Texte intégral
Monsieur le ministre,
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je voudrais d'abord vous dire combien je me réjouis de vous voir tous ici, en ce début d'année, de vous voir si nombreux. Je ne doutais pas que les arbres de l'Hôtel de Brienne aient plus de charme que les pavés de la Place Beauvau, mais je suis sensible à votre présence.
Je voudrais adresser à chacune et à chacun d'entre vous des vux personnels, des vux personnels car, quand on fait des métiers difficiles, comme le vôtre, comme le nôtre, la santé est une condition essentielle de la capacité à agir. Je vous souhaite donc à chacune et à chacun une très bonne santé, en espérant notamment que tout ce qui peut intervenir de l'extérieur dans le métier que vous faites, et particulièrement dans le domaine de la défense, ne vous atteigne pas puisque, comme vous le disiez, c'est un métier qui comporte effectivement des risques physiques importants.
Je vous souhaite aussi beaucoup de bonheur et d'épanouissement dans votre vie personnelle, familiale et amicale. Cela fait aussi partie de l'équilibre qui est indispensable dans des métiers à stress, et votre métier est aussi un métier à stress.
Et puis, bien entendu, je vous souhaite beaucoup de réussite professionnelle, une réussite professionnel qui nous amènera à travailler ensemble, à travailler ensemble chacun dans notre secteur.
Il n'est pas question de confondre les genres, nos problématiques ne sont pas les mêmes. Pour autant, je crois que nous partageons beaucoup.
Je crois que nous partageons, les uns et les autres, une certaine idée de la France.
Parce que si vous vous intéressez à la défense, vous vous intéressez par la force des choses à l'essentiel de ce que peut représenter notre pays dans le monde et aux besoins qui sont les siens : à la fois de se défendre, de défendre ses citoyens, de défendre les intérêts français, de défendre aussi les valeurs françaises dans le monde.
Ceci nous réunit, comme nous réunit, une certaine conception des relations humaines qui est fondée sur une certaine sensibilité. On dit beaucoup que les militaires sont sentimentaux. Je pense que par certains côtés, les journalistes de défense ont aussi cette sensibilité, qui est non pas un affaiblissement ou une preuve de faiblesse, mais qui est, je crois au contraire, une grande richesse.
Et je sais, et vous venez d'en porter témoignage, Monsieur le président, que comme nous, vous ressentez très fortement les atteintes à travers les disparitions ou les blessures qui sont celles des militaires comme elles peuvent être celles des journalistes.
Je vous remercie, vous personnellement, mais également tous ceux qui sont ici et qui ont manifesté leur compassion pour ces deux élèves officiers qui sont décédés dans le cadre d'un entraînement habituel, dirais-je. Mais y a t-il des entraînements habituels ? Malheureusement le crash de notre avion en entraînement, il y a quelques semaines dans les Pyrénées, a rappelé, là aussi, qu'il n'y avait pas de quotidien, qu'il n'y avait pas d'habitude dans le domaine de la défense.
Oui, monsieur le président, vous faites un métier difficile, un métier qui a connu, de votre côté, 42 tués en 2003, c'est le chiffre le plus élevé depuis 1995.
Sachez que du côté des militaires, du côté de la défense, on partage aussi votre tristesse, voire votre révolte devant ces morts.
Et je pense tout particulièrement à Jean HELENE, assassiné à Abidjan dans l'exercice de son métier, un métier qu'il faisait bien sur le plan professionnel, et qu'il faisait avec amour, amour de l'information, amour aussi du pays dans lequel il se trouvait.
Nous avons tous partagé cette émotion intense.
C'est sans doute cette façon d'aborder les questions qui nous rapproche et qui nous permet de bien travailler ensemble.
Et je voudrais saluer, Monsieur le président, le travail que vous avez effectué au cours de cette année 2003, un travail qui se manifeste d'abord dans le document que vous m'avez remis, mais qui se traduit aussi par les relations que nous avons pu avoir avec vous, pour essayer d'agir ensemble pour faciliter votre travail, mais pour voir aussi ce qu'il convenait de faire pour assumer, les uns et les autres, notre responsabilité d'information vis à vis de l'ensemble des citoyens.
Car c'est là aussi un point que nous partageons, celui du devoir d'informer l'ensemble de nos concitoyens.
C'est le rôle d'une démocratie par le biais de ses instances représentatives, mais également par le biais des journalistes.
Je me réjouis tout particulièrement des relations d'estime que nous avons pu établir.
Elles sont essentielles pour faire partager nos ambitions en matière de défense.
Ces relations d'estime se manifestent aussi - vous l'avez évoqué - par un soutien réciproque.
D'abord la défense reconnaît et essaye de reconnaître de mieux en mieux, même s'il y a toujours à améliorer des choses, le rôle et les besoins des journalistes.
Cela se traduit par des facilités techniques que nous essayons de mettre à votre disposition.
J'ai bien noté que la clé du champ de tir n'était pas encore dans votre poche.
Mais, je vous propose, sous quelques semaines, la clé d'un local à l'école militaire, je pense que vous ne perdrez pas au change en la matière
Deuxièmement, c'est également l'accompagnement dans la préparation de vos missions qui peuvent être difficiles.
Le fait que la DICOD ait pu organiser, à l'occasion de deux stages au travail en milieu hostile, la préparation de 46 d'entre vous est bien la preuve de la reconnaissance de la difficulté de ce que vous faites, et aussi notre contribution.
De la même façon, avant la guerre d'Irak, quatre sessions d'informations sur les risques en matière d'armement chimique et biologique avaient été apportées.
