Texte intégral
P.-L. Séguillon - J.-L. Borloo bonjour. D'abord un rapide commentaire à ce qu'a dit hier soir N. Sarkozy. Il sera, on l'a compris, candidat en 2007, quoi qu'il arrive et même si J. Chirac est lui-même candidat. Un commentaire ?
J.-L. Borloo - Vous savez, il faut 500 signatures d'élus pour être candidat à la présidence de la République. Non, moi je n'ai aucun commentaire à faire. On est, nous, sur un plan de cohésion sociale, on a le référendum qui est un grand sujet, moi je suis à la tâche, une tâche de cohésion sociale qui m'a été confiée par le Président et que j'ai bien l'intention de mener à son terme et de gagner.
Q- Donc, il ne faut pas mélanger les échéances ?
R- Non, je pense que c'est franchement un peu prématuré.
Q- Alors puisque l'on parle du plan de cohésion et de l'emploi, dissipons les malentendus. Est-ce que oui ou non vous pensez que l'engagement pris par J.-P. Raffarin de baisser le chômage d'un point d'ici au 31 décembre 2005, peut être tenu ou, au contraire, peut-être différé dans le temps ?
R- Ce que je crois, c'est que le cap fixé par J.-P. Raffarin, il a eu raison de le fixer, ce qui est très difficile à dire sur des... vous savez, c'est 2.400.000 personnes, c'est 300.000 entrants par semaine et sortants. Donc savoir à quelle heure vous allez être guéri - si pour autant une baisse de 10% est la guérison - est-ce que c'est lundi, mardi ou mercredi, c'est très difficile à dire. Voilà simplement ce que j'ai dit. Le plan de cohésion sociale, les dix programmes emploi qu'on m'a demandés de faire, qui sont en place depuis maintenant quelques jours pour l'essentiel, produiront des effets au second semestre 2005 et vraiment très fortement en 2006. Je pense qu'on pourra aller fin 2006 plus loin même que la demande de J.-P. Raffarin. Mais en revanche, sur des sujets d'une telle complexité, fixer l'échéance précisément me paraît très difficile.
Q- Mais alors précisément...
R- ... Non, mais je vais vous donner un exemple, sur la rénovation urbaine, sur le fameux plan Marshal des banlieues. On m'avait traité de fou, il y avait des sceptiques, il est lancé, il est inarrêtable. 2 milliards l'année dernière, 9 milliards cette année de travaux pour transformer ces galeries. Je n'étais pas capable de vous dire quel jour à quelle heure, dans quelle ville ça allait démarrer. Là, on est un peu sur le même type de sujet.
Q- On a eu quand même l'impression, au regard des chiffres du mois de janvier et puis du mois de février d'augmentation du chômage - 0,7-0,5 - qu'il y a eu un peu d'affolement au sein du Gouvernement.
Par exemple, à quoi va servir la convocation d'un séminaire d'urgence en avril par Matignon sur l'emploi ? Le plan de cohésion sociale il est lancé, il n'y a pas besoin de séminaire ?
R- Non, parce que, vous savez tout est un art d'exécution. Je vous donne un exemple, j'ai présenté un plan de service à la personne. Ce plan de service à la personne - pour les personnes âgées, pour les jeunes, pour débuguer votre ordinateur, bref - entre l'accord de la présentation, le plan fait avec les partenaires et le vrai démarrage, c'est-à-dire le chèque service universel que toutes les entreprises vont pouvoir distribuer, il y a un énorme travail intermédiaire et on a besoin de la mobilisation de toutes les administrations françaises : du ministère des finances, du ministère de la santé, des personnes âgées du ministère des handicapés. Donc, ce qu'a souhaité J.-P. Raffarin c'est, autour de ce plan, qui maintenant est aujourd'hui le plan global qui est aujourd'hui voté, lancé depuis quelques jours...
Q- Il faut mobiliser l'ensemble du Gouvernement ?
R- Mobiliser pour que l'exécution fonctionne rapidement.
Q- Mais quand il parle d'accélérer, est-ce que ça veut dire que vous espérez faire plus vite, plus d'emploi ?
