe de la défense rallie un nombre croissant de pays, et que les doutes sont en train de s'effacer.
La perspective d'un Etat-major européen suscite de moins en moins de réticences.
A Naples, a été accepté le principe des coopérations structurées ainsi que l'inscription d'une clause d'assistance mutuelle dans la future constitution européenne.
L'Europe de la défense progresse. Elle progresse rapidement, n'en déplaise aux sceptiques. Elle progresse finalement beaucoup plus vite que n'a progressé en son temps l'Europe monétaire. Et si elle va aussi vite, c'est aussi grâce à vous.
Parce que vous avez l'expérience du combat en commun, vous savez aussi ce que ce rapprochement peut permettre de plus grand et de plus fort au service de la sécurité et de la paix.
Je vois dans cet exercice une signification symbolique : l'amélioration des capacités de l'armée française bénéficie à tous les pays de la communauté des Etats libres, démocratiques et indépendants.
Cette solidarité est notre avenir à tous.
Chacune et chacun d'entre nous y participent, parce que chacune et chacun d'entre nous savons que l'avenir du monde doit passer par sa sécurité et par sa paix, et que nous en avons tous la responsabilité.
Je vous remercie.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 décembre 2003)