Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le délégué général,
Mesdames et messieurs,
Tout discours sur l'égalité professionnelle a la force de l'évidence. Pour autant, rien ne va de soi en la matière À cet égard, s'il faut se féliciter que de telles rencontres aient lieu, il faut déplorer qu'elles soient encore nécessaires. Dans notre pays, cette égalité n'est pas pleinement assurée, et au surplus, plusieurs pans de notre économie, de nos métiers, restent encore fermés aux femmes.
Parfois précurseurs, toujours modèles, les intervenantes qui sont venues témoigner aujourd'hui constituent une minorité ; une minorité qui a vocation à s'élargir et à grandir.
Nous avons entendu leurs témoignages. Leurs parcours n'ont pas tous été faciles, mais ils ont tous été riches. Leur succès même est galvanisant. Il y a, dans l'industrie moderne, une place pour la réussite de tous, pour le progrès, pour la passion !
À vous toutes, ici présentes, je dis que la singularité de votre énergie et de votre détermination, est une chance pour la France, pour son industrie, pour nos emplois.
L'Union des industries et métiers de la métallurgie vous a permis de partager cet esprit de conquête qui doit animer les femmes de notre pays. Qu'elle en soit chaleureusement remerciée ! Ce rendez-vous est l'amorce d'une ambition partagée entre l'UIMM et toutes celles qui cherchent leur voie professionnelle.
Je trahirais mon rôle, si je me contentais de donner en exemple des cas individuels de réussite Derrière eux sont à l'oeuvre certains principes de notre vie collective autour desquels chacun doit méditer.
Tout d'abord, il y a des principes moraux : aucune justification n'est recevable, lorsqu'on prétend asseoir la moindre représentation ou la moindre promotion des femmes sur l'argument absurde de leur moindre compétence. Plus personne n'ose publiquement afficher une telle aberration, mais les aberrations ont parfois la dent dure... Chaque fois que nécessaire, il faudra tordre le coup aux préjugés et aux discriminations. L'évolution des moeurs les rend plus que jamais obsolètes ; la loi les sanctionne.
Il existe ensuite des principes sociologiques : l'observation des résultats atteste chez les jeunes filles une excellence scolaire supérieure à celle des garçons. Il se trouve que je suis de la génération des élèves qui pour la première fois virent, avec bonheur, entrer la mixité à l'École... J'ai le souvenir qu'elle provoqua une saine redistribution des hiérarchies, et, disons-le, un salutaire réexamen des clichés et des " ego "... Cette excellence scolaire des jeunes filles doit trouver dans le monde du travail sa pleine et juste consécration.
Enfin, il y a les principes de bon sens : dans un monde concurrentiel où la richesse nationale se fonde sur une contribution collective à l'effort de production, il y aurait de l'inconséquence à ignorer les talents d'une partie de notre population. Ces talents nous font particulièrement défaut dans les filières scientifiques et industrielles, comme si nous étions là au carrefour de tous ces blocages qu'il nous faut précisément balayer.
C'est au monde économique, c'est à l'industrie, qu'il appartient d'inscrire l'ensemble de ces principes dans les faits.
Mais c'est à l'École qu'il revient de les inscrire dans les esprits.
Car comment, en effet, expliquer autrement que par un retard culturel, la sous-représentation structurelle dont les femmes sont encore - je ne dirais pas les victimes, car nous avons depuis longtemps cessé de les concevoir ainsi - mais les cibles ?
Ce retard, c'est celui des consciences disons masculines, trop facilement accoutumées à un monopole symbolique que les conditions du progrès technologique ont définitivement rendu caduc. Mais c'est aussi celui des consciences féminines, sous l'emprise persistante d'un manque d'informations et parfois de confiance !
Mesdames et messieurs,
Nous avons encore des progrès à accomplir pour nous délivrer des stéréotypes anciens et des réflexes culturels. A l'évidence, ce combat doit être mené en amont, c'est-à-dire au sein de l'Éducation nationale, et ceci à tous les échelons.
Dès la petite enfance, il faut une éducation à la mixité qui valorise l'égalité des sexes, base de toute égalité future. Il s'agit là, certes, de faire respecter les valeurs de la République qui sont les gages de l'épanouissement de tous les élèves, quels que soient leurs sexes et leurs origines. Au sein du système éducatif, ces valeurs doivent s'imposer partout où persistent des zones d'ombre. Mais il s'agit aussi de travailler aux sources de l'équité. Dans cet esprit, les programmes ne doivent pas être indifférents aux représentations sociales qu'ils véhiculent car ils sont la matrice de nos perceptions présentes et futures.
