Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Madame et Monsieur les Secrétaires perpétuels,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le directeur général,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Ouvrir cette réunion historique avec les Académies des Sciences des 10 nouveaux Etats-membres de l'Union européenne, à l'Académie des Sciences de l'Institut de France, en compagnie de son président, Edouard Brezin, et de mon collègue Ministre des Affaires Etrangères, Michel Barnier, constitue pour moi un réel plaisir et un éminent honneur.
Un plaisir tout d'abord, car je constate que la France, en recevant dans ces lieux prestigieux et chargés d'histoire vos délégations venues des pays d'Europe, s'attache à poursuivre sous les meilleures auspices, sa tradition d'accueil et d'hospitalité.
Ce discours d'ouverture représente aussi pour moi un honneur, car la remarquable qualité de chacune de vos ambassades, Mesdames et Messieurs les Académiciens, annonce, sans conteste, le début d'une nouvelle page d'histoire dans nos coopérations scientifiques.
En effet, vous réunir tous ensemble, après des années de liens distendus, constitue à mes yeux l'amorce d'un nouveau cycle, d'échanges, de correspondances et de partenariats entre la France et les pays d'Europe, particulièrement centrale et orientale.
Je suis convaincu que cet événement, qui se trouve placé stratégiquement par les hasards du calendrier, à quelques semaines du référendum, révèle aussi par sa nature une démarche décisive.
Mesdames et Messieurs les Académiciens, il a existé, il n'y a pas si longtemps, riche et vigoureuse, une recherche d'avant les Nations. Sous l'égide d'individus puis de sociétés savantes, de cénacles et d'Académies, la recherche et la science ont été européennes avant d'être nationales.
Erasme, Budé, Descartes, Ficin et bien d'autres encore, tout un réseau d'esprits universels et pourtant profondément européens a constitué le premier ciment de notre solidarité continentale.
Ces hommes ont forgé notre destin commun. Ils ont fait émerger notre conscience européenne. Une conscience européenne d'avant les Nations.
Cette République des Lettres et des Sciences, qui transcendait les frontières de l'Europe des Etats, a constitué le ferment, le terreau, l'essence même de l'histoire et de l'expérience européenne.
Aujourd'hui, je vois dans votre invitation, Messieurs les membres de l'Académie des Sciences, très clairement cette volonté, de renouer, humainement, avec les savants d'Europe, de reformer ce pacte essentiel et tacite entre hommes de sciences, afin, une fois de plus, que la recherche et la science construisent l'Europe de demain.
Cette grande ambition, Mesdames et Messieurs les Académiciens, elle trouvera aujourd'hui plus encore qu'hier les relais politiques nécessaires pour l'accompagner.
Quand François Ier invitait en France Léonard de Vinci, quand Catherine II prenait les conseils de d'Alembert, quand Frédéric II fit prononcer à l'Académie de Berlin son fameux discours en faveur des Sciences et des Arts, le lundi 27 janvier 1772, il y avait chez chacun d'entre ces princes une préoccupation stratégique pour le rayonnement de leur propre pays.
Chacun en était bien conscient, la recherche et les sciences allaient avoir un rôle déterminant dans la dynamique de leur développement nationaux.
Aujourd'hui, la construction et l'avenir de l'Europe obéissent à pareille nécessité. Il nous faut promouvoir les Sciences. Les gouvernements et les pouvoirs publics nationaux et européens doivent, sans délai, s'attacher à faire de la science et de la recherche leur priorité. Il nous faut, tous ensemble, savoir nous unir pour rechercher, découvrir, inventer les progrès à venir.
La stratégie de Lisbonne est une impérieuse nécessité. Tout comme l'est la hausse des budgets de recherche nationaux, que la France a d'ores et déjà engagée grâce aux impulsions du Président de la République et du Premier ministre.
En matière de santé, en physique, en chimie, en mathématiques, en informatique, et dans bien d'autres domaines, la Recherche et l'innovation représentent en effet pour nos économies développées l'ultime rempart qui nous préserve d'une paupérisation généralisée. Sans elles, la mondialisation ne représente qu'une vaste redistribution des cartes à l'échelle internationale.
