Texte intégral
Mesdames, Messieurs les représentants des associations pour l'enfance,
Mesdames messieurs,
En Asie du Sud Est, dans les différents pays touchés par le raz de marée, au-delà des morts, des disparus et des blessés, nous comptons déjà plus de 50.000 enfants coupés de leurs familles.
Ce chiffre est sans doute provisoire.
Avec l'augmentation des victimes, le nombre d'enfants isolés va croître en proportion.
Il s'agit d'un véritable drame humanitaire.
Nous devons réagir.
Nous ne pouvons laisser ainsi ces enfants sans rien faire.
Mais, attention, la réaction doit être raisonnée, coordonnée et surtout répondre à une seule préoccupation : l'intérêt des enfants.
C'est pourquoi, en accord avec le Premier ministre, nous avons fait le choix de stimuler toutes les actions en faveur de ces enfants qui sont sans repères familiaux, pour qu'au traumatisme initial du séisme, ne vienne pas s'ajouter le deuxième traumatisme du déracinement.
J'ai donc mis en place ce matin un dispositif original dont l'objectif est de soutenir et de développer les centres de protection des enfants localement. La politique française pour les enfants isolés d'Asie sera donc concentrée sur ces centres, en coordination étroite avec les autorités des pays concernés.
Ces centres auront cinq missions essentielles :
La première sera d'y regrouper les enfants isolés pour les protéger des trafics. C'est l'urgence aujourd'hui. Nous pourrons ainsi procéder à un premier repérage, indispensable à la préservation physique des enfants, aujourd'hui menacée.
La deuxième mission des centres sera de tout faire pour retrouver les familles de ces enfants, et éventuellement, pour les pays qui le souhaiteront, de mettre en contact ces enfants privés de parents avec des parents privés d'enfants. car ne l'oublions pas : le tsunami a également fait de nombreuses victimes en bas age. L'adoption locale à l'intérieur même des familles élargies, des communautés, des quartiers, quand elle est autorisée, doit être privilégiée.
La troisième mission de ces centres sera de rescolariser les enfants. Les associations de l'enfance que j'ai consultées dans notre réunion de crise organisée hier au ministère ont toutes été formelles : pour un enfant, le grand traumatisme est souvent aussi important d'avoir perdu ses parents, que le petit traumatisme d'avoir rompu avec son quotidien. L'école est indispensable à leur retour rapide à un certain équilibre de vie, psychologique.
La quatrième mission de ces centres sera de développer des parrainages collectifs, qui permettront à des groupes de familles en France, à des associations, des écoles, de prendre en charge des groupes d'enfants d'asie ; cette solution est particulièrement adaptée car elle permet un soutien sans développement de liens individuels forts, ce qui est préférable dans la situation d'urgence dans laquelle nous nous trouvons ; en effet, il est probable que pour une bonne part, les enfants n'effectuent qu'un passage temporaire dans les centres.
Enfin, en cinquième mission, pour les enfants dont l'isolement sera reconnu comme manifestement durable, ces centres pourront développer des parrainages individuels, afin que des familles françaises puissent, à distance, apporter leur soutien à un enfant identifié.
De nombreuses associations françaises disposent déjà de centres regroupant des enfants. C'est pourquoi, pour organiser et coordonner notre solidarité pour les enfants d'Asie, j'ai décidé de m'appuyer sur leur compétence et leur expertise en les regroupant sous forme d'un collectif baptisé :
"ASIE-ENFANTS ISOLES"
Faire un don au collectif "Asie-Enfants isolés"
Le collectif a pour mission de récolter les fonds que les Français souhaiteront lui adresser, et de veiller à leur répartition juste et équitable entre les associations françaises présentes sur le terrain.
Il est présidé par Monsieur Marc Gentilini, ancien président de la Croix Rouge que je remercie tout particulièrement pour avoir accepté cette lourde mission. Il sera piloté par un comité exécutif dont les représentants sont à cette tribune avec moi : l'UNICEF, dont j'aimerai saluer le Président, Monsieur Jacques Henzy, pour l'investissement personnel très fort qu'il a accordé à cette cause, la CROIX ROUGE, Madame la défenseur des enfants Claire BRISSET, la Chaîne de l'Espoir, Les amis de Soeur Emanuelle, L'association du Père Ceyrac, Enfants et développement et Partage, dont le représentant n'a malheureusement pas pu être des notres ce matin ;
En tant qu'association nationale, il pourra ainsi financer des projets qui lui seront soumis par les associations s'inscrivant dans une telle démarche à travers une charte de qualité des actions. Le comité exécutif a déjà prévu une première réunion de travail aujourd'hui même à 12h30 au ministère pour arrêter une charte de sélection des projets et d'agréement des associations qui feront partie du collectif.
C'est en me sentant personnellement responsable de la moralité, de l'éthique et de la dignité de ce collectif que je lance ce matin un appel à tous les Français pour qu'ils donne en faveur des enfants isolés d'Asie.
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 7 janvier 2005)