Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Vous m'avez invité aujourd'hui pour une opération qui est à mes yeux particulièrement exemplaire, voire même exceptionnelle.
Un groupe comme ACCOR joue un rôle fondamental de par le nombre de ses clients, de ses salariés, de ses implantations dans le monde entier. Vous aussi, vous devez apporter de l'écologie dans votre moteur économique. La lutte contre l'effet de serre, le tourisme durable, le commerce équitable, font désormais partie de votre stratégie. Vous avez, en la présence du président Espalioux, un ardent défenseur du développement durable, que je tiens à remercier chaleureusement.
Raccorder les panneaux photovoltaïques de cet hôtel IBIS, ici porte de Clichy, avec le réseau électrique d'EDF, c'est une étape forte, qui montre la réelle émergence aujourd'hui de l'énergie solaire comme un mode de production d'énergie viable et pérenne pour la France.
Cette opération est exemplaire, car des milliers de personnes, vos clients, les voisins du quartier, dans de nombreux hôtels du groupe ACCOR, auront l'opportunité de découvrir cette réalisation et pourront se dire " pourquoi pas moi ? ", " pourquoi ne pas faire de même dans mon habitation ? ".
C'est donc une étape, un exemple, qui va favoriser grandement la diffusion de cette technologie chez les particuliers.
Vous le savez, le développement des énergies renouvelables est pour moi une priorité et elles sont au coeur de mon action en tant que ministre de l'écologie. Elles sont la réponse la plus pérenne au problème crucial du changement climatique qui se pose à l'homme au XXIème siècle. Elles sont la réponse au défi énergétique que nous avons à relever.
Les Français plébiscitent le développement des énergies renouvelables, selon un sondage réalisé en juin dernier pour l'ADEME, l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. 98% de nos concitoyens sont favorables à ces énergies, 80% des personnes interrogées pensent que ce sont des énergies d'avenir. Elles sortent grandes gagnantes par rapport aux énergies traditionnelles.
Considérer, comme certains critiques l'on fait jusqu'à présent, que ces énergies sont trop " chères " c'est aujourd'hui faire preuve de myopie économique, de raisonnement à courte vue. Leur rentabilité s'améliore d'année en année, au fur et à mesure que les technologies progressent, et que les marchés se développent. Il faut les soutenir résolument, et raisonner en coût économique global : si on prend en compte tous les coûts environnementaux induits par les formes d'énergie traditionnelles ou fossiles, l'avantage des renouvelables est indiscutable.
La loi d'orientation sur l'énergie, discutée au Parlement cet année, fixe un cap, un objectif pour le développement de ces énergies. Nous devons atteindre, d'ici 2010, un taux de 21% d'électricité produite à partir d'énergies renouvelables.
Le Plan Climat que j'ai présenté au nom du Gouvernement le 22 juillet dernier, a mis en place les moyens d'atteindre cet objectif.
Ce plan va permettre d'économiser, à l'horizon 2010, 72 millions de tonnes d'émissions de gaz à effet de serre par an, sur les 565 que nous émettons chaque année, c'est-à-dire 13% d'économies, soit plus que l'effort exigé par le protocole de Kyoto.
C'est un plan qui trace la route pour le développement des énergies renouvelables en France :
- La première énergie renouvelable, si j'ose dire, c'est celle qui n'est pas consommée. L'engagement du Gouvernement dans la chasse au gaspi vient d'être confirmé ces derniers jours grâce à un plan gouvernemental présenté par le ministre des finances. Le ministère de l'écologie contribue à la chasse au gaspi à travers la campagne de l'ADEME " Faisons vite, ça chauffe ! ", que vous avez sans doute vu, qui sensibilise les Français aux gestes citoyens et aux économies d'énergie, campagne que j'ai lancée en avril dernier. Par exemple, je vous rappelle qu'il faut éteindre les appareils en veille.
- Vous avez aussi le domaine des transports, particulièrement concerné. Nous allons multiplier la production de biocarburants par trois d'ici 2007, passant de 400,000 tonnes annuelles à 1,200,000 tonnes.
- L'énergie éolienne, également, est encouragée dans le Plan Climat grâce à la mise en place du Comité éolien, dont j'ai souhaité la création pour nous doter d'une vision nationale. Le premier Comité éolien s'est tenu avec l'ensemble des préfets et des administrations concernées il y a quinze jours. Cela a permis de dégager des réponses aux blocages locaux qui peuvent parfois se présenter. Il faut accoutumer les Français à l'éolien et donner un nouveau souffle à cette énergie.