R- Non, je crois que c'est l'accélération de la mise en route. Je vous donne un exemple : pour les services à la personne, il y a deux hypothèses, on prévoit de l'aide fiscale pour les entreprises qui vont distribuer les chèques service universel, bien. Est-ce que cette aide fiscale, on la vote dans une loi au mois de juin, ou est-ce qu'on attend la loi de finance ? Un exemple : il est je crois pour une accélération. Je pense qu'on va pouvoir annoncer d'ailleurs, enfin à ce séminaire, la date de la loi qui va lancer le programme des services à la personne.
Q- Vous, vous sentez le climat au sein du Gouvernement. Sentez-vous vos collègues mobilisés ou un peu démobilisés aujourd'hui ?
R- Non, à vrai dire très mobilisés même ...
Q- Parce qu'on a quelquefois l'impression que dans le Gouvernement, il y a un peu de vague à l'âme aujourd'hui.
R- Ecoutez en tous les cas les cinq ministres avec qui je travaille directement n'en ont pas, le ministre des Finances n'en a pas, le ministre de la Santé est sur son plan. Le ministre de l'Intérieur est au front, si j'ose dire. Donc je n'ai absolument pas ce sentiment. Que ça soit difficile, que franchement que la situation - on a vu les chiffres par exemple du chômage de nos amis allemands, de nos amis italiens, ils sont tombés hier qui sont malheureusement nos principaux partenaires, enfin pas malheureusement, mais malheureusement encore plus difficile que la nôtre - que ça soit difficile, c'est sûr. On a cru dans ce pays que simplement la croissance et le marché tout seul allaient pouvoir régler ce problème de chômage, ce n'est pas vrai.
Q- Mais alors précisément, hier soir - je reviens à la prestation de N. Sarkozy - il a dit : "nous n'avons pas su conduire la réforme du droit du travail". Il reprend en quelque sorte l'argument qu'utilise le Medef en disant : c'est bien de faire du social dans l'emploi, mais ce qu'il faudrait, c'est libérer la possibilité d'embauche et de débauche pour faire de la fluidité.
R- Il ne vous a pas échappé que d'ailleurs en accord avec l'ensemble des partenaires sociaux, la loi du 18 janvier a abrogé la loi de modernisation sociale qui était d'une rigueur invraisemblable, qu'on a fait une quinzaine de réformes de droit du travail. Alors comme toujours, comme ça s'est fait d'une manière un peu carte sur table, de manière assez consensuelle, ça n'a pas créé d'émotion particulière.
Q- Mais ça semble insuffisant aux yeux de N. Sarkozy, par exemple, voire du Medef.
R- Oui, oui, mais vous n'avez pas entendu le Medef particulièrement là-dessus. On peut toujours un peu plus assouplir. Ce qui se pose comme problème aujourd'hui, quand l'intérim ne démarre pas, vous savez, nous, quand on a les chiffres de l'intérim, on sait trois mois avant quels vont être les chiffres du chômage. Or l'intérim c'est la souplesse maximale. Or c'est l'intérim qui a plongé depuis trois mois, c'est ça la réalité, donc ce n'est pas un problème de sous. En revanche, les congés de reclassement personnalisés, pour les personnes en licenciement économique, j'espère que les partenaires sociaux signeront lundi, vous savez que nous l'avons prévu dans la loi pour les entreprises de moins de 1000 personnes. Puisque vous me parlez des entrepreneurs français, je voudrais leur dire deux choses : la première c'est que, ils ont besoin des jeunes apprentis, on a fait, nous, notre boulot, une exonération de 1.600 euros par an pour tout jeune pris. Je redemande instamment aux entrepreneurs français de recruter d'urgence en contrat de professionnalisation ou en apprentissage ces jeunes, ces 16-24 ans. La pyramide des âges des entreprises l'exige, mais le patriotisme des entreprises sur le territoire national l'exige également.
Q- Dernière question, en ce qui concerne le jour férié travaillé, en l'occurrence le lundi de Pentecôte, est-ce que c'était une mauvaise décision du Gouvernement ou est-ce une mauvaise réaction des salariés et de leurs syndicats que de protester, comme ils le font aujourd'hui ?
