Texte intégral
Inauguration du Salon Pharmagora
Vingt ans déjà, pour ce grand événement organisé autour de l'officine et du métier de pharmacien par le Moniteur des Pharmacies.
Vingt ans et des milliers de visiteurs chaque année, des centaines de stands, plus de 150 conférences, des ateliers de formation et d'expertise.
Cette diversité est à l'image des stands représentés dans ce salon ainsi que des tâches et du rôle du pharmacien d'aujourd'hui, qui plus que jamais est un acteur essentiel du parcours de soins. Du conseil en automédication à l'organisation de la sortie de la réserve hospitalière, en passant par la mise en uvre du maintien à domicile des patients, vos tâches sont aujourd'hui nombreuses et exigeantes, à la hauteur de votre rôle d'acteur de santé publique.
C'est pourquoi je voudrais avec vous aujourd'hui m'arrêter sur vos réussites et nos perspectives, nos chantiers pour l'avenir.
1. Acteurs de santé publique, les pharmaciens le sont avant tout par leur proximité des patients.
L'officine est un lieu ouvert à tous public, sans rendez-vous, sans difficulté, toujours disponible pour des conseils personnalisés qui peuvent aller de l'automédication à la contraception d'urgence, en passant par la dispensation des stupéfiants, que nous travaillons à simplifier.
Et cette disponibilité se fait à proximité des patients. Plus de 4 millions de personnes fréquentent tous les jours vos officines, viennent demander vos conseils sur des produits de santé et surtout sur leur utilisation. Dans une enquête du magazine Que choisir, 91,7% des personnes interrogées témoignent de la confiance à leur pharmacien d'officine et 37% d'entre elles reconnaissent son importance dans le système de santé notamment sur l'information qu'il peut délivrer sur les médicaments prescrits et sa prise en charge de certaines maladies courantes. Ma conviction, vous le savez, est que les pharmaciens sont un des acteurs majeurs de la France des proximités ! Avec 23 000 officines dans notre pays aujourd'hui, il n'y a pas de désert pharmaceutique et vous pouvez assurer inlassablement conseils et prévention en santé, y compris dans nos cantons les plus reculés.
Cet équilibre est aujourd'hui garanti par la loi de répartition. Elle donne aujourd'hui satisfaction à votre profession. Je veille, avec vos instances représentatives et ordinales, à la préserver comme vous le savez, afin que le maître mot demeure le meilleur approvisionnement de la population résidente.
Cette loi est un succès et assure aujourd'hui un approvisionnement optimal des patients sur notre territoire. C'est au nom de mes responsabilités en santé publique que je souhaite aujourd'hui vous féliciter.
2. Mais, bien sûr, je souhaite aussi vous féliciter pour votre mobilisation en faveur du médicament générique.
Cet engagement est de plus en plus volontaire et partenarial. Comme vous le savez, nous nous sommes engagés avec Xavier Bertrand dans le cadre de la réforme de l'assurance maladie sur 2,3 milliards d'euros d'économie sur les dépenses de produits de santé, dont un milliard à l'horizon 2007, grâce au développement des médicaments génériques. Ce milliard est bien un objectif commun, engagé sur des hypothèses construites avec vos instances représentatives, ainsi que celles de l'industrie du médicament princeps et générique.
Ces économies reposent sur des actions menées conjointement par mes services et par la mobilisation des professionnels de santé. J'ai engagé des réformes législatives et réglementaires afin d'élargir le périmètre du médicament générique :
l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé publie les nouveaux groupes au répertoire sans préjuger des droits de propriété intellectuels. C'est le métier de l'institut national de la propriété intellectuelle et non de la police sanitaire. C'est ainsi que nous avons pu inscrire au répertoire l'oméprazole le 6 mai dernier, après avoir pris le décret nécessaire.
J'ai élargi la définition du générique par la loi de réforme de l'assurance maladie et par décret publié le 28 février dernier. Seront maintenant qualifiés de génériques, les nouveaux dosages ainsi que les sels, esthers et isomères. Nous éviterons ainsi les transferts de prescription vers des produits de contournement.
Enfin, nous avons mobilisé de nouveau les médecins sur la prescriptions de médicaments génériques dans le cadre de la nouvelle convention. Nous veillerons à les aider par la mise en place de logiciels certifiés d'aide à la prescription. Ils faciliteront la prescription en Dénomination Commune, tout en les protégeant des risques des interactions médicamenteuses. C'est important pour soutenir votre action en faveur du développement des médicaments génériques.
