Texte intégral
Chers amis ! J'aime beaucoup cette manifestation, c'est la seule à laquelle je puisse assister, où j'ai à la fois le temps de détruire mon discours et trouver dans le propos des orateurs précédents, de quoi construire mon propos. Je voudrais les remercier les uns et les autres. D'abord vous dire que ce lieu est un lieu magique, je salue R. Hossein, je salue F. Pinault. Mathieu, tout à l'heure, parlait de cur et de conscience et je crois que le théâtre c'est le lieu de la rencontre du cur et de la conscience et je vois là, chez Alain-Dominique PERRIN, une pertinence supplémentaire pour les actions qu'il engage. Je voudrais dire d'abord à tous les jeunes qui sont là : ils entendent parler d'ambition, de pouvoir d'argent, de hiérarchie ;la plupart d'entre nous, nous sommes là par affection ; ça compte. Moi je suis là notamment par affection pour ce que fait Alain-Dominique. Je le respecte profondément. Et dans la vie personnelle et professionnelle, l'affection, ça compte énormément et je voulais te l'exprimer, mon cher Alain-Dominique.
Je crois que ce que vous exprimez ici est très important pour notre pays : c'est le goût de l'avenir. C'est la capacité à vaincre les peurs, à construire. Cela peut être une page blanche, cela peut-être une forme très différente de création, mais c'est une capacité à se rassembler aujourd'hui autour de ce thème. Quand je vois tous les créateurs qui sont là, toutes formes de création d'entreprises, d'artistes, de gastronomie, d'écrivains, de voileux ", de mots, mon cher Jacques SEGUELA, créateur de mots, créateur d'idées. Il y en a qui méprisent la communication, je ne la méprise pas puisque tu me l'as apprise. Il y a derrière toujours des idées plus grandes que ce à quoi on veut souvent l'enfermer ; ce n'est quelquefois que le fond qui remonte à la surface. Mais je voudrais dire à tous ces créateurs que notre pays a besoin d'eux.
La France, dans le monde du 21ème siècle : ce ne sera pas un monde dans lequel nous existerons si nous restons sur des voies de standardisation, sur des voies de banalisation, sur des voies de concentration. Nous serons nous, si nous croyons à nos idées, à nos différences, à cette capacité d'inventer au sein de l'Europe des idées, d'exprimer des talents, de faire que, dans l'économie, on ajoute de l'humain. C'est ça, la voie qui est la nôtre, c'est-à-dire la voie de la création. Pour reprendre ce que disait Mathieu tout à l'heure, je crois que le goût de l'avenir, c'est à la fois le cur de la création et la confiance du temps. Le cur de la création, c'est un élément très important parce que l'amour est plus créateur que la peur et ce qui menace nos sociétés, ce sont les peurs. C'est tout ce qui nous conduit au repli, à nous renfermer sur nous-mêmes, à confondre l'amour avec la nostalgie, à se laisser enfermer soi-même dans de multiples carcans qui parfois peuvent même conduire à des idées sombres. Il faut donc engager tout son cur dans la création, dans cette valeur humaine ajoutée qui est indispensable, je le crois, non seulement au projet collectif, à la société, à la Nation, mais aussi à la personne. Je crois qu'il est très important de faire dans une politique économique ce que nous voulons faire en ce moment, de la création une priorité. Il est très intéressant de voir que, malgré les difficultés de croissance aujourd'hui, la création d'entreprises se développe dans notre pays. Et ça, c'est vraiment le goût de l'avenir. On est à plus de 26.000 créations par mois ; on a dépassé les objectifs qui étaient les nôtres, 200.000 par an, un million sur la législature, nous les dépasserons. Madame, Monsieur le Député, vous qui êtes aussi des créateurs, créateurs de lois, créateurs de liens, nous sommes dans cette situation aujourd'hui où l'on voit la création d'entreprises repartir dans notre pays. C'est un signe de ce goût de l'avenir pour lequel ils nous faut militer. C'est, je crois, très important de s'engager tous dans cette démarche qui passe naturellement par l'intelligence, par la formation, à l'EDC, aussi éventuellement ailleurs, mais dans les lieux où on fait confiance à la personne en pensant qu'elle a la capacité, à l'intérieur d'elle-même, de se dépasser, d'aller chercher sa propre force pour construire son propre avenir. C'est ça, la formation. La formation ce n'est pas réciter, c'est se construire, c'est aller chercher, au plus profond de soi, ce goût de l'avenir et cette force du futur qui existent dans tout individu, y compris quand il met cinquante ans à pouvoir épanouir. Mais dès le début ces forces-là existent et c'est la mission de la formation et c'est la mission de l'école de responsabilité que vous développez avec l'EDC.
