Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des solidarités, de la santé et de la famille, sur les objectifs du plan de santé bucco-dentaire, notamment vers les enfants et la formation continue des chirurgiens dentistes, Paris le 12 janvier 2005.

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Circonstance : Voeux au Conseil national de l'ordre des chirurgiens dentistes à Paris le 12 janvier 2005

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir invité aujourd'hui à l'occasion de la cérémonie de vux du Conseil National de l'Ordre des Chirurgiens-Dentistes.
Permettez-moi à mon tour de vous souhaiter une heureuse année 2005, pleine de santé et de joie dans votre vie professionnelle comme dans votre vie personnelle.
La grande fréquence des affections bucco-dentaires, leur retentissement sur l'état général et sur la qualité de vie, ainsi que leur répartition très inégale dans la population, en font une question de santé publique à part entière.
Outre les aspects médicaux au sens strict, un mauvais état dentaire, c'est aussi une image dégradée de soi. Ce peut être une vie sociale réduite, avec la peur de sourire, et l'atteinte de la relation à autrui. Ce peut être également un obstacle à l'insertion socio-professionnelle ; une bouche édentée, c'est un marqueur de marginalité.
Ce domaine trop longtemps sous-estimé est désormais pleinement intégré à la politique de santé publique du Gouvernement, puisque la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique comporte pour la première fois un objectif de santé bucco-dentaire : réduire la prévalence de la carie chez les enfants de 6 et 12 ans.
Au-delà de cet objectif important, nous nous attacherons en 2005, en concertation avec tous les acteurs du système de santé, et notamment bien sûr les chirurgiens-dentistes, à définir une politique d'ensemble en la matière. Cette politique doit être cohérente et lisible, où tous les efforts et toutes les mesures concourent à la réalisation d'un même but, mesurable et identifiable par tous : améliorer la santé dentaire de la population.
Cette politique se traduira par l'élaboration d'un plan de santé bucco-dentaire dont les actions s'organiseront selon plusieurs axes :
- Le développement de la prévention et de l'éducation pour la santé, dont l'efficacité est démontrée dans ce domaine, afin d'empêcher la survenue de pathologies, en particulier de la carie ;
- La mise en uvre d'actions spécifiques envers les populations les plus vulnérables en matière de santé dentaire, notamment les personnes handicapées ou les personnes âgées dépendantes ;
- L'amélioration de la prise en charge des soins et des traitements bucco-dentaires ;
- Le développement des moyens d'observation de la santé bucco-dentaire.
Vous m'aviez déjà invité il y a trois mois à venir vous rencontrer. Vous aviez alors formulé le vu de voir instituer une commission permanente d'odontologie, qui puisse donner son avis sur les questions relatives à la démographie professionnelle et à l'organisation de la profession dentaire, à la formation initiale et à la formation continue, à la sécurité sanitaire et à la promotion de la qualité des soins, à l'odontologie hospitalière et aux qualifications professionnelles.
J'ai le plaisir de vous annoncer que cette commission est maintenant effective puisque son arrêté de création est paru au Journal officiel en fin d'année 2004. Comme je vous l'avais annoncé en septembre, cette commission sera co-pilotée par la direction générale de la santé et la direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins. Je remercie cette commission pour le travail qu'elle fait et les propositions qu'elle me présentera.
Elle pourra travailler en collaboration avec le Comité National Odontologique d'Ethique pour les praticiens, enseignants et chercheurs que vous avez créé il y a quelques mois.
La loi du 9 août 2004 a également instauré une formation continue obligatoire pour tout chirurgien-dentiste en exercice. Cette formation continue a pour finalité de perfectionner les connaissances et d'améliorer la qualité des soins, à l'instar de ce qui se fait dans d'autres disciplines médicales. C'est une garantie que le système de santé se doit d'apporter à tous les usagers.
Mon ministère a élaboré le projet de décret prévu par la loi. Ce texte fera très prochainement l'objet des consultations habituelles, auprès des professionnels que vous êtes, des ministères concernés, comme celui de l'Education nationale, et sera examiné au Conseil d'Etat.
Etant donné que vous avez créé un Conseil de la formation continue odontologique en 2001, et que ce comité fonctionne très bien - ce dont je vous félicite - je m'engage à ce que le nouveau dispositif, que le Gouvernement mettra en place par la voie réglementaire, s'appuie sur ce conseil, afin de faciliter et d'accélérer sa montée en charge.
Mais les orientations stratégiques de la formation continue doivent respecter les objectifs et les plans de santé publique fixés par la loi. En d'autres termes, votre action, au travers du dispositif de formation odontologique continue et d'évaluation des compétences et des pratiques professionnelles, doit s'inscrire en cohérence avec la politique de santé publique et le plan de santé bucco-dentaire préparé par la Direction générale de la Santé.
Je sais que vous réfléchissez et travaillez avec le Pr. Yves Matillon, qui est chargé d'une mission relative aux modalités d'évaluation des compétences professionnelles des métiers de la santé.
J'attends de cette mission de vous permettre, ainsi que vous le souhaitez, d'engager de manière opérationnelle votre obligation de veille au maintien de la compétence. Si tel est votre souhait, je le missionnerai et je vous soutiendrai.
J'ai apprécié, Monsieur le Président, que votre ordre, à l'initiative du Dr Regard, par l'intermédiaire de ses conseils départementaux, ait déjà engagé des expérimentations de visites confraternelles de cabinets de chirurgiens dentistes depuis plusieurs années. L'objectif est de s'assurer que les procédures et les résultats en matière de stérilisation et de sécurité sont conformes aux critères de qualité et de sécurité dans une recherche permanente et évolutive de la qualité des soins.
Par leur implication dans l'évaluation des pratiques médicales, dans la formation continue, dans l'élaboration de référentiels de bonnes pratiques, dans la prévention des caries dentaires, les chirurgiens-dentistes sont devenus progressivement de vrais médecins de la bouche à part entière.
Mais vous avez encore un défi à relever, là aussi fixé par la loi du 9 août 2004, c'est celui de réduire de 30 %, d'ici à 2008, le nombre de dents cariées, absentes pour cause de carie ou obturées définitivement pour les enfants de 6 ans et 12 ans.
Je suis sûr, Monsieur le Président, pouvoir compter sur l'engagement et la détermination de votre profession pour réussir cet objectif.
Je vous remercie.


(Source http://www.sante.gouv.fr, le 14 janvier 2005)