Texte intégral
Q - RTL met l'accent, ce matin, sur le 123ème jour de détention de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot. Quatre mois déjà qu'ils sont retenus en otages, quelque part en Irak, quelles nouvelles pouvez-vous nous donner des deux hommes?
R - Nous recevons régulièrement des informations et selon ces informations, nous avons la conviction qu'ils sont en vie et en bonne santé. Et depuis le premier jour, depuis le 20 août, franchement, je n'ai jamais passé une seule journée sans travailler, avec toutes nos équipes, pour obtenir leur libération. Nous pensons à eux tous les jours et nous continuerons à penser à eux jusqu'à leur libération effective. Nous pensons à eux et nous pensons aussi à leurs familles qui font preuve de beaucoup de dignité, de courage. Je pense à leurs confrères de Reporters Sans Frontière, à vous, à vous tous, à votre solidarité. Je veux simplement dire, clairement, que nous sommes mobilisés, nous le resterons, avec notre méthode, qui est faite de patience, de discrétion et une conviction qui est fondée sur la confiance que nous obtiendrons leur libération.
Q- Quatre mois, déjà, cela peut durer longtemps, encore ?
R - Il faut apprendre la patience quand on traite ce genre de crise et nous travaillons, donc, avec ce sens de la patience, de la discrétion. Mais, encore une fois, nous avons confiance.
Q - L'Union européenne, l'horizon des négociations avec la Turquie, le 6 octobre 2005. "Si la Turquie était en Europe, ça se saurait", c'est ce qu'a dit Nicolas Sarkozy sur France 2, samedi soir. Si la Turquie était en Europe, ça se saurait ! Il se moque de vous, Michel Barnier ?
R - Il exprime avec ses mots, et comme il l'entend, son sentiment, sa conviction. Il l'a dit. Il se trouve qu'en ce qui me concerne, ma conviction correspond à ma loyauté et donc, je suis fier, pas seulement comme ministre, mais aussi militant de l'UMP et d'abord comme citoyen, de travailler au côté d'un homme, Jacques Chirac, qui a cette vision et qui a le courage politique d'exprimer, comme c'est son rôle, la parole de la France, et une parole qui s'inscrit dans une longue histoire. Celle qui a commencé, en 1963, par une autre parole, que je rappelle à toutes fins utiles à mes compagnons et amis de l'UMP, celle du général de Gaulle. Et un peu plus loin, à côté de lui, celle du chancelier Adenauer, le chancelier chrétien-démocrate Adenauer qui ont, tous les deux, engagé le dialogue avec la Turquie. Et de Gaulle disait, à cette époque, qu'il y avait une vocation, une perspective européenne pour la Turquie...
Q - ...c'est une invitation à Nicolas Sarkozy à revoir ses classiques ?
R - C'est le souci de dire que le président de la République exprime une vision, exprime où se trouve, pour lui, l'intérêt de notre pays et de notre continent. Qu'est ce que pose comme question la question turque, une éventuelle adhésion de la Turquie, - que nous souhaitons, c'est vrai - et qui n'est pas pour demain ou après-demain matin, puisqu'il ne s'agit aujourd'hui que d'engager des négociations d'adhésion qui vont être très longues, très difficiles, durant lesquelles nous poseront toutes les questions, y compris celles du génocide arménien, en souhaitant obtenir, avant l'adhésion, une réponse de la Turquie ? Quelle question pose cette question turque ? Elle pose la question de notre frontière définitive européenne au Sud-Est de l'Europe. Parce que la Turquie est là, elle est à cette frontière. Veut-on que cette frontière soit une frontière interne, donc engagée avec nous dans le projet européen, démocratique, stable, en progrès économique, ou prend-on le risque qu'elle soit une frontière externe, moins démocratique et plus instable ? Je demande simplement à ceux qui m'écoutent de réfléchir, et nous avons le temps de réfléchir à cette question, puisqu'elle ne sera tranchée que dans dix ou quinze ans, et elle sera tranchée par le peuple français.
Q - Mais les députés, eux, en débattront dès demain, dès demain après-midi. Est-ce qu'ils pourront voter un jour, les députés, avant dix ou quinze ans, sur cette question, ou est-ce qu'un vote sur cette question leur est définitivement interdit, Michel Barnier ?