Je voudrais vraiment dire combien la création doit être une priorité y compris aujourd'hui dire aux chercheurs, qu'ils ne soient pas inquiets. La France fait le choix de la Recherche, le choix de l'innovation. La première pathologie de notre pays en matière de recherche c'est la faiblesse de la recherche privée. Nous sommes parmi l'un des pays les plus en retard en matière de recherche privée ; c'est pour cela que nous avons multiplié par sept dans le budget 2004 le nombre d'entreprises qui vont avoir droit au crédit innovation-recherche, le crédit qui va pouvoir permettre la déduction fiscale : crédit impôt Recherche, qui non seulement va pouvoir autoriser la déduction du surplus, mais du total, mais pas seulement le flux mais aussi le stock, ce qui est très nouveau dans cette réforme. D'abord faisons en sorte de développer la recherche, que les chercheurs aient confiance dans l'Etat. Ce n'est pas parce que nous souhaitons moderniser le pilotage dans de grands organismes, ce n'est pas parce que nous voulons combattre un peu la bureaucratie qui a quelquefois envahi le processus de Recherche et qui n'a pas toujours permis à l'ensemble de s'exprimer Nous voulons et nous atteindrons les objectifs fixés par le président de la République en matière de Recherche. C'est pour cela que nous préparons pour l'automne cette loi essentielle pour l'avenir de la recherche de notre pays. Un pays qui veut avoir le goût de l'avenir a forcément le goût de la formation, le goût de l'innovation, le goût de l'expression du talent et le choix de la recherche, mais une recherche diversifiée, une Recherche qui ne veut l'obole de personne, une Recherche partagée dans tout le pays, par le privé, par le public et dans le public, par de nombreuses formes d'intervention. C'est cela que nous voulons faire et donc nous sommes déterminés à faire en sorte que le cur de la création puisse s'exprimer en France.
Je voudrais dire aussi que ce goût de l'avenir est fondé sur la conscience du temps. C'est un élément très important avec des valeurs qu'il nous faut mettre vraiment en avant. Je pense à ces valeurs essentielles qu'on oublie souvent dans notre société ; je pense à celle de la fidélité. Cette valeur de la fidélité dans la société, fidélité à ses convictions, fidélité à ses amis, fidélité à ses engagements, fidélité à soi-même. Fidélité, cela ne veut pas dire qu'on s'enferme dans ce que l'on est, mais cela veut dire qu'on assume. Cette valeur " fidélité " que, souvent, on oublie de mesurer, y compris dans la carrière et dans la promotion sociale. Combien de gens à la sortie d'une promotion s'imagine que l'on peut aujourd'hui faire carrière simplement en zappant et en multipliant le zapping. Non, on voit souvent à la sortie d'une promotion, dix ans après, quinze ans, après, des gens qui dans la durée - parce qu'ils ont choisi la fidélité - ont pu faire des parcours formidables. C'est un élément très important cette fidélité. On peut même avoir des idées politiques différentes et être fidèle, être capable de dépasser ces choses-là. Je pense que cela fait partie de cette capacité de mettre du temps de la relation humaine, d'être fidèle à ce qu'on est, être français et arménien à la fois, être complètement à l'aise dans cette fidélité à soi-même. Et je pense qu'il faut dire aux jeunes que cette promesse du zapping n'est pas la promesse de l'avenir et le goût de l'avenir a besoin de ces valeurs. Edgar Morin dit ça joliment : " Quand l'immédiat dévore, l'esprit dérive. " Je crois que c'est très important d'avoir cela en tête. Cette fidélité et cette capacité naturellement d'avoir conscience, conscience de la société, conscience de ses difficultés, c'est cette lucidité qu'il faut aussi évidemment développer. A. Finkielkraut dit : " Etre moderne, c'est être mécontent. " On a entendu, à cette tribune, tout à l'heure des mécontents, ils sont modernes. C'est vrai que la satisfaction n'est pas forcément moderne. Et c'est vrai qu'on trouve, dans le mécontentement, la capacité d'agir, cette capacité à avoir conscience des difficultés, conscience des défis que l'on a à surmonter. Il ne faut pas croire que l'action d'entreprendre est une action facile. Il ne faut pas promettre le métier d'entrepreneur comme un métier de facilité ; c'est un métier qui exige des capacités et donc de la lucidité, cette conscience des difficultés, cette conscience de l'environnement, cette capacité à inscrire le temps, dans notre avenir.