Je crois que ce sont des choses tout à fait normales, et qui méritent d'être renouvelées au fur et à mesure, bien entendu, des besoins qui peuvent exister en la matière.
Ce soutien réciproque concerne également, parce que je sais que c'est important pour vous, des facilités professionnelles.
Vous disiez que le ministère de la Défense s'était ouvert depuis quelques temps.
Je souhaite que cette ouverture perdure et continue.
Cette année en particulier, il y a eu des ouvertures vers la DGSE.
Il y a eu plusieurs reportages qui ont pu être faits.
Le directeur de la DGSE a été interviewé avec mon accord.
Je pense que ces reportages montrent bien comment nous pouvons bien travailler ensemble puisqu'il y a eu à la fois l'information, mais dans le respect, bien entendu, des éléments de sécurité, notamment qui concernent les personnes.
Et je me réjouis de la qualité de ce qui a été fait en la matière.
Il en a été de même en cette fin d'année pour les forces spéciales.
C'était un de nos sujets de questionnement et de réflexion.
Pour la première fois, il y a eu des ouvertures, bien entendu en préservant, là aussi, la sécurité des personnels qui peuvent être engagés.
Je crois que le fait d'avoir permis une ouverture, notamment dans le cadre de l'entraînement, était quelque chose que vous souhaitiez, et qui permet aussi de valoriser ces hommes qui font un métier extrêmement difficile.
Au-delà de ces facilités techniques et professionnelles, il y a le soutien que nous pouvons vous apporter dans votre métier.
Et c'est ainsi que j'ai été amené à faire attribuer gratuitement à REPORTERS SANS FRONTIERES, dix gilets pare-balles et dix gilets pare-éclats pour permettre que, dans les conditions extrêmes où parfois vous devez exercer votre métier, les reporters puissent ainsi avoir ce minimum de protection.
C'est l'accompagnement que nous assurons dans un certain nombre de cas, notamment en matière de transport.
Je pense en particulier aux " évasan ", comme on dit dans la maison, c'est-à-dire aux évacuations sanitaires, telle que celle qui a eu lieu au Liberia pour Patrick ROBERT. Je suis d'ailleurs heureuse que cette évacuation se soit bien terminée. Je tiens à souligner que les remerciements qui ont été exprimés publiquement ont été aussi un élément important pour les armées. Parce que le fait de dire tout simplement aux militaires que l'on est conscient de ce qu'ils ont fait, c'est probablement la meilleure façon de les remercier. C'est aussi la meilleure façon d'apprendre à certains de nos compatriotes ce qui est fait.
Au titre de la réciprocité, si je puis dire, nous avons un certain nombre d'attentes à votre égard.
Des attentes d'abord sur le fait de mieux faire connaître ce ministère, à quoi il sert, quels sont les enjeux, quels sont les enjeux aujourd'hui de la défense, les crises.
C'est grâce à vous finalement, beaucoup plus que nulle part ailleurs, que les Français peuvent savoir quelles sont les situations, quels sont les risques de terrorisme. Et là aussi, ce que j'apprécie beaucoup dans les relations que nous pouvons avoir, c'est que chez vous, le sensationnel ne prime jamais sur la réalité et sur la précaution.
C'est vrai que le risque terroriste existe, nous le savons tous.
C'est vrai qu'il faut que nos compatriotes en soient informés. Il est essentiel aussi que cela ne se traduise pas par des mouvements de panique généralisée ou au contraire par une trop grande habitude.
De ce point de vue il y a un dosage subtil à faire de la façon dont est transmise l'information.
Et je crois que, parce que vous êtes sensibles à cette préoccupation, vous le faites tout particulièrement bien.
Ce que nous nous espérons aussi, c'est que soient valorisés à la fois les actions qui sont menées au sein de ce ministère et les hommes qui mènent ces actions, et en particulier les efforts que fait la défense, les efforts de restructuration.
L'exemple des OPEX est à cet égard significatif. Chaque fois que les OPEX peuvent être bien couvertes, c'est pour nous une façon de montrer comment nous utilisons les deniers qui nous sont remis par l'Etat, mais également combien les personnels militaires et civils accomplissent bien leur mission.
Cette année il y a eu de nombreuses OPEX, de l'Afrique à l'Afghanistan et dans les Balkans, nous l'avons vu.
C'est aussi également le cas des actions de la gendarmerie. Je voudrais souligner le travail formidable qui a été fait par la gendarmerie cette année. Ses résultats, je crois savoir, sont les meilleurs en matière de sécurité dans ses domaines d'activités, qu'il s'agisse de l'activité au quotidien, ou qu'il s'agisse de son travail dans le cadre de VIGIPIRATE.
C'est encore le cas des opérations intérieures, qui ont beaucoup sollicité les moyens de la défense cette année. Parce qu'il est vrai que nous sommes souvent les seuls à pouvoir effectuer certaines opérations grâce à nos matériels et à la qualification de nos personnels. C'est ainsi que nous avons été mis à contribution, cet été, dans la lutte contre les incendies, comme cet hiver dans la lutte contre les inondations, en réalisant notamment des évacuations de nuit par des hélicoptères.
C'est toujours le cas des différentes actions de secours dans des pays étrangers - qui se rapprochent de la sécurité civile et dans lesquelles nous sommes en majorité partie prenante - que nous avons menées, en particulier notre intervention après le tremblement de terre en Iran, ou beaucoup plus récemment dans l'accident dramatique de Charm el-Cheikh. Nous y avons encore aujourd'hui sur place un personnel et des moyens importants, malheureusement pas pour sauver des vies humaines, mais pour au moins avoir des explications sur ce qui s'est passé.
