Texte intégral
J.-M. Aphatie : Bonjour Xavier Darcos.
(Réponse) Xavier Darcos : Bonjour.
J.-M. Aphatie : Ce n'est pas une surprise mais c'est officiel depuis hier, F. Bayrou, le président de l'UDF, est candidat en Aquitaine à l'occasion des élections régionales de mars. La région Aquitaine, rappelons-le, est actuellement dirigée par le socialiste A. Rousset. F. Bayrou est candidat en Aquitaine contre vous, X. Darcos, qui porterez dans cette élection les couleurs de l'UMP. Pourquoi n'avez-vous pas pu vous entendre avec F. Bayrou, X. Darcos ?
(Réponse) Xavier Darcos : C'est une question qu'il faut poser à F. Bayrou.
Question : Mais je vous la pose à vous.
(Réponse) Xavier Darcos : Eh bien, sans doute parce que F. Bayrou a une autre logique, un autre projet, une autre tactique. En tous les cas, ce qui est certain, ce ne sont pas des questions de fond qui nous séparent car que je sache, depuis six ans, dans la région aquitaine, l'UDF et l'UMP font cause commune, et pas une seule fois, pendant six ans les conseillers régionaux de nos deux partis, de nos deux mouvements, n'ont manifesté la moindre nuance, la moindre différence entre eux.
Question : Si ce ne sont pas des questions de fond, dites-vous, ce sont donc des questions de politique nationale qui ont déterminé F. Bayrou d'après vous ?
(Réponse) Xavier Darcos : C'est évident. F. Bayrou poursuit une carrière, a une vision de son propre destin. A ses yeux, cela passe par une sécession au niveau des élections locales, pour mieux construire une image future, pour une image présidentiable. Et d'ailleurs, on le voit bien, quand il présente sa candidature, quand il présente ses projets, il est présent dans un contexte de sécession par rapport à l'UMP, et de volonté partisane d'affirmer une identité pour des élections futures.
Question : Il y aurait donc d'après vous comme un détournement de scrutin dans cette affaire de la part de F. Bayrou ?
(Réponse) Xavier Darcos : En tous les cas, je regrette que ce qui d'habitude prévaut, qui est l'union, et qui marche généralement - parce que je rappelle que le même jour il y aura par exemple des cantonales où l'union est faite - que ce qui prévaut d'habitude, subitement ne vaut plus pour les régionales, et encore moins pour les régionales en Aquitaine. Lorsque F. Bayrou a souhaité avoir 45 députés, eh bien que je sache il n'était pas contre l'union à ce moment-là. Donc on voit bien que ce sont des positions à géométrie variable, qui n'ont pas grand rapport avec l'intérêt des Aquitains, qui passent - je le répète - par des stratégies personnelles.
Question : Est-ce que vous pensez que ceci peut remettre en cause, si la probabilité existait, la reconquête que vous espériez de la région aquitaine par l'UMP ?
(Réponse) Xavier Darcos : C'est plus simple de faire l'union d'emblée comme nous le souhaitions, et comme nous le proposions d'ailleurs à F. Bayrou en lui proposant des têtes de listes, je le rappelle. Donc maintenant, il faut que nos arrivions à faire campagne séparément en faisant entendre le moins possible nos divergences, de sorte que lorsqu'au second tour, je serai en tête, je puisse fusionner avec les listes de F. Bayrou.
Question : Quel climat de campagne vous prévoyez ? Vous pensez qu'entre vous et lui ça va être un peu tendu ? Un peu dur ?
(Réponse) Xavier Darcos : Ca se tendra un petit peu s'il faut surtout expliquer tout ça aux militants et aux électeurs. Parce que ce n'est pas F. Bayrou, ni X. Darcos qui sont en jeu dans cette affaire, c'est l'Aquitaine. Et moi je ne connais pas d'Aquitains qui trouvent tellement astucieux que le camp pour lequel ils voudraient voter, que le clan de ceux qui ne sont ni socialistes ni communistes se déchire. Il n'y a pas d'exemple. C'est une argutie, c'est un sophisme que de faire croire que les Aquitains souhaitent qu'on se divise ! C'est une illusion ! Et lorsque F. Bayrou évoque à ce point de vue-là le droit à la différence, le droit à la liberté, il évoque sa liberté, sa différence. Il n'évoque certainement pas ce que souhaitent les Aquitains dans leur immense majorité.