Je vois un sujet très important aujourd'hui qui fera débat au début du mois d'avril, quand nous inscrirons dans le débat parlementaire : la charte de l'environnement dans la Constitution. Quand nous parlons du principe de précaution, nous verrons ceux qui sont inquiets à quinze jours, à dix ans, à quinze ans. Puis nous verrons aussi ceux qui pensent à l'avenir de notre planète, à la capacité aujourd'hui qu'a l'humanité de détruire son espace. Nous avons aujourd'hui les mains capables, et par la génétique et par la non-conscience de l'environnement, la non-conscience du temps, d'être les meurtriers de nous-mêmes. Cette conscience-là, elle doit naturellement nous animer, elle doit animer notre action et notre capacité d'entreprendre, oui, le cur de l'action mais aussi la conscience du temps, la capacité d'inscrire nos actions dans des perspectives qui sont plus grandes que nous-mêmes.
C'est là où, je crois, chacun peut trouver de l'énergie, de l'espace d'imagination et aussi une certaine dimension supérieure à l'individu qui est une source d'énergie et de développement. Cette fidélité, cette conscience lucide de la durabilité de nos actions et aussi, évidemment - je termine par-là - la conscience de l'autre. Je mesure bien que, dans l'acte de création, notamment, dans cette nécessité d'équilibrer gouvernance et éthique, il y a la nécessité d'équilibrer le "je", le "tu", la capacité de se connaître soi-même, d'aller au fond de son identité. Quand on va au fond de son identité, on y trouve souvent la fragilité, celle du monde et celle de soi-même et c'est là que l'on trouve l'utilité de l'autre. C'est face à cette identification de sa fragilité personnelle qu'on a besoin de l'autre, car rarement finalement l'entreprise est une entreprise complètement individuelle. C'est souvent une démarche partagée, c'est une démarche qui, par la conscience de l'identité, appelle l'ouverture et la conscience de l'autre.