Dans les mouvements tectoniques qui secouent nos systèmes de recherche et d'innovation, il faut absolument éviter que l'Europe ne devienne une vaste zone de subduction. Ainsi, par exemple, dans 3 domaines clefs que sont les semi-conducteurs, l'informatique et les biotechnologies, l'Europe ne représente que 6% de la recherche mondiale selon une étude du MIT. La Chine, hier usine du monde, réalise déjà aujourd'hui 2 fois plus de dépenses de recherche et développement que la France. A quand la Chine, laboratoire du monde ?
Mesdames et Messieurs les Académiciens, sur les épaules d'une communauté européenne de la Science repose l'avenir économique, social et même, jusqu'à un certain point, politique de notre continent.
Je crois, en effet, que la Recherche est une des dimensions qui peut le plus faire adhérer à l'Europe. Oui, une recherche commune, aux résultats tangibles, créera une forte légitimité pour les institutions européennes et pourra rendre totalement légitime aux peuples européens l'union des 25 et bientôt des 27 Etats.
Je suis convaincu que, pour nos concitoyens, de grands programmes communs sur la santé, sur l'espace ou sur l'environnement permettront de renforcer ce désir d'Europe.
La situation, aujourd'hui, permet, je le crois, d'envisager l'avenir avec optimisme : la construction de l'Europe de la Science est en avance sur le reste de la construction européenne. L'échange entre scientifiques est en effet une constante du monde des sciences et des lettres depuis le moyen-âge. Et le partage des connaissances, dans le respect des libertés industrielles, un attachement légitime de bien des scientifiques.
Que ce soit dans le cadre de réalisations communautaires ou de structures européennes ad hoc, les exemples de réussites industrielles européennes appuyées par des avancées scientifiques abondent, tels Ariane, Airbus, Galileo, peut-être prochainement ITER. La voix de chaque Etat, trouve ainsi, aujourd'hui, son relais et son porte-voix par la voix de l'Europe.
La recherche européenne n'a en effet cessé de se développer depuis les premiers traités européens de 1957, notamment avec la création des programmes-cadres de recherche et développement (PCRD) pluriannuels. Ceux-ci sont ainsi passés d'un peu plus de 3 milliards d'euros en 1984 à 17,5 milliards d'euros pour le 6ème PCRD (2002-2006).
De même, de grandes infrastructures, comme le CERN à Genève, Desy à Hambourg, l'Institut Laue-Langevin à Grenoble sont autant de " réalisations concrètes " créant une véritable solidarité européenne par la Science et contribuant ainsi à la cohésion européenne.
Avec le Traité constitutionnel, une étape supplémentaire sera franchie, en instituant une véritable politique européenne de la recherche et de l'espace. Dans ce cadre, l'Europe de la recherche devrait définitivement devenir une des plus fortes réalités européennes, quotidiennement " palpable " pour l'ensemble des citoyens.
Mesdames et Messieurs les Académiciens, que de chemin parcouru, par l'Europe au fil des âges, depuis Platon qui a créé la première Académie, Hippocrate, Thalès jusqu'à Einstein, Marie Curie -une polonaise de naissance-, Pasteur en passant par Darwin, Descartes ou Newton !
L'Europe a été la terre des grandes découvertes. Elle a inventé la recherche, en a fait un humanisme, l'a rendue cosmopolite.
Aujourd'hui, nos coopérations scientifiques, avec la plupart de vos pays, sont nombreuses et de qualité. Il n'en reste pas moins que nous devons nous attacher à en promouvoir de nouvelles. Et d'abord au niveau bilatéral.