Par ailleurs, une politique de prix spécifique accompagne la mise sur le marché de ces "molécules de contournement", arrivées sur le marché avant ces dispositions. Ce dispositif permet à l'assurance maladie de ne pas être perdante, en fixant un prix égal à celui du générique deux ans après sa mise sur le marché.
Sur ces bases, nous avons conjointement défini un objectif commun à atteindre, un milliard d'euros d'économies pour le médicament générique en 2007. J'ai voulu vous associer pas à pas à cet objectif, car il dépend de votre mobilisation dans la pédagogie de la substitution. Ainsi, j'ai souhaité associer tous les acteurs de la filière du médicament, au sein d'un comité de suivi du générique, placé auprès du comité économique des produits de santé.
Dans ce cadre, le comité économique des produits de santé, décidera si des tarifs forfaitaires de responsabilité doivent être appliqués pour les molécules où le générique ne se développe pas suffisamment. Ainsi, dix molécules seront bientôt concernées.
Cela correspond à une solution de dernier recours, mais qui nous permettra d'atteindre l'objectif que nous nous sommes fixés pour 2007 et sur lequel nous nous sommes engagés.
Chaque mois, le comité de suivi du médicament générique se réunira afin de suivre chaque molécule et éventuellement d'appliquer de nouveaux TFR avec parcimonie et discernement.
Les molécules concernées par le TFR sont peu nombreuses, car vous vous êtes mobilisés pour inlassablement expliquer aux français que le générique c'est le même médicament, le même effet thérapeutique.
Bravo donc pour votre mobilisation sur le générique, il ne faut pas que nous faiblissions car des chantiers sont encore devant nous.
Je voudrais ici attirer votre attention sur le niveau des contrats de coopération commerciales appelés aussi "marges arrières". Je sais qu'elles ont constitué un aiguillon supplémentaire dans le développement du générique. Mais vous le savez, si elles atteignent un niveau trop élevé, cela deviendra un formidable ennemi pour votre action et pour ces traitements ! C'est pourquoi je compte proposer très prochainement un mécanisme qui en redéfinira les contours. C'est mon rôle et mon devoir de le faire avec un mécanisme crédible, seul capable d'assurer un développement pérenne du générique d'utilisation encore récente pour nos concitoyens.
Au delà de ces réussites sur lesquelles je souhaitais saluer ici votre action, des chantiers nous attendent.
Le rôle du pharmacien est primordial en santé publique et moteur du changement de comportement de nos concitoyens.
Votre rôle d'information a été renforcé. Si la santé n'a pas de prix, les français doivent être en mesure de connaître celui de leur traitement, plus parlant souvent pour eux que les chiffres désincarnés des déficits de l'assurance maladie. L'impression d'une facturette au dos de l'ordonnance que vos éditeurs de logiciels commencent à généraliser, remplit pour moi ce rôle essentiel de vecteur des changements de comportement et d'esprit de responsabilité.
Ne vous y trompez pas, c'est bien en changeant tous un peu que l'on peut tout changer et là aussi votre rôle est fondamental.
Dans le domaine du médicament, nous souhaitons améliorer l'offre de soins et donc adapter les conditionnements à la pathologie. Notre décision relève à la fois d'un souci de bon usage du médicament et d'un objectif de santé publique. Nous n'avons pas voulu opter, comme cela était demandé et comme cela se pratique dans certains pays européens, pour une médication à l'unité. Ce système, vous le savez, présente de nombreux inconvénients. En revanche, nous pensons qu'il est nécessaire d'améliorer la taille des conditionnements, et cela dans les deux sens. Autrement dit avoir des boites plus grandes pour les traitements chroniques - afin d'éviter les renouvellements d'ordonnances - et des boites plus petites pour éviter les gaspillages. des boîtes ne sont jamais finies, 1 boite sur 5 achetée n'est jamais entamée.
Dans le cadre d'un traitement mensuel, qui ne voit que la délivrance d'une boîte de 31 comprimés - au lieu de 28 - serait bonne pour la santé du patient mais aussi bonne pour la Sécurité sociale ? Certes les conditionnements non adaptés ne sont pas les seuls fautifs. La mauvaise observance des traitements est également responsable de ces phénomènes
Parce que vous bénéficiez de la confiance des patients, parce que vous avez une prise directe sur les changements de comportement, parce que vous avez un rôle d'explication et de pédagogie, vous êtes au cur de la maîtrise médicalisée et vous êtes de puissants vecteurs de réussite. L'enjeu de cette réforme n'est pas de dépenser moins mais de dépenser mieux. Or, du fait de votre proximité et de votre rôle de conseil auprès des patients, vous êtes en situation pour faire connaître les outils de la réforme et favoriser les changements de comportement.