Je voudrais dire à tous ceux et toutes celles qui veulent s'engager dans l'acte de création, combien cette idée aujourd'hui que nous devons développer, je dirais du " social durable ", c'est-à-dire la conscience que le projet est collectif et qu'il doit être durablement collectif. C'est-à-dire que le social, ce n'est pas cette charité business, ce n'est pas cette conception de "je donne, puis j'oublie", ce n'est pas le statut parking, ce n'est pas la prestation non financée, ce n'est pas les impasses démographiques niées, c'est de regarder la situation et de se dire que les retraites, quand à un moment on s'aperçoit - et on s'en est aperçu depuis un certain temps -, que ceux qui paient sont de moins en moins nombreux et que ceux qui touchent sont de plus en plus nombreux, il faut bien surmonter l'impasse. Il faut bien faire les efforts nécessaires. Cette impasse, elle est dans la société, il faut la surmonter. Nous l'avons surmontée, comme nous surmonterons l'impasse en matière de dépenses de santé, parce que nous voyons bien que le besoin de santé fait partie de la société et qu'il se développera. Il faut qu'on trouve les moyens puisqu'il y a le vieillissement, puisqu'il y a notre volonté de combattre toutes les maladies et puisqu'une petite fille sur deux qui naît aujourd'hui va vivre jusqu'à cent ans et que cela, nous voulons que ce soit un bonheur, et non pas une difficulté sociale. Et donc ce bonheur-là il faut l'anticiper et donc il faut construire cette idée de " social durable ", cette idée qui est très importante pour notre " vivre ensemble ", pour cette capacité d'être, dans la démarche professionnelle, capable de penser l'avenir. Il y a des métiers qui ont cultivé ces valeurs - je vois des très grands noms de la restauration ici. Souvent, par les formes de l'apprentissage, par les formes de la maîtrise du métier, on a mis cette notion de la durabilité avec les étapes à franchir pour atteindre la maîtrise du métier. Je crois qu'il est très important d'avoir cette notion du " social durable ", cette capacité qu'on a dans un pays, de lutter contre tout ce qui est peut-être éphémère et douloureux. La bohème n'est pas une galère. Il ne faut pas que la bohème soit la galère. Il faut combattre la galère. il faut faire en sorte que nous soyons contre ces ruptures d'avenir que sont les précarités.
J'ai entendu le débat qui se développait ce matin à propos d'initiatives d'un rapport commandé par le Gouvernement et que le gouvernement va soumettre aux partenaires sociaux. Mais je tiens à dire dès le départ : mon Gouvernement est l'adversaire de la précarité, parce qu'il joue la stratégie, la carte du " durable social ", du " social durable ", c'est-à-dire de cette conscience du temps, parce qu'il faut cette " rassurance " sur l'avenir pour construire. Pour bâtir il faut cette perspective, ce goût de l'avenir. Je crois vraiment que tout à l'heure, cela nous a été dit dans des mots chaleureux à propos du cur et de la conscience. Et puis, à propos du commerce équitable. Je voudrais rassurer Alexis : j'ai entendu son message, il faut dire qu'il avait été répété. Mais c'est vrai que, quelquefois, on n'entend pas le premier appel, donc il est bon de le dire, mais je trouve très beau que finalement cette manifestation puisse rassembler ces deux prénoms, celui d'Alexis et celui qui nous a été présenté tout à l'heure par D. Lapierre, Ashou. Alexis et Ashou nous disent que, finalement, l'avenir ,c'est l'alter ego".
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 janvier 2004)
Je crois que ce que vous exprimez ici est très important pour notre pays : c'est le goût de l'avenir. C'est la capacité à vaincre les peurs, à construire. Cela peut être une page blanche, cela peut-être une forme très différente de création, mais c'est une capacité à se rassembler aujourd'hui autour de ce thème. Quand je vois tous les créateurs qui sont là, toutes formes de création d'entreprises, d'artistes, de gastronomie, d'écrivains, de voileux ", de mots, mon cher Jacques SEGUELA, créateur de mots, créateur d'idées. Il y en a qui méprisent la communication, je ne la méprise pas puisque tu me l'as apprise. Il y a derrière toujours des idées plus grandes que ce à quoi on veut souvent l'enfermer ; ce n'est quelquefois que le fond qui remonte à la surface. Mais je voudrais dire à tous ces créateurs que notre pays a besoin d'eux.
