Déclaration de M. François d'Aubert, ministre délégué à la recherche, sur la recherche et la maitrise des NTIC, la création de l'Agence Nationale de la recherche et le rayonnement scientifique et économique de la France, Paris le 4 octobre 2004.

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Circonstance : Journées nationales "Réseau national en technologies logicielles" à Paris le 4 octobre 2004

Texte intégral

Madame la Préfète,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Président du Réseau National en Technologies Logicielles (RNTL)
Mesdames et Messieurs,
La maîtrise des sciences et technologies de l'information et de la communication (STIC) est unanimement reconnue comme un facteur essentiel et durable de la compétitivité économique de demain. Elle représente un levier de croissance fort et un puissant facteur d'attractivité pour les emplois à forte valeur ajoutée dans le domaine de la recherche et du développement. Elle permet des gains de productivité notables pour notre économie.
La lutte est vive pour conquérir les parts du marché mondial, dans un secteur "chahuté" qui se remet progressivement de l'éclatement de la " bulle Internet ". Au delà des enjeux économiques que j'ai rappelés, se pose d'une manière cruciale la question de la souveraineté : un pays peut-il laisser à une entreprise étrangère la maîtrise de ses technologies de l'information, c'est à dire à terme de ses communications, de son audiovisuel, de son informatique ? L'Europe, et avec elle la France, qui se situe dans la moyenne européenne, ont accumulé dans ce domaine un retard par rapport aux Etats-Unis ou au Japon. Ce retard est à mon sens rattrapable en accentuant l'effort de tous, celui des pouvoirs publics bien entendu mais aussi celui des entreprises privées. C'est notre intérêt, économique et stratégique.
Du côté des pouvoirs publics, un milliard d'euros supplémentaire de financement public vient augmenter et dynamiser l'investissement national dans la Recherche l'an prochain. Cette année 2005 est celle de la création de l'Agence Nationale de la Recherche, qui sera une structure légère, bien ancrée sur nos entreprises, nos organismes et nos universités, et qui financera, après sélection, les meilleurs projets de recherche sur les thématiques prioritaires.
Conscient de l'importance d'accentuer notre effort dans ce domaine, j'ai tenu à ce que les technologies de l'information et de la communication soient l'un des 3 grands thèmes prioritaires financés par l'Agence Nationale de la Recherche.
Les journées du RNTL, qui nous réunissent ici aujourd'hui, sont pour moi l'occasion de rappeler à quel point je tiens à l'outil "réseau".
Les réseaux de recherche et d'innovation technologique (RRIT) sont un formidable vecteur pour développer la coopération entre les chercheurs du secteur public et les industriels.
Dans le domaine des TIC, les chiffres sont significatifs : de 1998 à 2002, ce sont plus de 430 projets qui ont été " labellisés " par les 4 réseaux de recherche et d'innovation technologique (RRIT) du domaine, représentant un effort total de 720 millions d'euros, dont 360 millions provenant des pouvoirs publics.
Pour ce qui est du Réseau National en Technologies Logicielles, les chiffres depuis sa création en janvier 2000 sont éloquents : ce sont 260 laboratoires publics et plus de 300 entreprises qui ont participé à des projets labellisés, pour un montant de 220 millions d'euros, dont 110 millions provenant des pouvoirs publics.
La collaboration efficace entre le monde de la recherche académique et celui de l'industrie constitue un grand succès de ce programme. Ce succès a été reconnu par un rapport extérieur à notre pays, réalisé par l'OCDE, et par les rapports d'évaluation des réseaux qui ont été commandés par les pouvoirs publics. Le rapport d'évaluation du RNTL devrait être disponible avant la fin de l'année et j'en prendrai connaissance avec grand intérêt. Il viendra compléter le " livre blanc " que votre communauté a réalisé récemment.
Je me réjouis aussi que le nombre de PME et de jeunes pousses ayant soumis un projet au RNTL ait quasiment doublé en moins d'un an : j'y vois le signe que nos réseaux de recherche et d'innovation technologique s'ouvrent de plus en plus aux PME.
Comparées aux programmes communautaires (IST du 6ème PCRD) je note aussi les procédures de labellisation du RNTL sont plus simples, moins lourdes administrativement et moins contraignantes. C'est important. L'innovation est une course, moins il y a d'obstacles, mieux c'est.
Dans le cadre de la préparation du 7eme PCRD, qui s'engage actuellement, je serai très attentif à la simplicité des procédures mises en place. Il est en effet très préoccupant, et complètement paradoxal par rapport à l'objectif poursuivi, d'entendre de nombreuses entreprises, en particulier des PME, expliquer qu'elles renoncent à se porter candidates aux financements du PCRD à cause de la lourdeur et de la complexité des procédures ! La Commission doit impérativement améliorer ce point.
Au niveau de nos réseaux nationaux aussi, des sources de progrès existent.
En matière de fluidité du financement des projets labellisés tout d'abord. En raison de la dispersion des moyens sur de trop nombreux et trop petits projets ensuite, qui fait que les réseaux n'arrivent pas toujours à atteindre une masse critique suffisante.
Enfin, les secteurs ne sont pas tous représentés : le secteur tertiaire, notamment bancaire, s'est jusqu'à présent assez peu associé aux efforts des réseaux, notamment du RNTL.
Je souhaite donc que l'Agence Nationale de la Recherche soutienne cet outil "réseau", en l'améliorant sur les points précédents.
L'Agence pourra donner une efficacité accrue aux soutiens publics mais aussi une lisibilité meilleure aux acteurs, tant sur le plan national que sur la scène internationale.
Pour revenir au domaine des Technologies de l'Information et de la Communication, il serait prématuré d'annoncer aujourd'hui la configuration future des "réseaux" dans ce domaine.
Je souhaite néanmoins dire que de grands thèmes se dégagent actuellement, qui devront être traités par les réseaux : communications mobiles, systèmes embarqués, réalité virtuelle, télévision haute définition, protection des contenus numériques,
Quelle que soit la configuration finale, il nous faudra travailler à la façon dont les quatre grands secteurs économiques du logiciel, des télécommunications, du multimédia et des composants s'articuleront à l'avenir. L'exemple des téléphones portables de nouvelle génération, associant téléphonie, photo et vidéo, accès internet et leurs composants associés montre que leurs interactions seront amenées à se renforcer.
Je réunirai donc les présidents des quatre réseaux "TIC" au Ministère très prochainement, afin d'écouter leurs propositions dans ce domaine, qui, je le rappelle, est prioritaire pour nous.
Alors soyez confiants, optimistes et créateurs : vous représentez un modèle pour la recherche coopérative de demain, dans un domaine clé pour notre pays. J'ai confiance en vous, les moyens sont là, à nous de les valoriser pour le rayonnement scientifique et économique de notre pays. Nos concitoyens nous le demandent, c'est une exigence forte et naturelle que de les satisfaire. Vous pouvez compter sur mon indéfectible soutien.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 5 octobre 2004)