Appelé à être généralisé en 2007, le DMP est au cur du dispositif de maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Il doit être simple et sûr. Son rôle premier, vous le savez, est d'éviter les interactions médicamenteuses et les examens redondants, estimés à 15 % du total des examens par la CNAMTS. Si l'on décide d'avoir une action résolue dans la lutte contre la iatrogénie - responsable de 128 000 hospitalisations par an et entre 9 000 et 11 000 décès - on ne peut imaginer que les pharmaciens soient exclus de la partie traitement.
Votre excellent niveau d'informatisation fera de vous des acteurs-clefs du développement du DMP. Il importe, je pense, aux pharmaciens d'avoir accès à une information exhaustive sur les prescriptions, et pas seulement sur celles délivrées dans leur officine. Aussi je souhaite que l'on explore la possibilité de la mise en place d'un volet partagé sur les traitements dans le DMP, spécifique aux pharmaciens, pour répondre à cette attente légitime.
Dans la montée en charge du dispositif, une seule idée doit nous guider : le DMP doit présenter toutes les garanties en matière de sécurité, de confidentialité et d'éthique afin de protéger le patient. Soyez en sûrs, le dossier médical personnel sera demain un élément fort du système de santé français, il sera ce que les autres pays européens nous envieront le plus car nous l'aurons construit ensemble et pour chacun d'entre vous.
Mais je voudrais finir en évoquant avec vous les trois chantiers qui me tiennent le plus à cur pour votre profession, des chantiers menés pour l'amélioration de la qualité des soins. Le pharmacien doit être une des têtes de pont du maintien à domicile, de l'organisation et de la qualité des soins, un acteur de la prévention.
Je souhaite bien sûr avancer sur tous les sujets qui permettront une meilleure valorisation de tous les métiers de l'officine, et d'un renforcement des réseaux ville-hôpital. Permettez-moi de souligner 4 de ces sujets majeurs :
- 1. l'amélioration de la formation médicale continue,
- 2. l'amélioration des conditions d'entrée des jeunes dans les métiers de l'officine,
- 3. la valorisation des acquis de l'expérience pour les préparateurs en pharmacie,
- 4. enfin l'évolution du statut d'adjoint vers le statut d'associé.
Tous ces chantiers, vous savez que je les mène à vos côtés, au service du changement des comportements, au service de la santé publique et de la reconnaissance pleine et entière des pharmaciens comme des professionnels de santé à part entière, véritable acteurs du parcours de soins, de la prévention de la iatrogénie, à l'écoute et à la disposition des patients !
Je vous remercie
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 24 mars 2005)
Conférence débat sur le thème Cancer
Je suis très heureux de vous rejoindre afin de participer à cette conférence débat sur le thème du cancer.
Comme vous le savez, ce sujet me tient particulièrement à cur et je tiens à remercier l'engagement de certains industriels dans ce combat, tel celui de Pierre Fabre.
Tout d'abord, permettez moi de faire le bilan de ce que nous avons déjà entrepris pour lutter contre ce fléau, responsable comme vous le savez de 400 morts par jour dans notre pays.
Présenté il y a tout juste deux ans par le Président de la République, le Plan Cancer constitue la mobilisation attendue par tous : patients, proches, et professionnels.
En 2003 et 2004, la priorité donnée à la prévention et au dépistage ont permis d'obtenir des résultats sans précédent et sera poursuivie sans relâche.
Des choix décisifs en matière de recherche et de formation ont été opérés et ont abouti à la création de l'Institut National du Cancer, - dont je salue chaleureusement le Président, le Professeur David Kayat - permettant ainsi l'existence d'une nouvelle gouvernance au service du patient.
Des premiers résultats très encourageants ont été obtenus en matière de prévention ciblée, et je ne citerai devant vous que la politique ambitieuse de lutte contre le tabagisme, contre l'abus d'alcool, et les actions de prévention auxquelles vous participez dans le domaine de la nutrition et de la prévention des mélanomes.
Je connais l'engagement des officinaux auprès de la population, et je sais combien le message de proximité que vous pouvez diffuser est bien perçu et particulièrement efficace.
Votre aide pour combler le retard de notre pays en matière de prévention est essentiel et je sais pouvoir compter sur vous, votre engagement en tant que professionnel de santé, au service de la santé publique.
