Texte intégral
QUESTION : Les députés UMP ont actuellement de nombreux états d'âme. Comment expliquez-vous ce sentiment ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : Il s'explique par deux raisons : la première tient à la situation d'attente dans laquelle se trouve l'UMP, qui est entièrement concentrée sur l'élection de son nouveau président. L'UMP ne peut donc pas occuper toute sa place sur le terrain, et nos députés souffrent de cette inefficacité politique dans les départements, où l'action des fédérations est entièrement tournée vers l'organisation du scrutin.
La deuxième raison est également conjoncturelle. Deux ans et demi après son arrivée au pouvoir, le gouvernement a un bilan considérable en termes de réformes profondes, régaliennes et sociales, mais aussi de mesures importantes pour la vie quotidienne, telles que la sécurité routière ou la lutte contre le cancer. Cette politique, dont les Français ne ressentent pas encore les bénéfices, tout en en éprouvant les contraintes nouvelles, pèse sur leur jugement à l'égard du gouvernement.
C'est ce qui crée une impression d'essoufflement de l'action gouvernementale. Dans ces conditions, il est normal qu'il y ait une attente d'une impulsion nouvelle, avec une feuille de route précise et audacieuse, qui doit être respectée, pour la seconde partie du quinquennat.
QUESTION : Faut-il, pour y parvenir, remanier en profondeur le gouvernement ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : La question des hommes ne se pose pas avec autant d'acuité que la nécessité d'avoir une politique clairement définie, même si, bien sûr, un remaniement ministériel interviendra fatalement un jour ou l'autre.
QUESTION : Etes-vous favorable à l'introduction d'une dose de proportionnelle aux élections législatives, comme le réclament notamment Jean-Louis Debré et le groupe UDF ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : Je ne vois aucun avantage à une modification du mode de scrutin législatif, dans le but d'y instiller - pour employer le terme que l'on utilise aussi quand on parle de poison - une part de proportionnelle, fût-elle à petite dose. Pourquoi la France serait-elle le seul pays à changer sans arrêt de loi électorale ?
Chacun sait que les plus vieilles démocraties du monde, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, n'ont pas changé leur mode de scrutin depuis deux cents ans. J'observe aussi qu'aux Etats-Unis les élections au Congrès ne se font pas à la proportionnelle, alors que dans ce pays les revendications des minorités sont particulièrement nombreuses.
Bien souvent, les tenants de la représentation proportionnelle ont davantage pour objectif de sauver leur groupe parlementaire, voire leur propre siège. Et ce mode de scrutin est toujours suspecté de vouloir contrer la volonté majoritaire du peuple ou d'empêcher l'électeur de choisir lui-même son député. D'autre part, il est impensable d'augmenter encore le nombre de députés, avec une dose de proportionnelle, quand notre credo est la maîtrise de la dépense publique.
QUESTION : L'UDF vient de voter contre la loi de financement de la Sécurité sociale. Les centristes ont-ils, selon vous, franchi la ligne jaune ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : Il y a dans l'attitude de l'UDF une certaine forme de trahison de l'électorat de droite. Quand on élit un député, ce n'est pas pour qu'il s'oppose constamment au gouvernement qu'il prétend soutenir. On peut d'ores et déjà dire que depuis le début de la législature l'attitude de l'UDF aura davantage compliqué l'action du gouvernement qu'elle ne l'aura aidée.
QUESTION : Faut-il réviser la loi de 1905 sur la laïcité, comme le suggère Nicolas Sarkozy dans son dernier livre ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : Je ne crois pas qu'il faille revenir sur une loi qui a mis un terme à plus d'un siècle de " guerres de religions ". Mais il est possible d'apporter, dans un consensus politique, des réponses concrètes touchant à la pratique des cultes autrement que par la révision de la loi de 1905, qui fait partie de notre pacte républicain.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 8 novembre 2004)
Bernard ACCOYER (Réponse) : Il s'explique par deux raisons : la première tient à la situation d'attente dans laquelle se trouve l'UMP, qui est entièrement concentrée sur l'élection de son nouveau président. L'UMP ne peut donc pas occuper toute sa place sur le terrain, et nos députés souffrent de cette inefficacité politique dans les départements, où l'action des fédérations est entièrement tournée vers l'organisation du scrutin.
La deuxième raison est également conjoncturelle. Deux ans et demi après son arrivée au pouvoir, le gouvernement a un bilan considérable en termes de réformes profondes, régaliennes et sociales, mais aussi de mesures importantes pour la vie quotidienne, telles que la sécurité routière ou la lutte contre le cancer. Cette politique, dont les Français ne ressentent pas encore les bénéfices, tout en en éprouvant les contraintes nouvelles, pèse sur leur jugement à l'égard du gouvernement.
C'est ce qui crée une impression d'essoufflement de l'action gouvernementale. Dans ces conditions, il est normal qu'il y ait une attente d'une impulsion nouvelle, avec une feuille de route précise et audacieuse, qui doit être respectée, pour la seconde partie du quinquennat.
QUESTION : Faut-il, pour y parvenir, remanier en profondeur le gouvernement ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : La question des hommes ne se pose pas avec autant d'acuité que la nécessité d'avoir une politique clairement définie, même si, bien sûr, un remaniement ministériel interviendra fatalement un jour ou l'autre.
QUESTION : Etes-vous favorable à l'introduction d'une dose de proportionnelle aux élections législatives, comme le réclament notamment Jean-Louis Debré et le groupe UDF ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : Je ne vois aucun avantage à une modification du mode de scrutin législatif, dans le but d'y instiller - pour employer le terme que l'on utilise aussi quand on parle de poison - une part de proportionnelle, fût-elle à petite dose. Pourquoi la France serait-elle le seul pays à changer sans arrêt de loi électorale ?
Chacun sait que les plus vieilles démocraties du monde, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, n'ont pas changé leur mode de scrutin depuis deux cents ans. J'observe aussi qu'aux Etats-Unis les élections au Congrès ne se font pas à la proportionnelle, alors que dans ce pays les revendications des minorités sont particulièrement nombreuses.
Bien souvent, les tenants de la représentation proportionnelle ont davantage pour objectif de sauver leur groupe parlementaire, voire leur propre siège. Et ce mode de scrutin est toujours suspecté de vouloir contrer la volonté majoritaire du peuple ou d'empêcher l'électeur de choisir lui-même son député. D'autre part, il est impensable d'augmenter encore le nombre de députés, avec une dose de proportionnelle, quand notre credo est la maîtrise de la dépense publique.
QUESTION : L'UDF vient de voter contre la loi de financement de la Sécurité sociale. Les centristes ont-ils, selon vous, franchi la ligne jaune ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : Il y a dans l'attitude de l'UDF une certaine forme de trahison de l'électorat de droite. Quand on élit un député, ce n'est pas pour qu'il s'oppose constamment au gouvernement qu'il prétend soutenir. On peut d'ores et déjà dire que depuis le début de la législature l'attitude de l'UDF aura davantage compliqué l'action du gouvernement qu'elle ne l'aura aidée.
QUESTION : Faut-il réviser la loi de 1905 sur la laïcité, comme le suggère Nicolas Sarkozy dans son dernier livre ?
Bernard ACCOYER (Réponse) : Je ne crois pas qu'il faille revenir sur une loi qui a mis un terme à plus d'un siècle de " guerres de religions ". Mais il est possible d'apporter, dans un consensus politique, des réponses concrètes touchant à la pratique des cultes autrement que par la révision de la loi de 1905, qui fait partie de notre pacte républicain.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 8 novembre 2004)