Texte intégral
Monsieur le Président de la Société Européenne de Cardiologie,
Madame et Messieurs les Présidents des Sociétés nationales,
Messieurs les Présidents des Collèges et de la Fédération Française de Cardiologie,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un immense plaisir que je viens ici, car je ne peux pas oublier qu'avant d'être ministre ou député, j'étais - et je le reste - un médecin cardiologue. Je me sens donc ici un peu chez moi.
Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité en France, soit un tiers des décès, et la deuxième cause de mortalité prématurée, alors qu'elles représentent l'exemple même de pathologies évitables, pour lesquelles la prévention primaire est particulièrement efficace.
L'hypertension artérielle est l'affection cardio-vasculaire la plus fréquente. Elle concerne environ 8 millions de personnes en France. Elle est connue dans plus de la moitié des cas, traitée dans près de 40 % des cas, mais elle n'est bien contrôlée que chez très peu de patients.
Ces données sont d'autant plus préoccupantes que l'hypertension est un facteur de risque majeur de nombreuses maladies associées à une forte morbidité et mortalité : je veux parler des maladies coronariennes, des accidents vasculaires cérébraux, et de l'insuffisance cardiaque et rénale De plus, le traitement médicamenteux de l'hypertension artérielle coûte 1,5 milliards d'euros par an.
C'est pour toutes ces raisons que la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique s'est fixée 5 objectifs à atteindre d'ici 2008 concernant les maladies cardiovasculaires :
- réduire de 5 mm Hg la pression artérielle systolique moyenne dans la population hypertendue et de 2 mm dans la population normotendue ;
- réduire de 13 % la mortalité associée aux cardiopathies ischémiques chez les hommes et de 10 % chez les femmes ;
- réduire la fréquence et la sévérité des séquelles fonctionnelles associées aux accidents vasculaires cérébraux ;
- diminuer la mortalité et la fréquence des décompensations aiguës des personnes atteintes d'insuffisance cardiaque ;
- réduire de 5 % la cholestérolémie moyenne dans la population adulte dans le cadre d'une prévention globale du risque cardiovasculaire.
Pour surveiller la prévalence et l'incidence des maladies cardiovasculaires, l'Institut National de Veille Sanitaire a instauré un suivi épidémiologique des facteurs de risque et des pathologies cardiovasculaires.
Alors que notre pays investit massivement dans les soins curatifs et dans les techniques les plus sophistiquées de prise en charge de pathologies lourdes, nous ne sommes pas très bons en matière de prévention des maladies. Pour y remédier, nous avons voulu inscrire dans la loi du 9 août des consultations de prévention à des dates clés de la vie.
La lutte contre les maladies cardiovasculaires repose à la fois sur la prévention et sur les soins. Plusieurs programmes nationaux concourent à la prévention globale des maladies cardiovasculaires et à l'amélioration des soins.
Je veux parler du Programme National Nutrition Santé (PNNS), des actions nationales de lutte contre le tabagisme et du programme national de prévention des risques cardiovasculaires.
Je suis particulièrement préoccupé par une " épidémie " chez les sujets jeunes, - car on peut parler d'épidémie - : c'est l'augmentation progressive de la prévalence de l'obésité : 14 % des garçons et 18 % des filles de 7-9 ans ont un surpoids ou une obésité dus à leur comportement alimentaire ou leur sédentarité.
Connaissant les implications majeures de l'obésité, il est impératif d'enrayer ces comportements alimentaires excessifs par des actions de prévention. C'est pourquoi j'ai fait interdire les distributeurs de sucrerie dans les écoles et amplifié le Programme National Nutrition Santé, qui combine des campagnes nationales d'éducation nutritionnelle et de promotion de l'activité physique. La communauté médicale et scientifique a même décerné une Victoire de la Médecine à l'Institut national pour la prévention et l'éducation en santé, l'INPES, pour sa campagne de prévention dans ce domaine.
Le tabac est un facteur de risque majeur de pathologie cardiovasculaire en développant l'athérome. Pourtant, un jeune adulte sur deux est fumeur. Les actions nationales de lutte contre le tabagisme sont nombreuses. Mais il aura fallu attendre 12 ans après l'entrée en vigueur de la loi Evin pour que l'INPES lance à l'automne la première campagne médiatique sur le tabagisme passif dans notre pays. Il ne faut jamais oublier que lorsque l'on fume à côté d'un non-fumeur, il fume aussi.