Les partenariats se sont multipliés depuis la chute du mur de Berlin. Parmi eux, je relève notamment,
- avec la Pologne, un jumelage entre 6 laboratoires français et 7 laboratoires polonais portant sur les Matériaux carbonés et catalytiques pour l'environnement [qui a permis la constitution d'un consortium ayant obtenu un projet EUREKA avec Gaz de France comme chef de file industriel]
- avec la République Tchèque, un programme sur le pays transdanubien entre l'Empire romain, l'Empire franc et Byzance (V -IX siècles) avec pour partenaires le Centre de recherche d'histoire et civilisation de Byzance du CNRS et l'Institut d'archéologie de Brno
- avec la Hongrie, un programme sur les Interactions entre les plantes et les microorganismes avec l'INRA à Toulouse et le Centre de Biotechnologie (BRC) de Szeged
- avec la Slovaquie, un programme sur le génie chimique entre l'Ecole Nationale supérieure des industries chimiques de Nancy et l'Université de Chimie de Bratislava
- avec la Slovénie, plusieurs projets en cours avec l'INSERM portant sur la physiologie avec l'université de Maribor et la biologie du développement avec l'université de Ljubljana
- avec la Lituanie, un programme sur les transports de charge dans les polymères semi-conducteurs entre le CEA et l'Université de Vilnius,
- avec l'Estonie, un programme sur les impacts météoritiques récents d'Estonie entre l'Institut de Géologie de Talinn et le CNRS à Nancy
- avec la Lettonie, un programme d'étude pharmacologique et toxicologique entre l'Université Paris V et la faculté de médecine de Riga
- avec Chypre, une participation conjointe de l'INRIA et de l'Université de Chypre au réseau d'excellence E-NEXT (6ème PCRD) portant sur les systèmes audio-visuels domestiques
- avec Malte, de nombreuses collaborations avec l'Ifremer, dans le cadre des PCRD, portant sur la gestion et le traitement des données océaniques (MEDAR-MEDATLAS II)
De nombreuses universités françaises, grandes écoles et organismes de recherche participent ainsi au réseau d'échange initié avec vos pays. Et ces succès nous engagent à poursuivre dans la voie des coopérations initiées depuis 15 ans.
Il importe aussi de favoriser au niveau communautaire, les partenariats avec les Etats que vous représentez.
L'ouverture des PCRD à vos pays est en effet, déjà en théorie, une réalitéMême si les résultats, je le sais, n'ont pas toujours été à la hauteur de vos espérances.
Dans ces premiers temps que je sais maintenant révolus, la méconnaissance, d'une part, de la qualité scientifique de vos Instituts et de vos savants a sans doute expliqué une partie du problème, l'absence relative de rodage aux appels d'offres de la Commission a expliqué vraisemblablement l'autre partie. J'ai confiance pour les prochains PCRD.
Dans ce cadre, et alors que se négociera prochainement au niveau communautaire, le prochain PCRD, le 7ème, la France désire mettre davantage le PCRD au service de la Recherche fondamentale. Je sais, Mesdames et Messieurs les membres de l'Académie des Sciences de l'Institut de France, que ceci répond à une de vos préoccupations centrales.
Les discussions préparatoires qui ont déjà eu lieu à Bruxelles et à Luxembourg, nous laissent présager une issue favorable. La quasi totalité des pays membres, la France en tête, s'est en effet montrée attachée à la création d'un Conseil Européen de la Recherche (ERC) dans le prochain PCRD.
La recherche fondamentale, qui représente déjà plus de 50 % de la recherche publique française jouera ainsi un rôle de tout premier plan dans la politique scientifique européenne.
Cette place éminente lui revient d'autant plus que la recherche fondamentale constitue le fondement d'une nouvelle forme de solidarité internationale, dont l'Europe se doit de porter l'étendard.
Une découverte, dans le champ de la recherche fondamentale, profite en effet potentiellement à tous les pays, à tous les chercheurs et à tous les citoyens du monde, sans distinction d'aucune sorte. Elle est un bien public mondial dont la France et l'Europe, par générosité autant que par nécessité, ont la responsabilité de promouvoir.