- Vous avez d'autres filières importantes telles que la biomasse, la géothermie, la transformation énergétique des déchets, qui sont activement développées grâce à l'action de terrain de l'ADEME.
- Enfin, et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, l'énergie solaire, et particulièrement l'énergie solaire dans l'habitat, tient une place prépondérante dans le Plan Climat.
Le bâtiment participe à 18% de nos émissions de gaz à effet de serre. C'est l'un des secteurs où les émissions sont en forte croissance. C'est aussi celui où les réductions d'émissions sont techniquement et économiquement possibles.
Grâce au Plan Climat, les Français bénéficieront au 1er janvier 2005 d'un nouveau crédit d'impôt de 40% pour tous les équipements utilisant des énergies renouvelables. Ainsi, les acheteurs de chauffe-eau solaires mais également de panneaux photovoltaïques seront remboursés de 40% du montant de leur investissement : c'est une incitation nouvelle, très forte, qui va simplifier tout le dispositif et créer un réel encouragement, dès 2005, à toute la filière.
Il faut, bien sûr, non seulement que ces équipements solaires reçoivent des incitations financières, mais aussi qu'ils soient largement diffusés par les professionnels.
Là encore, un travail de fond est mené par l'ADEME pour inclure ces appareils dans les offres des professionnels et pour développer ces offres. Le Plan Soleil que l'ADEME a lancé continue sa progression. L'intérêt des maîtres d'ouvrage, publics ou privés, particuliers, entreprises ou collectivités, se confirme et se traduit par un accroissement annuel des réalisations de 30 à 35 %. Le label Qualisol contribue à la visibilité, à la sûreté et à la qualité de la filière.
Il faut développer la formation et l'information à travers des organismes tels que les Chambres de métiers pour que les artisans, les installateurs connaissent parfaitement les énergies solaires et pour qu'eux-mêmes puissent mieux conseiller les particuliers que nous sommes. Il faut vraiment dynamiser toute la filière.
L'objectif que le Gouvernement a affiché est clair : nous devons atteindre, à l'horizon 2010, l'installation de 250 000 chauffe-eau solaires et de 50 000 toitures solaires thermiques et photovoltaïques par an. C'est l'objectif que nous avons affiché dans la version actuelle de la loi d'orientation sur l'énergie, et que nous tiendrons.
L'action de soutien au solaire s'inscrit, plus largement, dans le soutien au développement de l'écohabitat. Cela passe par trois axes :
- c'est d'abord l'habitat sans effet de serre. La recherche sur les bâtiments du futur, les bâtiments à énergie positive, doit s'engager. La création qui a eu lieu cette année d'une Fondation Bâtiment Energie avec un budget de 8 millions d'euros, et la création d'un réseau de recherche sur le bâtiment, doivent nous guider dans cette voie. L'ADEME participera et mènera, bien évidemment, cette stratégie de recherche.
- L'écohabitat c'est aussi, au delà de l'effet de serre, un habitat répondant à des règles de conception exigeantes sur un plan environnemental. La démarche HQE, menée aujourd'hui par l'association HQE, est très positive. Je la rencontrerai prochainement et j'aurai un dialogue avec les participants pour créer un véritable label national HQE pour que cette approche ambitieuse de l'habitat écologique se diffuse rapidement, à partir des bâtiments professionnels, vers l'habitat des particuliers.
Pour résumer l'ensemble de ces actions, il faut réconcilier l'écologie avec l'économie. Pour cela il faut inscrire l'écologie au cur de nos vies, au coeur de nos activités dans la société moderne. Lorsque nous nous déplaçons, lorsque nous voyageons, en vacances ou pour le travail, nous devons aussi contribuer à l'écologie.
Je tiens à nouveau à remercier le président Espalioux, pour l'engagement de son Groupe et de tous ses collaborateurs, dont nous avons la preuve vivante devant nous.
C'est avec des actions exemplaires comme la vôtre, que nous allons tous ensemble, Gouvernement, grandes et petites entreprises, associations, et avec tous les citoyens, réussir à relever ce qui, je crois, est le plus grand défi écologique du XXIème siècle, à savoir le défi du changement climatique.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 26 octobre 2004)