Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs Généraux,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec plaisir que je suis aujourd'hui parmi vous à l'occasion de cette trente-cinquième assemblée scientifique du Comité international des recherches spatiales, le COSPAR.
Votre présence aujourd'hui, en nombre, révèle le dynamisme de cette organisation. Elle rassemble les chercheurs du monde entier qui consacrent leurs activités aux recherches du secteur spatial. Je ne citerai pas ici l'ensemble des disciplines, mais elles sont variées, nombreuses, en constante évolution.
Je vous remercie d'avoir choisi Paris et je souhaite féliciter les organisateurs. En tout premier lieu
- le Professeur Roger-Maurice Bonnet, qui préside actuellement le COSPAR, et que je salue ici,
- Madame Marie-Lise Chanin, qui préside le Comité d'Organisation Scientifique,
- Monsieur Jean Audouze, responsable du Comité local d'Organisation.
Cette réussite qui s'annonce n'aurait pas été possible sans le soutien efficace du CNES et de l'ESA, et je salue tout particulièrement Yannick d'Escatha et Jean-Jacques Dordain, dont l'attachement et la connaissance du secteur dépassent nos frontières.
La multiplicité des nationalités représentées illustre le caractère fondamentalement international de l'aventure spatiale. Après Nagoya, Varsovie, Houston, et avant Pékin en 2006, votre mobilisation pour cette rencontre en France fait écho à l'engagement de mon pays pour le secteur spatial, depuis la création du Centre national d'Études spatiales.
La France a résolument tourné sa politique spatiale vers l'international. L'Europe tout d'abord, avec l'Agence spatiale européenne, qui a permis de concrétiser des programmes comme Ariane, Envisat* (prononcer anvisat), et aujourd'hui Galiléo ou GMES**. Vous savez que la France est le principal contributeur de l'ESA. Elle a également développé des programmes en partenariat avec les Etats-Unis, la Russie, l'Inde, le Japon et bien d'autres partenaires.
Les motivations de l'attachement de la France à la coopération internationale sont multiples :
1) La première raison en est que cette ambition spatiale est commune à tous les peuples, et qu'elle est un lieu privilégié de partenariat international. La conquête spatiale est sans doute la grande aventure du vingtième et du vingt et unième siècles, peut être la dernière grande aventure de l'humanité dans la lignée de la conquête de nouveaux espaces. Comme toutes les aventures, elle répond à différentes motivations :
- tout d'abord, à l'affirmation de la puissance d'une nation, par la maîtrise d'un milieu,
- ensuite, à la fascination suscitée par d'exploration de territoires inconnus dans la lignée de toutes les initiatives pour atteindre des contrées,
- enfin, à la soif de connaissance, avec la compréhension du fonctionnement du monde qui nous entoure.
Les missions d'exploration de l'Univers illustrent cette aspiration, et elles sont nombreuses. Je citerai quelques exemples :
- la recherche de l'eau et, au-delà, à celle de traces de vie sur la planète Mars, grâce à la mission Mars-Express, lancée en 2003,
- la mission Cassini-Huygens qui a d'ores et déjà transmis des images éblouissantes de la planète Saturne, autour de laquelle la sonde s'est mise en orbite avec succès.
- et demain, la sonde Rosetta, lancée cette année, qui devrait nous apporter des informations uniques sur la genèse de l'Univers en allant étudier les comètes.
2) La seconde raison est constitutive des modes de fonctionnement de la recherche même. La recherche spatiale, comme toute recherche, est l'essence du progrès. Et le progrès et la science sont nourris des échanges qui peuvent se construire entre des équipes de cultures différentes, échanges qui émergent des évaluations, jugements et avis que portent les communautés scientifiques les unes sur les autres. Le COSPAR en est une illustration, comme les traditionnels "visting committees". Il s'agit pour moi de développer ces échanges et ces regards critiques croisés.