Durant l'adolescence, vient le temps des questions et des choix concernant l'orientation. C'est à ce stade que les choses se décident, se cristallisent. Trop souvent, les clichés et les usages prennent le pas sur la clairvoyance ou la raison. C'est ainsi que les filières scientifiques ont été et sont encore peu explorées par les jeunes filles. C'est ainsi que pendant des décennies les filières professionnelles ont été dénigrées, sous-estimées, alors mêmes qu'elles assurent une formation de qualité et un débouché professionnel.
Il est temps que cela change ! C'est tout l'objet de la loi sur l'École qui vient d'être promulguée et qui entrera en vigueur des la rentrée prochaine.
L'Éducation nationale doit s'investir dans une stratégie d'orientation mieux personnalisée, c'est à dire plus à l'écoute des adolescents et de leurs familles, mais aussi davantage en résonance avec les réalités économiques et les débouchés professionnels.
Il est temps d'affirmer avec force que l'Éducation nationale n'a pas pour seule finalité la transmission des savoirs. Elle est également là pour éclairer et préparer l'avenir des jeunes, c'est-à-dire leur entrée dans la vie active !
Pour ce faire, nous allons mettre en place un nouveau dispositif qui constitue à bien des égards une révolution au sein du système éducatif : dès la rentrée 2005, les élèves de troisième se verront offrir un nouvel enseignement de trois heures par semaine - voire six heures dans certains cas - fondé sur la découverte des métiers. Il s'agira concrètement d'aller à la rencontre de professionnels, de débattre avec eux, de réfléchir sur les filières et les débouchés de chacun des métiers.
C'est, notamment, sur la base de cet enseignement original, cet enseignement qui ouvrira les fenêtres de l'École sur l'extérieur, que l'orientation sera mieux réfléchie et mieux élaborée. Nous comptons ainsi pouvoir convaincre beaucoup de jeunes filles de s'engager dans des voies qu'elles n'auraient pas spontanément privilégiées. Notre objectif est clair : nous souhaitons augmenter de 20% la proportion de jeunes filles dans les filières technologiques et nous voulons valoriser leur entrée dans les filières professionnalisantes.
Mesdames,
Mesdemoiselles,
L'Éducation nationale va s'engager pour que chacun des élèves, et notamment les jeunes filles, se voit offrir un parcours de réussite scolaire dont je souhaite qu'il puisse sortir des sentiers battus. Sous la conduite de Jean-Louis Borloo, le ministère de l'emploi s'efforce pour sa part, sur la base du plan de cohésion sociale, de créer les conditions d'un soutien actif à l'emploi des jeunes. Nicole Ameline, en relation avec les organisations sociales et patronales, s'apprête à faire adopter une loi destinée à élargir les champs de la parité.
Quant à l'industrie, sur l'impulsion de l'UIMM, elle vous ouvre largement ses portes.
Certains de ses secteurs manquent cruellement de candidats, certaines branches cherchent vainement à recruter Eh bien, soyez les candidates, soyez celles qui prendront les emplois !
En bousculant les obstacles qui sillonnent le parcours des femmes, vous bousculerez plus largement les malaises qui traversent notre société.
Vous bousculerez le malaise d'une économie qui reste trop cloisonnée et rigide ; une économie au sein de laquelle la culture du statu quo est jugée paradoxalement moins risquée que celle de l'audace.
Vous bousculerez le malaise du chômage en démontrant que le marché du travail n'est pas aussi fermé que l'on croit. Les portes de l'emploi sont ouvertes à celles et ceux qui savent frapper à la bonne porte.
Vous bousculerez enfin le malaise d'une participation sociale insuffisamment responsabilisée et féconde. Votre entrée en force dans certaines branches d'activités redessinera la gestion des ressources humaines.
En réalité, à travers la réussite de votre engagement, c'est la réussite du modèle français qui est symboliquement posée. Mixité sociale, égalité des chances, fluidité du marché du travail : à l'évidence, vous êtes bien au carrefour de ces problématiques !
Prétendre que l'avenir du modèle français est " entre vos mains " serait, en ce lieu qui vous est consacré, maladroitement flatteur de ma part Vous jugeriez cette flagornerie très déplacée
Alors permettez-moi plus simplement de vous dire que le succès de votre engagement, dans tous ces secteurs où bat le coeur de nos industries et de nos technologies, serait le signe le plus éclatant du redressement de notre dynamisme national.
Merci à vous toutes. Merci pour votre engagement. Saisissez votre chance, foncez, n'écoutez pas ceux qui vous disent que ce défi n'est pas pour vous ! Il est pour vous. Le mot "impossible", n'est pas française !
