Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier Ministre, sur le sort de Mme Florence Aubenas, journaliste et de son guide, M. Hussein Hanoun Al-Saadi, retenus en otage en Irak, à l'Assemblée nationale le 2 mars 2005.

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Circonstance : Réponse à une question d'actualité à l'Assemblée nationale au sujet de l'enlèvement en Irak de Mme Florence Aubenas, journaliste à "Libération", et de son guide M. Hussein Hanoun Al-Saadi

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le président,
Je vous remercie de votre initiative qui prolonge les démarches que chaque président de groupe a faites ces dernières heures. En effet, F. Aubenas et son accompagnateur, H. Hanoun, ont disparu le 5 janvier, il y a maintenant donc 56 jours. Nous avons - et j'ai été - particulièrement meurtris par les images qui ont été diffusées hier à partir d'une cassette audiovisuelle déposée à l'agence Reuters à Bagdad. Ces images montrent d'évidence la souffrance endurée par F. Aubenas, la cruauté de la captivité, le caractère inacceptable de sa détention. Ou ces images sont vraies, et elles sont insupportables, ou ces images sont fabriquées et elles sont inacceptables.
Elles sont bouleversantes, mais surtout préoccupantes. Naturellement, nous pensons tous, je le sais, au choc subi par la famille de Florence, mais aussi par ses proches, ses innombrables amis, ses confrères mais aussi tous ceux qui soutiennent ceux qui, aujourd'hui, maintiennent cette mobilisation pour que nous obtenions sa libération. Nous devons aussi penser à la famille de H. Hanoun, qui est absent de ces images.
Certes, bien sûr, c'est un nouveau signe de vie que nous recevons après une cassette précédente que nous avons montrée à la famille de F. Aubenas. Nous guettons évidemment tous les signes de vie, puisque vous le savez, dans tous ces contacts, nous demandons toujours un préalable qui est de nous apporter des preuves de vie. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas encore déterminer les dates exactes de l'enregistrement de ces cassettes et notamment de savoir l'ordre d'enregistrement de ces cassettes. Nos experts sont au travail sur ce sujet.
Ce que je peux vous dire de certain, à ce jour, c'est que la disparition de F. Aubenas et de H. Hanoun n'est en rien comparable à celle de C. Chesnot et de G. Malbrunot. Aucun groupe n'a, à ce jour, revendiqué un enlèvement. Aucune revendication n'a été formulée, aucun dialogue n'a pu être stabilisé avec des ravisseurs authentifiés. Les images diffusées donc hier sont en cours d'expertise. La nature et notamment la teneur du message qu'elle comporte suscitent pour chacune et chacun d'entre vous - pour moi aussi - d'importantes interrogations. Et donc, nous essayons et d'expertiser et de valider ces images.
Je le dis ici devant la représentation nationale, toute personne qui croirait détenir des informations sérieuses sur la situation de F. Aubenas, a le devoir de les porter immédiatement et sans conditions à la connaissance des autorités. C'est la sécurité de notre compatriote et de son accompagnateur qui prime sur toute autre considération.
F. Aubenas a lancé un appel à un parlementaire français, qui a déclaré connaître probablement les ravisseurs. J'ai demandé au directeur général de la Sécurité extérieure de prendre contact avec lui, de prendre contact avec vous, monsieur le député, pour recueillir toutes les informations qui pourraient être nécessaires pour que les services de notre République puissent agir, pour que nous puissions faire en sorte que la République agisse d'une seule direction, sous une seule autorité, sans accepter aucune diplomatie parallèle.
La disparition de F. Aubenas et de H. Hanoun nous touche profondément. Nous souhaitons obtenir cette libération par l'action de la France, par l'action de ses services. Je fais confiance aux services de notre pays, aujourd'hui, pour être capables de nous rassembler les conditions qui nous permettront de pouvoir obtenir cette libération. J'indique enfin, comme plusieurs d'entre vous l'ont souhaité, que je réunirai demain les présidents de groupe et les dirigeants de partis politiques pour leur exposer nos analyses, nos conclusions, et leur faire part de toutes les informations dont dispose le Gouvernement.
Aujourd'hui, l'ensemble de la représentation nationale - et je vous remercie monsieur le président d'avoir posé cette question - est mobilisée sur un objectif : obtenir la libération de F. Aubenas et de H. Hanoun dans l'unité de la République.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 3 mars 2005)