Ainsi, je tiens à saluer et remercier l'ensemble des scientifiques émérites qui participent à l'événement de cette semaine, et tout particulièrement Messieurs Ricardo Giacconni et Paul Creutzen, Prix Nobel, et également l'Académie des Sciences, dont certains membres participent activement au COSPAR. Je sais que le Professeur Blamont, membre de l'Académie, recevra un prix très prochainement et je profite de cette occasion pour l'en féliciter.
J'ai déjà évoqué les sciences de l'Univers, mais vous allez aborder dans vos travaux bien d'autres sujets, comme l'observation de la Terre. J'y attache le plus grand intérêt. Ce dernier sujet illustre à lui seul l'ampleur du potentiel de la recherche spatiale. Elle est aujourd'hui un moteur essentiel dans le développement de systèmes améliorant la vie de nos sociétés. L'utilisation toujours croissante des outils spatiaux pour les télécommunications, la navigation, l'observation de la Terre ou encore la météorologie en sont la concrétisation.
Ainsi, je souhaite que nous pensions les missions spatiales de manière globale, intégrées dans les politiques scientifiques ou sectorielles plus larges. Nous devons développer les applications qui pourraient émerger de ces missions expérimentales et de recherche : pour les sciences de l'Univers, ceci concerne les sciences du vivant ou des matériaux, pour les activités en microgravité, pour l'observation de la Terre et les sciences du climat.
Les satellites scientifiques conçus pour atteindre des objectifs de connaissance, permettront demain l'émergence de nouvelles applications.
Je pense aux premiers satellites expérimentaux d'observation ou de météorologie. Ils ont permis de développer les services opérationnels que chacun connaît désormais, services de météorologie ou services d'imagerie satellitaire.
Je pense également à Topex Poséidon et à sa suite Jason pour l'observation des océans, réalisés en partenariat avec les États-Unis, partant eux aussi d'un objectif scientifique et actuellement en transition pour une utilisation opérationnelle. Je veux également citer DEMETER, le premier micro-satellite du CNES qui vient d'être lancé : si ce satellite a une vocation scientifique, il pourrait ouvrir la voie, à terme, à de nouveaux moyens de prédiction des séismes.
J'ai également très présent à l'esprit que les missions scientifiques jouent un rôle déterminant pour l'innovation technologique spatiale :
- elles posent des défis originaux et variés et, en ce sens, stimulent la créativité des équipes techniques ;
- elles sont le plus souvent à la limite des performances de l'état de l'art et permettent de valider in situ des concepts nouveaux ;
- elles facilitent les fertilisations croisées en associant les laboratoires spatiaux, les industriels et les agences spatiales.
Les associations que le COSPAR a su proposer à certains industriels, Arianespace, EADS, Snecma par exemple, sont révélateurs de cette proximité. Je souhaite que cette composante soit intégrée dans la définition des futures missions, comme un but à part entière.
Nous devons encore faire progresser la coopération entre agences, dans le rapprochement des communautés scientifiques. Des événements comme l'assemblée du COSPAR sont une opportunité pour partager l'expérience acquise et les résultats, pour développer de nouveaux programmes en partenariat, pour susciter de nouvelles recherches. Je souhaite voir émerger des propositions novatrices, afin d'améliorer les synergies, et de capitaliser sur nos compétences humaines. Car nos ressources, limitées, ne peuvent être gaspillées, dans un monde de plus en plus compétitif.
Pendant une semaine, toute la communauté scientifique spatiale se rassemble à Paris; je m'en réjouis fort et je suis heureux de vous accueillir ici au nom du gouvernement français. Je vous souhaite à tous une excellente semaine, productive du point de vue scientifique et également profitable à tous points de vue tant professionnel que personnel.
Mesdames, Messieurs, je vous remercie.
* Satellite ESA d'observation de la Terre.