La France, dans le monde du 21ème siècle : ce ne sera pas un monde dans lequel nous existerons si nous restons sur des voies de standardisation, sur des voies de banalisation, sur des voies de concentration. Nous serons nous, si nous croyons à nos idées, à nos différences, à cette capacité d'inventer au sein de l'Europe des idées, d'exprimer des talents, de faire que, dans l'économie, on ajoute de l'humain. C'est ça, la voie qui est la nôtre, c'est-à-dire la voie de la création. Pour reprendre ce que disait Mathieu tout à l'heure, je crois que le goût de l'avenir, c'est à la fois le cur de la création et la confiance du temps. Le cur de la création, c'est un élément très important parce que l'amour est plus créateur que la peur et ce qui menace nos sociétés, ce sont les peurs. C'est tout ce qui nous conduit au repli, à nous renfermer sur nous-mêmes, à confondre l'amour avec la nostalgie, à se laisser enfermer soi-même dans de multiples carcans qui parfois peuvent même conduire à des idées sombres. Il faut donc engager tout son cur dans la création, dans cette valeur humaine ajoutée qui est indispensable, je le crois, non seulement au projet collectif, à la société, à la Nation, mais aussi à la personne. Je crois qu'il est très important de faire dans une politique économique ce que nous voulons faire en ce moment, de la création une priorité. Il est très intéressant de voir que, malgré les difficultés de croissance aujourd'hui, la création d'entreprises se développe dans notre pays. Et ça, c'est vraiment le goût de l'avenir. On est à plus de 26.000 créations par mois ; on a dépassé les objectifs qui étaient les nôtres, 200.000 par an, un million sur la législature, nous les dépasserons. Madame, Monsieur le Député, vous qui êtes aussi des créateurs, créateurs de lois, créateurs de liens, nous sommes dans cette situation aujourd'hui où l'on voit la création d'entreprises repartir dans notre pays. C'est un signe de ce goût de l'avenir pour lequel ils nous faut militer. C'est, je crois, très important de s'engager tous dans cette démarche qui passe naturellement par l'intelligence, par la formation, à l'EDC, aussi éventuellement ailleurs, mais dans les lieux où on fait confiance à la personne en pensant qu'elle a la capacité, à l'intérieur d'elle-même, de se dépasser, d'aller chercher sa propre force pour construire son propre avenir. C'est ça, la formation. La formation ce n'est pas réciter, c'est se construire, c'est aller chercher, au plus profond de soi, ce goût de l'avenir et cette force du futur qui existent dans tout individu, y compris quand il met cinquante ans à pouvoir épanouir. Mais dès le début ces forces-là existent et c'est la mission de la formation et c'est la mission de l'école de responsabilité que vous développez avec l'EDC.
Je voudrais vraiment dire combien la création doit être une priorité y compris aujourd'hui dire aux chercheurs, qu'ils ne soient pas inquiets. La France fait le choix de la Recherche, le choix de l'innovation. La première pathologie de notre pays en matière de recherche c'est la faiblesse de la recherche privée. Nous sommes parmi l'un des pays les plus en retard en matière de recherche privée ; c'est pour cela que nous avons multiplié par sept dans le budget 2004 le nombre d'entreprises qui vont avoir droit au crédit innovation-recherche, le crédit qui va pouvoir permettre la déduction fiscale : crédit impôt Recherche, qui non seulement va pouvoir autoriser la déduction du surplus, mais du total, mais pas seulement le flux mais aussi le stock, ce qui est très nouveau dans cette réforme. D'abord faisons en sorte de développer la recherche, que les chercheurs aient confiance dans l'Etat. Ce n'est pas parce que nous souhaitons moderniser le pilotage dans de grands organismes, ce n'est pas parce que nous voulons combattre un peu la bureaucratie qui a quelquefois envahi le processus de Recherche et qui n'a pas toujours permis à l'ensemble de s'exprimer Nous voulons et nous atteindrons les objectifs fixés par le président de la République en matière de Recherche. C'est pour cela que nous préparons pour l'automne cette loi essentielle pour l'avenir de la recherche de notre pays. Un pays qui veut avoir le goût de l'avenir a forcément le goût de la formation, le goût de l'innovation, le goût de l'expression du talent et le choix de la recherche, mais une recherche diversifiée, une Recherche qui ne veut l'obole de personne, une Recherche partagée dans tout le pays, par le privé, par le public et dans le public, par de nombreuses formes d'intervention. C'est cela que nous voulons faire et donc nous sommes déterminés à faire en sorte que le cur de la création puisse s'exprimer en France.