La défense et l'illustration du savoir et de l'excellence européens passe aussi, je le crois, par cette attention particulière au partage et à la diffusion des connaissances. Ce défi scientifique n'est pas seulement symbolique ; l'Union, l'union européenne, en matière de Science, c'est avant tout cela.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 11 mai 2005)
Messieurs les Présidents,
Madame et Monsieur les Secrétaires perpétuels,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le directeur général,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Ouvrir cette réunion historique avec les Académies des Sciences des 10 nouveaux Etats-membres de l'Union européenne, à l'Académie des Sciences de l'Institut de France, en compagnie de son président, Edouard Brezin, et de mon collègue Ministre des Affaires Etrangères, Michel Barnier, constitue pour moi un réel plaisir et un éminent honneur.
Un plaisir tout d'abord, car je constate que la France, en recevant dans ces lieux prestigieux et chargés d'histoire vos délégations venues des pays d'Europe, s'attache à poursuivre sous les meilleures auspices, sa tradition d'accueil et d'hospitalité.
Ce discours d'ouverture représente aussi pour moi un honneur, car la remarquable qualité de chacune de vos ambassades, Mesdames et Messieurs les Académiciens, annonce, sans conteste, le début d'une nouvelle page d'histoire dans nos coopérations scientifiques.
En effet, vous réunir tous ensemble, après des années de liens distendus, constitue à mes yeux l'amorce d'un nouveau cycle, d'échanges, de correspondances et de partenariats entre la France et les pays d'Europe, particulièrement centrale et orientale.
Je suis convaincu que cet événement, qui se trouve placé stratégiquement par les hasards du calendrier, à quelques semaines du référendum, révèle aussi par sa nature une démarche décisive.
Mesdames et Messieurs les Académiciens, il a existé, il n'y a pas si longtemps, riche et vigoureuse, une recherche d'avant les Nations. Sous l'égide d'individus puis de sociétés savantes, de cénacles et d'Académies, la recherche et la science ont été européennes avant d'être nationales.
Erasme, Budé, Descartes, Ficin et bien d'autres encore, tout un réseau d'esprits universels et pourtant profondément européens a constitué le premier ciment de notre solidarité continentale.
Ces hommes ont forgé notre destin commun. Ils ont fait émerger notre conscience européenne. Une conscience européenne d'avant les Nations.
Cette République des Lettres et des Sciences, qui transcendait les frontières de l'Europe des Etats, a constitué le ferment, le terreau, l'essence même de l'histoire et de l'expérience européenne.
Aujourd'hui, je vois dans votre invitation, Messieurs les membres de l'Académie des Sciences, très clairement cette volonté, de renouer, humainement, avec les savants d'Europe, de reformer ce pacte essentiel et tacite entre hommes de sciences, afin, une fois de plus, que la recherche et la science construisent l'Europe de demain.
Cette grande ambition, Mesdames et Messieurs les Académiciens, elle trouvera aujourd'hui plus encore qu'hier les relais politiques nécessaires pour l'accompagner.
Quand François Ier invitait en France Léonard de Vinci, quand Catherine II prenait les conseils de d'Alembert, quand Frédéric II fit prononcer à l'Académie de Berlin son fameux discours en faveur des Sciences et des Arts, le lundi 27 janvier 1772, il y avait chez chacun d'entre ces princes une préoccupation stratégique pour le rayonnement de leur propre pays.
Chacun en était bien conscient, la recherche et les sciences allaient avoir un rôle déterminant dans la dynamique de leur développement nationaux.
Aujourd'hui, la construction et l'avenir de l'Europe obéissent à pareille nécessité. Il nous faut promouvoir les Sciences. Les gouvernements et les pouvoirs publics nationaux et européens doivent, sans délai, s'attacher à faire de la science et de la recherche leur priorité. Il nous faut, tous ensemble, savoir nous unir pour rechercher, découvrir, inventer les progrès à venir.
La stratégie de Lisbonne est une impérieuse nécessité. Tout comme l'est la hausse des budgets de recherche nationaux, que la France a d'ores et déjà engagée grâce aux impulsions du Président de la République et du Premier ministre.
En matière de santé, en physique, en chimie, en mathématiques, en informatique, et dans bien d'autres domaines, la Recherche et l'innovation représentent en effet pour nos économies développées l'ultime rempart qui nous préserve d'une paupérisation généralisée. Sans elles, la mondialisation ne représente qu'une vaste redistribution des cartes à l'échelle internationale.