En matière de dépistage, le plan a permis de rendre effective la généralisation sur tout le territoire national, outre-mer comprise, du dépistage organisé du cancer du sein. Nous devons maintenant accroître l'adhésion des femmes à ce dispositif. Nous mènerons des actions en ce sens, en concertation avec les associations.
Un autre dépistage me préoccupe particulièrement, il s'agit de celui du cancer colo-rectal. 23 départements pilotes ont déjà mis en place un dépistage organisé, autour du seul test aujourd'hui disponible. Je serais amené dans les semaines qui viennent à annoncer les mesures qui permettront d'aboutir à une généralisation et à une meilleure information des praticiens, et du public. Dans ces deux cas, votre rôle est essentiel.
Mais le plan cancer, ce sont aussi des efforts centrés autour du patient, des soins de qualité, accessibles à tous, quelle que soit sa condition et son lieu de résidence.
Je voudrais maintenant faire avec vous le bilan de l'amélioration de l'accès aux soins pour cette pathologie.
Tout d'abord, l'accès aux traitements.
Vous savez que les dernières molécules utilisées contre le cancer sont particulièrement onéreuses. Dans le système de financement d'une enveloppe globale hospitalière fermée, il existait des inégalités d'accès aux soins, selon l'établissement dans lequel le patient était suivi.
Aujourd'hui, ces molécules sont remboursées intégralement par l'assurance maladie qui en négocie le prix et ainsi ne pèsent plus directement sur le budget de l'établissement. Ce dispositif rétablit ainsi une équité de traitement.
Encore faut-il qu'il existe des services de santé à proximité de son domicile.
Le plan cancer met en place dans cet objectif, une coordination systématique des acteurs de soins à l'hôpital et en ville, par la généralisation des réseaux de cancérologie, intégrés aux réseaux de soins.
D'ici quatre ans la couverture de l'ensemble des régions françaises sera effective. Elle permettra cette coordination indispensable au partage d'informations, aux bonnes pratiques et à l'évaluation, particulièrement nécessaire à la pratique d'une cancérologie à l'écoute du patient.
Pour 2005, j'ai obtenu une dotation de 150M pour développer les réseaux de soins. 55 réseaux de cancérologie bénéficient de financement au sein de la dotation nationale de développement des réseaux (DNDR).
Aujourd'hui, un peu plus d'un an après la création de ce dispositif, toutes les régions françaises (sauf deux), disposent d'un réseau de cancérologie.
Et dans tous ces réseaux, les pharmaciens participent activement à la coordination des soins, reconnue par une indemnisation forfaitaire, comme pour les autres professionnels de santé. La première évaluation de ce dispositif sera définitive en 2006, mais dores et déjà, il s'agit pour votre profession, d'une nouvelle mission de coordination des soins.
Ces mesures participent au développement des soins à domicile, en particulier de la chimiothérapie, pour lesquels notre pays a encore beaucoup de retard. Je ne citerai qu'un chiffre, que le Moniteur des pharmacies reprend dans son dernier numéro. En Allemagne, 80 % des chimiothérapies se font à domicile, contre seulement 20 % en France.
La récente réforme de la rétrocession concernant en particulier les médicaments anticancéreux, contribuera grandement à faciliter l'accès aux traitements pour les patients et leur maintien à domicile.
Les bonnes pratiques ont été définies, les pharmacies hospitalières peuvent désormais préparer les cytotoxiques pour un usage à domicile, dans le cadre d'un réseau auquel l'officine peut participer afin de permettre les soins de proximité. Une convention type, publiée au journal officiel le 22 décembre dernier, fédère et sécurise la constitution de ces réseaux autour des bonnes pratiques de soins.
Le développement des soins palliatifs est assuré en cohérence avec le plan cancer sur lequel repose en partie son financement. Là aussi, des réseaux sont constitués, auxquels vous participez.
Dans la même perspective, l'objectif de 8000 places d'hospitalisation à domicile sera atteint en 2007, grâce aux 2000 places spécifiques permises par le plan cancer.
A chacune de ces étapes, prévention, dépistage, prise en charge concertée et pluridisciplinaire des patients, votre rôle est reconnu, conforté, en un mot essentiel.
Tout ceci illustre au travers du plan cancer dont nous venons de parler ici, le nouveau mode d'organisation que j'appelle de mes vux pour la santé de nos concitoyens, centré autour du malade, et auquel chaque professionnel de santé apporte sa contribution.
Je suis bien sûr persuadé que vous saurez participer pleinement à cet enjeu, fondamental pour l'amélioration de la santé publique !