Ce que nous attendons en outre de vous, c'est que vous nous aidiez aussi à amplifier les relations entre les armées et la nation.
C'est vrai qu'à l'heure de la professionnalisation, le grand risque que court la défense, c'est d'être en quelque sorte isolée et de voir disparaître ce lien que l'ancien service national établissait avec au moins une moitié de la population, qui était celle des garçons. Même si c'était une minorité, c'était quelque chose d'important.
Aujourd'hui, nous attendons que la totalité de la nation soit informée sur ce que fait la défense.
Nous aurons, non pas cette année, mais en préparation l'année prochaine une opération nation-défense encore plus large.
Nous avons besoin de votre intervention sur ce genre d'opération comme sur celle qui concerne les journées réserves. Tout ceci, ce sont des éléments qui participent à ce lien.
Bref, nos relations, nos bonnes relations, sont tout à fait essentielles pour faire partager nos ambitions, c'est-à-dire pour aider à leur réalisation. Et ces ambitions pour la défense sont vastes. Elles concernent essentiellement trois domaines que j'évoquerais rapidement et qui me paraissent importantes.
Ce sont d'abord des ambitions opérationnelles pour faire face au défi de notre temps.
Le défi est pour nous, quelles que soient les circonstances sur notre territoire ou à l'extérieur de notre territoire, de préserver des vies contre les risques qui sont engendrés par les situations de crise, ou par les situations de terrorisme.
Il est d'assurer au maximum la paix et la stabilité dans le monde, dans un monde dont malheureusement nous voyons qu'il est de plus en plus incertain, avec des potentiels de crise aussi bien en Afrique, en Asie centrale que dans le Golfe, et qui demandent que nous soyons vigilants.
Il est de défendre nos intérêts et nos valeurs dans le monde.
Ces éléments de notre politique internationale sont au cur des missions de la défense.
Pour faire face à ces défis, il convient que nous mettions à la disposition des hommes et des femmes de la défense des matériels adaptés.
D'où l'effort tout particulier que nous allons continuer à faire cette année sur le maintien en condition opérationnelle, de façon à remonter l'opérationnalité de nos matériels. Vous le savez, la loi de finances de 2004 prend ceci en compte, avec même une augmentation par rapport à l'année dernière.
D'où aussi la continuation de la modernisation de nos équipements à travers les nouveaux programmes. Il y aura, cette année, un certain nombre de livraisons, que vous médiatiserez sans doute, comme celles des nouveaux RAFALE, des satellites HELIOS 2 ou SYRACUSE 3.
Tout ceci impliquait que la loi de programmation militaire soit intégralement respectée. C'est effectivement ce qui a été fait pour la deuxième année consécutive, record il faut le noter depuis 1977, si j'ai bonne mémoire.
Je ne sais pas quel record nous allons battre en 2005, mais je suis bien persuadée qu'en 2005, la loi de finances initiale pour 2005 respectera aussi totalement la loi de programmation militaire.
Je note d'ailleurs, pour les mauvais esprits mais il ne saurait y en avoir ici, qu'en ce qui concerne son exécution, la loi de finances de cette année a été totalement respectée, puisqu'il n'y a eu ni annulation de crédits, ni gel dans ce ministère.
Je crois que cela mérite d'être souligné au moment où on évoque le passé.
Et puis, au-delà, notre ambition opérationnelle passe aussi par la valorisation du capital humain de ce ministère avec les efforts que nous continuons pour consolider la professionnalisation, en recrutant notamment des personnels spécialisés de niveau de plus en plus élevé.
Je profite de cette occasion pour dire que nous n'avons pas de problème de recrutement, contrairement à ce que j'ai pu lire par des gens non informés, donc par des journalistes qui n'étaient pas de défense.
Aujourd'hui en ce qui concerne les officiers, nous avons un peu plus de six candidats pour un poste.
En ce qui concerne les sous-officiers, nous en sommes à un peu plus de quatre pour un poste.
En ce qui concerne les hommes du rang, nous en sommes à un peu plus de deux pour un poste, ce qui garantit à la fois notre possibilité de recrutement et notre qualité de recrutement.
La consolidation de la professionnalisation est une chose, il faut aussi que nous ayons des renforts.
C'est le rôle de la réserve opérationnelle pour laquelle 2004 sera une année importante, avec un certain nombre de grands textes, et des décisions qui ont déjà été un peu amorcées par l'effort financier tout particulier qui a été fait en la matière.
Ce sera également le renouvellement de la JAPD, dont la modernisation va se faire à partir du mois de février de cette année, et va continuer par étapes successives, pour obtenir un nouveau format en juillet.
Voilà en ce qui concerne notre ambition opérationnelle et les moyens que nous ambitionnons aussi de mettre à sa disposition.
Il y a ensuite l'ambition économique et sociale.
Cette ambition économique et sociale, c'est de mettre à la disposition de la France des industries de défense qui soient modernes et performantes.
N'oublions pas, en effet, que le ministère de la Défense représente le premier investisseur public en France et de très loin, avec quasiment 15 milliards d'euros qui sont injectés dans l'économie nationale, 2 milliards d'euros de TVA que nous amenons au budget de l'Etat chaque année, et plus de 4 milliards d'euros d'exportations de nos matériels.
Cela se traduit sur le plan social par 170.000 emplois directs, ce qui représente un poids extrêmement important.
C'est la raison pour laquelle nous voulons conforter ce domaine industriel, et pour cela nous avons un certain nombre de moyens.