Dans les mouvements tectoniques qui secouent nos systèmes de recherche et d'innovation, il faut absolument éviter que l'Europe ne devienne une vaste zone de subduction. Ainsi, par exemple, dans 3 domaines clefs que sont les semi-conducteurs, l'informatique et les biotechnologies, l'Europe ne représente que 6% de la recherche mondiale selon une étude du MIT. La Chine, hier usine du monde, réalise déjà aujourd'hui 2 fois plus de dépenses de recherche et développement que la France. A quand la Chine, laboratoire du monde ?
Mesdames et Messieurs les Académiciens, sur les épaules d'une communauté européenne de la Science repose l'avenir économique, social et même, jusqu'à un certain point, politique de notre continent.
Je crois, en effet, que la Recherche est une des dimensions qui peut le plus faire adhérer à l'Europe. Oui, une recherche commune, aux résultats tangibles, créera une forte légitimité pour les institutions européennes et pourra rendre totalement légitime aux peuples européens l'union des 25 et bientôt des 27 Etats.
Je suis convaincu que, pour nos concitoyens, de grands programmes communs sur la santé, sur l'espace ou sur l'environnement permettront de renforcer ce désir d'Europe.
La situation, aujourd'hui, permet, je le crois, d'envisager l'avenir avec optimisme : la construction de l'Europe de la Science est en avance sur le reste de la construction européenne. L'échange entre scientifiques est en effet une constante du monde des sciences et des lettres depuis le moyen-âge. Et le partage des connaissances, dans le respect des libertés industrielles, un attachement légitime de bien des scientifiques.
Que ce soit dans le cadre de réalisations communautaires ou de structures européennes ad hoc, les exemples de réussites industrielles européennes appuyées par des avancées scientifiques abondent, tels Ariane, Airbus, Galileo, peut-être prochainement ITER. La voix de chaque Etat, trouve ainsi, aujourd'hui, son relais et son porte-voix par la voix de l'Europe.
La recherche européenne n'a en effet cessé de se développer depuis les premiers traités européens de 1957, notamment avec la création des programmes-cadres de recherche et développement (PCRD) pluriannuels. Ceux-ci sont ainsi passés d'un peu plus de 3 milliards d'euros en 1984 à 17,5 milliards d'euros pour le 6ème PCRD (2002-2006).
De même, de grandes infrastructures, comme le CERN à Genève, Desy à Hambourg, l'Institut Laue-Langevin à Grenoble sont autant de " réalisations concrètes " créant une véritable solidarité européenne par la Science et contribuant ainsi à la cohésion européenne.
Avec le Traité constitutionnel, une étape supplémentaire sera franchie, en instituant une véritable politique européenne de la recherche et de l'espace. Dans ce cadre, l'Europe de la recherche devrait définitivement devenir une des plus fortes réalités européennes, quotidiennement " palpable " pour l'ensemble des citoyens.
Mesdames et Messieurs les Académiciens, que de chemin parcouru, par l'Europe au fil des âges, depuis Platon qui a créé la première Académie, Hippocrate, Thalès jusqu'à Einstein, Marie Curie -une polonaise de naissance-, Pasteur en passant par Darwin, Descartes ou Newton !
L'Europe a été la terre des grandes découvertes. Elle a inventé la recherche, en a fait un humanisme, l'a rendue cosmopolite.
Aujourd'hui, nos coopérations scientifiques, avec la plupart de vos pays, sont nombreuses et de qualité. Il n'en reste pas moins que nous devons nous attacher à en promouvoir de nouvelles. Et d'abord au niveau bilatéral.