R- C'est un jour de solidarité. Je rappelle quand même ce pourquoi ça a été fait : c'est pour les personnes dépendantes, c'est travailler un jour de plus. Toute journée aurait eu ses détracteurs et ses complications.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 avril 2005)
J.-L. Borloo - Vous savez, il faut 500 signatures d'élus pour être candidat à la présidence de la République. Non, moi je n'ai aucun commentaire à faire. On est, nous, sur un plan de cohésion sociale, on a le référendum qui est un grand sujet, moi je suis à la tâche, une tâche de cohésion sociale qui m'a été confiée par le Président et que j'ai bien l'intention de mener à son terme et de gagner.
Q- Donc, il ne faut pas mélanger les échéances ?
R- Non, je pense que c'est franchement un peu prématuré.
Q- Alors puisque l'on parle du plan de cohésion et de l'emploi, dissipons les malentendus. Est-ce que oui ou non vous pensez que l'engagement pris par J.-P. Raffarin de baisser le chômage d'un point d'ici au 31 décembre 2005, peut être tenu ou, au contraire, peut-être différé dans le temps ?
R- Ce que je crois, c'est que le cap fixé par J.-P. Raffarin, il a eu raison de le fixer, ce qui est très difficile à dire sur des... vous savez, c'est 2.400.000 personnes, c'est 300.000 entrants par semaine et sortants. Donc savoir à quelle heure vous allez être guéri - si pour autant une baisse de 10% est la guérison - est-ce que c'est lundi, mardi ou mercredi, c'est très difficile à dire. Voilà simplement ce que j'ai dit. Le plan de cohésion sociale, les dix programmes emploi qu'on m'a demandés de faire, qui sont en place depuis maintenant quelques jours pour l'essentiel, produiront des effets au second semestre 2005 et vraiment très fortement en 2006. Je pense qu'on pourra aller fin 2006 plus loin même que la demande de J.-P. Raffarin. Mais en revanche, sur des sujets d'une telle complexité, fixer l'échéance précisément me paraît très difficile.
Q- Mais alors précisément...
R- ... Non, mais je vais vous donner un exemple, sur la rénovation urbaine, sur le fameux plan Marshal des banlieues. On m'avait traité de fou, il y avait des sceptiques, il est lancé, il est inarrêtable. 2 milliards l'année dernière, 9 milliards cette année de travaux pour transformer ces galeries. Je n'étais pas capable de vous dire quel jour à quelle heure, dans quelle ville ça allait démarrer. Là, on est un peu sur le même type de sujet.
Q- On a eu quand même l'impression, au regard des chiffres du mois de janvier et puis du mois de février d'augmentation du chômage - 0,7-0,5 - qu'il y a eu un peu d'affolement au sein du Gouvernement.
Par exemple, à quoi va servir la convocation d'un séminaire d'urgence en avril par Matignon sur l'emploi ? Le plan de cohésion sociale il est lancé, il n'y a pas besoin de séminaire ?
R- Non, parce que, vous savez tout est un art d'exécution. Je vous donne un exemple, j'ai présenté un plan de service à la personne. Ce plan de service à la personne - pour les personnes âgées, pour les jeunes, pour débuguer votre ordinateur, bref - entre l'accord de la présentation, le plan fait avec les partenaires et le vrai démarrage, c'est-à-dire le chèque service universel que toutes les entreprises vont pouvoir distribuer, il y a un énorme travail intermédiaire et on a besoin de la mobilisation de toutes les administrations françaises : du ministère des finances, du ministère de la santé, des personnes âgées du ministère des handicapés. Donc, ce qu'a souhaité J.-P. Raffarin c'est, autour de ce plan, qui maintenant est aujourd'hui le plan global qui est aujourd'hui voté, lancé depuis quelques jours...
Q- Il faut mobiliser l'ensemble du Gouvernement ?
R- Mobiliser pour que l'exécution fonctionne rapidement.
Q- Mais quand il parle d'accélérer, est-ce que ça veut dire que vous espérez faire plus vite, plus d'emploi ?