(Source http://www.education.gouv.fr, le 12 mai 2005)
Monsieur le délégué général,
Mesdames et messieurs,
Tout discours sur l'égalité professionnelle a la force de l'évidence. Pour autant, rien ne va de soi en la matière À cet égard, s'il faut se féliciter que de telles rencontres aient lieu, il faut déplorer qu'elles soient encore nécessaires. Dans notre pays, cette égalité n'est pas pleinement assurée, et au surplus, plusieurs pans de notre économie, de nos métiers, restent encore fermés aux femmes.
Parfois précurseurs, toujours modèles, les intervenantes qui sont venues témoigner aujourd'hui constituent une minorité ; une minorité qui a vocation à s'élargir et à grandir.
Nous avons entendu leurs témoignages. Leurs parcours n'ont pas tous été faciles, mais ils ont tous été riches. Leur succès même est galvanisant. Il y a, dans l'industrie moderne, une place pour la réussite de tous, pour le progrès, pour la passion !
À vous toutes, ici présentes, je dis que la singularité de votre énergie et de votre détermination, est une chance pour la France, pour son industrie, pour nos emplois.
L'Union des industries et métiers de la métallurgie vous a permis de partager cet esprit de conquête qui doit animer les femmes de notre pays. Qu'elle en soit chaleureusement remerciée ! Ce rendez-vous est l'amorce d'une ambition partagée entre l'UIMM et toutes celles qui cherchent leur voie professionnelle.
Je trahirais mon rôle, si je me contentais de donner en exemple des cas individuels de réussite Derrière eux sont à l'oeuvre certains principes de notre vie collective autour desquels chacun doit méditer.
Tout d'abord, il y a des principes moraux : aucune justification n'est recevable, lorsqu'on prétend asseoir la moindre représentation ou la moindre promotion des femmes sur l'argument absurde de leur moindre compétence. Plus personne n'ose publiquement afficher une telle aberration, mais les aberrations ont parfois la dent dure... Chaque fois que nécessaire, il faudra tordre le coup aux préjugés et aux discriminations. L'évolution des moeurs les rend plus que jamais obsolètes ; la loi les sanctionne.
Il existe ensuite des principes sociologiques : l'observation des résultats atteste chez les jeunes filles une excellence scolaire supérieure à celle des garçons. Il se trouve que je suis de la génération des élèves qui pour la première fois virent, avec bonheur, entrer la mixité à l'École... J'ai le souvenir qu'elle provoqua une saine redistribution des hiérarchies, et, disons-le, un salutaire réexamen des clichés et des " ego "... Cette excellence scolaire des jeunes filles doit trouver dans le monde du travail sa pleine et juste consécration.
Enfin, il y a les principes de bon sens : dans un monde concurrentiel où la richesse nationale se fonde sur une contribution collective à l'effort de production, il y aurait de l'inconséquence à ignorer les talents d'une partie de notre population. Ces talents nous font particulièrement défaut dans les filières scientifiques et industrielles, comme si nous étions là au carrefour de tous ces blocages qu'il nous faut précisément balayer.
C'est au monde économique, c'est à l'industrie, qu'il appartient d'inscrire l'ensemble de ces principes dans les faits.
Mais c'est à l'École qu'il revient de les inscrire dans les esprits.
Car comment, en effet, expliquer autrement que par un retard culturel, la sous-représentation structurelle dont les femmes sont encore - je ne dirais pas les victimes, car nous avons depuis longtemps cessé de les concevoir ainsi - mais les cibles ?
Ce retard, c'est celui des consciences disons masculines, trop facilement accoutumées à un monopole symbolique que les conditions du progrès technologique ont définitivement rendu caduc. Mais c'est aussi celui des consciences féminines, sous l'emprise persistante d'un manque d'informations et parfois de confiance !
Mesdames et messieurs,
Nous avons encore des progrès à accomplir pour nous délivrer des stéréotypes anciens et des réflexes culturels. A l'évidence, ce combat doit être mené en amont, c'est-à-dire au sein de l'Éducation nationale, et ceci à tous les échelons.
Dès la petite enfance, il faut une éducation à la mixité qui valorise l'égalité des sexes, base de toute égalité future. Il s'agit là, certes, de faire respecter les valeurs de la République qui sont les gages de l'épanouissement de tous les élèves, quels que soient leurs sexes et leurs origines. Au sein du système éducatif, ces valeurs doivent s'imposer partout où persistent des zones d'ombre. Mais il s'agit aussi de travailler aux sources de l'équité. Dans cet esprit, les programmes ne doivent pas être indifférents aux représentations sociales qu'ils véhiculent car ils sont la matrice de nos perceptions présentes et futures.