Les partenariats se sont multipliés depuis la chute du mur de Berlin. Parmi eux, je relève notamment,
- avec la Pologne, un jumelage entre 6 laboratoires français et 7 laboratoires polonais portant sur les Matériaux carbonés et catalytiques pour l'environnement [qui a permis la constitution d'un consortium ayant obtenu un projet EUREKA avec Gaz de France comme chef de file industriel]
- avec la République Tchèque, un programme sur le pays transdanubien entre l'Empire romain, l'Empire franc et Byzance (V -IX siècles) avec pour partenaires le Centre de recherche d'histoire et civilisation de Byzance du CNRS et l'Institut d'archéologie de Brno
- avec la Hongrie, un programme sur les Interactions entre les plantes et les microorganismes avec l'INRA à Toulouse et le Centre de Biotechnologie (BRC) de Szeged
- avec la Slovaquie, un programme sur le génie chimique entre l'Ecole Nationale supérieure des industries chimiques de Nancy et l'Université de Chimie de Bratislava
- avec la Slovénie, plusieurs projets en cours avec l'INSERM portant sur la physiologie avec l'université de Maribor et la biologie du développement avec l'université de Ljubljana
- avec la Lituanie, un programme sur les transports de charge dans les polymères semi-conducteurs entre le CEA et l'Université de Vilnius,
- avec l'Estonie, un programme sur les impacts météoritiques récents d'Estonie entre l'Institut de Géologie de Talinn et le CNRS à Nancy
- avec la Lettonie, un programme d'étude pharmacologique et toxicologique entre l'Université Paris V et la faculté de médecine de Riga
- avec Chypre, une participation conjointe de l'INRIA et de l'Université de Chypre au réseau d'excellence E-NEXT (6ème PCRD) portant sur les systèmes audio-visuels domestiques
- avec Malte, de nombreuses collaborations avec l'Ifremer, dans le cadre des PCRD, portant sur la gestion et le traitement des données océaniques (MEDAR-MEDATLAS II)
De nombreuses universités françaises, grandes écoles et organismes de recherche participent ainsi au réseau d'échange initié avec vos pays. Et ces succès nous engagent à poursuivre dans la voie des coopérations initiées depuis 15 ans.
Il importe aussi de favoriser au niveau communautaire, les partenariats avec les Etats que vous représentez.
L'ouverture des PCRD à vos pays est en effet, déjà en théorie, une réalitéMême si les résultats, je le sais, n'ont pas toujours été à la hauteur de vos espérances.
Dans ces premiers temps que je sais maintenant révolus, la méconnaissance, d'une part, de la qualité scientifique de vos Instituts et de vos savants a sans doute expliqué une partie du problème, l'absence relative de rodage aux appels d'offres de la Commission a expliqué vraisemblablement l'autre partie. J'ai confiance pour les prochains PCRD.
Dans ce cadre, et alors que se négociera prochainement au niveau communautaire, le prochain PCRD, le 7ème, la France désire mettre davantage le PCRD au service de la Recherche fondamentale. Je sais, Mesdames et Messieurs les membres de l'Académie des Sciences de l'Institut de France, que ceci répond à une de vos préoccupations centrales.
Les discussions préparatoires qui ont déjà eu lieu à Bruxelles et à Luxembourg, nous laissent présager une issue favorable. La quasi totalité des pays membres, la France en tête, s'est en effet montrée attachée à la création d'un Conseil Européen de la Recherche (ERC) dans le prochain PCRD.
La recherche fondamentale, qui représente déjà plus de 50 % de la recherche publique française jouera ainsi un rôle de tout premier plan dans la politique scientifique européenne.
Cette place éminente lui revient d'autant plus que la recherche fondamentale constitue le fondement d'une nouvelle forme de solidarité internationale, dont l'Europe se doit de porter l'étendard.
Une découverte, dans le champ de la recherche fondamentale, profite en effet potentiellement à tous les pays, à tous les chercheurs et à tous les citoyens du monde, sans distinction d'aucune sorte. Elle est un bien public mondial dont la France et l'Europe, par générosité autant que par nécessité, ont la responsabilité de promouvoir.
La défense et l'illustration du savoir et de l'excellence européens passe aussi, je le crois, par cette attention particulière au partage et à la diffusion des connaissances. Ce défi scientifique n'est pas seulement symbolique ; l'Union, l'union européenne, en matière de Science, c'est avant tout cela.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 11 mai 2005)