Question : Qu'est-ce qui l'emporte ce matin X. Darcos ? On sait que vous êtes ami avec F. Bayrou. C'est la déception, c'est la colère ? Qu'est-ce qui l'emporte ?
(Réponse) Xavier Darcos : Non, ce qui l'emporte chez moi c'est la détermination de gagner et en conséquence la volonté d'être un candidat qui parle aux Aquitains de leur avenir et en conséquence qui sera au second tour, et qui pourra fusionner avec les partisans de F. Bayrou. J'espère simplement qu'il n'y aura pas de dérapages pendant la campagne. Je veillerai à ce qu'il n'en soit rien.
Question : Vous êtes aussi ministre de l'Enseignement Scolaire et la loi sur le voile continue de faire beaucoup parler. Hier, c'est le Pape qui a pris la parole. Voici ce qu'il a dit au Vatican, en français, devant le corps diplomatique réuni au Vatican : "Nous sommes témoins, a dit Jean-Paul II, ces derniers temps, dans certains pays d'Europe, d'une attitude qui pourrait mettre en péril le respect effectif de la liberté de religion". Qu'est-ce que vous lui répondez ?
(Réponse) Xavier Darcos : Je réponds que c'est exactement l'inverse, toute révérence gardée vis-à-vis du Pape. C'est précisément parce que nous voulons garantir la liberté de religion que nous ne voulons pas qu'apparaissent dans le cur de nos établissements des tensions, des formes de sectarisme, de dénonciations, et qu'en conséquence, il faut éviter que le domaine de la sphère privée, de la sphère confessionnelle, vienne s'exprimer dans la sphère publique, car ce serait la source de bien des conflits. Et j'ajoute que lorsque nous protestons contre les signes ostensibles, et notamment contre le voile islamique, ce n'est pas seulement un problème de liberté religieuse. C'est aussi un problème de conception que nous faisons d'égalité des personnes, et en particulier du sexisme, ou de la différence entre les filles et les garçons.
Question : Vous avez beaucoup de mal visiblement à être compris au-delà des frontières hein.
(Réponse) Xavier Darcos : Je crois que les usages et les fondements, en tout cas des nations, sont assez différents. La République française se fonde sur les droits de l'homme, sur toute une histoire vis-à-vis de la laïcité. Et il est tout à fait normal que des pays qui n'ont pas cette tradition, et qui ont, par exemple, dans les préambules de leur Constitution un rappel à l'existence de Dieu, et un rappel au fondement chrétien de leur civilisation, comme c'est le cas en Italie, comme c'est le cas en Allemagne, évidemment ça leur paraît un petit peu loin de nos visions à nous.
Question : Ce texte sera soumis au conseil des ministres le 28 janvier, au Parlement en février. Des parlementaires de l'UMP souhaitent étendre l'interdiction des signes, aux signes politiques. Vous êtes d'accord ?
(Réponse) Xavier Darcos : Le Parlement fera ce qu'il entend faire. Je crois que ce n'est pas souhaitable. D'abord parce que tous les textes existent déjà, qui permettent d'interdire les signes politiques dans les établissements scolaires, depuis Jean Zay. Il n'est pas question qu'un élève apparaisse en portant sur lui un signe qui manifesterait son appartenance à un parti. Mais si on entrait dans ces vues, si on commençait à faire la chasse à toute manifestation politique, je crains qu'on ne fasse une régression par rapport à un certain nombre de droits qu'ont acquis les lycéens ces dernières années, qui leur permet dans des salles spécifiques, dans des foyers, de pouvoir parler des choses publiques et des choses politiques. Ce n'est pas choquant.
Question : X. Darcos, qui était l'ami de F. Bayrou, était l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.