R - Il n'y a pas d'interdiction durant toute cette longue période qui commence. Aussi bien au sein de l'UMP, je souhaite qu'il y ait à partir du mois d'octobre, c'est-à-dire au moment où devraient être ouvertes ces négociations d'adhésion, un débat permanent, une commission permanente, et je resterai, en toute hypothèse, disponible et pour le Parlement et pour tous les partis politiques qui le souhaiteront. Ce qui est clair, dans nos institutions, c'est que c'est le gouvernement qui négocie - et il s'agit bien de cela - un futur traité. Encore une fois, le traité d'adhésion ne sera conclu qu'au terme de ce long parcours. Et encore une fois, je répète que ce parcours est ouvert, que sa conclusion n'est pas écrite d'avance, qu'il y a beaucoup de garanties, de précautions, de sauvegardes qui vont être instituées pour s'assurer simplement que la Turquie, si elle rejoint un jour l'Union européenne, respectera l'intégralité du "cahier des charges", des obligations faites à tout membre de l'Union européenne ; il n'y aura pas de complaisance, il n'y aura pas de raccourci.
Q - Le gouvernement ne veut pas vérifier, sur la question de l'ouverture des négociations, s'il a la confiance du Parlement et notamment des députés. Vous ne souhaitez pas cette vérification, Michel Barnier ?
R - Je pense que le gouvernement a la confiance du Parlement, d'une manière générale...
Q - ... Vous le pensez...
R - ...il faut simplement respecter les institutions de notre République et nous souhaitons qu'elles soient respectées. Il y aura des débats. J'ai dit, moi-même, que ce débat aura lieu. Il a lieu dès demain à l'Assemblée nationale et au Sénat, et permettez-moi d'ajouter que nous serons constamment disponibles à partir de l'ouverture des négociations au mois d'octobre - si elles sont ouvertes à ce moment-là, comme je le pense - pour informer et associer le Parlement à l'intégralité, à chacune des étapes de cette négociation. Le Parlement a le droit d'être informé et nous l'informerons et nous l'associerons.
Q - Informé et muet ?
R - ...Informé et...
Q - ...muet... à droite...
R - ... ah non ! Le Parlement n'est pas muet. Il s'exprimera, il aura beaucoup d'occasions de s'exprimer, croyez-moi. Je souhaite observer tout de même que ce n'est pas le premier traité que nous discutons.
Q - Ah non !
R - Maastricht, Amsterdam...
Q - ...C'est une tradition en France. Je ne sais pas si elle est bonne, mais c'est une tradition.
R - On peut trouver des moyens de mieux informer, de mieux associer, encore, le Parlement, aux questions européennes qui, en effet, ne sont plus des questions de politique étrangère.
Q - Vous étiez à Washington, mercredi dernier. Vous avez rencontré Condoleezza Rice. Cela s'est bien passé ?
R - Ecoutez, l'entretien a été extrêmement cordial. J'ai aussi salué Colin Powell, avec lequel j'avais noué des relations amicales pendant ces huit ou neuf mois passés, et j'ai rendu hommage à l'homme qu'il est, à l'homme qui a beaucoup d'intelligence de la situation et des hommes, en effet, même si on n'a pas été toujours d'accord. Nous avons bien travaillé ensemble. Et avec Condoleezza Rice, je pense que nous aurons des relations également cordiales. Nous voulons regarder devant nous, et nous avons beaucoup de raisons de travailler ensemble, dans cette alliance entre nous. Alliance cela ne signifie pas allégeance. Il y a beaucoup de raisons pour que les Américains et les Français, les Européens travaillent ensemble. Et je mets au coeur de cette nouvelle relation ce que je crois être le défi de notre génération, maintenant, qui est la paix au Proche-Orient. Si cette relation entre Européens et Américains a vraiment une raison d'être aujourd'hui, c'est qu'ensemble, nous remettions sur les rails le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Et je sais, et je crois que c'est possible.
Q - Condoleezza Rice qui disait, au plus fort de la crise irakienne, "pardonnez à la Russie, ignorez l'Allemagne, punissez la France." Elle n'est pas sympa ?