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 24 mars 2005)
Vingt ans déjà, pour ce grand événement organisé autour de l'officine et du métier de pharmacien par le Moniteur des Pharmacies.
Vingt ans et des milliers de visiteurs chaque année, des centaines de stands, plus de 150 conférences, des ateliers de formation et d'expertise.
Cette diversité est à l'image des stands représentés dans ce salon ainsi que des tâches et du rôle du pharmacien d'aujourd'hui, qui plus que jamais est un acteur essentiel du parcours de soins. Du conseil en automédication à l'organisation de la sortie de la réserve hospitalière, en passant par la mise en uvre du maintien à domicile des patients, vos tâches sont aujourd'hui nombreuses et exigeantes, à la hauteur de votre rôle d'acteur de santé publique.
C'est pourquoi je voudrais avec vous aujourd'hui m'arrêter sur vos réussites et nos perspectives, nos chantiers pour l'avenir.
1. Acteurs de santé publique, les pharmaciens le sont avant tout par leur proximité des patients.
L'officine est un lieu ouvert à tous public, sans rendez-vous, sans difficulté, toujours disponible pour des conseils personnalisés qui peuvent aller de l'automédication à la contraception d'urgence, en passant par la dispensation des stupéfiants, que nous travaillons à simplifier.
Et cette disponibilité se fait à proximité des patients. Plus de 4 millions de personnes fréquentent tous les jours vos officines, viennent demander vos conseils sur des produits de santé et surtout sur leur utilisation. Dans une enquête du magazine Que choisir, 91,7% des personnes interrogées témoignent de la confiance à leur pharmacien d'officine et 37% d'entre elles reconnaissent son importance dans le système de santé notamment sur l'information qu'il peut délivrer sur les médicaments prescrits et sa prise en charge de certaines maladies courantes. Ma conviction, vous le savez, est que les pharmaciens sont un des acteurs majeurs de la France des proximités ! Avec 23 000 officines dans notre pays aujourd'hui, il n'y a pas de désert pharmaceutique et vous pouvez assurer inlassablement conseils et prévention en santé, y compris dans nos cantons les plus reculés.
Cet équilibre est aujourd'hui garanti par la loi de répartition. Elle donne aujourd'hui satisfaction à votre profession. Je veille, avec vos instances représentatives et ordinales, à la préserver comme vous le savez, afin que le maître mot demeure le meilleur approvisionnement de la population résidente.
Cette loi est un succès et assure aujourd'hui un approvisionnement optimal des patients sur notre territoire. C'est au nom de mes responsabilités en santé publique que je souhaite aujourd'hui vous féliciter.
2. Mais, bien sûr, je souhaite aussi vous féliciter pour votre mobilisation en faveur du médicament générique.
Cet engagement est de plus en plus volontaire et partenarial. Comme vous le savez, nous nous sommes engagés avec Xavier Bertrand dans le cadre de la réforme de l'assurance maladie sur 2,3 milliards d'euros d'économie sur les dépenses de produits de santé, dont un milliard à l'horizon 2007, grâce au développement des médicaments génériques. Ce milliard est bien un objectif commun, engagé sur des hypothèses construites avec vos instances représentatives, ainsi que celles de l'industrie du médicament princeps et générique.
Ces économies reposent sur des actions menées conjointement par mes services et par la mobilisation des professionnels de santé. J'ai engagé des réformes législatives et réglementaires afin d'élargir le périmètre du médicament générique :
l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé publie les nouveaux groupes au répertoire sans préjuger des droits de propriété intellectuels. C'est le métier de l'institut national de la propriété intellectuelle et non de la police sanitaire. C'est ainsi que nous avons pu inscrire au répertoire l'oméprazole le 6 mai dernier, après avoir pris le décret nécessaire.
J'ai élargi la définition du générique par la loi de réforme de l'assurance maladie et par décret publié le 28 février dernier. Seront maintenant qualifiés de génériques, les nouveaux dosages ainsi que les sels, esthers et isomères. Nous éviterons ainsi les transferts de prescription vers des produits de contournement.
Enfin, nous avons mobilisé de nouveau les médecins sur la prescriptions de médicaments génériques dans le cadre de la nouvelle convention. Nous veillerons à les aider par la mise en place de logiciels certifiés d'aide à la prescription. Ils faciliteront la prescription en Dénomination Commune, tout en les protégeant des risques des interactions médicamenteuses. C'est important pour soutenir votre action en faveur du développement des médicaments génériques.