Je voudrais dire aussi que ce goût de l'avenir est fondé sur la conscience du temps. C'est un élément très important avec des valeurs qu'il nous faut mettre vraiment en avant. Je pense à ces valeurs essentielles qu'on oublie souvent dans notre société ; je pense à celle de la fidélité. Cette valeur de la fidélité dans la société, fidélité à ses convictions, fidélité à ses amis, fidélité à ses engagements, fidélité à soi-même. Fidélité, cela ne veut pas dire qu'on s'enferme dans ce que l'on est, mais cela veut dire qu'on assume. Cette valeur " fidélité " que, souvent, on oublie de mesurer, y compris dans la carrière et dans la promotion sociale. Combien de gens à la sortie d'une promotion s'imagine que l'on peut aujourd'hui faire carrière simplement en zappant et en multipliant le zapping. Non, on voit souvent à la sortie d'une promotion, dix ans après, quinze ans, après, des gens qui dans la durée - parce qu'ils ont choisi la fidélité - ont pu faire des parcours formidables. C'est un élément très important cette fidélité. On peut même avoir des idées politiques différentes et être fidèle, être capable de dépasser ces choses-là. Je pense que cela fait partie de cette capacité de mettre du temps de la relation humaine, d'être fidèle à ce qu'on est, être français et arménien à la fois, être complètement à l'aise dans cette fidélité à soi-même. Et je pense qu'il faut dire aux jeunes que cette promesse du zapping n'est pas la promesse de l'avenir et le goût de l'avenir a besoin de ces valeurs. Edgar Morin dit ça joliment : " Quand l'immédiat dévore, l'esprit dérive. " Je crois que c'est très important d'avoir cela en tête. Cette fidélité et cette capacité naturellement d'avoir conscience, conscience de la société, conscience de ses difficultés, c'est cette lucidité qu'il faut aussi évidemment développer. A. Finkielkraut dit : " Etre moderne, c'est être mécontent. " On a entendu, à cette tribune, tout à l'heure des mécontents, ils sont modernes. C'est vrai que la satisfaction n'est pas forcément moderne. Et c'est vrai qu'on trouve, dans le mécontentement, la capacité d'agir, cette capacité à avoir conscience des difficultés, conscience des défis que l'on a à surmonter. Il ne faut pas croire que l'action d'entreprendre est une action facile. Il ne faut pas promettre le métier d'entrepreneur comme un métier de facilité ; c'est un métier qui exige des capacités et donc de la lucidité, cette conscience des difficultés, cette conscience de l'environnement, cette capacité à inscrire le temps, dans notre avenir.
Je vois un sujet très important aujourd'hui qui fera débat au début du mois d'avril, quand nous inscrirons dans le débat parlementaire : la charte de l'environnement dans la Constitution. Quand nous parlons du principe de précaution, nous verrons ceux qui sont inquiets à quinze jours, à dix ans, à quinze ans. Puis nous verrons aussi ceux qui pensent à l'avenir de notre planète, à la capacité aujourd'hui qu'a l'humanité de détruire son espace. Nous avons aujourd'hui les mains capables, et par la génétique et par la non-conscience de l'environnement, la non-conscience du temps, d'être les meurtriers de nous-mêmes. Cette conscience-là, elle doit naturellement nous animer, elle doit animer notre action et notre capacité d'entreprendre, oui, le cur de l'action mais aussi la conscience du temps, la capacité d'inscrire nos actions dans des perspectives qui sont plus grandes que nous-mêmes.
C'est là où, je crois, chacun peut trouver de l'énergie, de l'espace d'imagination et aussi une certaine dimension supérieure à l'individu qui est une source d'énergie et de développement. Cette fidélité, cette conscience lucide de la durabilité de nos actions et aussi, évidemment - je termine par-là - la conscience de l'autre. Je mesure bien que, dans l'acte de création, notamment, dans cette nécessité d'équilibrer gouvernance et éthique, il y a la nécessité d'équilibrer le "je", le "tu", la capacité de se connaître soi-même, d'aller au fond de son identité. Quand on va au fond de son identité, on y trouve souvent la fragilité, celle du monde et celle de soi-même et c'est là que l'on trouve l'utilité de l'autre. C'est face à cette identification de sa fragilité personnelle qu'on a besoin de l'autre, car rarement finalement l'entreprise est une entreprise complètement individuelle. C'est souvent une démarche partagée, c'est une démarche qui, par la conscience de l'identité, appelle l'ouverture et la conscience de l'autre.