** Programme ESA / UE de surveillance globale de l'environnement, et de la sécurité des biens et des personnes.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 21 juillet 2004)
Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs Généraux,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec plaisir que je suis aujourd'hui parmi vous à l'occasion de cette trente-cinquième assemblée scientifique du Comité international des recherches spatiales, le COSPAR.
Votre présence aujourd'hui, en nombre, révèle le dynamisme de cette organisation. Elle rassemble les chercheurs du monde entier qui consacrent leurs activités aux recherches du secteur spatial. Je ne citerai pas ici l'ensemble des disciplines, mais elles sont variées, nombreuses, en constante évolution.
Je vous remercie d'avoir choisi Paris et je souhaite féliciter les organisateurs. En tout premier lieu
- le Professeur Roger-Maurice Bonnet, qui préside actuellement le COSPAR, et que je salue ici,
- Madame Marie-Lise Chanin, qui préside le Comité d'Organisation Scientifique,
- Monsieur Jean Audouze, responsable du Comité local d'Organisation.
Cette réussite qui s'annonce n'aurait pas été possible sans le soutien efficace du CNES et de l'ESA, et je salue tout particulièrement Yannick d'Escatha et Jean-Jacques Dordain, dont l'attachement et la connaissance du secteur dépassent nos frontières.
La multiplicité des nationalités représentées illustre le caractère fondamentalement international de l'aventure spatiale. Après Nagoya, Varsovie, Houston, et avant Pékin en 2006, votre mobilisation pour cette rencontre en France fait écho à l'engagement de mon pays pour le secteur spatial, depuis la création du Centre national d'Études spatiales.
La France a résolument tourné sa politique spatiale vers l'international. L'Europe tout d'abord, avec l'Agence spatiale européenne, qui a permis de concrétiser des programmes comme Ariane, Envisat* (prononcer anvisat), et aujourd'hui Galiléo ou GMES**. Vous savez que la France est le principal contributeur de l'ESA. Elle a également développé des programmes en partenariat avec les Etats-Unis, la Russie, l'Inde, le Japon et bien d'autres partenaires.
Les motivations de l'attachement de la France à la coopération internationale sont multiples :
1) La première raison en est que cette ambition spatiale est commune à tous les peuples, et qu'elle est un lieu privilégié de partenariat international. La conquête spatiale est sans doute la grande aventure du vingtième et du vingt et unième siècles, peut être la dernière grande aventure de l'humanité dans la lignée de la conquête de nouveaux espaces. Comme toutes les aventures, elle répond à différentes motivations :
- tout d'abord, à l'affirmation de la puissance d'une nation, par la maîtrise d'un milieu,
- ensuite, à la fascination suscitée par d'exploration de territoires inconnus dans la lignée de toutes les initiatives pour atteindre des contrées,
- enfin, à la soif de connaissance, avec la compréhension du fonctionnement du monde qui nous entoure.
Les missions d'exploration de l'Univers illustrent cette aspiration, et elles sont nombreuses. Je citerai quelques exemples :
- la recherche de l'eau et, au-delà, à celle de traces de vie sur la planète Mars, grâce à la mission Mars-Express, lancée en 2003,
- la mission Cassini-Huygens qui a d'ores et déjà transmis des images éblouissantes de la planète Saturne, autour de laquelle la sonde s'est mise en orbite avec succès.
- et demain, la sonde Rosetta, lancée cette année, qui devrait nous apporter des informations uniques sur la genèse de l'Univers en allant étudier les comètes.
2) La seconde raison est constitutive des modes de fonctionnement de la recherche même. La recherche spatiale, comme toute recherche, est l'essence du progrès. Et le progrès et la science sont nourris des échanges qui peuvent se construire entre des équipes de cultures différentes, échanges qui émergent des évaluations, jugements et avis que portent les communautés scientifiques les unes sur les autres. Le COSPAR en est une illustration, comme les traditionnels "visting committees". Il s'agit pour moi de développer ces échanges et ces regards critiques croisés.