Par ailleurs, une politique de prix spécifique accompagne la mise sur le marché de ces "molécules de contournement", arrivées sur le marché avant ces dispositions. Ce dispositif permet à l'assurance maladie de ne pas être perdante, en fixant un prix égal à celui du générique deux ans après sa mise sur le marché.
Sur ces bases, nous avons conjointement défini un objectif commun à atteindre, un milliard d'euros d'économies pour le médicament générique en 2007. J'ai voulu vous associer pas à pas à cet objectif, car il dépend de votre mobilisation dans la pédagogie de la substitution. Ainsi, j'ai souhaité associer tous les acteurs de la filière du médicament, au sein d'un comité de suivi du générique, placé auprès du comité économique des produits de santé.
Dans ce cadre, le comité économique des produits de santé, décidera si des tarifs forfaitaires de responsabilité doivent être appliqués pour les molécules où le générique ne se développe pas suffisamment. Ainsi, dix molécules seront bientôt concernées.
Cela correspond à une solution de dernier recours, mais qui nous permettra d'atteindre l'objectif que nous nous sommes fixés pour 2007 et sur lequel nous nous sommes engagés.
Chaque mois, le comité de suivi du médicament générique se réunira afin de suivre chaque molécule et éventuellement d'appliquer de nouveaux TFR avec parcimonie et discernement.
Les molécules concernées par le TFR sont peu nombreuses, car vous vous êtes mobilisés pour inlassablement expliquer aux français que le générique c'est le même médicament, le même effet thérapeutique.
Bravo donc pour votre mobilisation sur le générique, il ne faut pas que nous faiblissions car des chantiers sont encore devant nous.
Je voudrais ici attirer votre attention sur le niveau des contrats de coopération commerciales appelés aussi "marges arrières". Je sais qu'elles ont constitué un aiguillon supplémentaire dans le développement du générique. Mais vous le savez, si elles atteignent un niveau trop élevé, cela deviendra un formidable ennemi pour votre action et pour ces traitements ! C'est pourquoi je compte proposer très prochainement un mécanisme qui en redéfinira les contours. C'est mon rôle et mon devoir de le faire avec un mécanisme crédible, seul capable d'assurer un développement pérenne du générique d'utilisation encore récente pour nos concitoyens.
Au delà de ces réussites sur lesquelles je souhaitais saluer ici votre action, des chantiers nous attendent.
Le rôle du pharmacien est primordial en santé publique et moteur du changement de comportement de nos concitoyens.
Votre rôle d'information a été renforcé. Si la santé n'a pas de prix, les français doivent être en mesure de connaître celui de leur traitement, plus parlant souvent pour eux que les chiffres désincarnés des déficits de l'assurance maladie. L'impression d'une facturette au dos de l'ordonnance que vos éditeurs de logiciels commencent à généraliser, remplit pour moi ce rôle essentiel de vecteur des changements de comportement et d'esprit de responsabilité.
Ne vous y trompez pas, c'est bien en changeant tous un peu que l'on peut tout changer et là aussi votre rôle est fondamental.
Dans le domaine du médicament, nous souhaitons améliorer l'offre de soins et donc adapter les conditionnements à la pathologie. Notre décision relève à la fois d'un souci de bon usage du médicament et d'un objectif de santé publique. Nous n'avons pas voulu opter, comme cela était demandé et comme cela se pratique dans certains pays européens, pour une médication à l'unité. Ce système, vous le savez, présente de nombreux inconvénients. En revanche, nous pensons qu'il est nécessaire d'améliorer la taille des conditionnements, et cela dans les deux sens. Autrement dit avoir des boites plus grandes pour les traitements chroniques - afin d'éviter les renouvellements d'ordonnances - et des boites plus petites pour éviter les gaspillages. des boîtes ne sont jamais finies, 1 boite sur 5 achetée n'est jamais entamée.
Dans le cadre d'un traitement mensuel, qui ne voit que la délivrance d'une boîte de 31 comprimés - au lieu de 28 - serait bonne pour la santé du patient mais aussi bonne pour la Sécurité sociale ? Certes les conditionnements non adaptés ne sont pas les seuls fautifs. La mauvaise observance des traitements est également responsable de ces phénomènes
Parce que vous bénéficiez de la confiance des patients, parce que vous avez une prise directe sur les changements de comportement, parce que vous avez un rôle d'explication et de pédagogie, vous êtes au cur de la maîtrise médicalisée et vous êtes de puissants vecteurs de réussite. L'enjeu de cette réforme n'est pas de dépenser moins mais de dépenser mieux. Or, du fait de votre proximité et de votre rôle de conseil auprès des patients, vous êtes en situation pour faire connaître les outils de la réforme et favoriser les changements de comportement.