Le premier, c'est celui de la visibilité que nous donnons aux entreprises à travers notre loi de programmation militaire, et surtout l'assurance que celle-ci est réellement mise en uvre, ce qui leur permet de faire des prévisions.
Le second, c'est l'effort particulier que nous faisons en matière de recherche. Au moment où il y a certaines polémiques fondées ou non fondées - pour ma part, j'estime plutôt non fondées dans un certain nombre de domaines -, il n'est pas mauvais de rappeler que le ministère de la Défense consacre 1.2 milliard d'euros à la recherche, ce qui représente dans notre secteur quasiment 25 % du total de la recherche des entreprises qui travaillent sur le domaine de la défense.
Et puis, pour avoir une industrie dynamique, il faut qu'elle soit compétitive.
C'est la raison pour laquelle j'encourage, sur un certain nombre de dossiers, des rapprochements de façon à ce que l'on se présente unis face à un certain nombre de marchés.
C'est également le travail qui est fait sur DCN qui est aujourd'hui est en train de terminer sa mue et dont les premiers résultats sont extrêmement prometteurs. 2004 et les années suivantes seront une occasion de continuer sur cette voie.
C'est bien dans le même état d'esprit que nous abordons le problème de GIAT, dont nous savons que, comme vous l'avez dit tout à l'heure, il est l'occasion d'un certain nombre de discussions. Les discussions ne sont jamais mauvaises, à condition que l'on sache à moment donné les arrêter. Parce qu'en traînant trop, le risque c'est qu'il se produise un délitement qui se retourne contre l'entreprise, c'est-à-dire contre ses salariés. Je crois qu'il ne faut jamais l'oublier.
Notre ambition en matière économique, c'est de tenir compte de la compétitivité internationale.
Nos entreprises sont au premier rang. Cependant nous savons très bien aussi que, pour faire face à la concurrence internationale de plus en plus dure, il faut se rapprocher au plan européen et il faut créer un pôle européen des industries de défense.
Il y en a dans le secteur aéronautique.
Je redis, et cela sera une des mes actions en 2004, qu'il convient de créer des pôles dans le secteur naval, de la construction navale, comme il faudra le créer dans le domaine de la construction des équipements terrestres.
Notre ambition est une ambition opérationnelle et une ambition économique.
Elle est enfin une ambition internationale.
Je précise que c'est l'ambition du ministère et non pas l'ambition du ministre.
Cela se traduit de trois façons.
La première, c'est que tout naturellement nous appuyons notre diplomatie, c'est-à-dire que nous venons en quelque sorte en soutien des ambitions internationales de la France. Le discours a certainement une force, mais cette force est d'autant plus grande que ceux qui entendent le discours savent qu'il y a derrière les moyens de le mettre en uvre. C'est bien cela le rôle du ministère de la défense.
Nos actions se font dans le cadre de l'ONU, nos actions viennent aussi conforter notre place de membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU, et nous répondons le plus souvent possible présent en la matière.
Cela nous permet également de tenir toute notre place dans le cadre de la modernisation de l'OTAN. Le président de la République à Prague a réaffirmé combien il était favorable à cette modernisation de l'OTAN, à sa plus grande efficacité. Nous avons continué de travailler en la matière, et notamment nous nous sommes déclarés disponibles pour les quatre premières forces de réaction rapide, les quatre premières NRF. Nous sommes l'un des contributeurs les plus importants de l'OTAN. Nous sommes même le premier au Kosovo dont la France reprendra le commandement au deuxième semestre 2004.
Ceci est complémentaire d'ailleurs avec notre volonté, c'est notre troisième ambition internationale, de contribuer activement au développement et au confortement de l'Europe de la défense.
2003 a été l'année d'affirmation de l'Europe de la défense à travers les deux opérations de Macédoine, où nous avons pris la place de l'OTAN, et l'opération d'Ituri où, pour la première fois, d'une façon autonome et dans des conditions difficiles, l'Europe a mené sous commandement français une opération, qu'en plus elle a su terminer, et terminer en temps utile. Et vous savez bien, vous qui êtes des spécialistes, combien la fin d'une opération est aussi la mesure de son succès.
Nous allons continuer, cette année notamment, avec la mise en place de la cellule de planification et de commandement sur laquelle il y a eu un accord.
Avec la mise en place de l'agence européenne de défense qui devrait être prête dans le courant du premier semestre 2004.
Avec sans doute aussi la force européenne de gendarmerie qui correspond de plus en plus à l'intérêt de l'ensemble de nos partenaires et bien d'autres opérations.
Voilà ce que je voulais vous dire dans un discours, pardonnez-moi, un peu long.
Mais c'est finalement une des rares occasions de vous exposer notre action d'une façon exhaustive.
Je voudrais dire en concluant que les principes qui ont prévalu à nos relations au cours de l'année passée, ceux d'ouverture, ceux de transparence, seront en 2004 maintenus et je souhaiterais même approfondis.
Je souhaite que nous puissions toujours parler extrêmement librement, que nous puissions voyager ensemble. Même si vous êtes des journalistes de défense, cela montre aussi que l'international est forcément au cur de ces domaines.
Je veux dire aussi que les militaires ont appris sur le terrain à respecter et votre nécessaire indépendance pour traiter les sujets exigés par l'actualité et votre indispensable courage face aux situations que vous êtes amenés à affronter.
Inversement, j'espère que vous avez su - mais cela, j'en suis à peu près persuadée - apprécier aussi le travail difficile, parfois secret, des militaires.
Je vous remercie de toujours le mettre en avant et en exergue.
