Déclaration de M. Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la recherche, sur la recherche développement, notamment le développement des technologies de l'information et de la communication et le plan stratégique de l'INRIA pour la recherche en informatique, Paris le 18 juillet 2000.

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Circonstance : Signature du contrat quadriennal Etat-Inria à Paris le 18 juillet 2000

Texte intégral

Le XXIème siècle, qui finira bien par commencer, sera à coup sûr celui des nouvelles technologies et de la société de l'information. Une société qui modifiera beaucoup de nos modes de communiquer, d'échanger, de travailler. Par rapport aux Etats-Unis, l'Europe a pris un certain retard qu'il faut combler très rapidement, en y consacrant tous les moyens nécessaires.
La France doit réussir pleinement son entrée dans la société de l'information. Non seulement parce qu'il s'agit d'un enjeu économique essentiel en termes d'indépendance et de créations d'emplois, mais aussi parce qu'il s'agit d'un enjeu humain et social : mieux communiquer entre tous dans ce monde qui devient ce "village planétaire" dont parlait déjà Marshall Mac Luhan.
La recherche et développement joue un rôle central dans le développement des technologies de l'information et de la communication (TIC). Le rythme élevé d'innovation conduit les entreprises à se focaliser sur des développements susceptibles d'être mis sur le marché à un horizon de 1 à 3 ans, qui peuvent être conduits pour une part à partir de résultats de recherche existants, mais qui peuvent également nécessiter des efforts de recherche de base pour compléter les résultats et les technologies disponibles. Le lien entre l'industrie et la recherche publique - qui s'est avéré particulièrement efficace aux Etats-Unis - est aussi un facteur important de succès.
La large diffusion de ces technologies dans les entreprises et les services publics représente, on l'a dit, des enjeux importants pour la vie économique, sociale, culturelle. Ainsi avec le développement des réseaux, des mobiles et du multimédia, l'adoption des TIC par les entreprises est non seulement un enjeu pour leur productivité, mais également une opportunité pour conquérir de nouveaux marchés, ce qui génère un impact positif sur la croissance et l'emploi. De nouveaux modèles de compétitivité apparaissent, où la gestion de la connaissance et de l'information jouent un rôle central.
Au-delà de leur dynamisme propre en tant que domaine scientifique, au-delà des problèmes de recherche nouveaux suscités par l'essor technologique auquel elles donnent naissance, les technologies de l'information se développent également au contact de presque tous les autres domaines scientifiques. Des besoins très importants de recherches en informatique et en modélisation sont suscités par le développement des recherches dans d'autres domaines : physique, chimie, mécanique, mais aussi biologie, économie, sciences de la terre ou sciences humaines et sociales. Les interactions entre les STIC et tous les autres domaines de la recherche scientifique sont de plus en plus nombreuses et profondes : la compréhension des fonctions des gènes ou la conception de nouveaux médicaments, la prédiction des incidents météorologiques ou la réduction de la pollution, le traitement de l'information dans les entreprises ou les administrations, toutes ces questions soulèvent des problèmes de recherche pluridisciplinaires où les STIC jouent un rôle central. Parce qu'elles concernent la modélisation et le traitement de l'information - son transport, son codage, sa représentation mais aussi, de plus en plus, le sens et l'organisation qu'il faut lui donner - les STIC seront au cur de la science du 21ème siècle.
Conscient de ce caractère stratégique des STIC, le gouvernement a décidé d'en faire un de ses actes prioritaires de recherche. Le dernier Conseil Interministériel pour la Société de l'Information qui s'est tenu le 10 juillet dernier a confirmé l'effort très important tant en moyens qu'en effectifs qui sera fait pour la recherche dans ce domaine sur les prochaines années. Les effectifs de la recherche publique consacrés aux STIC seront augmentés de 25% en cinq ans. Les crédits qui leur sont consacrée par les Fonds d'intervention du Ministère de la Recherche (le Fonds national de la science (FNS) et le Fonds de recherche technologique (FRT)) seront augmentés de 50% dès 2001.
L'Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique (l'INRIA) est au cur du dispositif de recherche publique français dans ce domaine, aux côtés d'autres organismes (CNRS, CEA, GET (Groupe des Ecoles des Télécommunications), ) et des laboratoires universitaires. L'excellence scientifique, le rayonnement tant national qu'international et le dynamisme de l'INRIA sont unanimement reconnus et appréciés.
Le plan stratégique élaboré par l'INRIA en 1999 a constitué un élément déterminant dans la définition d'une politique nationale ambitieuse en matière de recherche en informatique. Dans le prolongement de ce plan, le premier contrat quadriennal est aujourd'hui conclu entre ses deux ministères de tutelle (le ministère de la Recherche et le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie) et l'Institut.
Visant des objectifs ambitieux (transfert, valorisation, partenariat, développement des ressources contractuelles), l'Etat donne à travers ce contrat à l'INRIA les moyens humains et financiers d'une croissance forte sur une période de quatre ans (2000-2003).
D'ici à 2003, les effectifs de l'INRIA seront portés de 755 à 1180 personnes, dont 1100 emplois budgétaires et 180 contractuels. L'INRIA bénéficiera aussi d'une hausse importante de ses crédits lui permettant d'accompagner l'augmentation de ses effectifs.
Le contrat quadriennal Etat-INRIA formalise ses engagements pour la période 2000-2003.
En échange de cet effort particulier de l'Etat, l'INRIA, de son côté, s'engage à réaliser des objectifs définis avec précision :
contribuer au meilleur niveau mondial à la résolution des grands défis scientifiques du domaine des sciences et technologies de l'information et de la communication, mais également des secteurs où elles jouent un rôle clé, comme les sciences du vivant avec la bio informatique,
obtenir des succès de renom international en matière de transfert technologique, que ce soit par la valorisation des résultats de recherche en milieu industriel, par la création de sociétés de technologie ou par la diffusion de logiciels, en renforçant notamment ses partenariats avec le monde industriel, son implication dans les incubateurs et fonds d'amorçage, ou dans les Centres Nationaux de Recherche Technologique (CNRT) proches de ses thématiques de recherche, récemment créés,
amplifier l'effet d'entraînement de l'INRIA et renforcer notablement ses partenariats pour favoriser la réussite de l'ensemble du dispositif national de recherche et d'enseignement supérieur dans le domaine des sciences et technologies de l'information et de la communication : doublement de ses partenariats au sein de projets communs de recherche, triplement du nombre de ses projets de recherche localisés en dehors de ses unités de recherche,
accroître le rayonnement international de l'Institut et contribuer à renforcer la communauté scientifique européenne dans le domaine des sciences et technologies de l'information et de la communication et sa représentation dans les grandes instances internationales,
mettre en place une politique de ressources humaines dynamique, améliorer le fonctionnement interne de l'Institut et renforcer son attractivité
Le gouvernement poursuit avec la signature de ce contrat quadriennal avec l'INRIA sa politique de contractualisation des organismes de recherche, qui permet de faire apparaître ses orientations, notamment en matière de gestion des ressources humaines et de valorisation de la recherche, ainsi que les objectifs chiffrés fixés à l'organisme en retour des moyens importants investis par l'Etat.
Nous croyons fondamentalement aux valeurs du débat, du dialogue et du contrat entre l'Etat et les organismes publics placés sous sa tutelle. Cette méthode contractuelle et consensuelle et le gage d'un engagement commun et résolu au service du progrès technologique dans notre pays.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 21 juillet 2000)