Appelé à être généralisé en 2007, le DMP est au cur du dispositif de maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Il doit être simple et sûr. Son rôle premier, vous le savez, est d'éviter les interactions médicamenteuses et les examens redondants, estimés à 15 % du total des examens par la CNAMTS. Si l'on décide d'avoir une action résolue dans la lutte contre la iatrogénie - responsable de 128 000 hospitalisations par an et entre 9 000 et 11 000 décès - on ne peut imaginer que les pharmaciens soient exclus de la partie traitement.
Votre excellent niveau d'informatisation fera de vous des acteurs-clefs du développement du DMP. Il importe, je pense, aux pharmaciens d'avoir accès à une information exhaustive sur les prescriptions, et pas seulement sur celles délivrées dans leur officine. Aussi je souhaite que l'on explore la possibilité de la mise en place d'un volet partagé sur les traitements dans le DMP, spécifique aux pharmaciens, pour répondre à cette attente légitime.
Dans la montée en charge du dispositif, une seule idée doit nous guider : le DMP doit présenter toutes les garanties en matière de sécurité, de confidentialité et d'éthique afin de protéger le patient. Soyez en sûrs, le dossier médical personnel sera demain un élément fort du système de santé français, il sera ce que les autres pays européens nous envieront le plus car nous l'aurons construit ensemble et pour chacun d'entre vous.
Mais je voudrais finir en évoquant avec vous les trois chantiers qui me tiennent le plus à cur pour votre profession, des chantiers menés pour l'amélioration de la qualité des soins. Le pharmacien doit être une des têtes de pont du maintien à domicile, de l'organisation et de la qualité des soins, un acteur de la prévention.
Je souhaite bien sûr avancer sur tous les sujets qui permettront une meilleure valorisation de tous les métiers de l'officine, et d'un renforcement des réseaux ville-hôpital. Permettez-moi de souligner 4 de ces sujets majeurs :
- 1. l'amélioration de la formation médicale continue,
- 2. l'amélioration des conditions d'entrée des jeunes dans les métiers de l'officine,
- 3. la valorisation des acquis de l'expérience pour les préparateurs en pharmacie,
- 4. enfin l'évolution du statut d'adjoint vers le statut d'associé.
Tous ces chantiers, vous savez que je les mène à vos côtés, au service du changement des comportements, au service de la santé publique et de la reconnaissance pleine et entière des pharmaciens comme des professionnels de santé à part entière, véritable acteurs du parcours de soins, de la prévention de la iatrogénie, à l'écoute et à la disposition des patients !
Je vous remercie
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 24 mars 2005)
Conférence débat sur le thème Cancer
Je suis très heureux de vous rejoindre afin de participer à cette conférence débat sur le thème du cancer.
Comme vous le savez, ce sujet me tient particulièrement à cur et je tiens à remercier l'engagement de certains industriels dans ce combat, tel celui de Pierre Fabre.
Tout d'abord, permettez moi de faire le bilan de ce que nous avons déjà entrepris pour lutter contre ce fléau, responsable comme vous le savez de 400 morts par jour dans notre pays.
Présenté il y a tout juste deux ans par le Président de la République, le Plan Cancer constitue la mobilisation attendue par tous : patients, proches, et professionnels.
En 2003 et 2004, la priorité donnée à la prévention et au dépistage ont permis d'obtenir des résultats sans précédent et sera poursuivie sans relâche.
Des choix décisifs en matière de recherche et de formation ont été opérés et ont abouti à la création de l'Institut National du Cancer, - dont je salue chaleureusement le Président, le Professeur David Kayat - permettant ainsi l'existence d'une nouvelle gouvernance au service du patient.
Des premiers résultats très encourageants ont été obtenus en matière de prévention ciblée, et je ne citerai devant vous que la politique ambitieuse de lutte contre le tabagisme, contre l'abus d'alcool, et les actions de prévention auxquelles vous participez dans le domaine de la nutrition et de la prévention des mélanomes.
Je connais l'engagement des officinaux auprès de la population, et je sais combien le message de proximité que vous pouvez diffuser est bien perçu et particulièrement efficace.
Votre aide pour combler le retard de notre pays en matière de prévention est essentiel et je sais pouvoir compter sur vous, votre engagement en tant que professionnel de santé, au service de la santé publique.