La Direction générale de la Santé développe depuis 2002 un Programme national de réduction des risques cardiovasculaires ; il est articulé autour de six axes : améliorer le suivi épidémiologique des facteurs de risque et des pathologies cardiovasculaires, promouvoir la prévention cardiovasculaire en agissant sur les facteurs de risque, encourager les patients à être acteurs de leur santé, apprendre à porter secours, améliorer l'organisation des soins et la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux, et inciter au respect des bonnes pratiques cliniques et thérapeutiques.
La prévention de l'hypertension artérielle passe par la mise en oeuvre de mesures hygiéno-diététiques, la réduction des apports sodés et l'exercice physique.
Par ailleurs, les maladies cardiovasculaires seront prises en compte dans l'élaboration du plan qualité de vie des personnes souffrant de maladies chroniques, qui est actuellement en préparation au ministère.
Enfin, je voudrais vous rassurer sur la mise en place de la réforme de l'assurance maladie. Un cardiologue peut très bien être le médecin traitant d'un malade qu'il suit régulièrement pour une affection chronique. Le patient n'est donc pas obliger d'aller voir systématiquement un médecin généraliste.
Je voudrais maintenant aborder un sujet qui - je le sais - commence à vous inquiéter, c'est celui de la démographie médicale, en particulier en cardiologie, en raison de la chute observée des demandes d'inscription en faculté de médecine, et paradoxalement depuis peu, de celle des cardiologues.
La mise en place de la réduction du temps de travail, conjuguée à la réglementation européenne sur le repos compensateur de sécurité après une permanence sur place (garde) ou à domicile (astreinte) sont autant de mesures, qui en diminuant le temps de travail des soignants, créent aussi le sentiment d'un incessant manque de moyens, alors même que les personnels hospitaliers sont toujours aussi engagés et dévoués.
Dès ma prise de fonction, j'ai tenu à relever le numerus clausus des étudiants de 2ème année à 6 200 pour 2005, ce qui représente une augmentation de près de 12 % par rapport à l'année précédente. Et je maintiens mon objectif de 7 000 étudiants admis en 2ème année d'ici deux ans, ce qui contribuera à réduire à terme les difficultés de recrutement des médecins et cardiologues.
En ce qui concerne les hôpitaux publics, ils se trouvent actuellement au croisement de plusieurs grandes réformes : la nouvelle gouvernance et la nouvelle tarification hospitalière, et pour les CHU, la réforme des universités, préparée par François Fillon, et la réforme de la recherche, orchestrée par François d'Aubert.
Les objectifs sont de médicaliser et de rendre plus efficiente et plus moderne la gestion et l'organisation des soins, sans préjudice des missions permanentes de service public, ainsi que de développer et de mieux coordonner la recherche à l'hôpital, en lien avec l'INSERM.
Je veillerai personnellement à préserver ce rôle de creuset pour la recherche médicale et l'innovation que jouent les hôpitaux de France.
La recherche dans le domaine des maladies cardiovasculaires est d'autant plus importante à réaliser que l'on sait la fréquence, la gravité, la diversité et la complexité des pathologies concernées. C'est bien là un domaine où toutes les dimensions de la recherche sont impliquées :
- la recherche fondamentale, directement en amont des grandes innovations, telles que celles réalisées sur les aspects génétiques des maladies cardiovasculaires, la thérapie cellulaire dans l'infarctus du myocarde qui ouvre de grands espoirs thérapeutiques,
- la recherche chirurgicale, avec les grandes avancées récentes utilisant les méthodes non invasives - dont je salue les prouesses - et les avancées dans le domaine de la robotique chirurgicale,
- la recherche thérapeutique, de mieux en mieux intégrée aux connaissances physio-pathologiques et la recherche épidémiologique, qui débouche sur la prévention, dont on connaît l'importance dans un si grand domaine de santé publique.
- Beaucoup de progrès ont été réalisés dans le domaine pharmaceutique. Ils doivent aujourd'hui être appréhendés dans une dimension nationale, mais aussi européenne et internationale.
Je peux vous annoncer qu'il est prévu dans le cadre des nouveaux crédits attribués par le Premier ministre à la Recherche que la recherche biomédicale et en santé est une priorité, et l'axe cardiovasculaire figurera parmi ces priorités. Comme vous le savez, l'INSERM a déjà lui-même lancé un programme spécifique de recherche cardiovasculaire.