Et je vous renouvelle, encore une fois, tous mes vux pour cette année 2004.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 22 janvier 2004)
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je voudrais d'abord vous dire combien je me réjouis de vous voir tous ici, en ce début d'année, de vous voir si nombreux. Je ne doutais pas que les arbres de l'Hôtel de Brienne aient plus de charme que les pavés de la Place Beauvau, mais je suis sensible à votre présence.
Je voudrais adresser à chacune et à chacun d'entre vous des vux personnels, des vux personnels car, quand on fait des métiers difficiles, comme le vôtre, comme le nôtre, la santé est une condition essentielle de la capacité à agir. Je vous souhaite donc à chacune et à chacun une très bonne santé, en espérant notamment que tout ce qui peut intervenir de l'extérieur dans le métier que vous faites, et particulièrement dans le domaine de la défense, ne vous atteigne pas puisque, comme vous le disiez, c'est un métier qui comporte effectivement des risques physiques importants.
Je vous souhaite aussi beaucoup de bonheur et d'épanouissement dans votre vie personnelle, familiale et amicale. Cela fait aussi partie de l'équilibre qui est indispensable dans des métiers à stress, et votre métier est aussi un métier à stress.
Et puis, bien entendu, je vous souhaite beaucoup de réussite professionnelle, une réussite professionnel qui nous amènera à travailler ensemble, à travailler ensemble chacun dans notre secteur.
Il n'est pas question de confondre les genres, nos problématiques ne sont pas les mêmes. Pour autant, je crois que nous partageons beaucoup.
Je crois que nous partageons, les uns et les autres, une certaine idée de la France.
Parce que si vous vous intéressez à la défense, vous vous intéressez par la force des choses à l'essentiel de ce que peut représenter notre pays dans le monde et aux besoins qui sont les siens : à la fois de se défendre, de défendre ses citoyens, de défendre les intérêts français, de défendre aussi les valeurs françaises dans le monde.
Ceci nous réunit, comme nous réunit, une certaine conception des relations humaines qui est fondée sur une certaine sensibilité. On dit beaucoup que les militaires sont sentimentaux. Je pense que par certains côtés, les journalistes de défense ont aussi cette sensibilité, qui est non pas un affaiblissement ou une preuve de faiblesse, mais qui est, je crois au contraire, une grande richesse.
Et je sais, et vous venez d'en porter témoignage, Monsieur le président, que comme nous, vous ressentez très fortement les atteintes à travers les disparitions ou les blessures qui sont celles des militaires comme elles peuvent être celles des journalistes.
Je vous remercie, vous personnellement, mais également tous ceux qui sont ici et qui ont manifesté leur compassion pour ces deux élèves officiers qui sont décédés dans le cadre d'un entraînement habituel, dirais-je. Mais y a t-il des entraînements habituels ? Malheureusement le crash de notre avion en entraînement, il y a quelques semaines dans les Pyrénées, a rappelé, là aussi, qu'il n'y avait pas de quotidien, qu'il n'y avait pas d'habitude dans le domaine de la défense.
Oui, monsieur le président, vous faites un métier difficile, un métier qui a connu, de votre côté, 42 tués en 2003, c'est le chiffre le plus élevé depuis 1995.
Sachez que du côté des militaires, du côté de la défense, on partage aussi votre tristesse, voire votre révolte devant ces morts.
Et je pense tout particulièrement à Jean HELENE, assassiné à Abidjan dans l'exercice de son métier, un métier qu'il faisait bien sur le plan professionnel, et qu'il faisait avec amour, amour de l'information, amour aussi du pays dans lequel il se trouvait.
Nous avons tous partagé cette émotion intense.
C'est sans doute cette façon d'aborder les questions qui nous rapproche et qui nous permet de bien travailler ensemble.
Et je voudrais saluer, Monsieur le président, le travail que vous avez effectué au cours de cette année 2003, un travail qui se manifeste d'abord dans le document que vous m'avez remis, mais qui se traduit aussi par les relations que nous avons pu avoir avec vous, pour essayer d'agir ensemble pour faciliter votre travail, mais pour voir aussi ce qu'il convenait de faire pour assumer, les uns et les autres, notre responsabilité d'information vis à vis de l'ensemble des citoyens.
Car c'est là aussi un point que nous partageons, celui du devoir d'informer l'ensemble de nos concitoyens.
C'est le rôle d'une démocratie par le biais de ses instances représentatives, mais également par le biais des journalistes.
Je me réjouis tout particulièrement des relations d'estime que nous avons pu établir.
Elles sont essentielles pour faire partager nos ambitions en matière de défense.
Ces relations d'estime se manifestent aussi - vous l'avez évoqué - par un soutien réciproque.
D'abord la défense reconnaît et essaye de reconnaître de mieux en mieux, même s'il y a toujours à améliorer des choses, le rôle et les besoins des journalistes.
Cela se traduit par des facilités techniques que nous essayons de mettre à votre disposition.
J'ai bien noté que la clé du champ de tir n'était pas encore dans votre poche.
Mais, je vous propose, sous quelques semaines, la clé d'un local à l'école militaire, je pense que vous ne perdrez pas au change en la matière
Deuxièmement, c'est également l'accompagnement dans la préparation de vos missions qui peuvent être difficiles.
Le fait que la DICOD ait pu organiser, à l'occasion de deux stages au travail en milieu hostile, la préparation de 46 d'entre vous est bien la preuve de la reconnaissance de la difficulté de ce que vous faites, et aussi notre contribution.
De la même façon, avant la guerre d'Irak, quatre sessions d'informations sur les risques en matière d'armement chimique et biologique avaient été apportées.
