Déclaration de M. Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, sur l'inauguration des travaux de rénovation du musée de la Maison Bonaparte, Ajaccio le 9 juillet 2004.

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Circonstance : Déplacement du ministre de l'intérieur à l'occasion des cérémonies du bicentenaire du sacre de Napoléon Ier et des commémorations organisées à Ajaccio le 9 juillet 2004

Texte intégral

Monsieur le député-maire,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus et chefs de services,
Mesdames, messieurs,
Je vous remercie monsieur le maire de vos propos et de l'accueil, qu'avec votre municipalité, vous m'avez réservé. Je suis heureux de vous saluer dans ce très bel hôtel de Ville d'AJACCIO dont les salons napoléoniens sont à la hauteur de leur réputation. La splendeur de ces salles est en effet exceptionnelle.
C'est avec beaucoup de plaisir que je salue la municipalité de la ville chef-lieu, dont je connais la détermination et la volonté de travailler au service de l'intérêt général. Et quoi de plus naturel que de le faire, dans ce cadre prestigieux, à l'issue de cette matinée de culture, consacrée au plus illustres de vos enfants. Vous savez l'intérêt que je porte à ce grand ajaccien qui occupe dans notre histoire nationale une place éminente.
A l'occasion du bicentenaire du sacre et des commémorations que la ville d'AJACCIO a organisées, j'ai été heureux de procéder ce matin, avec vous, à l'inauguration des travaux conduits à la maison Bonaparte. Cet hommage me paraissait d'autant plus légitime que l'Etat a des responsabilités particulières s'agissant de l'entretien de ce bâtiment et du devoir de mémoire qui s'y attache.
Comme vous le savez, c'est en 1923, que le prince Victor, héritier de l'impératrice Eugénie, donne à l'Etat cette demeure qui avait vu, le 15 août 1769, la naissance de Napoléon et qui n'était jamais sortie de la famille Bonaparte depuis la fin du dix-septième siècle. La Maison Bonaparte est alors classée monument historique avant de devenir, en 1967, le seul musée national de l'île, rattaché au musée national du château de Malmaison.
Il y a une dizaine d'années, l'Etat a racheté la maison mitoyenne qui correspond à la nouvelle partie du musée, extension qui constitue en quelque sorte "la suite logique" de l'agrandissement de la maison effectué par les Bonapartes en 1796 avec l'acquisition d'un deuxième étage - la "grande galerie" - et de sa restauration, soutenue à l'époque par la loi du 31 janvier 1797 qui indemnisait les Corses victimes de l'occupation anglaise. La maison n'avait plus évolué depuis.
Il convenait, spécialement à l'occasion des cérémonies du bicentenaire, de redonner à cette maison tout son lustre.
Près de deux années de travaux - pour un coût de 2,5 M - ont donc été nécessaires pour donner naissance à la nouvelle Maison Bonaparte : un chantier important réalisé par des entreprises corses (architecte : Pierre VAUCHER, Ajaccio), excepté pour la muséographie et les vitrines (architecte muséographe : Mireille PELLEN, Marseille). Il s'agissait d'une part de réhabiliter entièrement la nouvelle partie de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur, et de rénover l'ancienne maison, de l'accueil jusqu'à la cave. La maison gagne ainsi une "nouvelle image", alliant la modernité au respect de l'histoire.
Enfin le parcours muséographique a été modifié afin de rendre plus compréhensible au public l'histoire de la famille Bonaparte et de sa demeure dans le contexte historique et social de la Corse au dix-huitième siècle et au début du dix-neuvième siècle. La nouvelle grande carte de la Corse de Hyacinthe de la Pegna, datant de 1741, déposée à cette occasion par le musée de Versailles, est l'un des temps forts du nouveau parcours. Autre temps fort, la mise en valeur du lieu de culte et de légende qu'a été la maison à partir du Second Empire et de sa réhabilitation par Napoléon III : les visiteurs du XIXe de ce qui n'était pas encore un musée ne s'efforçaient-ils pas d'emporter qui un morceau de tapisserie, qui un morceau de carrelage en "souvenir" de l'Empereur ?
La Maison Bonaparte, musée le plus visité de l'île (74.000 visiteurs l'an dernier), méritait qu'un effort important lui soit consacré ; il se poursuivra dans les prochaines années avec le développement d'une action culturelle conduite en direction des jeunes, des groupes, des touristes et la nomination d'un conservateur résidant à Ajaccio.
En application de la loi du 22 janvier 2002, l'Etat a transféré à la Collectivité Territoriale de Corse un certain nombre d'édifices classés qui lui appartenaient - dont la cathédrale d'Ajaccio - mais a gardé, parce que non transférables, le Musée national de la Maison Bonaparte et la Chapelle Impériale.
La Maison Bonaparte est donc le seul musée national de l'île ; comme les musées nationaux de l'Ile d'Aix, elle est rattachée au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau. Les trois ensembles sont réunis dans un Service à compétence nationale du Ministère de la culture et de la communication.
Aussi était-il de notre devoir de rendre ce lieu chargé d'histoire plus agréable à la visite, plus compréhensible aussi pour le visiteur et de créer les conditions pour un accueil dans d'excellentes conditions des groupes et notamment des élèves.
Ainsi, outre la maison Bonaparte, AJACCIO compte-t-il, avec le musée Fesch, que j'ai visité et où j'ai pu apprécier la très riche exposition consacrée au sacre, et le domaine des Milelli, d'un ensemble remarquable se rapportant à l'Empereur et à sa famille.
C'est un patrimoine d'une grande qualité et qui occupe une place importante dans le patrimoine national.
Cela étant, si AJACCIO est une ville de mémoire, une ville qui sait se souvenir de ses enfants, c'est aussi, en 2004, une cité moderne et dynamique. Je sais les efforts conduits par votre équipe pour contribuer à la modernisation de la ville.
Nombre de dossiers importants sont traités tant à l'échelle de la commune que de la Communauté d'agglomération du Pays Ajaccien que vous présidez.
Si le lieu et l'instant ne se prêtent sans doute pas à l'évocation des dossiers en cours, sachez que le préfet m'en a tenu informé avec beaucoup de précision. L'Etat vous le savez continuera de vous apporter, dans le respect des compétences et prérogatives de chacun, tout son appui.
En vous renouvelant, ainsi qu'à l'ensemble de votre équipe municipale, tous mes remerciements pour votre accueil, je souhaite à la cité impériale de conduire avec succès tous les projets qui lui tiennent à cur, dans l'intérêt de tous nos concitoyens.
Je vous remercie.
(Source http://www.corse.pref.gouv.fr, le 26 juillet 2004)