(Réponse) Xavier Darcos : Je suis toujours son ami.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 janvier 2004)
(Réponse) Xavier Darcos : Bonjour.
J.-M. Aphatie : Ce n'est pas une surprise mais c'est officiel depuis hier, F. Bayrou, le président de l'UDF, est candidat en Aquitaine à l'occasion des élections régionales de mars. La région Aquitaine, rappelons-le, est actuellement dirigée par le socialiste A. Rousset. F. Bayrou est candidat en Aquitaine contre vous, X. Darcos, qui porterez dans cette élection les couleurs de l'UMP. Pourquoi n'avez-vous pas pu vous entendre avec F. Bayrou, X. Darcos ?
(Réponse) Xavier Darcos : C'est une question qu'il faut poser à F. Bayrou.
Question : Mais je vous la pose à vous.
(Réponse) Xavier Darcos : Eh bien, sans doute parce que F. Bayrou a une autre logique, un autre projet, une autre tactique. En tous les cas, ce qui est certain, ce ne sont pas des questions de fond qui nous séparent car que je sache, depuis six ans, dans la région aquitaine, l'UDF et l'UMP font cause commune, et pas une seule fois, pendant six ans les conseillers régionaux de nos deux partis, de nos deux mouvements, n'ont manifesté la moindre nuance, la moindre différence entre eux.
Question : Si ce ne sont pas des questions de fond, dites-vous, ce sont donc des questions de politique nationale qui ont déterminé F. Bayrou d'après vous ?
(Réponse) Xavier Darcos : C'est évident. F. Bayrou poursuit une carrière, a une vision de son propre destin. A ses yeux, cela passe par une sécession au niveau des élections locales, pour mieux construire une image future, pour une image présidentiable. Et d'ailleurs, on le voit bien, quand il présente sa candidature, quand il présente ses projets, il est présent dans un contexte de sécession par rapport à l'UMP, et de volonté partisane d'affirmer une identité pour des élections futures.
Question : Il y aurait donc d'après vous comme un détournement de scrutin dans cette affaire de la part de F. Bayrou ?
(Réponse) Xavier Darcos : En tous les cas, je regrette que ce qui d'habitude prévaut, qui est l'union, et qui marche généralement - parce que je rappelle que le même jour il y aura par exemple des cantonales où l'union est faite - que ce qui prévaut d'habitude, subitement ne vaut plus pour les régionales, et encore moins pour les régionales en Aquitaine. Lorsque F. Bayrou a souhaité avoir 45 députés, eh bien que je sache il n'était pas contre l'union à ce moment-là. Donc on voit bien que ce sont des positions à géométrie variable, qui n'ont pas grand rapport avec l'intérêt des Aquitains, qui passent - je le répète - par des stratégies personnelles.
Question : Est-ce que vous pensez que ceci peut remettre en cause, si la probabilité existait, la reconquête que vous espériez de la région aquitaine par l'UMP ?
(Réponse) Xavier Darcos : C'est plus simple de faire l'union d'emblée comme nous le souhaitions, et comme nous le proposions d'ailleurs à F. Bayrou en lui proposant des têtes de listes, je le rappelle. Donc maintenant, il faut que nos arrivions à faire campagne séparément en faisant entendre le moins possible nos divergences, de sorte que lorsqu'au second tour, je serai en tête, je puisse fusionner avec les listes de F. Bayrou.
Question : Quel climat de campagne vous prévoyez ? Vous pensez qu'entre vous et lui ça va être un peu tendu ? Un peu dur ?
(Réponse) Xavier Darcos : Ca se tendra un petit peu s'il faut surtout expliquer tout ça aux militants et aux électeurs. Parce que ce n'est pas F. Bayrou, ni X. Darcos qui sont en jeu dans cette affaire, c'est l'Aquitaine. Et moi je ne connais pas d'Aquitains qui trouvent tellement astucieux que le camp pour lequel ils voudraient voter, que le clan de ceux qui ne sont ni socialistes ni communistes se déchire. Il n'y a pas d'exemple. C'est une argutie, c'est un sophisme que de faire croire que les Aquitains souhaitent qu'on se divise ! C'est une illusion ! Et lorsque F. Bayrou évoque à ce point de vue-là le droit à la différence, le droit à la liberté, il évoque sa liberté, sa différence. Il n'évoque certainement pas ce que souhaitent les Aquitains dans leur immense majorité.