Ainsi, je tiens à saluer et remercier l'ensemble des scientifiques émérites qui participent à l'événement de cette semaine, et tout particulièrement Messieurs Ricardo Giacconni et Paul Creutzen, Prix Nobel, et également l'Académie des Sciences, dont certains membres participent activement au COSPAR. Je sais que le Professeur Blamont, membre de l'Académie, recevra un prix très prochainement et je profite de cette occasion pour l'en féliciter.
J'ai déjà évoqué les sciences de l'Univers, mais vous allez aborder dans vos travaux bien d'autres sujets, comme l'observation de la Terre. J'y attache le plus grand intérêt. Ce dernier sujet illustre à lui seul l'ampleur du potentiel de la recherche spatiale. Elle est aujourd'hui un moteur essentiel dans le développement de systèmes améliorant la vie de nos sociétés. L'utilisation toujours croissante des outils spatiaux pour les télécommunications, la navigation, l'observation de la Terre ou encore la météorologie en sont la concrétisation.
Ainsi, je souhaite que nous pensions les missions spatiales de manière globale, intégrées dans les politiques scientifiques ou sectorielles plus larges. Nous devons développer les applications qui pourraient émerger de ces missions expérimentales et de recherche : pour les sciences de l'Univers, ceci concerne les sciences du vivant ou des matériaux, pour les activités en microgravité, pour l'observation de la Terre et les sciences du climat.
Les satellites scientifiques conçus pour atteindre des objectifs de connaissance, permettront demain l'émergence de nouvelles applications.
Je pense aux premiers satellites expérimentaux d'observation ou de météorologie. Ils ont permis de développer les services opérationnels que chacun connaît désormais, services de météorologie ou services d'imagerie satellitaire.
Je pense également à Topex Poséidon et à sa suite Jason pour l'observation des océans, réalisés en partenariat avec les États-Unis, partant eux aussi d'un objectif scientifique et actuellement en transition pour une utilisation opérationnelle. Je veux également citer DEMETER, le premier micro-satellite du CNES qui vient d'être lancé : si ce satellite a une vocation scientifique, il pourrait ouvrir la voie, à terme, à de nouveaux moyens de prédiction des séismes.
J'ai également très présent à l'esprit que les missions scientifiques jouent un rôle déterminant pour l'innovation technologique spatiale :
- elles posent des défis originaux et variés et, en ce sens, stimulent la créativité des équipes techniques ;
- elles sont le plus souvent à la limite des performances de l'état de l'art et permettent de valider in situ des concepts nouveaux ;
- elles facilitent les fertilisations croisées en associant les laboratoires spatiaux, les industriels et les agences spatiales.
Les associations que le COSPAR a su proposer à certains industriels, Arianespace, EADS, Snecma par exemple, sont révélateurs de cette proximité. Je souhaite que cette composante soit intégrée dans la définition des futures missions, comme un but à part entière.
Nous devons encore faire progresser la coopération entre agences, dans le rapprochement des communautés scientifiques. Des événements comme l'assemblée du COSPAR sont une opportunité pour partager l'expérience acquise et les résultats, pour développer de nouveaux programmes en partenariat, pour susciter de nouvelles recherches. Je souhaite voir émerger des propositions novatrices, afin d'améliorer les synergies, et de capitaliser sur nos compétences humaines. Car nos ressources, limitées, ne peuvent être gaspillées, dans un monde de plus en plus compétitif.
Pendant une semaine, toute la communauté scientifique spatiale se rassemble à Paris; je m'en réjouis fort et je suis heureux de vous accueillir ici au nom du gouvernement français. Je vous souhaite à tous une excellente semaine, productive du point de vue scientifique et également profitable à tous points de vue tant professionnel que personnel.
Mesdames, Messieurs, je vous remercie.
* Satellite ESA d'observation de la Terre.
** Programme ESA / UE de surveillance globale de l'environnement, et de la sécurité des biens et des personnes.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 21 juillet 2004)