Toutes ces activités de recherche sont indispensables au progrès médical auquel nous tenons tous. A ce propos, je pense qu'il faut une réelle connexion entre les acteurs des organismes de recherche, des universités et ceux de la recherche clinique. Il faut aussi une collaboration et des échanges entre le monde hospitalier et la médecine libérale. Un grand congrès, comme celui d'aujourd'hui en est bien la démonstration.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 25 janvier 2005)
Madame et Messieurs les Présidents des Sociétés nationales,
Messieurs les Présidents des Collèges et de la Fédération Française de Cardiologie,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un immense plaisir que je viens ici, car je ne peux pas oublier qu'avant d'être ministre ou député, j'étais - et je le reste - un médecin cardiologue. Je me sens donc ici un peu chez moi.
Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité en France, soit un tiers des décès, et la deuxième cause de mortalité prématurée, alors qu'elles représentent l'exemple même de pathologies évitables, pour lesquelles la prévention primaire est particulièrement efficace.
L'hypertension artérielle est l'affection cardio-vasculaire la plus fréquente. Elle concerne environ 8 millions de personnes en France. Elle est connue dans plus de la moitié des cas, traitée dans près de 40 % des cas, mais elle n'est bien contrôlée que chez très peu de patients.
Ces données sont d'autant plus préoccupantes que l'hypertension est un facteur de risque majeur de nombreuses maladies associées à une forte morbidité et mortalité : je veux parler des maladies coronariennes, des accidents vasculaires cérébraux, et de l'insuffisance cardiaque et rénale De plus, le traitement médicamenteux de l'hypertension artérielle coûte 1,5 milliards d'euros par an.
C'est pour toutes ces raisons que la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique s'est fixée 5 objectifs à atteindre d'ici 2008 concernant les maladies cardiovasculaires :
- réduire de 5 mm Hg la pression artérielle systolique moyenne dans la population hypertendue et de 2 mm dans la population normotendue ;
- réduire de 13 % la mortalité associée aux cardiopathies ischémiques chez les hommes et de 10 % chez les femmes ;
- réduire la fréquence et la sévérité des séquelles fonctionnelles associées aux accidents vasculaires cérébraux ;
- diminuer la mortalité et la fréquence des décompensations aiguës des personnes atteintes d'insuffisance cardiaque ;
- réduire de 5 % la cholestérolémie moyenne dans la population adulte dans le cadre d'une prévention globale du risque cardiovasculaire.
Pour surveiller la prévalence et l'incidence des maladies cardiovasculaires, l'Institut National de Veille Sanitaire a instauré un suivi épidémiologique des facteurs de risque et des pathologies cardiovasculaires.
Alors que notre pays investit massivement dans les soins curatifs et dans les techniques les plus sophistiquées de prise en charge de pathologies lourdes, nous ne sommes pas très bons en matière de prévention des maladies. Pour y remédier, nous avons voulu inscrire dans la loi du 9 août des consultations de prévention à des dates clés de la vie.
La lutte contre les maladies cardiovasculaires repose à la fois sur la prévention et sur les soins. Plusieurs programmes nationaux concourent à la prévention globale des maladies cardiovasculaires et à l'amélioration des soins.
Je veux parler du Programme National Nutrition Santé (PNNS), des actions nationales de lutte contre le tabagisme et du programme national de prévention des risques cardiovasculaires.
Je suis particulièrement préoccupé par une " épidémie " chez les sujets jeunes, - car on peut parler d'épidémie - : c'est l'augmentation progressive de la prévalence de l'obésité : 14 % des garçons et 18 % des filles de 7-9 ans ont un surpoids ou une obésité dus à leur comportement alimentaire ou leur sédentarité.
Connaissant les implications majeures de l'obésité, il est impératif d'enrayer ces comportements alimentaires excessifs par des actions de prévention. C'est pourquoi j'ai fait interdire les distributeurs de sucrerie dans les écoles et amplifié le Programme National Nutrition Santé, qui combine des campagnes nationales d'éducation nutritionnelle et de promotion de l'activité physique. La communauté médicale et scientifique a même décerné une Victoire de la Médecine à l'Institut national pour la prévention et l'éducation en santé, l'INPES, pour sa campagne de prévention dans ce domaine.
Le tabac est un facteur de risque majeur de pathologie cardiovasculaire en développant l'athérome. Pourtant, un jeune adulte sur deux est fumeur. Les actions nationales de lutte contre le tabagisme sont nombreuses. Mais il aura fallu attendre 12 ans après l'entrée en vigueur de la loi Evin pour que l'INPES lance à l'automne la première campagne médiatique sur le tabagisme passif dans notre pays. Il ne faut jamais oublier que lorsque l'on fume à côté d'un non-fumeur, il fume aussi.