R - Nous voulons regarder devant nous. Et aujourd'hui, je ne fais pas de procès d'intention. Il y a un président aux Etats-Unis qui a été réélu. Il a fait confiance à Condi Rice pour gérer la politique étrangère de ce pays, et elle est d'accord sur cette idée que nous devons regarder devant nous, même s'il y a eu, en effet, dans le passé, de graves désaccords entre nous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 décembre 2004)
R - Nous recevons régulièrement des informations et selon ces informations, nous avons la conviction qu'ils sont en vie et en bonne santé. Et depuis le premier jour, depuis le 20 août, franchement, je n'ai jamais passé une seule journée sans travailler, avec toutes nos équipes, pour obtenir leur libération. Nous pensons à eux tous les jours et nous continuerons à penser à eux jusqu'à leur libération effective. Nous pensons à eux et nous pensons aussi à leurs familles qui font preuve de beaucoup de dignité, de courage. Je pense à leurs confrères de Reporters Sans Frontière, à vous, à vous tous, à votre solidarité. Je veux simplement dire, clairement, que nous sommes mobilisés, nous le resterons, avec notre méthode, qui est faite de patience, de discrétion et une conviction qui est fondée sur la confiance que nous obtiendrons leur libération.
Q- Quatre mois, déjà, cela peut durer longtemps, encore ?
R - Il faut apprendre la patience quand on traite ce genre de crise et nous travaillons, donc, avec ce sens de la patience, de la discrétion. Mais, encore une fois, nous avons confiance.
Q - L'Union européenne, l'horizon des négociations avec la Turquie, le 6 octobre 2005. "Si la Turquie était en Europe, ça se saurait", c'est ce qu'a dit Nicolas Sarkozy sur France 2, samedi soir. Si la Turquie était en Europe, ça se saurait ! Il se moque de vous, Michel Barnier ?
R - Il exprime avec ses mots, et comme il l'entend, son sentiment, sa conviction. Il l'a dit. Il se trouve qu'en ce qui me concerne, ma conviction correspond à ma loyauté et donc, je suis fier, pas seulement comme ministre, mais aussi militant de l'UMP et d'abord comme citoyen, de travailler au côté d'un homme, Jacques Chirac, qui a cette vision et qui a le courage politique d'exprimer, comme c'est son rôle, la parole de la France, et une parole qui s'inscrit dans une longue histoire. Celle qui a commencé, en 1963, par une autre parole, que je rappelle à toutes fins utiles à mes compagnons et amis de l'UMP, celle du général de Gaulle. Et un peu plus loin, à côté de lui, celle du chancelier Adenauer, le chancelier chrétien-démocrate Adenauer qui ont, tous les deux, engagé le dialogue avec la Turquie. Et de Gaulle disait, à cette époque, qu'il y avait une vocation, une perspective européenne pour la Turquie...
Q - ...c'est une invitation à Nicolas Sarkozy à revoir ses classiques ?
R - C'est le souci de dire que le président de la République exprime une vision, exprime où se trouve, pour lui, l'intérêt de notre pays et de notre continent. Qu'est ce que pose comme question la question turque, une éventuelle adhésion de la Turquie, - que nous souhaitons, c'est vrai - et qui n'est pas pour demain ou après-demain matin, puisqu'il ne s'agit aujourd'hui que d'engager des négociations d'adhésion qui vont être très longues, très difficiles, durant lesquelles nous poseront toutes les questions, y compris celles du génocide arménien, en souhaitant obtenir, avant l'adhésion, une réponse de la Turquie ? Quelle question pose cette question turque ? Elle pose la question de notre frontière définitive européenne au Sud-Est de l'Europe. Parce que la Turquie est là, elle est à cette frontière. Veut-on que cette frontière soit une frontière interne, donc engagée avec nous dans le projet européen, démocratique, stable, en progrès économique, ou prend-on le risque qu'elle soit une frontière externe, moins démocratique et plus instable ? Je demande simplement à ceux qui m'écoutent de réfléchir, et nous avons le temps de réfléchir à cette question, puisqu'elle ne sera tranchée que dans dix ou quinze ans, et elle sera tranchée par le peuple français.
Q - Mais les députés, eux, en débattront dès demain, dès demain après-midi. Est-ce qu'ils pourront voter un jour, les députés, avant dix ou quinze ans, sur cette question, ou est-ce qu'un vote sur cette question leur est définitivement interdit, Michel Barnier ?