Je crois que ce sont des choses tout à fait normales, et qui méritent d'être renouvelées au fur et à mesure, bien entendu, des besoins qui peuvent exister en la matière.
Ce soutien réciproque concerne également, parce que je sais que c'est important pour vous, des facilités professionnelles.
Vous disiez que le ministère de la Défense s'était ouvert depuis quelques temps.
Je souhaite que cette ouverture perdure et continue.
Cette année en particulier, il y a eu des ouvertures vers la DGSE.
Il y a eu plusieurs reportages qui ont pu être faits.
Le directeur de la DGSE a été interviewé avec mon accord.
Je pense que ces reportages montrent bien comment nous pouvons bien travailler ensemble puisqu'il y a eu à la fois l'information, mais dans le respect, bien entendu, des éléments de sécurité, notamment qui concernent les personnes.
Et je me réjouis de la qualité de ce qui a été fait en la matière.
Il en a été de même en cette fin d'année pour les forces spéciales.
C'était un de nos sujets de questionnement et de réflexion.
Pour la première fois, il y a eu des ouvertures, bien entendu en préservant, là aussi, la sécurité des personnels qui peuvent être engagés.
Je crois que le fait d'avoir permis une ouverture, notamment dans le cadre de l'entraînement, était quelque chose que vous souhaitiez, et qui permet aussi de valoriser ces hommes qui font un métier extrêmement difficile.
Au-delà de ces facilités techniques et professionnelles, il y a le soutien que nous pouvons vous apporter dans votre métier.
Et c'est ainsi que j'ai été amené à faire attribuer gratuitement à REPORTERS SANS FRONTIERES, dix gilets pare-balles et dix gilets pare-éclats pour permettre que, dans les conditions extrêmes où parfois vous devez exercer votre métier, les reporters puissent ainsi avoir ce minimum de protection.
C'est l'accompagnement que nous assurons dans un certain nombre de cas, notamment en matière de transport.
Je pense en particulier aux " évasan ", comme on dit dans la maison, c'est-à-dire aux évacuations sanitaires, telle que celle qui a eu lieu au Liberia pour Patrick ROBERT. Je suis d'ailleurs heureuse que cette évacuation se soit bien terminée. Je tiens à souligner que les remerciements qui ont été exprimés publiquement ont été aussi un élément important pour les armées. Parce que le fait de dire tout simplement aux militaires que l'on est conscient de ce qu'ils ont fait, c'est probablement la meilleure façon de les remercier. C'est aussi la meilleure façon d'apprendre à certains de nos compatriotes ce qui est fait.
Au titre de la réciprocité, si je puis dire, nous avons un certain nombre d'attentes à votre égard.
Des attentes d'abord sur le fait de mieux faire connaître ce ministère, à quoi il sert, quels sont les enjeux, quels sont les enjeux aujourd'hui de la défense, les crises.
C'est grâce à vous finalement, beaucoup plus que nulle part ailleurs, que les Français peuvent savoir quelles sont les situations, quels sont les risques de terrorisme. Et là aussi, ce que j'apprécie beaucoup dans les relations que nous pouvons avoir, c'est que chez vous, le sensationnel ne prime jamais sur la réalité et sur la précaution.
C'est vrai que le risque terroriste existe, nous le savons tous.
C'est vrai qu'il faut que nos compatriotes en soient informés. Il est essentiel aussi que cela ne se traduise pas par des mouvements de panique généralisée ou au contraire par une trop grande habitude.
De ce point de vue il y a un dosage subtil à faire de la façon dont est transmise l'information.
Et je crois que, parce que vous êtes sensibles à cette préoccupation, vous le faites tout particulièrement bien.
Ce que nous nous espérons aussi, c'est que soient valorisés à la fois les actions qui sont menées au sein de ce ministère et les hommes qui mènent ces actions, et en particulier les efforts que fait la défense, les efforts de restructuration.
L'exemple des OPEX est à cet égard significatif. Chaque fois que les OPEX peuvent être bien couvertes, c'est pour nous une façon de montrer comment nous utilisons les deniers qui nous sont remis par l'Etat, mais également combien les personnels militaires et civils accomplissent bien leur mission.
Cette année il y a eu de nombreuses OPEX, de l'Afrique à l'Afghanistan et dans les Balkans, nous l'avons vu.
C'est aussi également le cas des actions de la gendarmerie. Je voudrais souligner le travail formidable qui a été fait par la gendarmerie cette année. Ses résultats, je crois savoir, sont les meilleurs en matière de sécurité dans ses domaines d'activités, qu'il s'agisse de l'activité au quotidien, ou qu'il s'agisse de son travail dans le cadre de VIGIPIRATE.
C'est encore le cas des opérations intérieures, qui ont beaucoup sollicité les moyens de la défense cette année. Parce qu'il est vrai que nous sommes souvent les seuls à pouvoir effectuer certaines opérations grâce à nos matériels et à la qualification de nos personnels. C'est ainsi que nous avons été mis à contribution, cet été, dans la lutte contre les incendies, comme cet hiver dans la lutte contre les inondations, en réalisant notamment des évacuations de nuit par des hélicoptères.
C'est toujours le cas des différentes actions de secours dans des pays étrangers - qui se rapprochent de la sécurité civile et dans lesquelles nous sommes en majorité partie prenante - que nous avons menées, en particulier notre intervention après le tremblement de terre en Iran, ou beaucoup plus récemment dans l'accident dramatique de Charm el-Cheikh. Nous y avons encore aujourd'hui sur place un personnel et des moyens importants, malheureusement pas pour sauver des vies humaines, mais pour au moins avoir des explications sur ce qui s'est passé.