R- Non, je crois que c'est l'accélération de la mise en route. Je vous donne un exemple : pour les services à la personne, il y a deux hypothèses, on prévoit de l'aide fiscale pour les entreprises qui vont distribuer les chèques service universel, bien. Est-ce que cette aide fiscale, on la vote dans une loi au mois de juin, ou est-ce qu'on attend la loi de finance ? Un exemple : il est je crois pour une accélération. Je pense qu'on va pouvoir annoncer d'ailleurs, enfin à ce séminaire, la date de la loi qui va lancer le programme des services à la personne.
Q- Vous, vous sentez le climat au sein du Gouvernement. Sentez-vous vos collègues mobilisés ou un peu démobilisés aujourd'hui ?
R- Non, à vrai dire très mobilisés même ...
Q- Parce qu'on a quelquefois l'impression que dans le Gouvernement, il y a un peu de vague à l'âme aujourd'hui.
R- Ecoutez en tous les cas les cinq ministres avec qui je travaille directement n'en ont pas, le ministre des Finances n'en a pas, le ministre de la Santé est sur son plan. Le ministre de l'Intérieur est au front, si j'ose dire. Donc je n'ai absolument pas ce sentiment. Que ça soit difficile, que franchement que la situation - on a vu les chiffres par exemple du chômage de nos amis allemands, de nos amis italiens, ils sont tombés hier qui sont malheureusement nos principaux partenaires, enfin pas malheureusement, mais malheureusement encore plus difficile que la nôtre - que ça soit difficile, c'est sûr. On a cru dans ce pays que simplement la croissance et le marché tout seul allaient pouvoir régler ce problème de chômage, ce n'est pas vrai.
Q- Mais alors précisément, hier soir - je reviens à la prestation de N. Sarkozy - il a dit : "nous n'avons pas su conduire la réforme du droit du travail". Il reprend en quelque sorte l'argument qu'utilise le Medef en disant : c'est bien de faire du social dans l'emploi, mais ce qu'il faudrait, c'est libérer la possibilité d'embauche et de débauche pour faire de la fluidité.
R- Il ne vous a pas échappé que d'ailleurs en accord avec l'ensemble des partenaires sociaux, la loi du 18 janvier a abrogé la loi de modernisation sociale qui était d'une rigueur invraisemblable, qu'on a fait une quinzaine de réformes de droit du travail. Alors comme toujours, comme ça s'est fait d'une manière un peu carte sur table, de manière assez consensuelle, ça n'a pas créé d'émotion particulière.
Q- Mais ça semble insuffisant aux yeux de N. Sarkozy, par exemple, voire du Medef.
R- Oui, oui, mais vous n'avez pas entendu le Medef particulièrement là-dessus. On peut toujours un peu plus assouplir. Ce qui se pose comme problème aujourd'hui, quand l'intérim ne démarre pas, vous savez, nous, quand on a les chiffres de l'intérim, on sait trois mois avant quels vont être les chiffres du chômage. Or l'intérim c'est la souplesse maximale. Or c'est l'intérim qui a plongé depuis trois mois, c'est ça la réalité, donc ce n'est pas un problème de sous. En revanche, les congés de reclassement personnalisés, pour les personnes en licenciement économique, j'espère que les partenaires sociaux signeront lundi, vous savez que nous l'avons prévu dans la loi pour les entreprises de moins de 1000 personnes. Puisque vous me parlez des entrepreneurs français, je voudrais leur dire deux choses : la première c'est que, ils ont besoin des jeunes apprentis, on a fait, nous, notre boulot, une exonération de 1.600 euros par an pour tout jeune pris. Je redemande instamment aux entrepreneurs français de recruter d'urgence en contrat de professionnalisation ou en apprentissage ces jeunes, ces 16-24 ans. La pyramide des âges des entreprises l'exige, mais le patriotisme des entreprises sur le territoire national l'exige également.
Q- Dernière question, en ce qui concerne le jour férié travaillé, en l'occurrence le lundi de Pentecôte, est-ce que c'était une mauvaise décision du Gouvernement ou est-ce une mauvaise réaction des salariés et de leurs syndicats que de protester, comme ils le font aujourd'hui ?
R- C'est un jour de solidarité. Je rappelle quand même ce pourquoi ça a été fait : c'est pour les personnes dépendantes, c'est travailler un jour de plus. Toute journée aurait eu ses détracteurs et ses complications.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 avril 2005)