Je voudrais dire à tous ceux et toutes celles qui veulent s'engager dans l'acte de création, combien cette idée aujourd'hui que nous devons développer, je dirais du " social durable ", c'est-à-dire la conscience que le projet est collectif et qu'il doit être durablement collectif. C'est-à-dire que le social, ce n'est pas cette charité business, ce n'est pas cette conception de "je donne, puis j'oublie", ce n'est pas le statut parking, ce n'est pas la prestation non financée, ce n'est pas les impasses démographiques niées, c'est de regarder la situation et de se dire que les retraites, quand à un moment on s'aperçoit - et on s'en est aperçu depuis un certain temps -, que ceux qui paient sont de moins en moins nombreux et que ceux qui touchent sont de plus en plus nombreux, il faut bien surmonter l'impasse. Il faut bien faire les efforts nécessaires. Cette impasse, elle est dans la société, il faut la surmonter. Nous l'avons surmontée, comme nous surmonterons l'impasse en matière de dépenses de santé, parce que nous voyons bien que le besoin de santé fait partie de la société et qu'il se développera. Il faut qu'on trouve les moyens puisqu'il y a le vieillissement, puisqu'il y a notre volonté de combattre toutes les maladies et puisqu'une petite fille sur deux qui naît aujourd'hui va vivre jusqu'à cent ans et que cela, nous voulons que ce soit un bonheur, et non pas une difficulté sociale. Et donc ce bonheur-là il faut l'anticiper et donc il faut construire cette idée de " social durable ", cette idée qui est très importante pour notre " vivre ensemble ", pour cette capacité d'être, dans la démarche professionnelle, capable de penser l'avenir. Il y a des métiers qui ont cultivé ces valeurs - je vois des très grands noms de la restauration ici. Souvent, par les formes de l'apprentissage, par les formes de la maîtrise du métier, on a mis cette notion de la durabilité avec les étapes à franchir pour atteindre la maîtrise du métier. Je crois qu'il est très important d'avoir cette notion du " social durable ", cette capacité qu'on a dans un pays, de lutter contre tout ce qui est peut-être éphémère et douloureux. La bohème n'est pas une galère. Il ne faut pas que la bohème soit la galère. Il faut combattre la galère. il faut faire en sorte que nous soyons contre ces ruptures d'avenir que sont les précarités.
J'ai entendu le débat qui se développait ce matin à propos d'initiatives d'un rapport commandé par le Gouvernement et que le gouvernement va soumettre aux partenaires sociaux. Mais je tiens à dire dès le départ : mon Gouvernement est l'adversaire de la précarité, parce qu'il joue la stratégie, la carte du " durable social ", du " social durable ", c'est-à-dire de cette conscience du temps, parce qu'il faut cette " rassurance " sur l'avenir pour construire. Pour bâtir il faut cette perspective, ce goût de l'avenir. Je crois vraiment que tout à l'heure, cela nous a été dit dans des mots chaleureux à propos du cur et de la conscience. Et puis, à propos du commerce équitable. Je voudrais rassurer Alexis : j'ai entendu son message, il faut dire qu'il avait été répété. Mais c'est vrai que, quelquefois, on n'entend pas le premier appel, donc il est bon de le dire, mais je trouve très beau que finalement cette manifestation puisse rassembler ces deux prénoms, celui d'Alexis et celui qui nous a été présenté tout à l'heure par D. Lapierre, Ashou. Alexis et Ashou nous disent que, finalement, l'avenir ,c'est l'alter ego".
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 janvier 2004)