Interview de Mme Catherine Vautrin, secrétaire d'Etat aux personnes âgées à BFM le 29 mars 2005, sur la journée de solidarité pour les personnes âgées et la polémique sur le lundi de Pentecôte.

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Média : BFM

Texte intégral

F. Lundy - [A propos de] la Journée de solidarité pour les personnes âgées, il y a déjà eu la polémique du Vendredi Saint en Alsace et Moselle. Hier, dans le Gard, qui avait choisi de travailler le lundi de Pâques à la place de la Pentecôte, on a vu des transports scolaires tourner quasiment à vide, des administrations ouvertes, d'autres fermées. Même chose à Vic-Fezensac dans le Gers, à Belfort... Bref, tout ceci donne un petit peu l'impression de désordre, d'autant plus que cela a coûté de faire tourner les autocars, d'ouvrir les cantines pour rien. [...] Le président du Conseil général du Gard évoque un manque d'organisation, de coordination de la mesure, il n'est pas le seul - on a entendu tout à l'heure le député-maire UMP de Le Grau-du-Roi, E. Mourrut. Est-ce qu'on n'aurait pas pu un petit peu mieux coordonner cette journée de solidarité ?
R - Je crois que c'était une première journée simplement dans trois endroits. Ce que l'on retient, c'est qu'effectivement il est absolument indispensable surtout d'informer nos concitoyens, parce que ce que l'on remarque, hier, c'est que les principaux absents ont été les élèves à l'école, puisqu'on a un taux d'absentéisme extrêmement élevé...
Q - 80 %, certaines fois...
R - ... 81 % dans le premier degré, 72 % dans les collèges et 60 % dans les lycées - quand on sait qu'un Français sur trois est concerné par un problème de personne âgée. Ce qui veut dire qu'il faut vraiment que d'ici la journée de solidarité de la Pentecôte, nous puissions renforcer nos messages pour faire comprendre à nos concitoyens que la Journée de solidarité, ce sont plus de moyens pour les personnes âgées et que tout le monde a dans sa famille une personne âgée qui touche l'APA, qui est en maison de retraite, ou qui justement attend une place en maison de retraite.
Q - Mais il n'y a pas que nos concitoyens qui doivent se prendre en main. L'Etat aussi n'a pas donné le bon exemple. Les trésoreries principales, les directions de l'Equipement, par exemple, étaient fermées dans le département du Gard. Là, ce ne sont pas les concitoyens, c'est l'Etat, c'est vous.
R - La plupart des administrations étaient ouvertes dans le département du Gard, et donc, globalement, ce que l'on voit, c'est que c'est surtout - je prends par exemple le cas des écoles, certaines écoles ont été fermées faute d'élèves. Donc, incontestablement, ce que l'on peut dire, c'est que c'était, un, un manque de mobilisation probablement par manque d'information, parce que c'est une dérogation qui avait été donnée simplement dans trois départements, eu égard aux coutumes locales, notamment les férias de Vic-Fezensac et dans le Gard, et parallèlement à cela, dans le Territoire de Belfort un festival de musique. Pour autant, la Journée de solidarité de la Pentecôte concernera l'ensemble des autres parties du territoire, et incontestablement ce que l'on voit, c'est la nécessité de mobiliser. De toutes les manières, le Premier ministre l'avait annoncé, nous ferons en fin d'année un bilan sur l'application de cette journée. Moi, ce que je rappelle, c'est la nécessité de cette cotisation, puisque le fruit du travail supplémentaire de nos concitoyens, c'est une taxe de 0,3 % sur les salaires, qui doit générer une retraite de 2 milliards d'euros, et ces 2 milliards d'euros seront répartis à la fois pour les personnes âgées et pour les personnes handicapées.
Q - Il reste toujours quelque 400 millions d'euros non dépensés cette année. Cela va servir à quoi ?
R - Alors, la Journée de solidarité va servir d'une part à contribuer à financer l'APA, d'autre part, à médicaliser les établissements. Cette année, ce sont 1.500 établissements qui vont être médicalisés. Cela fait 220.000 places, et on voit bien que les chiffres qui ont été donnés la semaine dernière sur l'allongement de la durée de la vie, montrent combien il est important que nous puissions accompagner le grand vieillissement. Il y a 50 millions d'euros pour rénover les établissements, et enfin, il y a 380 millions d'euros pour créer des places supplémentaires, c'est-à-dire créer 80 maisons de retraite supplémentaires dans notre pays.
Q - Mais il faut aller encore plus loin dans l'utilisation des crédits, il faut accélérer les créations de postes dans les maisons de retraite.
R - Nous avons doublé ce qui était prévu, puisque le Plan vieillissement solidarité qui avait été mis en place par le Premier ministre en novembre 2003 prévoyait la création de l'équivalent de 40 maisons de retraite - nous en faisons 80 cette année. Nous avons également augmenté le nombre de services de soins à domicile. Donc, ce plan sera réalisé en fait en trois ans, alors qu'il était prévu sur une durée de cinq ans.
Q - Vous allez faire une évaluation du dispositif sur la forme, voir comment cette Journée fériée a fonctionné. Les opposants citent également les récents propos de P. Douste-Blazy qui a déclaré que la suppression d'un jour férié ne suffira pas à l'avenir à payer la dépendance, d'autant plus que vous avez rappelé les chiffres de l'espérance de vie : on est au-delà de 80 ans. Alors, un jour cette année, il y aura deux, trois plus tard ?
R - Ne suffira pas, cela montre qu'on a au moins besoin de cela. Moi, ma préoccupation c'est déjà d'utiliser cet argent, de l'utiliser comme vous venez de le rappeler, dans les meilleurs délais. 8 milliards d'euros sont fléchés vers les personnes âgées dans les quatre prochaines années. Personne n'a jamais fait autant dans notre pays.
Q - Il y aura un deuxième jour férié ou pas ?
R - Pour l'instant, utilisons déjà l'argent de la Journée de solidarité, essayons que nos concitoyens fassent de cette Journée de solidarité de la Pentecôte un succès. C'est déjà le premier objectif.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 29 mars 2005)