R - Il n'y a pas d'interdiction durant toute cette longue période qui commence. Aussi bien au sein de l'UMP, je souhaite qu'il y ait à partir du mois d'octobre, c'est-à-dire au moment où devraient être ouvertes ces négociations d'adhésion, un débat permanent, une commission permanente, et je resterai, en toute hypothèse, disponible et pour le Parlement et pour tous les partis politiques qui le souhaiteront. Ce qui est clair, dans nos institutions, c'est que c'est le gouvernement qui négocie - et il s'agit bien de cela - un futur traité. Encore une fois, le traité d'adhésion ne sera conclu qu'au terme de ce long parcours. Et encore une fois, je répète que ce parcours est ouvert, que sa conclusion n'est pas écrite d'avance, qu'il y a beaucoup de garanties, de précautions, de sauvegardes qui vont être instituées pour s'assurer simplement que la Turquie, si elle rejoint un jour l'Union européenne, respectera l'intégralité du "cahier des charges", des obligations faites à tout membre de l'Union européenne ; il n'y aura pas de complaisance, il n'y aura pas de raccourci.
Q - Le gouvernement ne veut pas vérifier, sur la question de l'ouverture des négociations, s'il a la confiance du Parlement et notamment des députés. Vous ne souhaitez pas cette vérification, Michel Barnier ?
R - Je pense que le gouvernement a la confiance du Parlement, d'une manière générale...
Q - ... Vous le pensez...
R - ...il faut simplement respecter les institutions de notre République et nous souhaitons qu'elles soient respectées. Il y aura des débats. J'ai dit, moi-même, que ce débat aura lieu. Il a lieu dès demain à l'Assemblée nationale et au Sénat, et permettez-moi d'ajouter que nous serons constamment disponibles à partir de l'ouverture des négociations au mois d'octobre - si elles sont ouvertes à ce moment-là, comme je le pense - pour informer et associer le Parlement à l'intégralité, à chacune des étapes de cette négociation. Le Parlement a le droit d'être informé et nous l'informerons et nous l'associerons.
Q - Informé et muet ?
R - ...Informé et...
Q - ...muet... à droite...
R - ... ah non ! Le Parlement n'est pas muet. Il s'exprimera, il aura beaucoup d'occasions de s'exprimer, croyez-moi. Je souhaite observer tout de même que ce n'est pas le premier traité que nous discutons.
Q - Ah non !
R - Maastricht, Amsterdam...
Q - ...C'est une tradition en France. Je ne sais pas si elle est bonne, mais c'est une tradition.
R - On peut trouver des moyens de mieux informer, de mieux associer, encore, le Parlement, aux questions européennes qui, en effet, ne sont plus des questions de politique étrangère.
Q - Vous étiez à Washington, mercredi dernier. Vous avez rencontré Condoleezza Rice. Cela s'est bien passé ?
R - Ecoutez, l'entretien a été extrêmement cordial. J'ai aussi salué Colin Powell, avec lequel j'avais noué des relations amicales pendant ces huit ou neuf mois passés, et j'ai rendu hommage à l'homme qu'il est, à l'homme qui a beaucoup d'intelligence de la situation et des hommes, en effet, même si on n'a pas été toujours d'accord. Nous avons bien travaillé ensemble. Et avec Condoleezza Rice, je pense que nous aurons des relations également cordiales. Nous voulons regarder devant nous, et nous avons beaucoup de raisons de travailler ensemble, dans cette alliance entre nous. Alliance cela ne signifie pas allégeance. Il y a beaucoup de raisons pour que les Américains et les Français, les Européens travaillent ensemble. Et je mets au coeur de cette nouvelle relation ce que je crois être le défi de notre génération, maintenant, qui est la paix au Proche-Orient. Si cette relation entre Européens et Américains a vraiment une raison d'être aujourd'hui, c'est qu'ensemble, nous remettions sur les rails le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Et je sais, et je crois que c'est possible.
Q - Condoleezza Rice qui disait, au plus fort de la crise irakienne, "pardonnez à la Russie, ignorez l'Allemagne, punissez la France." Elle n'est pas sympa ?
R - Nous voulons regarder devant nous. Et aujourd'hui, je ne fais pas de procès d'intention. Il y a un président aux Etats-Unis qui a été réélu. Il a fait confiance à Condi Rice pour gérer la politique étrangère de ce pays, et elle est d'accord sur cette idée que nous devons regarder devant nous, même s'il y a eu, en effet, dans le passé, de graves désaccords entre nous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 décembre 2004)