Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations franco-albanaises, Paris le 19 janvier 2005.

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Circonstance : Déjeuner offert en l'honneur de M. Fatos NANO, Premier ministre de la République d'Albanie, au Sénat le 19 janvier 2005

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Madame,
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Députés,
Messieurs les Sénateurs,
Madame et Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est pour moi une joie et un honneur, Monsieur le Premier ministre, de vous accueillir à la Présidence du Sénat, seulement trois mois après le président de la République d'Albanie, que j'ai reçu à dîner ici même.
Vous l'aurez compris, l'Albanie est ici chez elle et votre visite en est une nouvelle preuve.
C'est qu'il existe quelque chose de particulier entre la France et l'Albanie.
Vous savez, Monsieur le Premier ministre, le rôle joué par la France dans l'avènement d'un Etat albanais indépendant, durant la première guerre mondiale.
Vous savez aussi que la France a formé une bonne part de l'élite albanaise lorsque de nombreux étudiants fuyaient les rigueurs de l'ancien régime.
Et rappellerai-je que la France a été le premier pays occidental à rouvrir son ambassade à Tirana, en 1945 ?
Nous, Français, sommes conscients de l'attente que notre pays suscite chez vous, même si nous ne savons pas toujours y répondre correctement.
Cette sympathie mutuelle entre nos deux pays nous crée des devoirs. Monsieur le Premier ministre, nous pouvons faire plus et mieux ensemble.
Certes, nos relations politiques sont bonnes, même très bonnes, comme l'attestent la récente visite de Michel BARNIER à Tirana ou, plus encore, la récente visite de votre Président de la République à Paris et votre présence à nos côtés aujourd'hui.
Mais la politique n'est pas tout. Il y a aussi l'économie. Et là, nous pouvons mieux faire. D'autant que grâce aux réformes structurelles courageuses engagées par l'Albanie depuis quelques années, la situation de votre économie s'est nettement améliorée.
C'est pourquoi, les échanges entre nos deux pays doivent se renforcer. Cette intensification sera d'autant plus facile que vous continuerez d'améliorer l'environnement juridique et financier des entreprises, car les nôtres sont encore préoccupées par les incertitudes qui entourent leurs investissements.
Avec l'économie, la francophonie est un autre domaine où nous pouvons faire davantage. Membre de la grande famille de la francophonie depuis 1997, l'Albanie doit poursuivre son effort pour consolider la situation de la langue française, toujours fragile même si elle est plus enviable que dans beaucoup d'autres pays.
Autre domaine dans lequel la France et l'Albanie peuvent faire davantage, les relations interparlementaires doivent s'intensifier. Soyez sûr que le Sénat y veillera, sous la houlette du groupe interparlementaire France-Albanie reconstitué, désormais présidé par notre collègue et ami Bernard FOURNIER, sénateur de la Loire.
Monsieur le Premier ministre,
Je vous l'ai dit, nous pouvons et nous devons faire plus et mieux. Mais nous y arriverons d'autant mieux que vous nous y aiderez. Vous pouvez notamment le faire de trois façons.
Tout d'abord, la France serait évidemment sensible à ce que l'Albanie, le pays des aigles, affirme davantage sa vocation européenne. Cela n'exclut pas des relations étroites avec les Etats-Unis mais il faut veiller à un certain équilibre, dans un monde que nous souhaitons multipolaire.
Nous y sommes d'autant plus sensibles que la France n'a jamais caché qu'elle reconnaissait la vocation de l'Albanie à adhérer, le moment venu, à l'Union européenne, dès lors que les conditions seraient réunies et les critères d'adhésion respectés.
Ensuite, il est important que l'Albanie continue dans la voie courageuse et difficile des réformes structurelles, nécessaires à la consolidation de son économie.
Il est tout aussi essentiel qu'elle maintienne le cap de la lutte contre la corruption et les trafics de toute sorte, véritables fléaux dont pâtit l'image de votre beau pays.
Les lois récemment adoptées à cette fin doivent donc être appliquées rapidement, sans relâche et sans faiblesse. Sachez que la France sera toujours disposée à vous apporter son soutien ainsi qu'une expertise technique dans ce domaine sensible.
Enfin, la France se félicite du rôle modérateur joué par l'Albanie dans le dossier délicat du Kosovo, où rien n'est malheureusement réglé aujourd'hui.
L'attitude raisonnable et équilibrée de votre pays contribue à favoriser la stabilité -toujours précaire- d'une région stratégique. Nous ne pouvons que vous encourager à poursuivre dans cette voie, difficile mais nécessaire.
Monsieur le Premier ministre,
J'ai assez parlé ! Avant de vous laisser la parole, je voudrais simplement dire bien fort :
Vive l'Albanie !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-albanaise
(Source http://www.senat.fr, le 21 janvier 2005)