Question : Qu'est-ce qui l'emporte ce matin X. Darcos ? On sait que vous êtes ami avec F. Bayrou. C'est la déception, c'est la colère ? Qu'est-ce qui l'emporte ?
(Réponse) Xavier Darcos : Non, ce qui l'emporte chez moi c'est la détermination de gagner et en conséquence la volonté d'être un candidat qui parle aux Aquitains de leur avenir et en conséquence qui sera au second tour, et qui pourra fusionner avec les partisans de F. Bayrou. J'espère simplement qu'il n'y aura pas de dérapages pendant la campagne. Je veillerai à ce qu'il n'en soit rien.
Question : Vous êtes aussi ministre de l'Enseignement Scolaire et la loi sur le voile continue de faire beaucoup parler. Hier, c'est le Pape qui a pris la parole. Voici ce qu'il a dit au Vatican, en français, devant le corps diplomatique réuni au Vatican : "Nous sommes témoins, a dit Jean-Paul II, ces derniers temps, dans certains pays d'Europe, d'une attitude qui pourrait mettre en péril le respect effectif de la liberté de religion". Qu'est-ce que vous lui répondez ?
(Réponse) Xavier Darcos : Je réponds que c'est exactement l'inverse, toute révérence gardée vis-à-vis du Pape. C'est précisément parce que nous voulons garantir la liberté de religion que nous ne voulons pas qu'apparaissent dans le cur de nos établissements des tensions, des formes de sectarisme, de dénonciations, et qu'en conséquence, il faut éviter que le domaine de la sphère privée, de la sphère confessionnelle, vienne s'exprimer dans la sphère publique, car ce serait la source de bien des conflits. Et j'ajoute que lorsque nous protestons contre les signes ostensibles, et notamment contre le voile islamique, ce n'est pas seulement un problème de liberté religieuse. C'est aussi un problème de conception que nous faisons d'égalité des personnes, et en particulier du sexisme, ou de la différence entre les filles et les garçons.
Question : Vous avez beaucoup de mal visiblement à être compris au-delà des frontières hein.
(Réponse) Xavier Darcos : Je crois que les usages et les fondements, en tout cas des nations, sont assez différents. La République française se fonde sur les droits de l'homme, sur toute une histoire vis-à-vis de la laïcité. Et il est tout à fait normal que des pays qui n'ont pas cette tradition, et qui ont, par exemple, dans les préambules de leur Constitution un rappel à l'existence de Dieu, et un rappel au fondement chrétien de leur civilisation, comme c'est le cas en Italie, comme c'est le cas en Allemagne, évidemment ça leur paraît un petit peu loin de nos visions à nous.
Question : Ce texte sera soumis au conseil des ministres le 28 janvier, au Parlement en février. Des parlementaires de l'UMP souhaitent étendre l'interdiction des signes, aux signes politiques. Vous êtes d'accord ?
(Réponse) Xavier Darcos : Le Parlement fera ce qu'il entend faire. Je crois que ce n'est pas souhaitable. D'abord parce que tous les textes existent déjà, qui permettent d'interdire les signes politiques dans les établissements scolaires, depuis Jean Zay. Il n'est pas question qu'un élève apparaisse en portant sur lui un signe qui manifesterait son appartenance à un parti. Mais si on entrait dans ces vues, si on commençait à faire la chasse à toute manifestation politique, je crains qu'on ne fasse une régression par rapport à un certain nombre de droits qu'ont acquis les lycéens ces dernières années, qui leur permet dans des salles spécifiques, dans des foyers, de pouvoir parler des choses publiques et des choses politiques. Ce n'est pas choquant.
Question : X. Darcos, qui était l'ami de F. Bayrou, était l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.
(Réponse) Xavier Darcos : Je suis toujours son ami.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 janvier 2004)