Durant l'adolescence, vient le temps des questions et des choix concernant l'orientation. C'est à ce stade que les choses se décident, se cristallisent. Trop souvent, les clichés et les usages prennent le pas sur la clairvoyance ou la raison. C'est ainsi que les filières scientifiques ont été et sont encore peu explorées par les jeunes filles. C'est ainsi que pendant des décennies les filières professionnelles ont été dénigrées, sous-estimées, alors mêmes qu'elles assurent une formation de qualité et un débouché professionnel.
Il est temps que cela change ! C'est tout l'objet de la loi sur l'École qui vient d'être promulguée et qui entrera en vigueur des la rentrée prochaine.
L'Éducation nationale doit s'investir dans une stratégie d'orientation mieux personnalisée, c'est à dire plus à l'écoute des adolescents et de leurs familles, mais aussi davantage en résonance avec les réalités économiques et les débouchés professionnels.
Il est temps d'affirmer avec force que l'Éducation nationale n'a pas pour seule finalité la transmission des savoirs. Elle est également là pour éclairer et préparer l'avenir des jeunes, c'est-à-dire leur entrée dans la vie active !
Pour ce faire, nous allons mettre en place un nouveau dispositif qui constitue à bien des égards une révolution au sein du système éducatif : dès la rentrée 2005, les élèves de troisième se verront offrir un nouvel enseignement de trois heures par semaine - voire six heures dans certains cas - fondé sur la découverte des métiers. Il s'agira concrètement d'aller à la rencontre de professionnels, de débattre avec eux, de réfléchir sur les filières et les débouchés de chacun des métiers.
C'est, notamment, sur la base de cet enseignement original, cet enseignement qui ouvrira les fenêtres de l'École sur l'extérieur, que l'orientation sera mieux réfléchie et mieux élaborée. Nous comptons ainsi pouvoir convaincre beaucoup de jeunes filles de s'engager dans des voies qu'elles n'auraient pas spontanément privilégiées. Notre objectif est clair : nous souhaitons augmenter de 20% la proportion de jeunes filles dans les filières technologiques et nous voulons valoriser leur entrée dans les filières professionnalisantes.
Mesdames,
Mesdemoiselles,
L'Éducation nationale va s'engager pour que chacun des élèves, et notamment les jeunes filles, se voit offrir un parcours de réussite scolaire dont je souhaite qu'il puisse sortir des sentiers battus. Sous la conduite de Jean-Louis Borloo, le ministère de l'emploi s'efforce pour sa part, sur la base du plan de cohésion sociale, de créer les conditions d'un soutien actif à l'emploi des jeunes. Nicole Ameline, en relation avec les organisations sociales et patronales, s'apprête à faire adopter une loi destinée à élargir les champs de la parité.
Quant à l'industrie, sur l'impulsion de l'UIMM, elle vous ouvre largement ses portes.
Certains de ses secteurs manquent cruellement de candidats, certaines branches cherchent vainement à recruter Eh bien, soyez les candidates, soyez celles qui prendront les emplois !
En bousculant les obstacles qui sillonnent le parcours des femmes, vous bousculerez plus largement les malaises qui traversent notre société.
Vous bousculerez le malaise d'une économie qui reste trop cloisonnée et rigide ; une économie au sein de laquelle la culture du statu quo est jugée paradoxalement moins risquée que celle de l'audace.
Vous bousculerez le malaise du chômage en démontrant que le marché du travail n'est pas aussi fermé que l'on croit. Les portes de l'emploi sont ouvertes à celles et ceux qui savent frapper à la bonne porte.
Vous bousculerez enfin le malaise d'une participation sociale insuffisamment responsabilisée et féconde. Votre entrée en force dans certaines branches d'activités redessinera la gestion des ressources humaines.
En réalité, à travers la réussite de votre engagement, c'est la réussite du modèle français qui est symboliquement posée. Mixité sociale, égalité des chances, fluidité du marché du travail : à l'évidence, vous êtes bien au carrefour de ces problématiques !
Prétendre que l'avenir du modèle français est " entre vos mains " serait, en ce lieu qui vous est consacré, maladroitement flatteur de ma part Vous jugeriez cette flagornerie très déplacée
Alors permettez-moi plus simplement de vous dire que le succès de votre engagement, dans tous ces secteurs où bat le coeur de nos industries et de nos technologies, serait le signe le plus éclatant du redressement de notre dynamisme national.
Merci à vous toutes. Merci pour votre engagement. Saisissez votre chance, foncez, n'écoutez pas ceux qui vous disent que ce défi n'est pas pour vous ! Il est pour vous. Le mot "impossible", n'est pas française !
(Source http://www.education.gouv.fr, le 12 mai 2005)