Ce que nous attendons en outre de vous, c'est que vous nous aidiez aussi à amplifier les relations entre les armées et la nation.
C'est vrai qu'à l'heure de la professionnalisation, le grand risque que court la défense, c'est d'être en quelque sorte isolée et de voir disparaître ce lien que l'ancien service national établissait avec au moins une moitié de la population, qui était celle des garçons. Même si c'était une minorité, c'était quelque chose d'important.
Aujourd'hui, nous attendons que la totalité de la nation soit informée sur ce que fait la défense.
Nous aurons, non pas cette année, mais en préparation l'année prochaine une opération nation-défense encore plus large.
Nous avons besoin de votre intervention sur ce genre d'opération comme sur celle qui concerne les journées réserves. Tout ceci, ce sont des éléments qui participent à ce lien.
Bref, nos relations, nos bonnes relations, sont tout à fait essentielles pour faire partager nos ambitions, c'est-à-dire pour aider à leur réalisation. Et ces ambitions pour la défense sont vastes. Elles concernent essentiellement trois domaines que j'évoquerais rapidement et qui me paraissent importantes.
Ce sont d'abord des ambitions opérationnelles pour faire face au défi de notre temps.
Le défi est pour nous, quelles que soient les circonstances sur notre territoire ou à l'extérieur de notre territoire, de préserver des vies contre les risques qui sont engendrés par les situations de crise, ou par les situations de terrorisme.
Il est d'assurer au maximum la paix et la stabilité dans le monde, dans un monde dont malheureusement nous voyons qu'il est de plus en plus incertain, avec des potentiels de crise aussi bien en Afrique, en Asie centrale que dans le Golfe, et qui demandent que nous soyons vigilants.
Il est de défendre nos intérêts et nos valeurs dans le monde.
Ces éléments de notre politique internationale sont au cur des missions de la défense.
Pour faire face à ces défis, il convient que nous mettions à la disposition des hommes et des femmes de la défense des matériels adaptés.
D'où l'effort tout particulier que nous allons continuer à faire cette année sur le maintien en condition opérationnelle, de façon à remonter l'opérationnalité de nos matériels. Vous le savez, la loi de finances de 2004 prend ceci en compte, avec même une augmentation par rapport à l'année dernière.
D'où aussi la continuation de la modernisation de nos équipements à travers les nouveaux programmes. Il y aura, cette année, un certain nombre de livraisons, que vous médiatiserez sans doute, comme celles des nouveaux RAFALE, des satellites HELIOS 2 ou SYRACUSE 3.
Tout ceci impliquait que la loi de programmation militaire soit intégralement respectée. C'est effectivement ce qui a été fait pour la deuxième année consécutive, record il faut le noter depuis 1977, si j'ai bonne mémoire.
Je ne sais pas quel record nous allons battre en 2005, mais je suis bien persuadée qu'en 2005, la loi de finances initiale pour 2005 respectera aussi totalement la loi de programmation militaire.
Je note d'ailleurs, pour les mauvais esprits mais il ne saurait y en avoir ici, qu'en ce qui concerne son exécution, la loi de finances de cette année a été totalement respectée, puisqu'il n'y a eu ni annulation de crédits, ni gel dans ce ministère.
Je crois que cela mérite d'être souligné au moment où on évoque le passé.
Et puis, au-delà, notre ambition opérationnelle passe aussi par la valorisation du capital humain de ce ministère avec les efforts que nous continuons pour consolider la professionnalisation, en recrutant notamment des personnels spécialisés de niveau de plus en plus élevé.
Je profite de cette occasion pour dire que nous n'avons pas de problème de recrutement, contrairement à ce que j'ai pu lire par des gens non informés, donc par des journalistes qui n'étaient pas de défense.
Aujourd'hui en ce qui concerne les officiers, nous avons un peu plus de six candidats pour un poste.
En ce qui concerne les sous-officiers, nous en sommes à un peu plus de quatre pour un poste.
En ce qui concerne les hommes du rang, nous en sommes à un peu plus de deux pour un poste, ce qui garantit à la fois notre possibilité de recrutement et notre qualité de recrutement.
La consolidation de la professionnalisation est une chose, il faut aussi que nous ayons des renforts.
C'est le rôle de la réserve opérationnelle pour laquelle 2004 sera une année importante, avec un certain nombre de grands textes, et des décisions qui ont déjà été un peu amorcées par l'effort financier tout particulier qui a été fait en la matière.
Ce sera également le renouvellement de la JAPD, dont la modernisation va se faire à partir du mois de février de cette année, et va continuer par étapes successives, pour obtenir un nouveau format en juillet.
Voilà en ce qui concerne notre ambition opérationnelle et les moyens que nous ambitionnons aussi de mettre à sa disposition.
Il y a ensuite l'ambition économique et sociale.
Cette ambition économique et sociale, c'est de mettre à la disposition de la France des industries de défense qui soient modernes et performantes.
N'oublions pas, en effet, que le ministère de la Défense représente le premier investisseur public en France et de très loin, avec quasiment 15 milliards d'euros qui sont injectés dans l'économie nationale, 2 milliards d'euros de TVA que nous amenons au budget de l'Etat chaque année, et plus de 4 milliards d'euros d'exportations de nos matériels.
Cela se traduit sur le plan social par 170.000 emplois directs, ce qui représente un poids extrêmement important.
C'est la raison pour laquelle nous voulons conforter ce domaine industriel, et pour cela nous avons un certain nombre de moyens.
