Interview de M. Jean-Luc Cazettes, président de la CFE CGC à RMC le 5 novembre 2003, sur le plan "vieillissement et solidarité" du gouvernement, notamment la cotisation affectée aux personnes âgées, ainsi que la suppression d'un jour férié.

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Texte intégral

O. Truchot-. C'est l'ouverture, dans quelques heures, du 32ème congrès de la CGC à Issy-les-Moilineaux. Lundi de Pentecôte ou jour de RTT ? Je vous pose la question, parce que J.-P. Raffarin doit annoncer incessamment sous peu son plan "Vieillissement et solidarité". Ce qui semble acquis, c'est que le Gouvernement va demander aux salariés de travailler un jour supplémentaire ; la question est de savoir lequel. Hier, le ministre du Budget, A. Lambert, laissait entendre que cela pouvait être tout aussi bien un jour férié qu'un jour de RTT ; alors lundi de Pentecôte ou RTT ?
- "C'est un peu secondaire. Ce qui est important, c'est de savoir si dans ce plan "Vieillissement" que l'on va mettre en place, on va vraiment avoir un véritable risque - le 5ème risque - de la Sécurité sociale de façon à ce qu'il y ait des cotisations affectées. Moi, je ne veux pas que l'on recommence le coup de la vignette des vieux et que, soit disant, ce jour de congé ou de RTT ou de lundi de Pentecôte, ou la cotisation, etc. ça aille dans le budget global et puis que demain on s'en serve éventuellement pour un porte-avions nucléaire ou quoi que ce soit. Je veux qu'il y ait un risque affecté, une cotisation affectée. A partir de là, on peut décider de savoir, premièrement, si toute la société paie cette cotisation - il n'y a aucune raison que ce soit les seuls salariés, les entreprises doivent payer, les revenus de remplacement. A partir de là, je me demande effectivement s'il vaut mieux payer une cotisation et avoir moins d'argent à dépenser, ou prendre un jour de RTT ou le lundi de Pentecôte. C'est un débat qui est ouvert."
Les cadres sont-ils prêts à travailler un jour de plus pour aider les personnes âgées ? [Réaction à l'antenne d'un auditeur, cadre]. Vous aviez dit que l'on s'occupe de la France d'en bas, de celle d'en haut mais que l'on oublie la France du milieu, celle des cadres.
- "Ce n'est pas qu'on l'oublie, c'est que quand la France d'en haut se penche sur la France d'en bas, elle écrase la France du milieu ; c'est plutôt ça le problème. Le problème est de savoir comment on va payer et financer cette dette pour les personnes âgées. Nous, nous disons que cela ne peut pas être uniquement avec les salariés et avec les cadres en particulier, que ce soit un jour de congé ou autre. Il faut un financement qui pèse sur tout le monde. Ensuite, on pourra discuter."
Raffarin pourrait aussi laisser le choix aux entreprises et faire preuve de souplesse. Chaque entreprise ou chaque branche professionnelle pourrait choisir le jour qu'elle donne à la cause des personnes âgées. Qu'en pensez vous ?
- "Vous rendez vous compte un peu de la catastrophe que cela va donner, si chacun fait son jour de congé dans son coin, au niveau des transports, des commerces, on va tout chambouler... On ne peut pas s'amuser à faire des choses aussi improvisées que ça. Si on a une cotisation ou un jour de congé en moins, je ne veux pas que ce soit un jour de congé qui soit supprimé - le lundi de Pentecôte ou n'importe lequel - sans que l'on ait aucune garantie, parce qu'à ce moment-là, c'est très simple. Si c'est un jour où on va travailler sans être payé, il suffit de déclencher une grève générale ce jour-là, et du coup, on n'ira pas travailler, on ne sera pas payé, et cela ne changera rien."
Certains appellent déjà à faire grève le lundi de Pentecôte.
- "Ben oui ! Mais il faut être sérieux : on ne peut pas s'amuser à dire que chacun va prendre son jour dans son petit coin, il faut un financement ! Ensuite, on discute : est-ce que c'est une cotisation, un jour supprimé ? Le débat est ouvert, mais il faut un financement, tout le monde en est conscient."
[...]
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 novembre 2003)