En matière de dépistage, le plan a permis de rendre effective la généralisation sur tout le territoire national, outre-mer comprise, du dépistage organisé du cancer du sein. Nous devons maintenant accroître l'adhésion des femmes à ce dispositif. Nous mènerons des actions en ce sens, en concertation avec les associations.
Un autre dépistage me préoccupe particulièrement, il s'agit de celui du cancer colo-rectal. 23 départements pilotes ont déjà mis en place un dépistage organisé, autour du seul test aujourd'hui disponible. Je serais amené dans les semaines qui viennent à annoncer les mesures qui permettront d'aboutir à une généralisation et à une meilleure information des praticiens, et du public. Dans ces deux cas, votre rôle est essentiel.
Mais le plan cancer, ce sont aussi des efforts centrés autour du patient, des soins de qualité, accessibles à tous, quelle que soit sa condition et son lieu de résidence.
Je voudrais maintenant faire avec vous le bilan de l'amélioration de l'accès aux soins pour cette pathologie.
Tout d'abord, l'accès aux traitements.
Vous savez que les dernières molécules utilisées contre le cancer sont particulièrement onéreuses. Dans le système de financement d'une enveloppe globale hospitalière fermée, il existait des inégalités d'accès aux soins, selon l'établissement dans lequel le patient était suivi.
Aujourd'hui, ces molécules sont remboursées intégralement par l'assurance maladie qui en négocie le prix et ainsi ne pèsent plus directement sur le budget de l'établissement. Ce dispositif rétablit ainsi une équité de traitement.
Encore faut-il qu'il existe des services de santé à proximité de son domicile.
Le plan cancer met en place dans cet objectif, une coordination systématique des acteurs de soins à l'hôpital et en ville, par la généralisation des réseaux de cancérologie, intégrés aux réseaux de soins.
D'ici quatre ans la couverture de l'ensemble des régions françaises sera effective. Elle permettra cette coordination indispensable au partage d'informations, aux bonnes pratiques et à l'évaluation, particulièrement nécessaire à la pratique d'une cancérologie à l'écoute du patient.
Pour 2005, j'ai obtenu une dotation de 150M pour développer les réseaux de soins. 55 réseaux de cancérologie bénéficient de financement au sein de la dotation nationale de développement des réseaux (DNDR).
Aujourd'hui, un peu plus d'un an après la création de ce dispositif, toutes les régions françaises (sauf deux), disposent d'un réseau de cancérologie.
Et dans tous ces réseaux, les pharmaciens participent activement à la coordination des soins, reconnue par une indemnisation forfaitaire, comme pour les autres professionnels de santé. La première évaluation de ce dispositif sera définitive en 2006, mais dores et déjà, il s'agit pour votre profession, d'une nouvelle mission de coordination des soins.
Ces mesures participent au développement des soins à domicile, en particulier de la chimiothérapie, pour lesquels notre pays a encore beaucoup de retard. Je ne citerai qu'un chiffre, que le Moniteur des pharmacies reprend dans son dernier numéro. En Allemagne, 80 % des chimiothérapies se font à domicile, contre seulement 20 % en France.
La récente réforme de la rétrocession concernant en particulier les médicaments anticancéreux, contribuera grandement à faciliter l'accès aux traitements pour les patients et leur maintien à domicile.
Les bonnes pratiques ont été définies, les pharmacies hospitalières peuvent désormais préparer les cytotoxiques pour un usage à domicile, dans le cadre d'un réseau auquel l'officine peut participer afin de permettre les soins de proximité. Une convention type, publiée au journal officiel le 22 décembre dernier, fédère et sécurise la constitution de ces réseaux autour des bonnes pratiques de soins.
Le développement des soins palliatifs est assuré en cohérence avec le plan cancer sur lequel repose en partie son financement. Là aussi, des réseaux sont constitués, auxquels vous participez.
Dans la même perspective, l'objectif de 8000 places d'hospitalisation à domicile sera atteint en 2007, grâce aux 2000 places spécifiques permises par le plan cancer.
A chacune de ces étapes, prévention, dépistage, prise en charge concertée et pluridisciplinaire des patients, votre rôle est reconnu, conforté, en un mot essentiel.
Tout ceci illustre au travers du plan cancer dont nous venons de parler ici, le nouveau mode d'organisation que j'appelle de mes vux pour la santé de nos concitoyens, centré autour du malade, et auquel chaque professionnel de santé apporte sa contribution.
Je suis bien sûr persuadé que vous saurez participer pleinement à cet enjeu, fondamental pour l'amélioration de la santé publique !
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 24 mars 2005)