La Direction générale de la Santé développe depuis 2002 un Programme national de réduction des risques cardiovasculaires ; il est articulé autour de six axes : améliorer le suivi épidémiologique des facteurs de risque et des pathologies cardiovasculaires, promouvoir la prévention cardiovasculaire en agissant sur les facteurs de risque, encourager les patients à être acteurs de leur santé, apprendre à porter secours, améliorer l'organisation des soins et la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux, et inciter au respect des bonnes pratiques cliniques et thérapeutiques.
La prévention de l'hypertension artérielle passe par la mise en oeuvre de mesures hygiéno-diététiques, la réduction des apports sodés et l'exercice physique.
Par ailleurs, les maladies cardiovasculaires seront prises en compte dans l'élaboration du plan qualité de vie des personnes souffrant de maladies chroniques, qui est actuellement en préparation au ministère.
Enfin, je voudrais vous rassurer sur la mise en place de la réforme de l'assurance maladie. Un cardiologue peut très bien être le médecin traitant d'un malade qu'il suit régulièrement pour une affection chronique. Le patient n'est donc pas obliger d'aller voir systématiquement un médecin généraliste.
Je voudrais maintenant aborder un sujet qui - je le sais - commence à vous inquiéter, c'est celui de la démographie médicale, en particulier en cardiologie, en raison de la chute observée des demandes d'inscription en faculté de médecine, et paradoxalement depuis peu, de celle des cardiologues.
La mise en place de la réduction du temps de travail, conjuguée à la réglementation européenne sur le repos compensateur de sécurité après une permanence sur place (garde) ou à domicile (astreinte) sont autant de mesures, qui en diminuant le temps de travail des soignants, créent aussi le sentiment d'un incessant manque de moyens, alors même que les personnels hospitaliers sont toujours aussi engagés et dévoués.
Dès ma prise de fonction, j'ai tenu à relever le numerus clausus des étudiants de 2ème année à 6 200 pour 2005, ce qui représente une augmentation de près de 12 % par rapport à l'année précédente. Et je maintiens mon objectif de 7 000 étudiants admis en 2ème année d'ici deux ans, ce qui contribuera à réduire à terme les difficultés de recrutement des médecins et cardiologues.
En ce qui concerne les hôpitaux publics, ils se trouvent actuellement au croisement de plusieurs grandes réformes : la nouvelle gouvernance et la nouvelle tarification hospitalière, et pour les CHU, la réforme des universités, préparée par François Fillon, et la réforme de la recherche, orchestrée par François d'Aubert.
Les objectifs sont de médicaliser et de rendre plus efficiente et plus moderne la gestion et l'organisation des soins, sans préjudice des missions permanentes de service public, ainsi que de développer et de mieux coordonner la recherche à l'hôpital, en lien avec l'INSERM.
Je veillerai personnellement à préserver ce rôle de creuset pour la recherche médicale et l'innovation que jouent les hôpitaux de France.
La recherche dans le domaine des maladies cardiovasculaires est d'autant plus importante à réaliser que l'on sait la fréquence, la gravité, la diversité et la complexité des pathologies concernées. C'est bien là un domaine où toutes les dimensions de la recherche sont impliquées :
- la recherche fondamentale, directement en amont des grandes innovations, telles que celles réalisées sur les aspects génétiques des maladies cardiovasculaires, la thérapie cellulaire dans l'infarctus du myocarde qui ouvre de grands espoirs thérapeutiques,
- la recherche chirurgicale, avec les grandes avancées récentes utilisant les méthodes non invasives - dont je salue les prouesses - et les avancées dans le domaine de la robotique chirurgicale,
- la recherche thérapeutique, de mieux en mieux intégrée aux connaissances physio-pathologiques et la recherche épidémiologique, qui débouche sur la prévention, dont on connaît l'importance dans un si grand domaine de santé publique.
- Beaucoup de progrès ont été réalisés dans le domaine pharmaceutique. Ils doivent aujourd'hui être appréhendés dans une dimension nationale, mais aussi européenne et internationale.
Je peux vous annoncer qu'il est prévu dans le cadre des nouveaux crédits attribués par le Premier ministre à la Recherche que la recherche biomédicale et en santé est une priorité, et l'axe cardiovasculaire figurera parmi ces priorités. Comme vous le savez, l'INSERM a déjà lui-même lancé un programme spécifique de recherche cardiovasculaire.
Toutes ces activités de recherche sont indispensables au progrès médical auquel nous tenons tous. A ce propos, je pense qu'il faut une réelle connexion entre les acteurs des organismes de recherche, des universités et ceux de la recherche clinique. Il faut aussi une collaboration et des échanges entre le monde hospitalier et la médecine libérale. Un grand congrès, comme celui d'aujourd'hui en est bien la démonstration.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 25 janvier 2005)