Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
C'est la seconde fois que je vous convie à une Conférence de Presse dans ces locaux, depuis mon entrée dans le Gouvernement, il y a 6 mois, et je vous remercie de vous être, une nouvelle fois, déplacés.
L'Appel à Projets que je vous avais présenté le 21 août va être clos dans quelques jours - le 10 octobre -, et alors va s'ouvrir la phase tout à fait passionnante de ramener nos filets et de regarder ce qu'il y a à l'intérieur, le soupeser, tenter de le comprendre, d'en mesurer tout l'impact, d'en estimer la portée, de choisir, classer, et puis de vous réunir très bientôt à nouveau pour vous présenter cet état des lieux des initiatives solidaires et partenariales, par thèmes et par territoires.
Mais la réunion d'aujourd'hui est elle consacrée à l'autre grand projet retenu pour l'année 2000 : " Ensemble, pour une économie plurielle ", les Premières Rencontres Européennes des Acteurs de l'Economie Sociale et de l'Economie Solidaire, les 23 et 24 novembre à Tours.
Les Acteurs de l'Economie Sociale et de l'Economie Solidaire sont fort distincts, de par leur histoire, leur sociologie, leurs dimensions, les moyens dont ils disposent, de par le nombre de citoyens qu'ils concernent, les plus anciens ayant largement fait leurs preuves, les nouveaux cherchant de nouvelles réponses à un développement économique peu soucieux de la personne humaine et de cohésion sociale. Mais ce qui unit ces acteurs est beaucoup plus important que ce qui les distingue, car c'est ensemble qu'ils revendiquent le développement d'une économie marchande alternative, une économie plurielle.
Au plan français, nous sommes très avertis de toutes ces convergences, et des multiples formes que prennent, aujourd'hui comme hier, les démarches économiques et sociales dans notre pays. Les consultations auprès des acteurs de l'économie sociale et solidaire, conduites entre février et avril 2000, par la Délégation Interministérielle à l'Innovation Sociale et à l'Economie Sociale, ont bien montré toutes cette richesse d'innovations, de solidarités, et de partenariat.
Au plan européen par contre, la rencontre des acteurs de l'Economie Sociale et de l'Economie Solidaire n'a pas encore eu lieu. Je dirai même, plus globalement, que cet aspect essentiel du modèle social européen, du point de vue de notre commun héritage historique comme de notre façon propre de défendre nos traditions sociales au sein d'un développement économique mondialisé, doit être davantage pris en compte dans la construction européenne, qui s'accommode mal d'une séparation entre le social et l'économique
Il m'est apparu indispensable que, sous présidence française de l'UE, une voix s'élève pour contrer un réel désengagement de la Commission par rapport à l'économie sociale et solidaire, mais quand je suis arrivé au gouvernement, en fin du mois de mars dernier, le programme de la présidence était évidemment déjà arrêté.
C'est ainsi qu'a surgi ce projet de réunir à Tours, en novembre prochain, quelque 500 acteurs européens de l'économie sociale et solidaire, et de tenir en même temps, plusieurs réunions parallèles :
-une réunion du Comité Consultatif des Coopératives, Mutuelles, Associations et Fondations, que la Commission a mis en place mais qu'elle n'a pas réuni cette année,
-une réunion, restreinte et informelle, de ministres européens.
Nous nous donnons ainsi, à Tours, un véritable forum européen, de fait, un " livre vert " sauvage, porté par plusieurs voix, à partir desquelles nous espérons bien être entendus.
Comme nous avions très peu de temps devant nous pour susciter une mobilisation forte et étendue à l'ensemble de l'espace européen, nous n'avions pas d'autre choix que celui de nous appuyer très fortement sur les nouvelles technologies de la communication.
A vrai dire, ce choix de recourir le plus largement possible à l'aide que nous apporte le courrier électronique, pour communiquer vite et bien, nous l'avions déjà fait pour l'Appel à Projets : c'est parce que nous sommes mordus à la nuque par des délais très serrés, parce que nous ne voulons pas renoncer à consulter très largement, et que nous souhaitons avant tout le faire dans la plus grande transparence. Il y a aussi, bien évidemment, du message politique là-dedans : montrer que les NTIC sont un support, un outil, qui peut aussi servir la solidarité.
Vous trouverez dans votre dossier un Questionnaire qui a été transmis à des têtes de réseaux de l'Economie Sociale et de l'Economie Solidaire dans tous les pays membres de l'Union Européenne, ainsi que dans quelques pays candidats. La transmission se fait par courrier électronique de préférence, par la poste si on n'a pas le choix.
Le questionnaire a été structuré autour des 6 thèmes retenus pour les Rencontres de Tours :
- Droit à l'initiative individuelle et/ou collective :
Comment généraliser et développer la prise en compte du droit d'entreprendre autrement dans les pays européens ?
- Des solidarités territoriales au développement local :
Les politiques de régionalisation et la prise en compte des actions d'économie sociale et solidaire : Quelle réalité ? Quelles stratégies d'avenir ?
- Méthodes et outils de valorisation : utilité sociale, influence sur le milieu, coûts évités, transferts de charge, impact sur les générations futures
- Des entreprises solidaires et démocratiques
- De la proximité à la mondialisation
- Autres modes d'échanges (avec le SUD notamment : commerce équitable)
Ces questionnaires ont été traduits en anglais, allemand, espagnol, italien et polonais. Les retours sont attendus pour la fin du mois ( ?), ils seront analysés, et cette enquête constituera l'une des contributions importantes du colloque de Tours.
Je vous propose donc que nous nous retrouvions au tout début du mois de novembre, pour examiner ensemble les principaux messages issus de ce terrain de l'économie solidaire. Je pourrai également à ce moment vous indiquer plus précisément quels seront nos intervenants, quels ministres européens participeront, et peut-être même esquisser devant vous quelques-uns uns des messages forts que nous comptons faire émerger de Tours, et diffuser très largement.
Dans l'immédiat, j'ajouterai que les dates des 23/24 novembre n'ont pas été choisies par hasard : elles se situent durant la semaine de Solidarité internationale organisée au niveau de la société civile, ce qui pour moi renvoie au rôle que j 'aimerais voir jouer l'Europe Sociale dans la question de l'élargissement aux pays d'Europe Centrale, et aussi dans le rapport aux pays du Sud, en particulier par le développement du commerce équitable, qui est l'un des 6 thèmes de travail retenus pour les rencontres de Tours.
Attendons-nous donc à rencontrer à Tours aussi quelques Maliens, Algériens ou Québécois... La Solidarité, comme la Mondialisation, n' a pas de frontières !
(source http://www.social.gouv.fr, le 19 octobre 2000)