Le premier, c'est celui de la visibilité que nous donnons aux entreprises à travers notre loi de programmation militaire, et surtout l'assurance que celle-ci est réellement mise en uvre, ce qui leur permet de faire des prévisions.
Le second, c'est l'effort particulier que nous faisons en matière de recherche. Au moment où il y a certaines polémiques fondées ou non fondées - pour ma part, j'estime plutôt non fondées dans un certain nombre de domaines -, il n'est pas mauvais de rappeler que le ministère de la Défense consacre 1.2 milliard d'euros à la recherche, ce qui représente dans notre secteur quasiment 25 % du total de la recherche des entreprises qui travaillent sur le domaine de la défense.
Et puis, pour avoir une industrie dynamique, il faut qu'elle soit compétitive.
C'est la raison pour laquelle j'encourage, sur un certain nombre de dossiers, des rapprochements de façon à ce que l'on se présente unis face à un certain nombre de marchés.
C'est également le travail qui est fait sur DCN qui est aujourd'hui est en train de terminer sa mue et dont les premiers résultats sont extrêmement prometteurs. 2004 et les années suivantes seront une occasion de continuer sur cette voie.
C'est bien dans le même état d'esprit que nous abordons le problème de GIAT, dont nous savons que, comme vous l'avez dit tout à l'heure, il est l'occasion d'un certain nombre de discussions. Les discussions ne sont jamais mauvaises, à condition que l'on sache à moment donné les arrêter. Parce qu'en traînant trop, le risque c'est qu'il se produise un délitement qui se retourne contre l'entreprise, c'est-à-dire contre ses salariés. Je crois qu'il ne faut jamais l'oublier.
Notre ambition en matière économique, c'est de tenir compte de la compétitivité internationale.
Nos entreprises sont au premier rang. Cependant nous savons très bien aussi que, pour faire face à la concurrence internationale de plus en plus dure, il faut se rapprocher au plan européen et il faut créer un pôle européen des industries de défense.
Il y en a dans le secteur aéronautique.
Je redis, et cela sera une des mes actions en 2004, qu'il convient de créer des pôles dans le secteur naval, de la construction navale, comme il faudra le créer dans le domaine de la construction des équipements terrestres.
Notre ambition est une ambition opérationnelle et une ambition économique.
Elle est enfin une ambition internationale.
Je précise que c'est l'ambition du ministère et non pas l'ambition du ministre.
Cela se traduit de trois façons.
La première, c'est que tout naturellement nous appuyons notre diplomatie, c'est-à-dire que nous venons en quelque sorte en soutien des ambitions internationales de la France. Le discours a certainement une force, mais cette force est d'autant plus grande que ceux qui entendent le discours savent qu'il y a derrière les moyens de le mettre en uvre. C'est bien cela le rôle du ministère de la défense.
Nos actions se font dans le cadre de l'ONU, nos actions viennent aussi conforter notre place de membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU, et nous répondons le plus souvent possible présent en la matière.
Cela nous permet également de tenir toute notre place dans le cadre de la modernisation de l'OTAN. Le président de la République à Prague a réaffirmé combien il était favorable à cette modernisation de l'OTAN, à sa plus grande efficacité. Nous avons continué de travailler en la matière, et notamment nous nous sommes déclarés disponibles pour les quatre premières forces de réaction rapide, les quatre premières NRF. Nous sommes l'un des contributeurs les plus importants de l'OTAN. Nous sommes même le premier au Kosovo dont la France reprendra le commandement au deuxième semestre 2004.
Ceci est complémentaire d'ailleurs avec notre volonté, c'est notre troisième ambition internationale, de contribuer activement au développement et au confortement de l'Europe de la défense.
2003 a été l'année d'affirmation de l'Europe de la défense à travers les deux opérations de Macédoine, où nous avons pris la place de l'OTAN, et l'opération d'Ituri où, pour la première fois, d'une façon autonome et dans des conditions difficiles, l'Europe a mené sous commandement français une opération, qu'en plus elle a su terminer, et terminer en temps utile. Et vous savez bien, vous qui êtes des spécialistes, combien la fin d'une opération est aussi la mesure de son succès.
Nous allons continuer, cette année notamment, avec la mise en place de la cellule de planification et de commandement sur laquelle il y a eu un accord.
Avec la mise en place de l'agence européenne de défense qui devrait être prête dans le courant du premier semestre 2004.
Avec sans doute aussi la force européenne de gendarmerie qui correspond de plus en plus à l'intérêt de l'ensemble de nos partenaires et bien d'autres opérations.
Voilà ce que je voulais vous dire dans un discours, pardonnez-moi, un peu long.
Mais c'est finalement une des rares occasions de vous exposer notre action d'une façon exhaustive.
Je voudrais dire en concluant que les principes qui ont prévalu à nos relations au cours de l'année passée, ceux d'ouverture, ceux de transparence, seront en 2004 maintenus et je souhaiterais même approfondis.
Je souhaite que nous puissions toujours parler extrêmement librement, que nous puissions voyager ensemble. Même si vous êtes des journalistes de défense, cela montre aussi que l'international est forcément au cur de ces domaines.
Je veux dire aussi que les militaires ont appris sur le terrain à respecter et votre nécessaire indépendance pour traiter les sujets exigés par l'actualité et votre indispensable courage face aux situations que vous êtes amenés à affronter.
Inversement, j'espère que vous avez su - mais cela, j'en suis à peu près persuadée - apprécier aussi le travail difficile, parfois secret, des militaires.
Je vous remercie de toujours le mettre en avant et en exergue.
Et je vous renouvelle, encore une fois, tous mes vux pour cette année 2004.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 22 janvier 2004)